Joseph-Marie Jouannin, qui pratiquait le Turc, le Persan, voyagea en Turquie et en Perse en tant qu'interprète. Il fut également professeur de Persan et Directeur de l'Ecole des langues orientales. Il écrivit le volume consacré à la Turquie en 1840, dans le collection L'Univers pittoresque qui est un texte très complet sur l'histoire de ce pays.
D'après Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne, 1843
Joseph-Marie Jouannin, né à Saint-Brieuc, le 6 septembre 1785, mort à Paris le 1er février 1844, entra au collège Louis-le-Grand comme boursier, le 27 janvier 1797, et obtint, en 1802, une des six places de jeune de langues, à Constantinople.
Il fut chargé par le général Brune, en 1803, de faire la reconnaissance des côtes méridionales de la mer Noire, et visita plusieurs points de l'Anatolie et de la Crimée, sur lesquels il rédigera des notes intéressantes.
Il revient à Istanbul en septembre 1804 où il est nommé Jeune de langues de première classe.
Il parlait la langue persane avec facilité, et fut nommé, en 1806, chancelier interprète de la mission de France à la cour de Téhéran. Il résida en Perse pendant plusieurs années, assista, comme premier drogman, le général Gardanne, et reçut du schah à cette occasion, l'ordre du Soleil de deuxième classe, avec le diplôme de Mirza, qui le mettait au nombre des lettrés de l'empire. Jusqu'au 27 janvier 1810, il resta, avec le titre de chargé d'affaires, à Téhéran, à Tauris ou à Erivan ; au mois de juin suivant, il était de retour à Paris, et recevait bientôt après l'ordre de se rendre à Vienne, où il devait remplir les fonctions de second secrétaire d'ambassade.
En 1812 il porta des dépêches importantes au quartier général de la grande armée, qu'il rejoignit à Vilna, devint vice-consul à Mémel, et, à la suite de la campagne de 1813, fut admis au nombre des employés du ministère des affaires étrangères, comme secrétaire interprète pour les langues orientales. Nommé archiviste de la division politique du midi, au même ministère, il reçut en 1816 l'envoyé persan chargé de féliciter Louis XVIII, et retourna cette même année à Constantinople, en qualité de second drogman. En 1819, il était drogman de première classe, et, en 1822, directeur de l'Écols des jeunes de langues. Chevalier de la Légion d'honneur dès le mois d'avril 1824, il revint à Paris le 1er Mai 1825, avec le titre de premier secrétaire interprète adjoint. Le 30 septembre 1829, il restait seul premier interprète, après la mise à la retraite de M. Kieffer.
A la mort de Chézy (1832), il se présenta pour la chaire de persan, devenue vacante à l'école des langues orientales vivantes. avec l'appui de M. le duc de Broglie, ministre des affaires étrangères ; mais cette place fut donnée a Et. Quatremère. Jouannin, réunissait alors à ses fonctions d'interprète l'administration de l'École des jeunes de langues, annexée au collège Louis le Grand, à Paris. Il y recevait des élèves libres, et les encourageait dans leurs études ; bon, serviable, désintéressé, il contribua à enrichir de sujets distingués le corps si utile des interprètes dans les échelles du Levant ; il suffit de citer M. Cor, nommé professeur de turc au collège de France, et qu'une mort subite empêcha de prendre possession de sa chaire, et M. Schefer, qui a remplacé Et. Quatremère comme professeur de langue persane à l'école des langues orientales. Jouannin rendait chaque jour de nouveaux services à l'État, en traitant des affaires confidentielles, soit avec l'ex-dey d'Alger, soit avec les représentants de la Sublime-Porte, lorsque le gouvernement turc eut une ambassade permanente dans la capitale de la France (1834). A l'époque de l'arrivée du général Allard, ce fut Jouannin qui écrivit les lettres royales adressées à Rundjet-Sing et à la Simrou-Beghoum, princesse de Serdana.
En 1836, il fut attaché temporairement à une mission extraordinaire en Algérie. A son retour, Silvestre de Sacy lui confia la suppléance de sa chaire de persan au collège de France, et lorsque, en 1838, la mort frappa cet illustre orientaliste, Jouannin put espérer qu'il le remplacerait définitivement. Mais, à cette époque, le collège ne présentait qu'un candidat, et il obtint, dans quatre scrutins successifs, dix voix sur vingt et une, sans pouvoir atteindre la majorité exigée. Ce fut le candidat de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, le chevalier Amédée Jaubert, qui fut nommé. Quoique Jouannin se soit spécialement occupé de la traduction des documents diplomatiques qui lui étaient adressés, il n'est pas resté étranger à toute publication littéraire.
Essai de bibliographie
Comparé à d'autres orientalistes de l'époque, Jouannin n'a pas beaucoup publié :
- La Turquie, Paris, 1840, in-8, en collaboration avec M. P. Gaver, dans la collection L'Univers publiée par Firmin-Didot, 462 pages, 96 planches
- Deux odes mystiques, composées par Séid Ahmed Hatif, d'Ispahan, et traduites du Persan, dans le Journal asiatique (décembre 1827)
- Rapports annuels sur les travaux de la société de géographie, 1830 et 1831
- Souvenirs d'un séjour à Brousse (Bulletin de la société de géographie, n° 74)
- Plusieurs articles sur l'Orient, dans la Revue des deux mondes, 1829 et 1830.
En outre, Jouannin a refondu et rédigé en français, "Carthage", écrit en danois par M. de Falbe (Imprimerie royale, 1833) il a fourni de nombreux documents au général Audréossy, pour son ouvrage intitulé "Constantinople et le Bosphore" (1828); à M. Adrien Dupré, pour son "Voyage en Perse", 1807-1809, et il a été l'éditeur de la "Métrologie générale" de son frère aîné (Imprimerie royale, 1834)