Au sud-est de la Turquie, ville très ancienne, à l'histoire mouvementée, faite d'occupations et de libérations, Sanli Urfa est aussi une ville de pélerinage. On y célèbre, dans un des jardins de la ville, le séjour d'Abraham [Ibrahim] et le miracle qui lui permit d'avoir la vie sauve.
Une légende de jadis rapporte qu'Abraham [Ibrahim], parti de Ur en Chaldée, pour se rendre à Canaan, de passage dans la ville d'Urfa, fit reproche aux habitants d'adorer des dieux multiples [polythéisme]. Il souhaitait les convertir à la croyance d'un Dieu unique [monothéisme].
Abraham discute de cela avec le tout puissant Nemrod, le roi Assyrien, qui règne sur la région. Mais ce dernier refuse de se convertir. Il condamne Abraham [Ibrahim] à mort : qu'il soit jeté du haut de la citadelle dans un brasier ardent.
Mais lorsqu'Abraham [Ibrahim] est jeté dans le feu, son Dieu unique intervient. Il dit : « Ô feu ! Sois pour Ibrahim fraicheur et paix ». Les bûches de transforment en carpes, et les flammes se transforment en eau.
Le site de Gölbasi, au pied de la citadelle d'Urfa, est construit autour du bassin, dit Bassin d'Abraham [Ibrahim].
Des carpes, par centaines, nagent dans les eaux du bassin. Elles sont sacrées, et on raconte même qu'on ne peut les toucher. Si on venait à le faire, en portant après sa main aux yeux, on deviendrait aveugle.
Les enfants se plaisent à donner de la nourriture aux poissons. Elle a été achetée, avec la complicité des parents, à des petits marchands qui seuls sont autorisés à exercer leur commerce à Gölbasi.
Ne serait-ce pas là l'emplacement exact où Abraham [Ibrahim] a été jeté dans le feu. A cet emplacement s'élève maintenant la mosquée qui porte le nom d'un saint homme : Halil Ür Rhaman Camii.
Près de la mosquée, un petit cimetière, un peu à l'écart, accueille quelques tombes qui dressent leurs stèles anciennes.
Toute une série de bâtiments, à l'élégante architecture, encadrent le bassin, alimenté par une source, dite fontaine Callirhoé.
La vaste cour de la médersa [médresse], école d'enseignement supérieur musulman, construite au XVII ème siècle est encadrée de petites pièces destinées à accueillir des étudiants.
Au delà du bassin des carpes, des canaux parcourent les espaces destinés à la promenade. Des bancs répartis dans les jardins permettent aux promeneurs de se reposer.
Dans d'autres bassins, des fontaines répandent leur fraîcheur. Tout autour, de petits établissements populaires permettent de se restaurer à des prix modestes.
Sur la pochette des mouchoirs donnés aux clients à la fin du repas, figurent les deux colonnes corinthiennes, appelées trône de Trajan, dressées dans l'ancienne citadelle. Et bien sûr une carpe légendaire.
On loue un bateau plat, et l'on navigue en plaisantant avec les passagères charmées de la promenade impromptue.