Avanos, l’antique Venasa, était, aux époques hellénistique et romaine, un centre religieux important et prospère du royaume de Cappadoce, consacré à Zeus Ouranios. Elle est mentionnée dans quelques textes de cette époque. C’est maintenant une ville de 15000 habitants avec un quartier ancien où l’on peut voir de belles maisons.
Il reste peu de vestiges de l’Antiquité : on y a découvert un sarcophage et un tumulus proche de la ville.
Elle semble avoir ensuite décliné jusqu’à l’époque turque. De l’époque seldjoukide, il reste un caravansérail, le Sarıhan kervansarayı et la mosquée Alaaddin Camii.
La ville prospéra au XIXe siècle comme en témoignent les belles maisons ottomanes que l’on trouve dans le haut de la ville.
Une terre de bonne qualité amenée par le fleuve Kızılırmak a permis le développement de la céramique artisanale qui fait la réputation et la richesse d’Avanos depuis plusieurs siècles. Les jarres pemettaient aux caravanes qui traversaient l’Anatolie de transporter les liquides et les aliments, les particuliers utilisaient d’autres contenants en terre cuite et de la vaisselle en céramique qui est produite dans des ateliers qui se développent au XVIIIe siècle.
Depuis l’introduction de nouveaux matériaux comme le plastique, le nombre des potiers a diminué et ce sont maintenant les touristes qui achètent...
Le vin de Cappadoce contribue aussi à son rayonnement à partir du XXe siècle. La Cappadoce offre des conditions particulières pour la culture de la vigne. Le sol d’origine volcanique y est propice, et les températures vont de -20°C à +40°C avec un bel ensoleillement. La production de vin existe depuis l’Antiquité et ne fut pas interrompue par la conquête ottomane, mais elle fut réduite et autorisée seulement pour les chrétiens. Elle connaît un regain après l’instauration de la République et encore plus ces dernières années, grâce au travail d’oenologues et de propriétaires passionnés. Le cépage autochtone de Cappadoce le plus célèbre est l’Emir qui supporte bien les grands écarts de température et l’altitude.
Avanos est d’ailleurs jumelée avec Nuits-Saint-Georges en Bourgogne.
Témoignages
Les mentions d’Avanos dans les récits de voyages en Anatolie ne sont pas très nombreux. L’historien allemand Hans Rott la décrit sommairement en évoquant son passé :
Extrait de Hans Rott, Kleinasiatische Denkmaler aus Pisidien, Pamphylien, Kappadokien und Lykien, Studien über christliche Denkmäler, Volumes 5 à 6, Leipzig, Dieterich’sche Verlagsbuchhandlung, 1908
"A une heure au nord [de Çavuşin], l'ancienne route remonte le Halys [Kızılırmak], tout près se trouve Avanos, que j’identifie à l'ancienne Venasa, où des milliers de hiérodules de Zeus vivaient des revenus de la vaste plaine fertile qui s'étend des falaises abruptes de Tschawuschin [Çavuşin] et Selve [Zelve] jusqu'à la petite ville sur le Halys.
[...]
Ce jour-là, nous avons traversé le Halys, d'un jaune sale, sur un long pont en bois posé sur des piliers de pierre, et nous sommes arrivés à Avanos, qui se dresse, solitaire, sur une colline brûlée par le soleil, au bord d'une rive dépourvue d'arbres et d'arbustes. La vaste plaine marécageuse qui s'étend ici sur la rive sud du Halys devait être le domaine sacré des trois mille prêtres de Zeus de Venasa, qui rapportait à chacun un revenu annuel de 15 talents, et que je situe ici, dans l'ancienne Morimène."
Le voyageur allemand Roman Oberhummer donne lui aussi une brève description d’Avanos, qui fut une étape lors de son voyage en Asie Mineure, dans “Bericht über eine Reise in Syrien und Kleinasien “ publié dans “Petermanns Mitteilungen aus Justus Perthes’ Geographischer Anstalt”, Gotha, J. Perthes, 1897 :
"Peu après 14 heures, nous avons atteint Avanos, un grand village qui, siège d'un kaimakam dépendant du gouverneur de Kirscheher [Kırşehir], est situé près de la rive droite de l'Halys [Kızılırmak], entouré de grands vergers, et compte environ 1 000 maisons. Notre arrivée fit grand bruit ; le représentant du kaimakam absent ne savait pas trop quoi faire de nous et fut visiblement ravi lorsque nous déclinâmes son invitation à rester quelques jours et nous apprêtâmes à retraverser l'Halys afin d'atteindre Newscheher [Nevşehir] le jour même."
Pour plus d’informations
- Thierry, Nicole, La Cappadoce de l'Antiquité au Moyen Âge. In: Mélanges de l'École française de Rome. Moyen-Age, tome 110, n°2. 1998. pp. 867-897. DOI : https://doi.org/10.3406/mefr.1998.3661, www.persee.fr/doc/mefr_1123-9883_1998_num_110_2_3661
- Thierry, Nicole, « Avanos-Vénasa – Cappadoce », Geographica Byzantina, édité par Hélène Ahrweiler, Éditions de la Sorbonne, 1995, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.2002, https://books.openedition.org/psorbonne/2002
- Le potentiel œnologique de cépages turcs, https://www.giesco.org/documents/files/le-potentiel-oenologique-de-cepages-turcs-sc-def.pdf
Localisation
Afficher une carte plus grande
Photographies datant de mai 2024
Une maison ancienne
Un hôtel installé dans une maison ancienne.
Panneau publicitaire pour un négociant en vins
Le panneau indiquant le jumelage d'Avanos avec Nuits-Saint-Georges dont une place porte le nom.
Les maisons restaurés côtoient celles qui ne le sont pas.
Moquée Yesilbas
Elle fut construite en 1893.
Un magasin de céramiques
Danger d'écroulement. Interdiction de rentrer.
T.C. République de Turquie Des travaux de nettoyage concernant les biens immobiliers sont effectués dans les parcelles 6-10, îlot 856, feuillet 79, dans le district d'Avanos de la province de Nevşehir, conformément à la décision n° 1461 du 28.05.2015 du Conseil régional de protection du patrimoine culturel de Nevşehir. |
Ahmet Benzer evi, 1903
Autres maisons
Yasar Sibik evi, XIXe siècle
En cours de restauration