Trois orientalistes qui servirent la royauté française et qui parlaient tous couramment le Turc. Pétis de la Croix est l'auteur d'une traduction des Mille et une nuits.
François Petis (1622-1695)
Orientaliste, secrétaire interprète, à partir de 1652, pour les langues turque et arabe.
Son oncle Claude Guiclet est premier secrétaire interprète de la langue turque au Département de la marine.
Il traduit en Turc l'histoire de France et rédige les 3 volumes des voyages en Orient de Thévenot le neveu.
- Dictionnaire Français-Turc et Turc-Français (non publié)
- Catalogue des manuscrits turcs et persans de la Bibliothèque du roi
- Traduction de la Préface d'Aboul-Khaïr-Tasch-Kuprizadeh, auteur turc, sur ordre de Colbert avec un poème sur Gengis Khan.
- Histoire du grand Genghiz Khan..., publié par son fils Petis de la Croix en 1710
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François Petis de la Croix (1653-1713)
Fils de François Petis, il fut, comme lui, secrétaire interprète du roi.
C'est lui qui écrit le poème en Turc qui préface des Voyages en Orient de Thévenot.
Dès l'âge de seize ans, il part dans le Levant pour y approfondir ses études.
Il passe trois ans et demi à Alep, y apprend l'arabe parlé, l'arabe littéraire, le turc, l'écriture arabe en neski, la poésie et la musique arabes.
Il traduit le traité conclu par l'ambassadeur de France Nointel avec la Porte.
Il traduit en arabe et diffuse en Orient l'Histoire de la campagne de Louis XIV en Hollande pour contrer la propagande hollandaise.
Parallèlement, il achète pour enrichir les collections du roi de France, des manuscrits, des médailles etc.
Parti d'Alep le 1er avril 1674, il passe par Diyarbakir, Mossoul, Bagdad, Bassorah, Chiraz en Perse et il arrive à Ispahan (8 août 1674) où il apprend le Persan et ses dialectes ainsi que la musique persane.
Il quitte Ispahan le 20 juin 1676 et revient par Kachan, Kom, Sultanieh, Diyarbakir, et enfin Constantinople le 3 décembre 1676. Il y reste quatre ans et aide les ambassadeurs français Nointel et Guilleragues.
Il revient en France en 1680, traduit le traité avec le roi du Maroc en 1681.
En 1682, il est attaché au service de la marine, en qualité de secrétaire-interprète pour les langues orientales et secrétaire de l'ambassade envoyée au roi du Maroc.
Suivant les lieutenants-généraux Duquesne, Tourville et d'Amfreville, dans leurs expéditions contre Alger, il sert à la négociation de la paix en 1684, et traduit le traité en Turc. Il y fit insérer le titre de padişa (padisha, empereur, titre donné au sultan ottoman) au lieu de kral (roi), que les Algériens avaient jusque là donné au roi de France.
Il accompagne l'ambassadeur qui vient demander pardon à Louis XIV au nom de la régence algérienne. En 1685, il accompagne une autre ambassade qui vient, de la part du dey, offrir vingt-cinq chevaux.
Embarqué la même année sur l'escadre du maréchal d'Estrée, envoyée contre Tunis, qui demanda et obtint la paix, il en traduisit les conditions. La régence de Tripoli ayant été forcée également de demander grâce, Pétis négocia la paix, et obtint le remboursement de six cent mille francs au profit du roi.
En 1687, sous les ordres du duc de Mortemart, il traita avec le ministre de la marine du Maroc.
Il fut l'interprète de toutes les ambassades de l'empire ottoman et des autres puissances orientales qui vinrent en France, de 1681 à sa mort.
En 1692, il reçut la chaire de langue arabe au Collège royal. A partir de cette date, il ne sort plus du royaume et épouse le 29 août 1695, Jeanne Lesueur, fille d'un marchand de bois. Dans l'acte de mariage, son père et lui sont qualifiés de "conseillers du roi".
Le surnom de La Croix ajouté à son nom n'apparut qu'après la mort de son père.
Il mourut le 4 décembre 1713 et fut enterré à Saint-Sulpice.
Il connaissait le Turc, l'Arabe, le Persan, le Tartare, l'Ethiopien et l'Arménien.
Publications
- Traduction des Mille et une nuits, 1710-1712
- Histoire de la sultane de Perse et des vizirs, contes turcs, traduits de Cheikh Zadeh, 1707 (la seconde partie en est resté manuscrite).
- Voyage en Syrie et en Perse fait de 1670 à 1680
- Extrait du Journal de François Pétis publié par M. Langlès à la suite de la relation de Dourry Effendi, 1810 (et dans le Magasin encyclopédique, 1808, V, p. 277-376)
- Histoire de Timur Bec... traduite du persan
- Histoire de Louis XIV par les médailles traduite en Persan et présenté au roi de Perse en 1708.
- Eloge historique de François Petis (son père)
Manuscrits :
- Etat de la Perse
- Histoire de la conquête de Syrie par les Arabes, d'Al Wakedy, 2 vol. in-4°
- Dictionnaire arménien et latin, 3 vol. in-folio
- Le Livre des témoignages des mystères de l'unité, par Hamza, traduit de l'arabe
- De la vérité de la recherche chrétienne, à Chah Abbas, roi de Perse, par Paul Piromale, 1674 ; traduit de l'arménien, 1712 (Bibl. royale)
- Jérusalemn ancienne et moderne (Bibl. royale)
- Relation de la Haute-Ethiopie (Bibl. royale)
- L'Egypte ancienne et moderne (Bibl. royale)
- Histoire des antiquités d'Egypte, 1700 (Bibl. royale)
- Mémoire sur l'Eglise grecque ey sur les révolutions de Tunis (Bibl. royale)
- Bibliothèque orientale de Hadji Khalfa, traduit du turc, en 3 volumes in-folio
et plusieurs autres ouvrages sur l'histoire, la géographie et les langues de l'Orient.
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Louis-Alexandre-Marie Petis de la Croix (1698-1751)
Fils de François Petis de la Croix, il nait à Paris le 10 février 1698
Il occupe les même postes que son père : dès l'âge de seize ans, il est nommé secrétaire-interprète de la marine.
Il passa six ans à Constantinople, en Syrie et en Grèce.
Il rédige les traités entre la France et les puissances orientales et accompagne leurs délégations devant le roi.
Il est nommé interprète des langues orientales à la bibliothèque du roi et obtient, en 1744, la chaire de professeur d'arabe au collège royal de France.
Il meurt le 6 novembre 1751.
Publications
- Canon du sultan Soliman II, ou Etat politique et militaire de l'empire ottoman, tiré des archives des princes othomans, traduit du Turc, Thiboust
- Lettres critiques de Mehemet-Effendi, au sujet des Mémoires du chevalier d'Arvieux, avec des éclaircissements sur les moeurs, les usages, les religions et les gouvernements des orientaux, traduites du turc, par Ahmed Frengui, renégat flamand, 1735 (l'auteur et le traducteur sont fictifs)
- Traductions restées manuscrites
Sources : Biographie universelle, L. G. Michaud, 1823
Histoire de Timur-Bec, 1722, contient un avertissement avec de nombreuses indications biographiques sur François Pétis de la Croix