Appelée Yakapınar depuis les années 1960, l'ancienne Missis (ou Misis ou Mississa ou Mamistra ou Mopsueste) est une petite ville située à une trentaine de kilomètres d'Adana. Elle est traversée par la rivière Ceyhan (autrefois appelé Pyramos) qu'enjambe un ancien pont romain (IVe siècle après J. C.) restauré.
La ville possède également depuis 1959 un musée abritant les mosaïques retrouvées dans une ancienne église ou synagogue et représentant l'Arche de Noë.
Une légende grecque attribue la fondation de la ville au devin Mopsos. Elle porta différents noms dont celui de Mopsuestia. Le christianisme y fut introduit dès le IIIe siècle, mais la ville fut prise par les Arabes en 636, fut reprise par les Byzantins, puis par les Croisés, fut une temps une ville importante du royaume arménien de Cilicie (1080-1375) sous le nom de Mimistra.
Le destin de la ville fut alors celui de la région : elle passa aux mains des Mamelouks puis devint province de l'empire ottoman.
Victor Langlois, explorateur français de la Cilicie au XIXe siècle, mentionne une pierre portant une belle inscription grecque qu'il voulut rapporter de Missis et qui tomba dans le Ceyhan :
"Ce monument, qui devait être transporté en France, est tombé dans le Pyrame en traversant ce fleuve", écrit-il.
Le mort appelle la malédiction sur son frère et sa famille et demande qu'on le laisse en paix dans sa tombe.
« Je suis Musée, tué avant l'âge par mon frère Tryphon ; je lui confiai la gestion de toutes mes propriétés pendant vingt ans, et je ne suspectai jamais sa probité; cependant il me trompait en toutes choses. Ne pouvant le traduire en justice, manquant [de tout], même de la nourriture journalière, et privé violemment de la vie avant l'âge, j'invoque contre mon frère Tryphon et contre ses enfants, les dieux du ciel et ceux des enfers, et je fais des vœux pour que toutes les malédictions les accompagnent dans toute leur existence; et après, car Tryphon ne devait pas agir ainsi en aucune façon, [je supplie encore les dieux] que ni Tryphon, ni aucune autre personne n'ôte mes os de ce petit monument, ne dérange rien de ce qui est dans ce tombeau, n'en enlève rien par violence , mais laisse toutes choses à leur place, ainsi il sera à l'abri des ardeurs (?) qui le menacent, excepté si … … … ou si l'on est dispensateur de la justice ; mais celui qui le fera sans but et sans raison, que les dieux autochtones lui deviennent contraires."
(Victor Langlois, Inscriptions grecques, romaines, byzantines et arméniennes de la Cilicie, 1854)