Le Grand Hôtel, d’abord appelé Hôtel du Luxembourg, était situé du 128 au 132 de la rue de Péra à Constantinople/Istanbul. Fréquenté par de nombreux visiteurs européens, il devint célèbre, cité ainsi que son propriétaire, dans plusieurs récits de voyage à Istanbul. Des diplomates, des journalistes, des hommes d’affaire etc y séjournèrent.

Un entier postal envoyé en 1892

L’entier postal que nous reproduisons fut envoyé à Paul de Lach à Anvers le 26 janvier 1892, et arriva à destination le 30 janvier. C’est le directeur du Grand Hôtel, M. Flament-Belon, qui l’écrivit pour indiquer ses tarifs.

Grand Hôtel, Istanbul Constantinople

Grand Hôtel, Istanbul Constantinople

"Constantinople 25. janvier 1892

Grand Hôtel Grande rue de Péra

Monsieur, 

En réponse à votre demande, j'ai l'honneur de vous annoncer que les prix de pension est de 14 francs par jour et par personne. Ce prix comprend toute la pension et 1/2 b[outeil]le de vin par repas.
J'espère, Monsieur, que ce prix vous satisfera et que vous voudrez bien donner votre préférence à mon hôtel.
Mr de Borchgrave Ministre de Belgique à Constantinople est en ce moment à mon hôtel qui est le rendez-vous de tous les touristes belges et français à Constatinople.
Je vous serais reconnaissant de me dire le jour de votre arrivée afin de retenir une bonne chambre. Votre respectueux 

M. Flament"

Le Grand Hôtel

Les encarts publicitaires que nous reproduisons ci-dessous, publiés dans les années 1880-1890, mettent en avant les services de l’hôtel :  

Dans Émile Isambert,  “Itinéraire descriptif, historique et archéologique de l'Orient”, Volume 2, Hachette, 1895

“CONSTANTINOPLE 
GRAND HOTEL DANS LA PARTIE LA PLUS LARGE ET LA PLUS BELLE DE LA RUE DE PÉRA
FLAMENT BELON propriétaire.
ÉTABLISSEMENT DE PREMIER ORDRE 
DÉJEUNER de table d’hôte le matin à partir de dix heures et demie. 
DINER de table d’hôte le soir à six heures. 
Au rez de chaussée de l’hôtel se trouvent : 
UN RESTAURANT A LA CARTE et UN CAFÉ le plus beau et le mieux fréquenté de Constantinople appartenant au même propriétaire. 
Prix modérés. - Arrangements pour séjour prolongé. 
M et Mm FLAMENT sont Français et s occupent personnellement de la direction de leur hôtel les Français qui descendront dans cet établissement sont donc certains de s’y trouver en famille. “

En anglais, dans plusieurs guides de John Murray dont “A Handbook for Travellers in Surrey, Hampshire and the Isle of Wight ...”, 1888 :

“CONSTANTINOPLE .
GRAND HOTEL
RUE DE PÉRA, 128 to 132.
The only Establishment specially constructed for an Hotel, the best situated, close to the Grand Club, Theatre and Embassies.
Its fine Bath and Hydropathic Establishment (the only one existing in Constantinople), forms part of the Hotel with which it is in communication.
The Grand Hotel is the only Hotel having a Restaurant à la Carte.
From its size and being frequented by the best Society, Apartments can be had with or without Board, from 4 francs, 50 centimes per day, Lights and Service included. Pension from 15 francs per day, everything included. Post Office in the Hotel.
FLAMENT-BELON, Proprietor.”

En Anglais également, dans le recueil d’horaires du voyagiste anglais Cook, Cook's Continental Time Table, Steamship and Air Services Guide, 1892

“CONSTANTINOPLE .
GRAND HOTEL
RUE DE PÉRA, 128 to 132.
Proprietors, Mr. and Mrs. FLAMENT-BELON.
This first-class establishment has been recently enlarged and fitted with Hydropathic appliances, Electric apparatus, Shampooing room, &c. Restaurant a la carte. English and German spoken.
Cook's Coupons accepted.”

L’hôtel est cité dès sous le nom de “Grand Hôtel du Luxembourg” dans la liste des bâtiments incendiés le 5 juin 1870 du chapitre “L’incendie de Constantinople - 1870” de l’ouvrage de Maxime Petit, “Les grands incendies” (Paris, Hachette, 1883). 

En 1875, alors qu’il s’appelait “Hôtel du Luxembourg”, l’auteur l’évoque dans ‘Terre-Sainte et Liban: caravane française de 1873” (Paris, G. Téqui, 1875) :
“Nous faisons prix à l'hôtel de Luxembourg, rue de Péra ; comme nous sommes assez nombreux, le propriétaire accepte notre caravane à des conditions relativement bon marché, si l'on tient compte des exigences des grands hôtels de Constantinople. Les chambres sont bonnes, la table est abondante et servie à la française, nous sommes chez un compatriote qui se montre attentif et obligeant pour nous.”

Quelques années plus tard, dans “Promenades en Égypte et à Constantinople” (Paris, Challamel ainé, 1886, 442 pages), Émile Bourquelot qui a séjourné au Grand Hôtel, fait l’éloge de M. Flament-Bellon : “[C']est un homme d'une cinquante d'années, sa tenue est d'une correction irréprochable, sa figure avenante, ses yeux bleu clairs sont intelligents, une moustache blonde, frisée, surmonte la bouche un peu pincée, il a les manières d'un homme du monde. 
Un escalier de marbre blanc communique du palier à un vestibule élégant, dont les murs stuqués sont recouverts de couleurs vives et fraîches. Le voyageur en entrant se sent parfaitement disposé par l'air de confort et de propreté qui frappe de suite ses yeux. “

Le propriétaire est un homme cultivé, très soucieux de la décoration de son hôtel qui emmène même ses clients chez son ébéniste.

“M. Flament-Belon ne se contente pas d'être un aimable et  excellent hôtelier, il a des goûts artistiques très prononcés et rêve de  faire de l'hôtel du Luxembourg non seulement un établissement de  premier ordre au point de vue du confort des voyageurs, mais encore de  lui donner un cachet qui le recommande aux étrangers amateurs des  beaux-arts. 
Pour obtenir ce résultat, il s'applique à rassembler  les objets curieux et intéressants qu'il peut rencontrer et surtout les  meubles anciens. “

Emile Bourquelot donne aussi un élément biographique :

“M. Flament est Français qui, après une vie assez accidentée, a épousé la fille d'un maître d'hôtel d'Ismaïlia et est venu s'établir à Constantinople où il paraît prospérer. “

Quand l’écrivain et journaliste Edmond About séjourne au Grand Hôtel en 1883 qu'il apprécie beaucoup, Flament-Bellon a sept enfants. Sa dernière fille, qu’il fait alors baptiser, est prénommée Léopoldine en l’honneur du roi des Belges Léopold (voir https://turquie-culture.fr/pages/histoire/anecdotes-recits/istanbul-vu-par-edmond-about-1884.html).

Cité comme référence par M. Flament, le baron Émile de Borchgrave (1837-1917), juriste de formation, était un historien et diplomate belge. Il fut en mission dans les Balkans, puis envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire à Constantinople entre 1885 et 1892. Il publia "Souvenirs diplomatiques de quarante ans" en 1908 qu’il fut obligé de retirer de la vente.

·    Nécrologie : https://www.persee.fr/doc/jsa_0037-9174_1919_num_11_1_3867
·    The Diary of Émile de Borchgrave: Recollections of a Belgian Diplomat in the Ottoman Empire (1885-1892) par Houssine Alloul, The Isis Press, 2015

 

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