Pierre-Amédée Jaubert (1779-1847), fut secrétaire-interprète du roi pour les langues orientales, membre de L'Académie des inscriptions et belles-lettres, professeur de Turc à l'Ecole spéciale des langues orientales vivantes et de persan au Collège de France.

Pierre-Amédée Jaubert Digital ID: 1510716. New York Public Library

Né à Aix en Provence, brillant élève de Sylvestre de Sacy, il fut à l'âge de dix-huit ans en 1798, adjoint comme interprète de l'expédition d'Egypte, puis premier secrétaire-interprète de Bonaparte ; il traduit des proclamations..., rédige les traités avec les Libanais..., recueille des éléments d'une étude sur les tribus arabes de l'isthme de Suez.

Revient en France avec Bonaparte, secrétaire interprète du gouvernement, repart en 1802 en Orient, est tantôt interprète, tantôt négociant à Constantinople, en Perse, à Paris et à Varsovie.

Il perd son poste de chargé d'affaires à Constantinople avec la Restauration. Napoléon, à son retour de l'île d'Elbe, le renvoie à Constantinople en 1815.

En 1818, il voyage en Orient pour rechercher la chèvre du Tibet à duvet de cachemire dont il ramène 400 individus en France.

Il ne s'intéresse ensuite qu'aux langues orientales  et à l'enseignement du Turc, du Persan et de l'Arabe. Louis-Philippe le nomme pair de France et conseiller d'Etat en service extraordinaire.

Il meurt à Paris en 1847.

Eléments de bibliographie

Collabore à la Revue encyclopédique et au Journal asiatique.
Voyage en Arménie et en Perse dans les années 1805 et 1806, Paris, 1821
Eléments de la grammaire turque, 1833
Mémoire sur l'ancien cours de l'Oxus, 1834
La géographie d'Edrisi, traduit en Français, 1837-1841

Source : "La littérature française contemporaine (1827-1849)" par F. Bourquelot et A. Maury, 1852
"Biographie universelle" de Feller, Weiss et Busson, 1848

Mentionné sur la page de titre des Elements de la grammaire turke : conseiller d'état en service extraordinaire, membre de l'institut (Académie royale des inscriptions et belles-lettres), ancien secrétaire-interprète du roi pour les langues orientales, professeur de Turc près la bibliothèque du roi, correspondant de l'Institut royal de Hollande.

**************************

JAUBERT (Amédée), ancien secrétaire de Napoléon Bonaparte pour les langues orientales, a rempli successivement plusieurs missions importantes près la Sublime-Porte. En 1805, il fut chargé d'une lettre pour le roi de Perse. On ignorait, depuis un an , ce qu'il était devenu , lorsqu'on reçut de ses nouvelles. Sa lettre, adressée à M. Ruffin, chargé d'affaires de France, offre des détails curieux sur les dangers auxquels il eut le bonheur d'échapper. En avril 1815, il fut envoyé par Bonaparte à Constantinople, où il arriva le 9 juin, porteur de lettres et de propositions au gouvernement turc. Il descendit à l'hôtel de l'ambassade française, occupé par M. Ruffin, ambassadeur an nom de Louis XVIII. Malgré la déclaration positive de la Sublime-Porte de ne recevoir aucun envoyé de Bonaparte, M. Jaubert et sa suite se montrèrent avec la cocarde tricolore ; et plusieurs membres de la légation française s'empressèrent de l'imiter. Dans la nuit du 13 au 14, il fit remplacer les armes royales, qui étaient au-dessus de la porte de l'hôtel de l'ambassade, dans le faubourg de Pera, par l'aigle de Napoléon. Le ministère ottoman, en ayant été instruit, fit prier M. Ruffin de faire disparaître ce signe de rébellion. Mais cette invitation étant restée sans effet, un détachement de janissaires se rendit, le 15 au soir, devant l'hôtel, enleva de vive force les armes de Bonaparte, et arracha la cocarde tricolore à ceux qui la portaient.  D. B. S.
Notice extraite de la Biographie des hommes illustres, Michaud, 1817

****************

JAUBERT (Pierre-Amédée-Emilien-Probe), né à Aix en Provence, le 3 juin 1779, mort à Paris le 27 janvier 1847, appartient à cette pléiade de savants distingués qui, sous l'heureuse influence de Silvestre de Sacy, contribuèrent, au commencement de ce siècle, à placer la France au premier rang dans le domaine de l'érudition orientale. La carrière qu'il parcourut si honorablement se divise en deux périodes bien tranchées : dans la première, voué à la vie la plus active, il prend part à l'expédition d'Égypte ; nommé , à son retour en France, professeur de turc à l'école des langues orientales vivantes, il quitte sa chaire à plusieurs reprises, pour remplir d'importantes missions diplomatiques. Dans la seconde, il emploie les loisirs d'une retraite que lui imposent deux changements de gouvernement successifs à publier d'utiles travaux et à se rendre digne, par des études sérieuses, de recueillir une partie de l'héritage du plus habile des orientalistes de l'Europe.
- Pierre-Amédée Jaubert était d'une bonne famille de Provence ; son père, avocat au parlement, avait été chargé par Mirabeau de défendre ses intérêts dans le procès en séparation que la comtesse sa femme lui avait intenté, et il n'avait pu faire triompher la cause de son client après de longs déliais où il avait eu pour adversaire le célèbre Portalis, qui fut depuis ministre des cultes sous Napoléon Ier ; du moins devait-il conserver l'amitié du grand orateur, qui le fit nommer plus tard procureur général syndic du département des Bouches-du-Rhône, fonctions équivalentes, sous quelques rapports, à celles de préfet. - Le jeune Amédée reçut sa première instruction au collège des doctrinaires. En 1793, lorsque les exécutions révolutionnaires répandirent partout la terreur, il fut témoin des scènes les plus horribles ; son père, qui s'était efforcé de maintenir le bon ordre dons le déportement et de faire respecter les lois, fut dénoncé, poursuivi par une troupe de factieux venus de Marseille, et obligé de se réfugier à Paris, où il devait heureusement trouver des amis ; il fut résolu bientôt après que sa femme et ses six enfants viendraient l'y rejoindre. Amédée Jaubert était l'aîné ; il avait à peine treize ans, et il se trouva chargé de tous les soins du voyage, qui se fit par voiture, en vingt-huit jours. C'était déjà un garçon actif et plein de résolution ; il avait, quelque temps auparavant, donné une preuve de cet esprit hardi et aventureux qu'il déploya en maintes circonstances dans le cours de sa vie. Lyon s'était soulevé et le midi était en armes ; un corps de fédérés, destiné à secourir la ville assiégée, étant passé à Pellisanne, près de Salon, où se trouvait Amédée Jaubert dans une propriété de famille, celui-ci se joignit aux volontaires, le fusil sur l'épaule ; mais l'on rencontra à quelque distance le général Cartaux et 4000 hommes qui marchaient sur Toulon, et qui n'eurent qu'à se montrer pour mettre en pleine déroute les acteurs de cette expédition improvisée.- Pendant le voyage, le jeune Jaubert fut obligé de payer plusieurs fois de sa personne : à Lyon, qui venait de tomber au pouvoir des républicains et où la guillotine était en permanence sur la place des Terreaux ; à Auxerre, dont les autorités s'émurent du mot demoiselles désignant sur le passe-port les filles de madame Jaubert, qui obtint à grand'peine la permission de continuer sa route. Une fois dans la capitale, d'autres tribulations attendaient la pauvre famille exilée ; il fallait se tirer d'affaires, et Amédée Jaubert entra comme compositeur, avec son frère Maxime, dans l'imprimerie des Didot. Dès l'an 5, il faisait partie de la garde nationale, et en l'an 4, il fut employé aux archives du ministère de la guerre. Le goût qu'il avait toujours manifesté pour les constructions navales le porta en même temps à se préparer aux examens de l'école polytechnique, sous la direction du mathématicien Deparcieux, qui réunissait à minuit quelques élèves d'élite ; mais il se troubla aux épreuves du concours et ne fut point admis.
- Le hasard voulut que, passant un jour avec son frère rue Richelieu, il s'arrêtât au coin de la rue d'Amboise, devant une grande affiche annonçant la prochaine ouverture du cours de turc, d'arabe et de persan, à l'école des langues orientales, dont la création était toute récente ; Venture , Langlès et Silvestre de Sacy étaient titulaires de ces diverses chaires. Amédée Jaubert, qui étudiait déjà l'italien et l'anglais, prit soudain la résolution de suivre les leçons de ces savants maîtres, et ses progrès furent si rapides qu'on le jugea bientôt en état de remplir la place de jeune de langue à Constantinople. L'expédition d'Égypte se préparait alors, et Venture, ancien consul de France au Caire, mis dans le secret de l'entreprise, désigna Jaubert comme l'un des quatre interprètes qui devaient être attachés, sous sa direction, à l'armée de Bonaparte. - La flotte française appareilla le 30 floréal an 6 (19 mai 1798). Amédée Jaubert, parti de Paris le 5 floréal, sur un ordre du ministre Talleyrand et avec une lettre de recommandation pour le célèbre Monge, arrivé à Toulon le 17, s'était embarqué le 24 sur la frégate la Justice, qui devait s'arrêter plusieurs fois en route pour accomplir quelques missions particulières ; aussi n'arriva-t-il à Malte qu'après la prise de possession de cette île, et en Egypte que peu de temps avant la bataille navale d'Aboukir. A Malte, il avait trouvé parmi les commandeurs de l'ordre un parent qui lui fit l'accueil le plus gracieux et le combla de prévenances. Dès qu'il eut rejoint Venture, interprète en chef de l'armée, dont la santé dépérissait chaque jour, il resta au quartier général et se trouva chargé des travaux les plus importants. Lorsque l'expédition de Syrie fut résolue, il accompagna seul le général Bonaparte et rendit d'éminents services en traduisant les pièces officielles, rédigeant les capitulations, et surtout en traitant avec les Druzes et les tribus du Liban ennemies de la Porte, qui nourrirent l'armée française pendant toute la durée de la campagne. On ne lui laissait pas un instant de relâche, et c'est là qu'il apprit à vaincre les difficultés que présente la lecture des pièces officielles émanées des chancelleries de l'orient, science dans laquelle il n'eut jamais d'égal, et qui offre souvent un dédale inextricable par la multiplicité des ligatures et des ornements dont chaque caractère est entouré.
- Il ne faut pas oublier qu'après la bataille des Pyramides il avait été envoyé auprès de Desaix, qu'il rejoignit entre Siout et le canal de Bahr-Iousef, dans la haute Egypte; il se plaisait à raconter des traits de caractère de ce général, nommé par les musulmans eux-mêmes le sultan juste, et qui savait allier à une énergie peu commune une douceur et une simplicité dignes des temps antiques. Pendant que l'armée française faisait d'inutiles tentatives pour s'emparer de St-Jean-d'Acre, défendue par Djezzar-Pacha, Venture succombait à la maladie de langueur dont il était atteint, et Jaubert, à son retour au Caire, le remplaçait comme premier interprète. Jaubert traduisit aussi à Bonaparte les journaux anglais que l'amiral Sidney Smith s'était fait un malin plaisir de lui envoyer, et qui contenaient le récit des désastres du Directoire. C'était quelques semaines après la bataille d'Aboukir, où Jaubert avait failli perdre la vie : au moment de l'action, son cheval s'emporte, et dans sa course effrénée a les deux oreilles emportées par un boulet de canon. - A peine Bonaparte eut-il appris les événements qui venaient de se passer en Europe, que sa résolution fut arrêtée, et, le 22 août 1799, il s'embarquait avec Lannes, Berthier, Murat, Berthollet, Monge et Jaubert pour retourner en France à travers mille dangers; le 9 octobre, il abordait à Fréjus. La traversée n'avait offert aucun incident remarquable. Tandis que l'anxiété était dans tous les coeurs, Bonaparte jouait tranquille ment aux échecs, et tel était l'ascendant de cet homme extraordinaire sur ses compagnons qu'il pouvait d'un mot relever les courages abattus, communiquer de l'énergie aux plus timides. Un soir, le pacifique Monge, électrisé par ses paroles et persuadé qu'on était tombé au milieu de la flotte anglaise, se tint pendant la plus grande partie de la nuit prêt à mettre le feu aux poudres pour faire sauter la frégate et échapper ainsi à l'ennemi. Débarqué à Fréjus, Bonaparte voulait partir le jour même pour Paris ; mais en manquait de voitures. Jaubert écrivit aussitôt au maire d'Aix, qui, redoutant une mystification, soumit la lettre du jeune interprète à sa grand'mère maternelle ; celle-ci reconnut l'écriture de son petit-fils, et trois voitures attelées de quatre chevaux vinrent prendre Bonaparte et sa suite. Le général, en passant à Aix, rendit visite à la vieille dame, lui adressa ses remerciements et l'embrassa. - Le 18 brumaire, c'est-à-dire trente jours après, Bonaparte était à la tête du gouvernement. A partir de ce moment, Amédée Jaubert obtint du chef de l'État des marques d'une bienveillante qui ne se démentit jamais. Il fut appelé, dès l'année 1800, aux fonctions de secrétaire interprète au ministère des affaires étrangères, et remplaça Venture comme professeur de turc à l'école des langues orientales vivantes.
- En 1801, Amédée Jaubert était envoyé à Marseille avec le général Berthier, pour recevoir les débris de l'armée d'Égypte que la capitulation d'Alexandrie rendait à la France. Au mois de septembre de la même année, il accompagnait le colonel Sébastiani, chargé de visiter Tripoli, l'Égypte et la Syrie, et d'établir des relations de commerce avec les habitants de ces contrées. L'expédition s'embarqua sur la frégate la Cornélie, commandée par le capitaine Gourdon, depuis amiral, et, après avoir touché à l'île St-Pierre, en Sardaigne, se dirigea vers Tripoli, pour ménager la paix entre le dey de cette ville et la Suède. L'amiral Cedestrom, qui bloquait la place depuis deux ans, ne demandait pas mieux que de traiter, et Amédée Jaubert fut l'intermédiaire des négociations qui se terminèrent heureusement. - Il avait décidé son frère Maxime Jaubert, actuellement conseiller honoraire à la cour de cassation, à faire avec lui cet intéressant voyage. - Les membres de l'expédition arrivés en Égypte prirent terre à Alexandrie, visitèrent le champ de bataille d'Aboukir, couvert encore d'ossements humains, se rendirent à Rosette, et remontèrent le Nil jusqu'au Caire. Accueillis favorablement par le pacha, ils allèrent contempler les pyramides, et descendirent par une branche du fleuve à Damiette, où la frégate la Cornélie vint les prendre. La peste avait causé quelques ravages dans cette ville, et, après avoir parcouru le champ de bataille de Mansourah ou de la Massoure, théâtre de la défaite de St-Louis, nos voyageurs se rembarquèrent avec empressement. Arrivés au pied du mont Carmel, à quelque distance de Saint-Jean d'Acre, on jeta l'ancre et l'on songea au moyen de faire parvenir un message au farouche Djezzar, qui, depuis le siège de la ville par Bonaparte, n'avait signalé son administration que par des sacs de la plus atroce cruauté ; un Syrien à bord du bâtiment refuse péremptoirement une mission qui l'exposerait, disait-il, aux plus affreuses tortures. Mais Amédée Jaubert eut le courage de la remplir avec un jeune officier, M. Ch. Delagrange, aujourd'hui lieutenant général en retraite. Ils traversèrent la ville à travers mille obstacles, apercevant à chaque pas des victimes de la férocité de Djezzar : la plupart des satellites du tyran, eux-mêmes, avaient le nez ou les oreilles coupés. Introduits à grand'peine dans les jardins du pacha, ils le trouvèrent assis au pied d'un arbre, et il leur fit subir un long interrogatoire où il déploya autant de ruse que d'esprit; cependant tout se passa mieux qu'on ne l'espérait, et on peut lire les détails de cette entrevue dans le Voyage en Perse. publié par Jaubert en 1821 (p. 180). De Saint-Jean d'Acre, l'expédition se rendit aux Îles Ioniennes, à Céphalonie, et de là à Messine, qui se relevait à peine d'un récent tremblement de terre ; repoussée de Naples par un coup de vent, elle atteignit rapidement Gènes, et Amédée Jaubert partit immédiatement pour Paris. - En 1804, ce fut lui que Napoléon choisit pour transmettre la nouvelle de son élévation à l'empire au sultan Selim III ; le général Brune était alors ambassadeur à Constantinople.
- Deux ans plus tard, Amédée Jaubert partait pour la Perse avec des instructions secrètes, afin d'engager le souverain de cet empire, Feth-Ali-Schah, dans une politique favorable aux intérêts français. Il devait surtout éviter que le gouvernement anglais ne soupçonnât le but de sa mission ; il traversa donc rapidement l'Allemagne et les provinces danubiennes, et, le 10 avril, il était à Constantinople où il recevait de Selim III l'accueil le plus gracieux ;  le 7 juin, il abordait à Trébizonde, se dirigeait ensuite vers Erzeroum, et, après avoir passé l'Araxe, Déchappait aux attaques des Kurdes que pour tomber entre les mains de Mahmoud, pacha de Bayazid. Nous ne rappellerons pas en détail les incidents dramatiques de ce voyage, dont la relation a été imprimée (voyez plus haut). Tout le monde sait que, jeté au fond d'une citerne infecte où il resta près de huit mois, il ne dut sa liberté qu'à un hasard providentiel ; la peste frappa le pacha et son fils ainé; une femme, parente du gouverneur du château, émue de compassion, avait fait parvenir en Perse un billet du pauvre prisonnier, qui fut enfin réclamé par la cour de Téhéran ; il ne sortit de cet affreux souterrain, où sa santé, avait reçu de rudes atteintes, qu'avec les plus grandes difficultés. Ce fut au milieu de ces épreuves que se développèrent chez Amédée Jaubert ces sentiments de piété éclairée qu'il conserva jusqu'à sa mort. - Tout n'était pas terminé. Il fallut l'intervention de la diplomatie pour qu'il lui fût permis de continuer sa route. Il se rendit d'abord près d'Endrès, au camp dYousouf Pacha, ancien grand vizir du sultan, dont il était particulièrement connu, et muni d'un nouveau firman de la Porte Ottomane, il partit pour Van bien escorté. Le 4 mai, Il entrait à Khoi, première ville de la Perse; traversent ensuite Marand, Tauris, Ardebil, Khaïkhal, Zenghian, Sultanieh, Baber et Caswin, il arriva le 5 juin à Téhéran. Feth-Ali-Schir lui fit de grands honneurs, l'emmena à Sultanieh, où il devait passer la revue de ses troupes, rassure de ses bonnes dispositions pour la France, et lui fit de magnifiques présents ; parmi ses dons, se trouvaient plusieurs manuscrits conservés aujourd'hui à la bibliothèque de Paris et qui comprennent l'histoire de Nadir-Schah, de Mohammed, de Feth-Ali-Schah, etc. Le 14 juillet, Amédée Jaubert prit congé du souverain de la Perse et revint par le chemin qu'il avait déjà suivi à Trébizonde; de là Il se rendit à Coumdjughaz, d'où il espérait gagner par terre la ville de Sinope ; mais, arrêté dans sa marche par une population en révolte ouverte, il fut assez heureux pour trouver un bâtiment prêt à partir, et, reprenant la voie de mer, il atteignit Constantinople le 31 octobre 1806. Il y fut rejoint Par l'ambassadeur persan, Mirza-Mahmoud-Riza-Khan. La bataille d'Iéna avait mis un nouveau royaume aux pieds de Napoléon ; on apprit bientôt que le vainqueur était à Varsovie ; Amédée Jaubert et l'envoyé de Feth-Ali-Schah firent route vers cette ville par Widdin et Vienne. Le ministre des affaires étrangères leur donna audience les 2 et 3 mars 1807, et l'empereur les reçut à Finkenstein le 26 avril. La prise de Stralsund venait d'ajouter un nouveau lustre à la gloire de ses armes. Il accueillit Jaubert avec le plus vif intérêt, le complimenta sur le succès de sa mission, et, remarquant l'altération profonde que les souffrances du voyage et les mauvais traitements subis à Bayazid avaient imprimée sur ses traits, l'engagea à se rendre à Paris et à s'y reposer de ses fatigues. Dès le 9 janvier 1807, il l'avait nommé membre de la Légion d'honneur ; le 11 mai, par un décret daté du camp de Finkenstein, il lui accorda une pension de 4000 francs que, par une honorable exception, les chambres législatives maintinrent dans la loi du 25 mars 1818. Là ne se bornèrent pas les faveurs de l'empereur ; Jaubert était nommé auditeur au conseil d'Etat le 5 juin 1807, maître des requêtes le 7 novembre 1809, et plus tard président, en l'absence du directeur général, du conseil du contentieux des douanes, institué par décret impérial du 31 août 1810, et composé de sept membres, dont quatre auditeurs; vers le même temps il recevait le titre de chevalier, avec constitution d'un majorât de 4,000 francs de rente en Illyrie; ce majorât devait être respecté par les traités avec l'Autriche, mais réduit au quart; il subsiste encore à présent. - Arrivé à Paris au mois de mai 1807, Jaubert fut le héros du jour ; le public avait appris en même temps, par le Moniteur, et le but de sa mission et sa dure captivité ; la société parisienne lui fit une véritable ovation. L'impératrice Joséphine le reçut à la Malmaison, et les cachemires qu'il avait rapportés de Perse excitèrent l'admiration de toute la cour. Deux ans plus tard (9 décembre 1809) il épousait la fille aînée de M. Bouchet, un des plus honorables banquiers de cette époque. Dès lors le bonheur du courageux voyageur fut assuré pour le reste de sa vie, et les événements politiques vinrent seule le troubler en 1813 et 1814. Depuis son mariage, Amédée Jaubert avait poursuivi son honorable carrière sans incident remarquable. C'était à lui que le gouvernement avait recours lorsqu'il arrivait à Paris quelque envoyé des souverains de l'Orient ; déjà en 1808 Il avait été chargé de faire les honneurs de la capitale à l'ambassadeur persan Asker-Khan, et ses rapports avec l'ambassade ottomane étaient journaliers. Tous les documents que recevait le ministère des affaires étrangères lui étaient aussitôt transmis, et il en faisait la traduction. Au milieu de ses nombreuses occupations, il déployait une activité rare et suffisait à tout.
En 1814, il assistait à la bataille de Paris comme chef de bataillon de la 2e légion de la garde nationale, et montrait ce sang-froid, ce courage dont il avait donné tant de preuves dans sa mission de Téhéran ; sous ses ordres se trouvaient M. de Gazes, M. Roy, Horace Vernet, qui l'a placé près de Dupaty dans l'immortel tableau consacré à rappeler le souvenir de ces journées mémorables. La première restauration laissa Jaubert mettre des requêtes en service ordinaire (6 juillet 1814) ; mais, pendant les Cent-jours, un ordre de Napoléon l'envoya à Constantinople comme chargé d'affaires; nommé le 18 avril, il part le 19, et, retenu à Toulon jusqu'au commencement de mai, faute d'un bâtiment de transport, il n'arrive à sa destination que le 9 juin. Le sultan refuse de le recevoir, mais il arbore la cocarde tricolore, fait rétablir l'aigle impériale sur la façade de l'hôtel de l'ambassade française, et résiste à toutes les injonctions de la Porte, qui ne partageait pas sa confiance dans les hautes destinées de l'empereur. La nouvelle de la bataille de Waterloo décida son retour en France. Le Midi était en feu; Jaubert était désigné comme bonapartiste et pouvait partager le sort du maréchal Brune. Débarqué à Toulon, il reçut de M. le comte Redon, commissaire général de la marine, et de M. de Rosily, commissaire extraordinaire, qui faillirent payer de leur destitution cet acte d'humanité, un passe-port sous le nom de Leblanc, négociant, et se rendit à Paris. M. de Cazes était alors préfet de police : il lui recommanda de ne point se montrer et l'assura qu'il ne serait pas inquiété. La position d'Amédée Jaubert était bien changée ; il supporta la mauvaise fortune avec résignation, mais les souvenirs du passé l'oppressaient; il manquait un aliment à son activité naturelle.
Aussi, en 1818, saisit-il avec empressement une occasion qui se présentait de retourner dans le contrées orientales. Il s'agissait d'aller à la recherche de cette race de chèvres dont la laine sert à fabriquer les tissus de cachemire. Il conclut avec le célèbre manufacturier Ternaux et le duc de Richelieu, ministre des affaires étrangères, un traité qui mettait à sa disposition les sommes nécessaires pour atteindre le but proposé. Il se rendit d'abord à Odessa par la Russie méridionale, à Tiflis et Astracan. Partout il reçut un accueil favorable, et ses notes nombreuses sur les divers pays qu'il traversait pourraient être l'objet d'une publication très-intéressante. Le général Yermoloff, qui se préoccupait beaucoup du succès de son entreprise, lui conseilla de passer la mer Caspienne sur un bâtiment russe, de prendre par Khiva, Taschkend et Kaschgar, de franchir la frontière chinoise, et d'aller acheter à Kaschkend ou à Khoten des chèvres du Tibet. C'était une nouvelle voie de communication ouverte avec les Indes, où l'on pourrait transporter parterre les produits de l'industrie européenne. Mais on ne connaissait pas encore les résultats de la mission de Mourawieff à Khiva, et Von devait craindre, d'après les récits de Meyendorff et la fin déplorable du voyageur Moorcraft, que le gouvernement barbare et inhospitalier de la Boukharie n'opposât des obstacles insurmontables à une expédition de ce genre. Amédée Jaubert, d'un autre côté, avait appris qu'il existait dans l'Oural des troupeaux de chèvres de même race que celle de Cachemire ; il voulut s'assurer du fait avant de prendre une résolution définitive, et le succès le plus complet  répondit à ses espérances : il put acheter près de treize cents chèvres de l'espèce la plus rare, les ramener par la Crimée sur les bords de la mer Noire, les embarquer sur les bâtiments russes le Saint-Nicolas et la Catherine, et atteindre Marseille et Toulon au mois de mai 1819, sans avoir éprouvé d'accident grave. Une relation de ce voyage fut publiée quelque temps après dans la Revue encyelopédique et l'on peut consulter aussi à ce sujet un recueil de pièces imprimé à Paris, en 1822, au nom des sociétés d'encouragement et d'agriculture Si l'on ne réunit pas à acclimater ces chèvres en France, du moins le commerce sut-il procurer à Ternaux les laines dont il avait besoin, et les cachemires français rivalisent aujourd'hui avec les châles de l'Inde.
- Cette mission, entreprise sous les auspices du gouvernement, amena quelques changements dans la position d'Amédée Jaubert. Dès le 25 man 1819, il avait été rétabli sur le cadre des maîtres des requêtes en service extraordinaire, et le 16 novembre on lui rendit sa place de secrétaire interprète pour les langues orientales. A partir de ce moment, il le livra tout entier  à  ses études de prédilection, et ne les interrompit plus qu'une seule fois pour revoir Constantinople. C'était en 1829 ; la guerre avait éclaté fois nouveau entre les Russes et les Turcs ; Amédée Jaubert, envoyé auprès du sultan, contribua puissamment à la conclusion du traité  d'Andrinople ; il devait en même temps régler les affaires grecques, faire cesser la persécution des catholiques arméniens, et ses efforts furent couronnés de succès. La révolution de juillet le surprit au milieu de ces négociations, et il eut l'honneur d'arborer  de nouveau à l'ambassade française le drapeau tricolore. A son retour en France, il fut nommé conseiller d'État en service extraordinaire ; le 25 décembre lui, il était élevé à la dignité de pair de France, et jusqu'à ses derniers jours il ne cessa de servir son pays avec le zèle le plus ardent. Telle fut la carrière politique d'Amédée Jaubert, carrière des plus honorables et des mieux remplies.
- Nous allons le suivre maintenant comme professeur et comme savant dans un autre ordre de travaux, partageant les loisirs que lui laissait la restauration entre sa chaire de turc à l'école des langues orientales vivantes et la rédaction d'ouvrages utiles ou intéressants, il publia, dès l'année 1821, la relation de son Voyage en Arménie et en Perse, en 1823, ses Elements de grammaire turque ; en 1825, la notice d'un Manuscrit turc en caractères Ouigours, envoyé par M. de Hammer à M. de Rémusat ; en 1826, le récit d'un Voyage d'Orenbourg à Bokhara; en 1827, un extrait de la version turque du Bakhtiar-Nameh d'après un manuscrit en caractères ouigours que possède la bibliothèque d'Oxford. Il était membre de l'Institut royal de Hollande depuis le 21 juillet 1809 et de l'institut royal de Belgique, du 9 avril 1822 ; il fut nommé correspondant de la société asiatique de Londres le 7 juin 1823, de la société des sciences de la ville d'Aix le 9 juillet 1823, de la société des antiquaires le 10 janvier 1825 ; et, par une exception bien flatteuse pour un absent, il fut élu en 1830, pendant son séjour à Constantinople, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. La noblesse de ses sentiments, la variété dé ses connaissances, son éloignement de toute coterie et cette incomparable modestie qui le portait toujours à s'effacer devant ses confrères, lui assignèrent une place à part dans cette compagnie, dont il fut un des plus précieux ornements. En même temps qu'il remplissait scrupuleusement ses devoirs d'académicien, il ne négligeait rien pour mettre en relief deux sociétés savantes à la fondation desquelles il avait contribué : nous voulons parler de la société de géographie et de la société asiatique de Paris. Dans la première, il se faisait remarquer, dès 1821, par la multiplicité de ses communications, tantôt sur le millomètre arabe, sur des manuscrits en langues orientales, ou sur du missions entreprises au loin, tantôt sur l'utilité d'une polyglotte géographique relative aux idiomes de l'Asie ou d'un recueil de questions à adresser aux voyageurs. En d'autres circonstances, il s'attachait à éclaircir l'histoire des divers peuples de l'Afrique; déjà, à l'époque de l'expédition d'Égypte, il avait recueilli les matériaux d'un intéressant travail sur les tribus arabes de l'isthme de Suez qui a été imprimé dans le grand ouvrage de la commission d'Égypte ; en 1825,  il donnait quelques renseignements curieux sur le Sennaar et publiait tient le tome 2 des Mémoires de la société de géographie la Relation de Ghana, par un Arabe de Tunis ; en 1824, il avait fait un rapport sur un Traité de géographie écrit latin et en caractères gothiques par le frère Jordanus ; en 1828, il annonçait à la société qu'il avait découvert un manuscrit arabe d'Edrisi beaucoup plus complet que toutes les copies connues de cet ouvrage, et, se rendant aux instances de ses collègues, il consacra huit années de sa vie à la traduction de ce monument inestimable de la science arabe. L'Edrisi d'Amédée Jaubert forme les tomes 5 et 6 des Mémoires de la société de géographie, et restera toujours un des titres de gloire de l'illustre orientaliste.- La société asiatique ne lui fut pas moins redevable : en 1827, elle obtenait communication de sa notice sur le Bakhtiar-Nameh, dont il a été question ci-dessus; de sa Lettre à M. Abel Rémusat au sujet de l'édition du texte en turc orientai de l'Histoire généalogique des Tatars ; du récit de l'Expédition de Djenghiz-Khan. etc.; d'une note sur le Traitement de la poste chez les Arabes d'Afrique. En 1833, Amédée Jaubert donnait au Journal asiatique des extraits de la Gazette turque de Constantinople et son mémoire sur l'Ancien cours de l'Oxus, lu à l'Institut; en 1831, il analysait l'Histoire persane de la dynastie des Cadjars, où il est parlé dans les termes les plus flatteurs de sa mission en Perse, et où l'on traite fort sévèrement un autre représentant du nom français; enfin il insérait au même journal (1835) un nouveau mémoire intitulé Constantinople en 1830.
- A la mort de Silvestre de Sacy, Amédée Jaubert se trouvait naturellement désigné pour une partie de son héritage : il fut nommé, le 23 mars 1838, membre du comité des impressions gratuites et inspecteur de la typographie orientale ; le 25 avril, président de l'école spéciale des langues orientales vivantes ; le 15 mai, professeur de langue et de littérature persane au collège de France; il devenait en même temps président de la société asiatique. Cette même année, il était élu membre honoraire de la société asiatique du Bengale (7 février), et il recevait du sultan (25 août) la décoration du Nichani-Iftikhar. Déjà, en 1835 (12 janvier), le schah de Perse lui avait envoyé l'ordre du Lion et du Soleil, et le roi de Prusse, longtemps auparavant (23 mars 1830), l'ordre de l'Aigle rouge. Il ne fut nommé officier de la Légion d'honneur qu'en 1845. Au milieu des nombreuses fonctions dont il était revêtu, Amédée Jaubert déployait un zèle et une activité très-remarquables : il faisait exactement ses deux cours de turc et de persan, et, pendant se longue carrière , s'il se fit quelquefois suppléer par MM. Blanchi, J.-J. Sédillot, Garcin de Tassy, ce ne fut que pour raison d'État ou à l'époque de ses missions en Asie. Ses anciens élèves ont conservé un pieux souvenir de l'intérêt qu'il leur témoignait et de ses constants efforts pour les mettre à même de vaincre les difficultés d'études très-ardues et très-ingrates. Placé comme administrateur à la tête de l'école des langues orientales, il s'efforça de rendre à cet établissement son ancien éclat, et il commença, avec les plus faibles ressources, une série de publications importantes : sous sa direction et par ses soins, dix-huit ouvrages ont été successivement imprimés et constituent la base d'un excellent recueil de textes ou de chrestomathies dans les différents dialectes de l'Asie et de l'Afrique ; c'est, pour le persan, le Traité astronomique d'Oloug-Beg, l'Histoire des Sassanides, des sultans du Kharezm, de Djenghiz-Khan et dei Monyak, etc.; pour l'arabe, le roman d'Antar; pour le turc, la Relation des ambassades de Mohammed-Effendi et de Saïd-Wahid-Effendi, pour le turc oriental, des Fragments d'Ali-Schir; pour le malay, des Chroniques, des Lettres et des Pièces diplomatiques, pour les idiomes de l'Inde, des Extraits d'auteurs hindoustanis et hindouis. Ajoutons à cette nomenclature déjà bien longue, une Chrestomathie chinoise et un Specimen de la langue berbère. On sait combien il serait utile, par suite de nos rapports avec les Kabyles, de connaître à fond le berbère. Amédée Jaubert, qui présida la commission chargée en 1842, par le ministre de la guerre, de la publication d'un dictionnaire français-berbère, et qui devait contribuer dans une large part à la rédaction de cet ouvrage, imprimé en 1844, avait demandé qu'une chaire spéciale fût créée pour cet intéressant dialecte à l'école des langues orientales ; M. Villemain, alors ministre de l'instruction publique, préféra au berbère le chinois moderne, et il ne fut plus question d'un enseignement qui cependant avait sa raison d'être et qui aurait produit, sans aucun doute, d'excellents résultats.
- Partout où il y avait quelque bien à faire, on était sûr de trouver Amédée Jaubert; aimant la science pour elle-même, passionné pour l'astronomie, attachant le plus grand prix à la pureté du langage, et constamment occupé d'études grammaticales, il recherchait les travailleurs, les encourageait, leur marquait la sympathie la plus vive. Toujours prêt à obliger, il offrait à ses élèves les secours dont ils avaient besoin et mettait à leur disposition sa vieille expérience. Les jeunes enfants que le gouvernement turc faisait élever en France étaient placés sous sa surveillance spéciale, et les ambassadeurs de la porte ottomane, notamment le fameux Reschid-Pacha, prenaient ses conseils, et lui témoignaient la plus haute considération. Lié avec tous les hommes d'un mérite éminent, et particulièrement avec le savant Maurice de Genève, Cordier, Lepelletier d'Aulnay, Haxo, etc., fidèle à l'amitié, il commandait à la fois le respect et l'affection de ceux qu'il admettait dans son intimité. Il admirait beaucoup l'érudition d'Et. Quatremère, et la notice qu'il consacra en 1838 à la traduction de l'Histoire des Mongols, qui fait partie de la Collection orientale imprimée sous les auspices du garde des sceaux, montre assez quelle était la nature de ses sentiments à l'égard de cet habile professeur. Au reste, les deux honorables académiciens avaient également à gagner dans leurs relations réciproques, et les vastes connaissances de l'un n'effaçaient en aucune façon le rare mérite et le savoir de l'autre. On a cité une description de la ville de Samarcande,  extraite des mémoires du sultan Baber, qu'Et. Quatremère a donnée dans le Journal des savants comme lui appartenant en propre, tandis que nous la devons en réalité à Amédée Jaubert. Cet illustre maître avait le premier rédigé une version en français de ce curieux document,  insérée dans les Prolégomènes d'Oloug-Beg par l'auteur de cet article. Et. Quatremère, en rendant compte du livre, n'a fait que proposer des corrections ou plutôt des variantes qui, nous pouvons le dire, ne sont pas toutes très-heureuses.
-Pour terminer la notice des travaux d'Amédée Jaubert, nous n'avons plus qu'à mentionner les discours qu'il prononça, en 1835, comme vice-président de la société de géographie ; en 1838, sur la tombe de Silvestre de Sacy, comme président de la société asiatique, et à l'ouverture de son cours de persan. Plus tard, à la chambre des pairs, il lisait un rapport favorable sur le voyage de Flandrin et Botta aux ruines de Ninive (1846) ; il n'avait plus alors que quelques mois à vivre, et il se livrait encore avec une sorte d'enthousiasme à ses chères études. Il avait fait depuis longtemps d'intéressantes recherches sur les grandes voies de communication de l'Asie supérieure. Son mémoire sur l'ancien Oxus et son Itinéraire d'Orenbourg à Bokhara avaient attiré son attention sur ce sujet, et en 1836 il exposait dans une des séances de la société de géographie l'utilité scientifique et les moyens d'exécution d'un voyage aux sources de l'Indus, en engageant le général Allard à concourir à cette importante exploration. Depuis lors, il n'avait un instant cessé de se préoccuper de cette question, et il y revenait toutes les fois qu'il lui était permis de se reposer à la campagne de ses graves fonctions. il avait acheté en 1824, dans les environs d'Etampes, le château de Gillevoisin, ancienne résidence de Jacques Amyot, le traducteur de Plutarque. C'est là qu'il se délassait de ses fatigues et qu'il visitait un rejeton d'un saule de Ste-Hélène, présent de M. de Menneval, et seul témoin de ses amers regrets. Il avait voué en effet à Napoléon un culte bien naturel, et l'émotion qu'il ne put maitriser au retour des cendres de son empereur attesta la profondeur de sort attachement pour le protecteur de sa jeunesse. Mais le moment approchait où cette vie si laborieuse allait s'éteindre, et, au commencement de 1847, Amédée Jaubert, qui venait d'épuiser les derniers efforts de son intelligence sur un manuscrit mandchou appartenant à l'Académie des sciences de St-Pétersbourg, expirait après une courte maladie du milieu de sa famille, à laquelle il léguait une renommée sans tache, de nobles exemples et la mémoire d'un homme de bien; il était à peine âgé de 67 ans. Il a laissé deux enfants : un fils, chef de bataillon du génie, officier distingué de notre armée, et une fille digne de sa mère, mariée à M. Meure, ancien ministre, l'une des gloires les plus pures du barreau français.    S-D-T
extrait de Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne, 1843 et suivantes










Sauvegarder
Choix utilisateur pour les Cookies
Nous utilisons des cookies afin de vous proposer les meilleurs services possibles. Si vous déclinez l'utilisation de ces cookies, le site web pourrait ne pas fonctionner correctement.
Tout accepter
Tout décliner
En savoir plus
Unknown
Unknown
Accepter
Décliner
Analytics
Outils utilisés pour analyser les données de navigation et mesurer l'efficacité du site internet afin de comprendre son fonctionnement.
Google Analytics
Accepter
Décliner