Abdulhamit Ier, sultan, le dernier des 5 fils d'Ahmet III, parvint à l'empire en 1774, après la mort de son frère aine Mustapha III. Il était né le 20 mai 1725. Tiré de prison pour monter sur le trône dans un âge qui touchait à la vieillesse, il n'y porta ni courage ni activité. Agé de 50 ans, il en avait passé 44 dans le vieux sérail, où son occupation ordinaire était de faire des arcs et des flèches. Il s'en fallait de beaucoup qu'un tel caractère convînt aux circonstances difficiles où le sort le faisait régner ; et jamais l'empire ottoman n'éprouva plus d'humiliations.
Mustafa III avait commencé les préparatifs de la guerre contre la Russie ; son successeur, ami de la paix, mais jaloux de l'honneur de son trône, ordonna des préparatifs immenses : ses armées, sous les ordres du grand vizir, furent portées à 400 000 combattants ; mais la discipline et la valeur des Russes triompheront partout du nombre et de l'ignorance de leurs ennemis. Les Turcs, déjà battus par les généraux Soltikow, Kamensky et Suwarow, furent enfermés dans leur camp de Schumla, par les manœuvres savantes du feld-maréchal Romanzow, et le vizir, séparé de ses détachements et de ses magasins, ne pouvant ni se retirer, ni combattre, ni recevoir des secours, fut réduit à demander la paix. Les préliminaires furent signés à Kaynardja [traité de Küçük Kaynarca, Kütchük Kaynardja], sur un tambour, par le feld-maréchal Romanzow et le lieutenant du grand-vizir ; Mussum-Oglou feignant d'être malade, pour éviter la honte de se trouver en présence de son vainqueur. Ce traité honteux fut conclu dans le mois de juillet 1774. La Porte reconnut l'indépendance des petits Tatares, et toutes les mers de l'empire ottoman furent ouvertes au commerce russe : tant d'avantages n'empêchèrent pas le cabinet de Pétersbourg de faire, pendant plusieurs années, une guerre sourde au malheureux Abdulhamid. Les généraux russes envahirent la Crimée; le divan consterné, qui souffrait, sans se plaindre, leurs empiétements frauduleux, osa à peine murmurer contre cette agression publique. Abdulhamid voyait la décadence de son empire ; il en gémissait, et ne pouvait la prévenir ni l'arrêter. Enfin, en 1787, excité par les conseils et les promesses de l'Angleterre, il déclara de nouveau la guerre à la Russie ; mais il était trop tard ; la Crimée était déjà mise au rang des provinces de Catherine.
En vain le roi de Suède Gustave III fit en faveur des Ottomans une diversion puissante ; les armées turques ne combattirent pas sans honneur contre celles de l'Autriche, que l'empereur Joseph II avait réunies aux forces de Catherine ; mais la fortune et l'audace du prince Potemkine rendirent ces premiers succès inutiles. Toutes les provinces turques au-delà du Danube furent conquises ; Choczim et Oczakov tombèrent au pouvoir des Russes, et l'Orient parut menacé d'une grande révolution.
Abdulhamid mourut le 7 avril 1789, au milieu des préparatifs d'une nouvelle campagne, laissante son neveu Sélim, fi!s de Mustafa III, un empire affaibli par des pertes irréparables, des ministres lâches et corrompus, des pachas révoltés, des armées sans discipline, des généraux sans talents et sans expérience. C'est avec ces moyens et sous ces tristes auspices que ce jeune prince monta sur le trône, pour en être précipité seize ans après par une catastrophe encore plus funeste. E-D.

extrait de Biographie universelle ancienne et moderne... de Michaud, 1811. Nous avons modernisé et unifié l'orthographe des noms propres et corrigé les erreurs.

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