Déplacé aujourdhui, depuis le 12 mai 2017, de deux kilomètres, sur un site plus élevé de soixante mètres, pour échapper aux eaux d'un prochain barrage, le monument est présenté ici sur son site originel. Avec sa coupole côtelée, ses briques vernissées et colorées, ce tombeau est un témoignage, le seul en Turquie, de l'architecture timouride.

Les photos ont été prises en septembre 2013.

Monument funéraire, le Mausolée de Zeinel Bey est situé sur les rives du Tigre [Dicle Nehri], au sud-ouest de l'Anatolie, proche du village d'Hasankeyf, dans la province de Batman, sur la route qui, traversant le fleuve, va de Midyat au Sud, à trente sept kilomètres de Batman, au Nord.

On le voit ici se détachant de la paroi d'une falaise sur laquelle est juchée Hasankeyf.

Mais ce tombeau, il faut le voir aussi d'un autre point de vue, lorsqu'en arrière-plan se trouvent, non plus les falaises mais, de l'autre côté, la plaine qui borde les rives cultivées du fleuve, et les premiers contreforts des montagnes environnantes.

À ses pieds, les touristes, qui attendent de visiter le monument, apparaissent comme de simples points colorés qu'on distingue à peine.

L'édifice lui, dans sa simplicité grandiose, s'aperçoit sans peine à des kilomètres de là. Témoignage toujours actuel du destin d'un fils de souverain, mort au combat contre les Ottomans.

Les visiteurs, le plus souvent des Turcs, parfois des Allemands, quelquefois, mais plus rarement, des Français, photographient à qui mieux mieux.

Le guide leur aura donné rapidement les explications de base : en évoquant cette bataille du XVème siècle, où, en 1473, Zeinel, fils d'Hassan, perd la vie.

Et d'évoquer la douleur du père, désireux de porter témoignage, pour l'éternité, de son amour.

Le mur de cet édifice cylindrique, reposant sur un socle de larges pierres, est bâti de briques rouges. Le tout recouvert d'un autre appareil de briques vernissées où viennent s'intercaler des carreaux turquoises, disposés pour former tantôt des motifs géométriques, tantôt un texte parfaitement lisible, en écriture dite « coufique géométrique », avec les noms sacrés : Allah, Mohammet, Ali.

Mais un tel bâtiment, qui présente des caractéristiques architecturales qu'on trouve en Azerbaïdjan et au Turkestan, n'est pas seulement le cri de douleur d'un père. C'est aussi un signe de la toute puissance d'un souverain.

C'est tout un pan de l'Histoire qui est convoqué. Hassan, le père, n'est rien d'autre qu'Uzun Hasan [1424-1478], autrement dit Hassan le Grand, le chef turkmène incontesté du clan des Moutons blancs [Ak Koyünlu], qui l'a emporté définitivement sur le clan adverse des Moutons noirs [Kara Koyünlu], en tuant leur chef Djahan Shāh en 1467.

Puissance formidable d'un homme, étendant son pouvoir du Golfe persique à l'Afghanistan, et qui entretenait des relations diplomatiques avec Venise et avec le Pape, pour tenter de contrer, mais ce sera en vain, la puissance grandissante des Ottomans.

Souhaitant manifester par la taille du tombeau non seulement l'immensité de sa douleur, mais surtout sa propre grandeur inégalée. 

JJB, 08/2017

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