Le Journal de Soliman [Süleyman, Souleïman] est un document précieux pour les historiens qui montre aussi la dure vie des soldats du sultan, leurs souffrances et les ravages de la guerre. Les expéditions du plus célèbre des sultans ne furent pas des promenades de santé pour ses armées.
Les soldats souffrent des intempéries, chaleur, pluie, froid, se font massacrer pendant certaines attaques, sont victimes d'accidents ou meurent de faim, sont exécutés pour vol ou trahison etc. Les sièges sont décrits : mines, bombardements, assauts... On suit le parcours des armées grâce aux indications géographiques.
Le texte reproduit ci-dessous contient des extraits du Journal de Süleyman :
• Journal de Souleïman pendant son expédition contre Belgrade (1521)
• Journal de la seconde campagne de Souleïman, celle contre l’île de Rhodes (1522-1523)
• Journal de la troisième campagne de Souleïman en Hongrie. Bataille de Mohaczj en 932 de l'hégire (1526).
• Journal de la quatrième campagne de Souleïman contre Vienne, 935 (1529).
• Journal de la cinquième campagne de Souleïman contre le roi d’Espagne (Charles-Quint) (1532)
• Journal de la sixième campagne de Souleïman (première campagne en Perse) (1534)
• Journal de la septième campagne de Souleïman contre Awlona, en l'année de l'hégire 943 (1557).
• Journal de la huitième campagne de Souleïman en Moldavie, en l'année 945 de l'hégire (1538).
Hammer-Purgstall décrit ainsi ce journal qu’il a traduit en Allemand et qui fut ensuite traduit de cette langue, et non du Turc, en Français par J. J. Hellert dans les notes du tome V de l’Histoire de l’empire ottoman paru en 1836 :
"Mounschiati Sultan Souleïman, les Pièces d’État du sultan Souleïman ; cet ouvrage contient quatorze écrits de Souleïman et les journaux de ses huit premières campagnes ; un vol. in-fol. de quinze pouces de hauteur sur neuf de largeur, et composé de 405 feuillets. C'est probablement un des volumes qui faisaient partie de la collection de pièces d'Etat en onze volumes que Feridoun présenta à Mourad III. Je suis redevable de ce précieux manuscrit au chevalier de Raab, interprète de S. M. l’empereur d'Autriche à Constantinople. [page VII]"
A notre connaissance, il n’existe pas d’autre traduction en Français de ce texte.
Note sur les transcriptions : le turc "keüy" est écrit "kœï", "paşa" "pascha", "u" "ou" (burun pour bouroun), ğ "gh" ("oglu" donne "oghlou"), lı est transcrit lü, ç devient tsch etc
Nous avons indiqué la pagination entre crochets.
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Journal de Souleïman pendant son expédition contre Belgrade
Mois de mai (djemazioul-akhir)
L'armée dresse son camp le 10 djemazioul-akhir 927 (18 mai 1521) à Halkali binar ; le 19, à Harami Deresi ; le 20, à Maados ; le 21, Tscheltouklou bouroun ; l'ambassadeur moldave est admis au baise-main du Sultan. Le 12, à Khorlik ; le 23, à Karfischduran ; le 24, à Burgas ; le 25, à Baba eskisi ; le 26, à Hafssa ; le 27, à Andrinople. Les habitans de cette ville viennent â la rencontre du Sultan, et lui offrent des présens. Halte le 28 et le 29 ; le beglerbeg de Roumélie et les sandjakbegs déposait des présens aux pieds du Sultan qui les refuse. Les 30 et 31, halte.
Mois de juin (redjeb).
Ier juin, Tatarkoei. 2, Hissarlü ; l'ambassadeur tatare arrive au camp. 3, Sazlü deré. 4, Goetscheri oghlou ; l'ambassadeur tatare est admis au baise-main. 5, Tschaïr altounlen. 6, jour de halte. 7, (1er redjeb), Hissarlik.8, Koist. 9, entrée à Philippopolis. 10, halte, diwan ; les silahschors exécutent devant le Sultan des assauts d'armes. 11, Djelih.
* Ce journal embrasse un espace de temps de cinq mois (du 18 mai au 19 octobre 1521), et nous dédommage du défaut de date qu'on remarque chez les historiens hongrois et les autres historiens contemporains d'Europe.
[408] 12, Tatarbazardjighi. 13, Akindji karlési, 14, la vallée d'Ikhtiman. 15, Kaziasker deresi. 16, Sofia. 17, halte. 18, halte, diwan ; les defterdars reçoivent l'ordre de requérir des vivres ; Kasimbeg se rend à Schehrkœï, Dizdarzadé à Nissa, et Abdes Sélam à Sofia. 20 et 21, halte, aa, Iflaklar konaghi. 13, Tekour binari ; mille janissaires sont envoyés au beg de Semendra. 24, Schchrkœï. 25, Ezor. 26, l'armée campe devant Bana. 27, elle passe à côté de Nissa, près du village de Dorpa ; Ahmed-Pascha prend la route de Sabacz. 28, Boutna. 29, Aladjahissar. 30, Kazikoeï ; cent janissaires sont dirigés sur Sabacz.
Mois de juillet (schâban).
1er, Eliasdjik. 2, l'armée marche sur Sabacz ; elle passe à Hadjfa, où les difficultés qu'offre le terrain l'obligeait de faire un long détour: Hasanbeg, fils d'Omarbeg (Toura-khap), auquel le Sultan avait donné mission de recruter de nouvelles troupes d'akindjis, rejoint le camp. 3, Ramké ; le grand-vizir Piri-Pascha se dirige sur Belgrade. 4, Schatouma, 5, Ratlosch. 6, Biberdjik. 7 (1er schâban, un dimanche), halte ; on reçoit la nouvelle de la prise de Sabacz ; cent têtes des soldats de la garnison qui n'avaient pu, comme tout le reste, se sauver sur la Save arrivent au camp. 8, ces têtes sont plantées le long de la route ; Ahmed-Pascha est admis au baise-main avec les sandjakbegs ; Souleïman visite le fort, et ordonne la construction d'un bastion, que l'on entoure d'un fossé ; il fait jeter un pont sur la Save pour le passage de l'armée. 9, halte ; Ahmed-Pascha, suivi des sipahis de la Roumilie, et le segbanbaschi avec mille janissaires, entrent en Syrmie. Souleïman s'établit dans une cabane (tschartak) pour activer par sa présence les constructions du pont. Les paschas, armés de bâtons, excitent le zèle des ouvriers. 10, halte ; un grand nombre de troupes passe la Save. [409] On apprend que la princesse de Syrmie offre de se constituer vassale, sous la condition que le Sultan épargnerait au pays les horreurs de la guerre ; un interprète est chargé de lui en porter l'assurance. Le Sultan et les grands de l'empire restent à la tête du pont depuis l'aube du jour jusqu'à la nuit. 11, continuation des travaux. 12, Ahmed-Pascha, qui se trouvait en Syrmie, reçoit l'ordre de revenir pour les activer. On reçoit la nouvelle que la princesse de Syrmie a pris la fuite, et a fait conduire au roi l'interprète ottoman. Le sandjakbeg d'Awlona, Balibeg, va prendre possession de Kulpeniza, où elle résidait. Nouvelle de la prise de Semlin par Piri-Pascha et Khosrewbeg de Semendra. 13, le Sultan surveille la construction du pont. Moustafa-Pascha est envoyé en Syrmie pour occuper les châteaux-forts. 14, Behrambeg de Nicopolis et Mahmoudbeg de Silistra se mettent à la poursuite de la princesse de Syrmie. On apprend qu'un parent du Khan est tombé avec un grand nombre de Tatares au pouvoir de l'ennemi. 15, Balibeg, le fils d'Yahya-Pascha, rejoint en Syrmie le camp du beglerbeg ; à son retour d'une incursion en Hongrie, il rapporte soixante têtes, et ramène prisonnier le fou (deli) Marcus, celui qui avait vaincu et tué le parent du khan des Tatares. 16, le Sultan est informé que Behrambeg et Mahmoudbeg n'ont pu découvrir les traces de la princesse de Syrmie, mais qu'ils ont fait un riche butin. Le Sultan se montre continuellement près du pont pour activer les travaux. 17, Moustafa-Pascha revient avec un grand nombre de prisonniers ; le Sultan tient conseil avec Balibeg ; la pluie fait déborder la Save. 18, jour de repos. Le pont est achevé ; la Save monte jusqu'à son niveau. 19, les eaux l'inondent, et rendent tout passage impossible. Ordre d'opérer, la traversée dans des barques. Les provisions sont envoyées par terre à Belgrade. Du 20 au 24, halte. 25, réception d'un courrier de Piri-Pascha, qui annonce que la garnison de Belgrade a fait une sortie pour enclouer les canons des assiégeans, et qu'elle a été repoussée ; il donne en même temps avis de la reddition du château de Beridj. 26, Souleïman entre en Syrmie. 27, repos : nouvelle du succès de l'opération dirigée par Hasanbeg, Pifribeg, fils de Baltaoghli, et Balibeg. Arrivée au camp de soixante à quatre-vingts prisonniers. Occupation de Slankamen. 29, Souleïman se dirigé sur Belgrade en longeant la Save. 30, il passe à Koulpanik (Kulpeniza). 31, il arrive sous les murs de Belgrade aux acclamations de l'armée.
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Mois d'août (ramazan).
1er, Souleïman inspecte Belgrade et Semlin ; il fait ranger les janissaires devant Belgrade ; à l'aile gauche, l’aga des janissaires se trouve placé sous les ordres dé Moustafa-Pascha ; à l'aile droite, le ségbàn-baschi est placé sous ceux du grand-vizir Piri-Pascha. 2, assaut ; les cadavres encombrent le fossé ; perte de cinq à six cents hommes. Le premier et le second écuyer sont employés avec leurs gens à ouvrir les tranchées. 9, Souleïman se montre de nouveau avec un grand appareil devant la forteresse, et assiste à l'assaut que dirigent simultanément Piri-Pascha et Moustafa Pascha : le fossé se remplit encore de cadavres ; l'aga des janissaires, Bali-Aga, est blessé. Ahmed Pascha vient se joindre à l'armée de siège : dès ce moment la ville est foudroyée du côté de l’île. Cinq cents janissaires reçoivent l'ordre de remonter le Danube dans des barques, afin d'intercepter le secours promis par les Hongrois aux assiégés. 4, ils partent. La tour située sur le rivage dans l'intérieur de la ville est réduite en cendres, et sa chute facilite l'attaque de Moustafa-Pascha. 5 (1er ramadan, lundi), Souleïman se présente pour la troisième fois devant Belgrade, suivi de tous ses officiers. 6, Souleîman revient encore ; Kafadja-Pascha jette un pont sur la Save. 7, diwan ; on convient de livrer un nouvel assaut le lendemain. 8, l'assaut est donné par trois côtés différens, à droite le grand-vizir Piri-Pascha, à gauche, Moustafa-Pascha et au [411] centre, Ahmed-Pascha. Les ennemis abandonnant la défense de la ville, la livrent aux flammes, et se retirent dans la citadelle. 9, ordre de miner les tours de la citadelle. 10, les canons sont mis en batterie. 11, le sîlîhdâr-baschi arrive du Diarbekr avec ses troupes. 12, dîwan. 13, repos. 14, diwan ; on arrête un prochain assaut. 15, une femme qui s'est enfuie de la citadelle fait connaître à Piri-Pascha la faiblesse de la garnison. 16, Souleïman se place dans une tente, eu face de la citadelle, et donne le signal de l'assaut : Ahmed-Pascha, dont le mouvement n’est pas soutenu par les deux ailes, est repoussé avec perte. 17, Ahmed-Pascha reçoit en présent un kaftan, un sabre incrusté d'or et deux mille ducats : les janissaires, du Diarbekr rejoignent le camp. Le pont sur la Save est achevé. 18, les troupes de Roumilie viennent également prendre part aux opérations du siège. Un soldat met le feu au tschartak de l'ennemi, du côté de Moustafa-Pascha. 20, la cime de la tour située en face des troupes de Piri-Pascha s'écroule. 21, sept prisonniers sont amenés au camp de Piri-Pascha se met en route pour visiter Slankamen. 23. diwan. 24, arrivée de Schebzouwaroghli Oweïsbeg ; il est admis au baise-main. Arrivée d'un transfuge. 25, diwan ; la citadelle demande à capituler, mais sous la condition qu'il lui sera accordé un délai de cinq à dix jours ; cette proposition est rejetée : le feu recommence, et les assiégeans se préparent pour une nouvelle attaque. 26, l'assaut est repoussé. Karadja-Pascha, Mahmoudbeg et Iskender Tschelebi sont blessés. 27, diwan ; une tour saute ; assaut, perte d'hommes considérable. 28, dîwan, auquel sont appelés tous les begs et tous les saïms. Un espion envoyé par le roi aux assiégés est dénoncé par un transfuge, et arrêté ; le premier est mis à la question, le second reçoit un kaftan. A cette nouvelle, la garnison reprend les négociations et offre de se rendre : le beschlübaschi de Semendra et un janissaire se rendent dans la citadelle ; deux infidèles de la garnison viennent baiser la main du Sultan, et promettent pour le [413] lendemain la reddition de la place. 29, occupation de Belgrade : les infidèles s'éloignent ; les janissaires prennent possession de la citadelle. Le commandant de la garnison est admis au baise-main, et le Sultan lui fait remettre un kaftan. Les croyans sont appelés à la prière et la musique militaire de l'armée se fait entendre à trois reprises dans Belgrade. 30, Souleiman passe le pont et entre à Belgrade, où il fit sa prière du vendredi dans une église de la ville basse, convertie en mosquée. Les Hongrois qui demandent à retourner dans leur patrie sont dirigés par eau sur Slankamen, pour rejoindre de là leurs foyers. 31, diwan.
Mois de septembre (schewal).
1er, diwan : Balibeg reçoit un présent de trois mille aspres. 2, l'empereur se rend par eau à Belgrade. 4 (1er schewal, un mercredi), il descend à terre, et fit une promenade à cheval. 5, Souleîman remonte à bord, et reprend le chemin de Belgrade. 6, il descend à terre pour chasser. 7 et 8, diwan : les arbres qui couvrent l'île située en face de la ville sont abattus. 9, l'empereur chasse. Les Serviens qui habitaient Belgrade sont dirigés sur Constantinople. 10, Souleîman fait le tour de l’île. 11, repos, i a, diwan. Le kîaya des janissaires est promu au grade de segbanbaschi, le sams-soundji à celui de kiaja ; dix-huit officiers sont nommés bouloukbaschis (colonels). 13, chasse. 14, l'empereur passe le pont de Belgrade, et vient coucher dans la ville. 15, Balibeg est nommé sandjakbeg de Belgrade et de Semendra avec un traitement de 900,000 aspres. 16, diwan et nouvelle promotion de sandjakbegs. 17, repos. 18, l'année arrive à Hissarlik. 19, Semendra. 20, les janissaires et les sandjakbegs prennent les devans avec le mir-aalem ; cinquante pièces de canon sont envoyées à Semendra, deux cents à Belgrade, et vingt à Sabacz. 21, Louzindja. 212, Isflanidja. 23, Schouiladj, ou Souleïman reçoit la nouvelle de la mort du prince [413] Mourad. 24, Bardak. 25, Kaloum. 26, Nissa. 27, halte. 28, Derbend. 29, Schehrkœî. 30, Tekourbinari.
Mois d'octobre (silkidé).
1er, Betlis. 2, Hadji Kourban. 3 (1er silkidé, un jeudi), Ikhtiman. 4, Akindji Kariyé. 5, Djelbi. 6, Phillppopolis. 7, 8, 9, halte. 10, l’armée passe par Kialik, et entre dans un défilé. 11, Semizdjé. 12, Tschermen. 1S, Andrinople. 14, repos. 15, chasse. 16, Baba-Eskisi. 17, Karischdûran. 18, Azabler. 19, Siliwri, où l'empereur s'arrête un instant pour reprendre ensuite le chemin qui conduit au serai de Constantinople.
Il ressort de ce journal, dont on ne peut suspecter l'exactitude que Souleïman n'assista qu'à six assauts, savoir : ceux qui furent donnés à la ville les 2, 3 et 8 août, et ceux qui eurent lieu contre la citadelle, les 16, 26 et 27 du même mois. Il s'ensuit en outre que la plus grande partie des Hongrois furent renvoyés de Slankamen dans leurs foyers ; ainsi le massacre dont parle Istuanfi n'a pas été général ; il se réduit à quelques soldats de la garnison, car Federwar, Tœroek et plusieurs autres retournèrent libres en Hongrie.
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Journal de la seconde campagne de Souleïman, celle contre l’île de Rhodes.
Mois de juin (redjeb).
16 juin 1522 (21 redjeb 928). L'empereur passe de Constantinople à Scutari. 17, jour de halte. 18, Maldepé. 19, Tekour-Tschaîri. 20, Hereké ; on fait deux marches en un seul jour, 21, Tschinarlü. 22, Nicomédie, près du pont de l’Étoile, 25, Kaziklü, c'est-à-dire le pas des pieux, 24, Dikillü-Tasch, c'est-à-dire l'obélisque, près de Nicée. [418] 25, Panboukdji, dans les environs de Nicée. 26 (1er schaban, un jeudi), Yenischehr. 27, Akbük. 28, Sindjirlikœi, c'est-à-dire le village des Chaînes, près d'Ermenibazari. On fait encore deux marches dans la même Journée. 29, l'armée passe le défilé d'Ermeni-Derbend, dans le voisinage d'Inœgi. La marche est également doublée. 30, Kizilkia-Ilidjesi, Eaux thermales.
Mois de juillet (ramazan)
1er, plaine de Koutahia. Le beglerbeg d'Anatolie Kasim-Pascha, l'aga des janissaires, Bali-Aga, et l'aga des azabs, Alibeg se portent à la rencontre du Sultan. 2, halte à Koutahia ; diwan. 3, jour de halte. Le beglerbeg de Roumilie est admis au baise-main. 4, plaine d'Altountasch, c'est-à-dire pierre d'or ; après une longue journée de marche, l'armée campe à Binarbaschi. 5, le village Egdjé ; l’armée passe à Marmaris. 6, plaine de Sitschanlü. 7, plaine de Sandüklü ; Moustafa-Pascha fait savoir dé Rhodes qu’il n’y a pas espoir de se mettre en possession de la ville par capitulation. 8, 9 et 10, l'armée campe dans le voisinage de Khounar, près d'Ilbinar (fontaine du pays), où on s'arrête après trois jours de marche pénible, à cause du manque d'eau. 11, halte. 12, l’armée dresse ses tentes près d'un karanwanserai, dans le voisinage de Ladikia. 13, Toundja. 14, Tschoban, c'est-à-dire le bain chaud du pâtre ; on y reçoit la nouvelle que Mabmoudbeg, frère d’Ahmed-Pascha, sandjakheg de Hersek, s'est emparé du château-fort d'Iskradin (Scardona), en Dalmatie. 15, Kirksœgüd, c'est-à-dire la première des quarante pâturages. Deux marches en un jour. 16, repos, le pays fourmille de scorpions. 17, deux marches en un jour ; on arrive à là rivière de Boztaghan. Exécutuin de Karakezi, juge de Koniah. 18, repos. On apprend que le château-fort d'Hereké, dans l'ile Khalké, a été pris à l’aide des mines. 19, Talma. 20, Sehahméderesi. [419] 21, plaine de Sschené. On y reçoit la nouvelle que Ferliad-Pascha a fait prisonnier et mis à mort Schehzouwaroghlî et trois de ses fils. 22, Bozoyouk ; l'armée traverse avec difficulté le défilé de Ooekbelî. 23, plaine de Karabagh, dans le voisinage de Moghla. 24, repos. 25, (1er ramadan, un vendredi), la vallée céleste ; on passe par le dëfilé de Karghai- seginefc. 26, port de Marmaris. 27, repos ; les bêtes de somme sont renvoyées. 28, l’armée débarque dans l’île de Rhodes. 29, premier combat ; les tranchées ouvertes sur l'aile gauche, occupée par les troupes d'Anatolie, sont détruites, et quelques canonniers tués. 30, dîwan ; les tranchées nouvellement établies sont enfin détruites. On commence à terrasser les bords. 31, l'empereur change la position de son camp, et bombarde si vivement la ville, que les assiégés sont obligés de cesser le feu.
Mois d'août (schewal).
1er, les assiégés se retirent dans les souterrains pour éviter le feu meurtrier des batteries ; 2, on établit des tentes de branchages pour le Sultan, afin qu'il puisse dominer les mouvemens de l’armée. 3, grand combat ; les troupes conduisent leurs canons dans les tranchées. 4 et 5, Kourd-oghlî reçoit l'ordre de s'avancer avec ses galères pour soutenir l’armée. 6, en creusant de nouvelles tranchées sur l'aile droite, on découvre quelques tonneaux de farine. 7 et 8, l’empereur reçoit des nouvelles de la flotte d'Egypte. 9, diwan ; arrivée de vingt-quatre galères envoyées pat Khaïr-beg. 10, diwan ; la tour de Tschaoulikoulé (tour des cloches) ; sîtuée en face des troupes d'Ayas-Pascha ; s'écroule. En récompense ; tous les paschas sont revêtus de kaftans. 11, le Sultan reçoit le présent de Khaïrbeg ; les Mamlouks tscherkesses sont admis au baise-main ; 12, l’empereur visite le jardin Santarlou Oghli (Saint-Eremo?). 13, les troupes d’Egypte prennent leur place à côté de Pirî-Pascha. [420] 14, le reïs Kara-Mahmoud reçoit ordre de s'emparer du château- fort d’Illik, dans l'île Piscopia. 15, Piri-Pascha dresse ses batteries. 16, mort de l'alaïbeg d’Ilbessan. 17 et 18, les travaux de terrassement s'avancent jusqu'au fossé. 19, combat sur l'aile droite ; trois cents infidèles se précipitent sur les canons de Piri-Pascha. 20, sortie des infidèles ; ils sont presque aussitôt repoussés, 21, arrivée au camp d'un artilleur transfuge. 22, trois bommes sont faits prisonniers par les troupes de l'aile gauche, et deux grièvement blessés. 23, fête du Baïram ; cérémonie du baise-main. 24 (1er schewal, un dimanche), combat sanglant. 25, deux artilleurs de l'armée sont tués. 26 et 27, combat. 28, ordre de combler les fossés avec des fascines et des pierres. 29, les batteries de Piri-Pascha, que les infidèles avaient renversées, recommencent le feu. 30, le fossé est comblé. 31, lutte acharnée.
Mois de septembre (silkidé).
1er, diwan ; Ahmed Pascha commence à battre en brèche la tour Sindan Koullé. 2, on reçoit la nouvelle que Mahmoud-Reïs a péri dans l'attaque du chàteau d'Ulik (Piscopia), mais que néanmoins les troupes s'en sont emparées. 3, le fossé de la ville est rempli par les troupes d'Ahmed Pascha. 4, jeu de mine, du côté de Moustafa-Pascha ; toutes les batteries font feu à la fois. 5, les habitans du château d'Indjirlü se rendent à discrétion ; les mineurs rencontrent les infidèles ; une grande quantité de naphte est employée par ces derniers sans succès. 6, diwan ; vingt-cinq juges sont destitués. 7, un espion transfuge est amené au camp. 8, les infidèles mettent en batterie plusieurs mortiers. 9, repos. 10, jeu de deux mines sur l'aile commandée par Moustafa-Pascha. Les troupes pénètrent dans l'intérieur de la forteresse, mais elles sont repoussées avec perte par l’usage que font les infidèles de nouvelles catapultes. 11, l'empereur se rend à cheval dans le Vieux-Rhodes ; [421] Ahmed-Pascha sépare en deux la butte élevée devant son camp, et place des canons au centre, pour battre en brèche le pied des murs. Le topdjîbaschi, blessé dans cette attaque, meurt le lendemain. 12, les assiégeans et les assiégés échangent entre eux d'insultans défis. 13, l'empereur voyant l’ineffîcacîté du feu dirigé contre les remparts de la forteresse, enjoint à Moustafa-Pascha et Ahmed-Pascha de miner chacun de leur côté les murs du boulevard (Petsché). 14, diwan. 15, les infidèles éventent deux mines de Kasim-beg. 16, ils éloignent à l'aide du feu les troupes des fossés. 17, Ahmed-Pascha fait jouer deux mines, mais l'assaut qu'il livre au même instant n'étant pas soutenu, il est obligé de se retirer ; cent cinquante hommes sont blessés par l'explosion de ces mines. 18, un transfuge lance du haut des remparts une flèche à laquelle était attachée une lettre contenant l'avis que Pir Ali-Reïs, arrivé avec la flotte d'Egypte, instruit chaque jour les infidèles de ce qui se fait dans le camp. Ahmed-Pascha se charge de l'instruction de cette affaire. 19, du côte de Piri-Pascha, quelques Tscherkesses pénètrent dans la forteresse, enlèvent quatre à cinq bannières et une planche longue et garnie de clous, que les infidèles avaient établie pour déchirer les pieds des assiégeans. A cette occasion, on acquiert la certitude qu'il n'existe à l'intérieur ni un second fossé, ni un second mur. 20, Ahmed-Pascha, Ayas-Pascha et Bali-Aga sont revêtus de kaftans. 21, diwan. 22, sur l'aile de Moustafsi-Pascha, les mineurs rencontrent les mineurs ennemis ; dans un combat livré entre eux, il y a perte des deux côtés. 23 (1er silkidé, un mardi), Ahmed-Pascha fait jouer quelques mines ; depuis midi jusqu'à mi-nuit les crieurs annoncent l'assaut pour le lendemain. 24, l'assaut est repoussé. 25, on envoie des commissaires en Anatolie pour ramener des vivres. 26, diwan ; le Sultan, dans sa colère, d’arrêter Ayas-Pascha. 27, diwan ; Ayas-Pascha est rétabli dans ses fonctions. 28, Ayas-Pascha reçoit ordre de réunir ses troupes à celles de Piri-Pascha, ce dernier [422] étant malade de la goutte. 29, un transfuge de la forteresse qui embrasse la religion musulmane, annonce que le dernier assaut a coûté la vie à trois cent hommes de la garnison ; que que tous les chefs des fusiliers ef des canonniers ont été blessés ; qu’un des chefs de l'Ordre était mort, et qu'un autre était grièvement blessé. Quinze matelota, accusés d'avoir fait secrètement passer quelques habitans de Rhodes sur le continent d'Asie, sont pendus aux verges des galères. 30, fête dans le camp, à l’occasion de 1a naissance d’un fils du Sultan.
Mois d'octobre (silkidjé).
1er, deux têtes de soldats persans sont apportées au camp. 2, on commence à battre en brèche le fort intérieur appelé Fort des Francs. 3, l’empereur se rend à cheval au Vieux Rhodea. 4, on reprend les travaux pouif renverser les murs du boulevard (Petsché). 5, on cesse de tirer contre le port Mendreké (Mandrachio), et on conduit les canons vis-i-vis des remparts de la forteresse. 6, Ayas-Pascha reprend sa première position, et Pîri-Pascha se remet à la tète de ses troupes. 7, quelques milliers d'hommes du côté d’Ayas-Pascha, essaient d'enlever d’assaut le boulevard, et se logent dans l’une des tours les plus voisines du fort. 8, le combat, engagé à l'aube du jour, se prolonge dans la nuit. .9, Moustafa-Pascha monte à l'assaut. 10, deux espions envoyés du château Takhtali annoncent que les infidèles attendent la prochaine arrivée d'une flotte. 11, le capitaine de Moghreb est admis au baise-main. Les infidèles dirigent si bien le feu de leurs pièces, qu'ils balaient la tranchée, et tuent cinquante à soixante bommes. 12, Moustafa-Pascha donne un nouvel assaut, et parvient à s'établir momentanément ; sur plusieurs points du boulevard. L'aga des janissaires, Balibeg, est blessé. 13, l'empereur se rend au vieux Rhodes, et ordonne aa reconstruction.14, Piri-Pascha, [423] de même que le jour précédent, se rend seul au diwan. Les travaux de reconstruction du vieux Rhodes commencent sous la direction du defterdar Abdesselam et des begs de Mentesché et de Karasi. Vers le soir, on détruit du côté de Moustafa-Pascha une tranchée ouyerle par les infidèles ; ils sont repoussés, et le boulevard est enyahi dans presque toute sa longueur. 16, l'empereur monte à cheyal pour visiter le jardin du sultan Djem. 17, à la fin du jour, la partie du boulevard qui était encore au pouvoir de l’ennemi est prise d’assaut. 18, vers minuit, on met le feu au château évk côté d'Ahmed-Pascha, 19, grand combat. 20, le mur qui avait été miné. du côté d’Ahmed-Pascha s’écroule. 21, l’empereur se promène à cheval. 22, (1er silhidjé, un mercredi), il reçoit la nouvelle de la mort de Khaïrbeg, gouverneur d'Egypte. 23, diwan ; promotion de plusieurs sandjakbegs. 24, diwan ; Moustafa-Pascha est envoyé en Egypte comme gouverneur. 25, diwan ; 26, Moustafa-Pascha est admis au baise-main avant son départ. 27, Moustafa-Pascha se rend en Egypte avec une escadre de quinze navires. 28, le belerbeg d'Anatolie, Kasimbeg, quitte sa position qu’il avait occupée jusqu'alors, pour prendre celle de Moustafa-Pascha. 29, lutte acharnée. 30, le beglerbeg d’Anatolie réunit ses troupes à celles d'Ahmed-Pascha, pour détruire une tranchée ouverte par les infidèles. 31, diwan. La flotte se retire dans la mer de Marmaris pour hiverner.
Mois de novembre.
1er, l'empereur se rend au vieux Rhodes, pour inspecter les travaux, 2 et 3, repos (*).
* En cet endroit, il manque une page toute entière dans mon exemplaire du Journal de Souleïman ; malheureusement c'est celle qui contient les détails des événemens les plus importans du siège et de la reddition de la ville, depuis le 4 novembre (8 sâfer) jusqu'au 27 décembre. Le Journal recommence à ce jour, et continue jusqu’au 29 janvier, jour de l'arrivée du sultan à Constantinople.
[424]
Mois de décembre (rebioul-ewwel).
Souleïman arrêta encore à Rhodes depuis le 27 décembre jusqu'au 6 janvier ; le 7, il campe à Olou. 8, à Moghla. 9, halte. 10, Letneoegi, près du village de Kodousch. 11, Kenous. 12, Kaloubegler. 13, Yenischehr.14, Djatmisch. 15, Alaschehr. 16, Tourasili. 17, Toura-Khanli, près d'Akhissar. 18 (1er rebioul-ewwel, un dimanche), halte. 19, Pascha Kœyi. 20, halte. 21, village de Sîou-Sighirlik. 23, halte. 23, Kerdené. 24, Soubaschi. 25, village d'Anakhor, près de Belbanlü. 26, Kourschounllü et Oumourbeg. 27, Bazarkœyi. 28, Dil. 29, l'empereur s'embarque pour Constantinople.
[434]
Journal de la troisième campagne de Souleiman en Hongrie.
Bataille de Mohaczj en 932 de l'hég. (1526).
Mois d'avril (redjeb).
23 avril (11 redjeb, un lundi), départ de Constantinople ; L’armée s'arrête à Halkali binar. 24, Tschataldjé. 25, elle passe à côté d'Indjighiz, et fait halte à Tikourlü. 26, Karli. 27, Ahmedbeg. 289 Khadim. 29, Ouloufedjiler. 30, Mahmoudaga.
Mois de mai (schâban).
1er, Khasskoeï. 2, Memak. 3, halte ; l’empereur s'établit dans un serai. 4, repos. S, divan ; l’ambassadeur moldave apporte le tribut. 6, divao. 7, halte ; le kiaya et le defterdar de Roumilie sont envoyés en avant. 8, le Sultan passe la revue de l'armée. 9, repos. 10, un soldat est décapité pour avoir foulé la moisson près du village de Kemaly sur la Marâu. 11, la prairie de Tscheschmé tschaïri ; deux soldats, accusés d'avoir volé des chevaux, ont la tête tranchée. 12, l'armée s'arrête à Hissarlik, appelée aussi Begalagi ; les janissaires sont dirigés sur Philippopolis. 13 (1er schâban), Sazlüderé ; le Saïm-Taschoghli est pendu. 14, Altountschaïri (la prairie d'or). 15, Khaledlü. 16 et 17, Agadj Kourousi. 18, Dermalin. 19, la plaine de Philippopolis ; les cavaliers feudataires sont envoyés à Sofia. 20, diwan ; le fils d'Akhi-Tschelebi, Seïfoullah, est nommé médecin du Sultan, avec un traitement de soixante aspres par jour. 21, le beglerbeg d'Anatolie rejoint le camp. 22, l'armée arrive devant Philippopolis ; halte ; le kiaya et le defterdar de Roumilie se mettent en marche vers Sofia, ainsi que les janissaires ; on passe un défilé : dans l’après-midi, la campagne est couverte de grêlons de la grosseur d'une noisette. 23, Souleïman enjoint aux troupes d'Anatolie et de Roumilie de prendre la route d’Isladi. 24, Eminé. 25, Bazari, près du pont du Potier (Tschœlmekdji). 26, Karabinar. 27, l'armée passe par le défilé de Kapoulü-Dcrbend, [435] et fait halte à Ikhtiman. 28, elle traverse le défilé de Kaziasker ; longue marche. 29, elle arrive devant Sofia, avec une pluie battante. 30, halte ; tous les ruisseaux débordent et entraînent un grand nombre de tentes ; l’empereur se voit obligé de quitter la position qu'il occupe, et de faire dresser ses tentes sur l'emplacement où se trouve celle du grand-vizir. 31, halte ; un juge, quatre de ses gens et trois soldats sont mis à mort.
Mois de juin (ramazan).
1er, diwan ; quelques begs de Roumilie sont admis au baise-
main. 2, repos ; parade des begs de Roumilie. 3, pluie ; Iflaklar ; le grand-vizir se sépare du Sultan et marche en avant. 4, halte. 5, Kariélü Karitsché, défilé ; deux silibdars sont décapités pour avoir fait pattre leurs chevaux dans les champs non moissonnés. 6, Binarbaschi en face de Schehrkœi. 7, défilé de Schebrkœï ; l'armée s'arrête dans le défilé de Nissa. 8, elle sort de ce défilé, et vient dresser ses tentes autour d'un moulin, non loin des bains chauds. 9, elle arrive devant Nis ; les eaux de Semendra étant débordées, on prend la route d'Aladja hissar, sous des torrens de pluie et de grêle. 10, on s'arrête sur les bords de la Aforawa, près du village de Despenidj ; pluie. 11 (1er ramazan ), halte. 12, l'armée campe à Baïrbak, dans le voisinage du défilé d'Aladja hissar. 13, halte ; l'empereur chasse. 14, 15 et 16, repos. 17, diwan ; 18, on passe à Aladja hissar, et on s'avance en côtoyant la Morawa jusqu'au village de Modjkowidj. 19 et 20, halte ; le grand-vizir rejoint le camp de Souleïman, et reçoit ordre de marcher en toute bâte sur Waradin (Peterwardeïn). 21 et 22, repos ; les fourrageurs tuent un grand nombre de paysans valaques. 23, halte à Kozarün kizi ; la pluie et les inondations continuent. On apprend que les ponts viennent d’étre jetés sur la Save. 24, l'armée passe la petite rivière d’Iré, mais les eaux de la Morawa sont tellement grossies, que le passage est impossible. 25, halte.
[436]
Marche du grand-vizir envoyé en avant du gros de l'armée. 16 juin, départ d'Aladja hissar. 17, passage de la rivière d'Iré (Ibre?). 19, Kozarün kizi ; quatre jours de halte. Quatre Valaques sont empalés pour avoir fait des prisonniers. 23, Korsovikh bazari ; la pluie augmente les difficultés de la marche. 24, il pleut jour et nuit ; Ibrabîm est forcé de s'arrêter, l'eau qui tombe par torrens entraine des tentes ; deux des soldats de Balibeg se noient. 25, Piredjik ; l'armée souffre beaucoup de la pluie. 269 Eralia. 27, Ghourdjika ; on traverse avec les plus grandes peines, sur des ponts, trois rivières. 28, Ibrahim arrive à Baîghînlü, dans le voisinage de Sèmendra. 29, Hawala et Eski Hissarlik Baïghinlü. 30, Belgrade.
Mois de juillet (schewal).
1er, Ibrahim-Pascha passe en revue les troupes de Roumilie. 2, halte ; nouvelle revue ; les feudataires dont l'équipement est trouvé incomplet perdent leurs fiefs. 3, halte et revue. 4, le grand-vizir fait dresser sa tente de l'autre côté du Danube, près de Semlin. Six valaques pris en maraude sont exécutés. 5, l'armée campe dans le voisinage de Semlin, sur les bords du Danube ; arrivée des sandjakbegs de Bosnie et de Hersek. 7, Bozouk kilisé (Busiklicza) ; l'église de ne village est dévastée. Il gèle dans la nuit de Kadr. 8, Slankamen, au confluent de la Theiss et du Danube ; Ibrabim est informé que le maudit moine Tomori s'est avancé vers Peterwardeîn, avec deux mille hommes, et que le roi est à Ofen. 9, halte ; arrivée des généraux des akindjis. L'empereur se rend à Belgrade pour célébrer la fêtle du Baïram. 10, halte ; la flotte turque, composée de buit cents bâtimens et barques, remonte le Danube ; les troupes d'Anatolie traversent les ponts et s'établissent près de l'église de Busiklicza. La flotte reçoit à bord les janissaires, sous le commandement de Mikhaloghli, d'Iskenderoghli et d’Yakhschibeg, ct continue sa route. 11 (1er schewal, un mercredi), les pages [437] de l'empereur passent de l’autre côté du Danube. 12, l’armée campe au bord du Danube, dans la plaine de Peterwardeln. 13, Peterwardeln. 14, on rassemble des bois pour construire des échelles ; la pluie continue ; combat (il y a quarante-neuf stations de Constantinople à Peterwardeïn). 15, la place est prise d'assaut. Baba-Djâferbeg en apporte la nouvelle à l’empereur et reçoit pour son message un présent de mille ducats. 16, le beg de Bosnie, Khosrew et Mikhaloghli Mohammed-beg sont envoyés en reconnaissance au-delà du Danube. 17, les soldats d'Anatolie prennent position devant la citadelle. 18, repos. 19, feu continuel des batteries. 20, combat acharné. 21, les troupes, après trois heures d'assaut, sont repoussées, avec une perte de plus de cent cinquante bommes. aa, les églises et les maisons de la ville sont saccagées de fond en comble ; la garnison fait une sortie ; Baltaoghli-Piribeg est surpris et battu ; le camp se rapproche de la forteresse. 23, on livre sans succès un nouvel assaut ; soixante janissaires et six cents soldats restent sur la place. 24, l'empereur envoie un renfort de mille janissaires ; le grand-vizir change de position. 25, l’assaut est ajourné. 26, Houseïn-Tschelebi, beau -père d'Iskender-Tschelebi, reçoit en fief un domaine d'un revenu annuel de soixante-dix mille aspres. 27, deux mines ouvrent une brèche dans les murs de la citadelle ; elle est prise d'assaut ; vingt-cinq hommes seulement périssent dans la lutte. Le grand-vizir fait décapiter cinq cents soldats de la garnison ; trois cents autres sont emmenés en esclavage. 28, le grand-vizir s'avance, et l’empereur s'établit sur remplacement qu'Ibrahim vient de quitter : ce dernier revient au-devant du Sultan, et fait porter sur des piques les tètes des soldats hongrois. Les habitans du château-fort de Tscherouk (Csercvics) se rendent à discrétion. 29, Borgaslü kilisé ; le grand-vizir renvoie à Constantinople soixante-quatorze invalides. 30, diwan ; des récompenses sont distribuées aux begs de l'armée. Le beg de Semendra part pour Zwomik avec ordre de sommer les châteaux-forts, bâtis sur les rives de la Save, de faire leur soumission ; on reprend la [416] route d'Ofen. Yahya-Paschaoghli est surpris dans le voisinage d'Illok ; il reste vainqueur, et ramène trente prisonniers et trente têtes. 31, on passe à côté du fort de Tscherouk et on campe sur les bords du Danube.
Mois d’août (silkidé).
1er, Illok. L'empereur défend à l'armée de saccager les villages voisins. 2, halte. 3, ordre aux voïévodes de la Valachie et de la Moldavie de terminer leurs différends ; l'empereur réitère sa défense d'incendier les villages. 4, halte. La citadelle d'Illok est assiégée dans les règles ; on ouvre les tranchées et on dresse les batteries. 5, le siège continue. 6, l'empereur vient lui-même reconnaître la citadelle. 7, vers midi, la garnison demande un délai pour capituler ; le Sultan lui accorde jusqu'à la fin du jour. 8, trois infidèles se présentent au camp, et trois yabjabaschis, accompagnés d'un tschaousch, sont admis dans la citadelle, et arrêtent les bases de la capitulation. Les babitans d'Erdœd et d'Osbek sur la Drave font leur soumission. Douze infidèles d'Illok sont revêtus de kaftans. 9 (1er silkidé, un jeudi), le grand-vizir s'âvaàce avec son camp ; l'empereur à s6h arrivée l'admet au baise-main. Proclamation du Sultan. 10, l'armée s'arrête à Doukin, appelé le Trône à la vieille femme ; la pluie ajoute aux difficultés de la marche. 11, on passe à côté du château de Szotin, sur le Danube ; halte près d'un grand monastère. 12, Vukovar. 13, le chàtean-fort de Bouroubouk (Morcoviza?) ; les bagages sont transportés sur les derrières de l'armée, de peur de surprise de l'ennemi. 14, marche forcée sur Ëssek ; 15, camp sur le bord de la Drave. L'empereur ordonne de jeter un pont sur cette rivière, et surveille lui-même l'exécution des travaux. 16, continuation des travaux. 17, la tête du pont est construite, mais les pontons ne sont pas encore établis. 18, le grand-vizir se promène à cheval avec le Sultan, puis ils surveillent ensemble les travaux. 19, le pont étant achevé, les paschas sont admis à l'audience du [439] grand-vizir. 20, le grand-vizir se rend de nouveau chez l'empereur, qui tient conseil avec lui ; un des voïévodcs des corps commandés par Yaja-Paschaoghli Balibeg, Kourdoghli de Belgrade, passe le pont avec cent cinquante des siens pour attaquer les vedettes des infidèles, et ramène sept prisonniers ; il reçoit un timar d’un revenu de neuf mille aspres. 21, Yahya-Paschaoghli, Balibeg et Khosrewbeg de Bosnie, passent le pont, ainsi que le grand-vizir et tout le reste de l'armée. 22, le grand-vizir et l’empereur traversent la Drave. 23, on attend les troupes d'AnatoUe ; Essek est livrée aux flammes et le pont détruit. 34, halte sur les bords d'un lac, pluie continuelle. 25, halte. 26, marche longue et pénible à travers des marais, des étangs. Perte d'une partie du bagage et d'un certain nombre de bêtes de somme. 27, l'armée s'arrête afin d'attendre les équipages. 28, repos ; l'empereur fait savoir qu'on livrera bataille le lendemain. Un jeune soldat est décapité, pour s'être avancé sans en avoir reçu l'ordre. Le vizir se rend à plusieurs reprises dans la tente du Sultan. 29, on dresse le camp dans la plaine de Mohacz (ici se trouvent les détails de la bataille). 30, l'empereur sort à cheval ; proclamation qui enjoint aux soldats de conduire devant la tente du diwan tous les prisonniers. 31, l'empereur, assis sur un trône d'or, reçoit les bom mages des vizirs et des begs ; massacre de deux mille prisonniers. La pluie tombe par torrens.
Mois de septembre (silhidjé).
1er, le defterdar de Roumilie reçoit l'ordre de faire inhumer les corps des infidèles. 2, repos à Mohacz ; vingt mille fantassins et quatre mille cuirassiers de l'armée hongroise sont ensevelis. 3, Mohacz est livrée aux flammes ; l'armée traverse un lac avec les plus grandes difficultés ; comme il n'y avait qu'un seul pont, à peine un quart des bêtes de somme put suivre l'armée. 4 9 ordre de massacrer tous les paysans qui se trouvent dans le camp ; les femmes seules sont exceptées. [440] Défense aux alundjis de marauder. Des lettres de victoire sont expédiées pour la Roumilie, l'Anatolie, la Syrie, l’Egypte, le Diarbekr, le Kurdistan, la Moldavie et la Valachie. 5, halte aux trois ponts. 6, on passe par Tolia (Tolna). Halte sur la rive du Danube. 7, Miané ; on passe près d'une grande ville, puis on campe sur les bords du Danube. 8 (1er silhidjé, un samedi). 9, halte. 10, Ofen. 11, repos. L’empereur inspecte la forteresse avec lbrahim. 12, seconde visite des lieux. 13, l’empereur sort de la ville ; il fait jeter un pont sur le Danube. 14, un incendie éclate à Ofen, malgré les mesures prises par le Sultan. Le grand-vizir accourt pour éteindre le feu ; ses efforts sont inutiles. 15, le Sultan et le grand-vizir vont au château de chasse du roi. Les canons de la forteresse et les statues d'airain qui ornaient le palais du roi sont transportés par eau à Constantinople. 16, musique et festin dans le palais. 17, l’empereur se rend au château de chasse du roi. 18 (10 silhidjé, premier jour du Baïram), nouveau festin ; cérémonie du baise-main. 19, fête dans le parc du roi. 20, le beg de Semendra, Khodja, et son frère Mohammedbeg, passent les premiers le pont nouvellement jeté sur le Danube, et campent en face de l’île : une partie de l'armée suit le mouvement, conduite par le grand-vizir, et s'arrête à Pesth. 21, le passage des troupes continue ; le Sultan défend de livrer aux flammes le palais du roi, qu'il a honoré de sa présence, et établit un poste de janissaires. 22, le passage des troupes continue ; les juifs expulsés d'Ofen sont dirigés sur Constantinople. Les Hongrois remplacent les janissaires dans la garde du palais. 23, le pont se rompt pendant la nuit en trois parties, dont deux sont englouties. L'arrière-garde de l'armée,
sous les ordres de Mikhaloghlibeg, de Khosrewbeg et d’Omarbeg, traverse le fleuve sur des barques. 24, on annonce le départ pour le lendemain. 25, l'armée, en marche dès le matin, s’arrête à trois milles de la ville, et non loin du Danube. 26, Farmée file entre des lacs et de magnifiques prairies et va camper quatre lieues et demie plus loin. La station n'offrant [441] aucune source d'eau potable, un grand nombre de chevaux périssent. 27, manque d'eau et de vivres ; le kilo d'orge se vend jusqu'à cent vingt aspres (deux ducats deux cinquièmes) ; le kilo de farine se vend jusqu'à deux cents aspres (quatre ducats). La pluie tombe en abondance , et la mortalité continue parmi les chevaux. 28, après une marche forcée, l'armée arrive à Saegedin, sur les bords de la Theiss. Les habitans de la ville s'étaient enfuis sur l'autre rive ; on fait cependant beaucoup de butin, et un grand nombre de prisonniers. L'empereur arrive à Batz (sur la Mosztonya?) ; le bourg est emporté d'assaut, livré au pillage et incendié ; le grand-vizir reçoit cinquante mille moutons pour sa part du butin, et le defterdar vingt mille. 30, l’armée dresse son camp sur la Theiss, en face de Szegedin.
Mob d'octobre (moharrem).
1er, halte près d'un petit château sur la Theiss. 2, devant Titel. On reçoit la nouvelle que Deli Radisch a fait une centaine de prisonniers sur les derrières de l'armée ; aussitôt Khosrewbeg est envoyé à l'arrière-garde ; le maudit palatin Nador Ispany harcelle également l'armée. On amène plusieurs prisonnier. Marche de trois lieues. 3, on fait trois lieues et demie, et on arrive devant Peterwardeîn au pied du mont Frasca ; dès la veille, un pont avait été commencé par l'avant-garde. 4, proclamation qui enjoint à tous les soldats de payer le pendjik (taxe des esclaves), sous peine de se voir enlever leurs prisonniers. 5, on apporte du bois pour continuer les travaux du pont. L'empereur arrive devant une place (Badjna Bacsania? Becse?) fortement retranchée, et s'en empare après une lutte acharnée où périrent l'aga des janissaires, Schedjaa le tschaousch des janissaires, le samsoundji-baschi et quelques yahyabaschis ; plusieurs agas sont blessés dans ce combat, et un grand nombre de sipahis tués. 6, halte. Le kiaya et le defterdar commencent la revue des troupes. 7, arrivée de l'empereur, qui d'Ofen avait gagné Peterwardeïn en onze étapes ; [442] il s'était arrêté un jour à Becsne, et deux vis-à-vis de Peterwardeîn ; en tout quatorze jours de marche. Le kapidji-baschi Mohammed est nommé aga des janissaires ; les travaux du pont s’avancent avec rapidité. 8 (1er moharrem), le pont étant achevé, une partie de l'armée traverse le fleuve ; le reste est passé en revue. 9, l'empereur passe le pont ; à la nouvelle d'une révolte dans l’Itschil (Cilicie), le beglerbeg d'Anatolie reçoit ordre de partir ? 10, l'empereur campe près de Slankamen ; Ibrahim envoie des garnisons à Wardeïn et Illok. 11, l'armée passe à Bosouk-kilisé. 12, Belgrade. 13, Eski-Hissarlîk. 14 et 15, Senkendra ; l'armée dresse son camp à Latschitschi ; marche forcée. On jette un pont à Kowilodj, sur la Morawa ; l'empereur traverse le pont avec toute son armée, et arrive dans l'après-midi â Kowilodj. 16, Sopoiyitsché ; marche très-longue. 17, Parakin. 18, l'armée campe en-deçà de Nissa, qu'elle n'a pu atteindre à cause des difficultés de la route. 19, elle va camper au-delà de cette ville, près des bains chauds, à l'entrée du défllé. 20, on entre dans le défilé de Nissa, et on s'arrête dans les montagnes ; le tschaousch Yarali-Houseïn, arrivé de Constantinople, confirme la nouvelle de l'insurrection dans l'Itschil. 21, l'armée passe près de Schehrkœï, et s'arrête à Kadidj, à l'entrée du défilé. 22, 23, halte. 24, elle campe à Sofia. 25, 26, 27, 28 et 29, séjour dans cette ville. 30, l'empereur passe le pont de Philippopolîs, et s'arrête près du village de Kadindjé, sur les bords de la petite rivière d'Istanmaca, suivi du grand-vizir. 31, halte.
Mois de Novembre.
1er et 2, l'empereur entre dans Andrinople et descend au serai impérial ; après un repos de huit jours, il se remet en route le 9 novembre (3 safer, un vendredi) ; trois jours après, le 12 novembre, il nomme grand-écuyer de sa maison le silihdar Roustem-Aga. 13, Souleïman fait son entrée à Constantinople.
[445]
Journal de la quatrième campagne de Souleîman contre Vienne, 935 (1529).
Mois de mai (ramazan).
10 (lundi 2 ramazan), départ de Constantinople, camp à Halkali btnar. 11, Tschataldjé ; le corps des solaks reçoit un présent de trente mille aspres ; le fils du beg franc de Galata (Gritti) reçoit du Sultan un prêt de trente mille ducats et de trois cent mille aspres. 12 et 13, pluie battante ; grand froid ; halte. 14, l’année arrive à Kaba Sakal, près d'Indjighiz. 15, Hediklü. 16, Karli. Le kapidji-baschi Mohammed reçoit [446] un présent de six cents ducats, pour avoir dressé le trône de l’empereur au-dessus d'une masse d’eau. 17, village d'Ahmed-beg ; les tschaschoneghirs, les mouteferrikas et les agas prennent les devans ; les nischandjis, les kadiaskers et les defterdars marchcnt devant la queue de cheval du Sultan. 18, ne pouvant atteindre Ouloufedjilerkoeï, l'armée s'arrête à Hamzakœl. 19, Khasskœï ; longue marche. 20, Andrinople. 21 et 22, halte. 23,diwan. 24 et 25, halte ; arrivée du beglerbeg d'Anatolie Behram-Pascha. 26, le juge et le khatib de Kizilaghadji Yenidjé sont pendus pour avoir détourné de l'argent. 27, halte, diwan ; Behram-Pascha est admis au baise-main. 28, halte. 29, marche au milieu d'une pluie battante. 30, deux journées de marche en une seule ; on campe dans la plaine de Tschermen. 31, Beg Olahi.
Mois de juin (schewal).
1er, Sazlüderé. 2, Keklik. 3, prairie de Khaledlü. 4, Dogowidja ; très-longue marche. 5, Philippopolis. 6 et 7, halte, pluie. 8 (mardi, 1er schewal), halte ; Ajas-Pascha, Kasimbeg, le beglerbeg d'Anatolie Behram, le kadiasker Kadri-Tschelebi, le nischandji et le defterdar du Sultan sont invités à un festin dans la tente du grand-vizir, à l'occasion de la fête du Baïram. 9, pluie. 10, 11, halte ; les eaux de la Marizza s'élèvent au-dessus du pont ; des hommes et des chevaux sont noyés ; un grand nombre de soldats passent deux jours et deux nuits sur les arbres où ils étaieut montés pour échapper à l’inondation. 12 et 13, halte. 14, l’année se remet en marche. 15, elle campe près de Kouroutschaî, au-delà de Philippopolis. 16, Karabinar. 17, Manendler. 18, Ikhtîman. 19, Karamankoeï. 20, Sofia. 21, 22, 23 et 24, halte, pluie. 25, la tente du Sultan est envoyée en avant. 26, on arrive près d’Iflaklarkoeï, village habité par des Valaques ; le grand-vizir prend les devans. 27, l'armée campe en-deçà du défilé de Karidü Karidjé ; Ibrahim arrive sur les bords de la Soukova (Succi ?]. [447] 28, il campe aux environs du village d’Ouzour, vis-à-vis Schehrkœï. 29, près des bains chauds de Nissa. 30, il passe le défilé de Sckehrkoei et arrive sous les murs de Nissa.
Mois de juillet (lilkidé).
1er, Nissa. 2, Werlüderé. 3, Aladjahissar. 4, halte. 5, l’arinée campe devant Serloudj à l'entrée du défilé. 6, passage de l’Iré. 7 (mercredi 1er silkidé) et 8, on campe sur les bords de la Morawa. 9, Banitdjené ; le grand-vizir dresse ses tentes dans le voisinage de Kourschowidja Bazari, près de Lipanidja et Erlanik. Du 10 au 13, halte. 14, l’armée vient camper à Kourschoviza Bazari ; le grand-vizir près d'Ak Kilisé. 15, l’empereur arrive à Baldjik ; le grand-vizir à un village plus éloigné. 16, l'empereur à Ak Kilisé, le grand-vizir à Hissarlik. 17, l'empereur à Belgrade, le grand-vizir à Hawala. 18, halte de l'armée en Syrmie ; le grand-vizir Semlin. 19, halte, 20, Eski Hissarlik ; exécution d'un sîpahi accusé d'avoir fait pattre son cheval dans les champs ensemencés. 21, le Sultan arrive près de Hawala ; le grand-vizir laisse reposer les troupes. 22, l'armée atteint Semlin. 23, diwan. 24, halte ; les troupes d'Anatolie se réunissent à l'armée. 25, halte ; le grand-vizir reprend sa marche. 26, Rouitsché (probablement Obriesch). 27, deux-marches en un seul jour ; Sabacz. 28, Barca (peut-être Jarak), sur la Save. 29, on va camper au-delà de Mitroviz. L'empereur reçoit du Diarbekr la nouvelle que le schah Tahmasp a fait périr Soulfikar, à Bagdad. 30, Loradolokdja ; longue marche. Le château-fort de Marovich fait sa soumission. 31, camp prèsde Vukovar ; pluie continuelle.
Mois d’août (silhidjé).
Ier, 2 et 3, halte ; le Sultan fait construire plusieurs ponts. 4, on campe à Lorah. 5, l'armée arrive sur les bords de la Drave, près d'Ëssek. 6 (vendredi 1er silhidjé), Moresch. A cet [448] endroit, il est impossible de jeter un pont sur la Drave, à cause du débordement des eaux ; on est obligé de remonter la rivière pendant toute nne journée de marche. 7, le grand-vizir reste sous les murs d’Essek ; ordre de combler les marais avec des fascines pour le passage de l'armée y et défense d'incendier les villages ou de faire des esclaves. 8, halte. 9, les marais sont comblés ; lies infidèles font plusieurs prisonniers. 10, un pont est jeté sur la Drave ; les troupes s’y présentent avec une telle précipitation, qu'un grand nombre de bétes de somme périssent dans la rivière. 11, l'empereur reste en-deçà du pont. Grandes difficultés pour le passage de l'armée. 12, l'empereur fait dresser sa tente à la tète du pont. 13, il passe sur l'autre bord. 14, halte ; passage des troupes d'Anatolie ; pluie. 15 et 16, halte ; ouragan, neuf hommes tués par la foudre. Toutes les troupes ayant passé la Drave, le Sultan fait couper le pont. Plusieurs begs hongrois viennent présenter leur hommage ; le passage avait duré six jours. 17, le Sultan arrive devant le fort de Baranyaviri près de Mabas jordi, sur les bords d'un lac. 18, Mobacs ; le grand-vizir se porte avec une escorte de plus de cinq cents hommes è la rencontre du roi Zapolja. 19, halte ; le roi est admis à l'audience dn Sultan. 20, l'armée campe devant Sik (probablement Bataszek, près de Kœvesd), à Kestoudjé ; l'armée évite, par un long détour, le marais qu'elle avait traversé dans la campagne précédente. Orage. Koudjouk-Balibeg, beg de Zwornik, est envoyé avec cinq cents cavaliers auprès d'un des begs hongrois, pour ramener au camp Pierre Pereny, gardien de la couronne de Hongrie, et que celui-ci avait fait prisonnier. 21, halte. On attend l'arrivée de la flottille, chargée de provisions et de vivres. 22 et 23, les infidèles font prisonniers un grand nombre de maraudeurs. 24, halte ; pluie. 25, le grand-vizir passe la rivière de Sougsar ; le Sultan s'arrête sur les bords de cette rivière. 26, Souleîman passe les quatre ponts établis sur la rivière de Sugzar (Szegzi) et s'arrête devant Szegzard. 27, il entre dans Szegzard. 28, le grand-vizir se remet en marche. 29, on s'arrête à Binitli, sur [449] :1e Danube, après une marche difficile à travers les ravins. 30, Beschnow (Besnyœ), sur le Danube. 31, Colavar, sur le Danube ; le nouveau diplôme par lequel Ibrabim est nommé serasker est lu dans le diwan.
Mois de septembre (moharrem).
1er, Ab Haloum, sur le Danube, au milieu de marais. 2,
Sas Dyaloum (Szabalom) ; trois infidèles, parmi lesquels le fils du despote, viennent baiser la main du Sultan ; on acquiert la certitude qu'Ofen refusera de se rendre. 3, l'empereur campe dans les vignes d'Ofen ; les babitans de la ville sont déclarés rebelles. 4, l’empereur reconnaît les fortifications ; lui et tous ceux qui forment son escorte portent, au lieu de turban, un bonnet de zibeline ; cinquante infidèles passent du côté des Turcs. 5 (dimanche 1er moharrem), le vizir monte sur une barque, et fait le tour du fort. On craint une sortie de l'ennemi. 6, le vizir et ses officiers, coiffés du takié ou bonnet militaire y font une nouvelle reconnaissance. 7, une des portes de la forteressse est prise. 8, on livre un assaut, bien que la brèche ne soit pas encore praticable ; les infidèles capitulent. Les janissaires réclament une gratification ; émeute dans laquelle ils blessent à coups de pierre le segbanbasi et quelques autres officiers. 9, on vend au camp un grand nombre de prisonniers. 10, les soldats saisissent les prisonniers allemands au moment où ils sortent de la ville ; le plus grand nombre est massacré ; quelques-uns seulement parviennent à réchapper, et à gagner la campagne à toute bride. Le vizir lève son camp. Marché des esclaves. Halte au vieux Ofen. Khosrevrbeg est laissé dans Ofen avec cinquante janissaires. 13, l'empereur chasse. 14, le segbanbaschi installe le roi Yanousch ; pluie ; distribution de vétemens d'honneur. Yanousch fait au segbanbaschi un présent ; de deux mille ducats, et de mille à la troupe des janissaires. 15, l'empereur reste ; le vizir se rend à Gran ; il entre dans un défilé après une marche de [450] trois lieues et demie. 16, il passe à Nova Silou (probablement Neudorf ou Novoszello) ; le beg de Semendra envoie au camp plusieurs prisonniers ; le Sultan. reçoit la nouvelle que les infidèles quittent Vienne. 17, on passe un pont près de Komoro. 18, château-fort de Parakan. Yaya-Pascha envoie des prisonniers. 19, Gyœr (Raab) ; on passe devant la ville. Mohammedbeg empèche l'ennemi d'incendier le pont. 20, l'empereur passe le pont de Gjoer, le vizir celui jeté sur l’Aksou. 21, château d’Istergrad (Presbourg) ; marche difficile ; les infidèles harcellent l'armée par un feu continu. 22, l'armée passe trois rivières et traverse de nombreux marais ; d'Altenbourg (Ovar) on arrive sur la frontière de Hongrie. L'année entre sur le territoire allemand où elle trouve des vivres en abondance. 23, elle s'avance à deux lieues au-delà d'Istergrad ; revue. L'empereur se met en colère contre les alaîbegs dont les cadres sont incomplet. 24, Bourouck (Bruck). Yaja-Paschaoghli est envoyé en reconnaissance vers la ville de Vienne. Escarmouche avec la grosse cavalerie des Allemands devant les murs ; envoi au camp de quelques têtes de soldats chrétiens. 25, Bruck ; on traverse de petites rivières ; anniversaire du départ d'Ofen, après la campagne de Mohacz. 26, le Sultan s'arrête ; le vizir prend le chemin de Vienne. 27, l'empereur se met en marche et arrive devant la ville. Il pleut pendant toute la nuit. 28, sortie de la garnison de Vienne ; un tschaouch, deux jaja-baschis et quelques janissaires sont tués. 29, repos ; les infidèles font une sortie, mais ils se retirent aussitôt que la cavalerie monte en selle. 30, pluie froide et vent. Le boulouk-baschi Perwanébeg monte à l'assaut avec ses troupes.
Mois d'octobre (rebioul-ewwel).
1er, le vizir se rend avec Kasim-Pascha et tous les agas chez l'empereur. 2, Mohammed, beg de Semendra, repousse une sortie des assiégés ; il leur tue trente hommes, et en fait dix prisonniers. 3, plusieurs janissaires sont blessés dans le fossé ; [451] le soubaschi Kasimbeg reste sur la place. 4, vive canonnade des assiégés ; un boulet tombe dans la cuisine du kiaja de Roumilie. 5 (mardi, 1er sâfer), les begs de Semendra et de Bosnie reçoivent l’ordre de miner les murs, et les troupes d'Anatolie sont occupées à combler, les fossés avec des fascines. Arschik (Simon Litteratus Athinai), le plus savant parmi les begs des infidèles, vient rendre hommage à l’empereur. 6, sortie des assiégés ; cinq cents hommes sont tués, au nombre desquels l’alaïbeg de Gustendil. 7, les travaux des mineurs et la canonnade continuent ; on apprend que tous les grands du royaume se trouvent réunis dans la forteresse. 8, arrivée au camp de plusieurs transfuges ; les paschas et les agas restent toute la nuit sur pied, de peur d'une surprise. 9, on fait jouer deux mines ; assaut inutile aux deux brèches ; lutte opiniâtre, surtout du côté du pascha de Semendra. 10, le vizir se présente devant l'empereur ; au sortir de l'audience, tous les agas l'accompagnent. L'ennemi évente deux autres mines. 11, on fait jouer une mine ; mais la brèche n'offrant pas assez de largeur, les begs d'Yanina et d'Awlona montent seuls à l'assaut. 12, deux nouvelles mines ouvrent de grandes brèches ; conseil des begs de Roumilie dans la tente du vizir ; le froid et le manque de nourriture se faisant de plus en plus sentir, la retraite est décidée ; mais on s'apprête à tenter avant le départ un dernier effort. L'empereur promet une gratification de mille aspres à chaque janissaire. 13, l'assaut est annoncé ; l'empereur inspecte les brèches. 14, jeu des mines et nouvelles brèches. Diwan ; assaut infructueux ; les ordres sont donnés pour retourner à Constantinople. 15, les assiégés font une sortie du côté du pascha de Semendra. On transporte l'artillerie à bord de la flottille ; les coureurs ramènent au camp un grand nombre de prisonniers ; les janissaires reçoivent la gratification promise ; 16, départ de Vienne. Diwan ; baise-main ; distribution de récompenses et de faveurs ; un héraut est député par la garnison, et demande qu'on épargne les prisonniers ; ils sont rendus à la liberté. Pour reconnaître ce procédé, les infidèles [452] renvoient an camp trois Musulmans qu'ils avaient gardes dans leurs murs. 17, l’armée arrive à Bruck ; neige. 18, on passe les trois ponts près d’Altenbourg ; une quantité de bagages assez considérable, et une partie des équipages d'artillerie, sont perdus dans les marais. 19, grand embarras pour le passage du Danube. La neige continue à tomber. 20, l'empereur passe deux ponts ; il s'arrête près de Gyoer. 21, le passage de deux autres ponts offre de nouvelles difficultés. Le vizir fait embarquer à Allenbourg ce qui reste d'artillerie, et met le feu aux chariots. 22, l'armée vient camper devant Komom, sur les bords d'un lac, après une marche pénible. 23, on laisse de côté Tata, sur le Danube ; on dresse le camp le long du rivage. Aucun des alaïbegs ne s'étant présenté chez l'empereur, il en fait arrêter trente, pour les punir de cette négligence. 24, l'année campe dans un défilé entre Gran et Ofen. 25, le roi Yanousch se porte à la rencontre du Sultan ; les troupes d'Anatolie passent le pont jusque vers minuit. 26, la tente de l'empereur est dressée sur l'autre rive du Danube. 27, il passe le pont d'Ofenet campe en face de Pesth ; derrière lui est l'armée de Roumilie ; on distribue un kilo de farine et d'orge à chaque soldat de la cavalerie régulière (boulouk). 28, le roi vient complimenter l'empereur sur le succès de sa campagne ; départ d'Ofen. Camp à Balba. L'absence des conducteurs jette la confusion dans les troupes, personne ne peut retrouver sa tente. Le fils du doge de Venise (Gritti) reçoit en présent de deux mille ducats. 29, le beglerbeg de Roumilie quitte le commandement de l'arrière-garde, et le transmet au beglerbeg d'Anatolie. 30, ce jour encore l'armée perd beaucoup de bagages, entre autres ceux du grand-vizir. Le grand-vizir réunit Ies begs, à cheval, et leur montre la couronne de Hongrie, qu’on venait d'apporter au camp. Six mille bommes sont privés de solde en punition du désordre qui règne dans les bagages. L'empereur s'établit à Naseh sur le Danube. Gritti, Pierre Pereny et Arschik (Athinai) sont envoyés à Ofen, pour mettre la couronne sur la tête d'Tanousch. 31, le Sultan campe sur le [455] bord d'un lac, près du village d'Aktoî. C’est là seulement que sont amenées d’Ofen les grosses pîèees d'artillerie.
Mois de novembre (rebioul-ewwel).
1er, Sangiorgy (Szent-Gioergy). On abandonne au milieu des marais un nombre considérable de chevaux ; beaucoup d'hommes périssent. L'empereur entre en colère contre le tschaousch-baschi et le tschaschnegbir-baschi| et réduit leurs ûets à cinq mille aspres ; beaucoup de soldats meurent de faim. 6, l'armée campe au lieu même où l'aga des janissaires, Kasim, avait été tué. 5 (mercredi, 1er rebioul-ewwel), marche forcée. On perd encore des bêtes de somme ; le kilo d’orge se vend jusqu'à cent soixante-dix aspres. 4, l'armée campe près du château de Bacs. 5, Waradin ; marche forcée ; la mortalité continue parmi les chevaux. 6, l'empereur passe le pont près de Peterwardeîn. Le grand-vizir fait la revue des troupes. On perd encore une grande quantité de bagages en traversant le Danube. 7, halte et nouvelle revue. 8, l'empereur entre dans Peterwardeîn. 9, camp sur les bords du fleuve, près d'une vieille église. 10, arrivée à Belgrade ; l'aga des janissaires reçoit l'autorisation de partir. 11, halte ; on attend que les travaux de construction d'un pont sur la Morawa, près de Kovilodj, soient achevés. Divan ; l'empereur permet aux begs de retourner dans leurs foyers. 12, on passe à Eski Hissarlik ; la pluie tombe avec forcé ; le tschaschnegbir-baschi Schedjaa est rétabli dans le grade d'aga. 13, arrivée ; Semendra. 14 et 15, l'armée continue sa marche ; le Sultan s'arrête dans la ville. 16, Sepodidjé ; neige abondante. 17, Schouilek. 18, Gharmrtowidj. 19 et 20, Nissa. 21, halte. 22, départ de Nissa ; on campe dans le défilé. 23, Soubaxor. 249 Schehrkœî, 25, Kaloutene. 26, Iflaklar. 27, Sofia. 28, Ormanlu. 29, Ikhtiman. 30, Akindji.
Mois de décembre (rebioul-akhir).
Ler, Toghandji. 2, Philippopolis. 5 (vendredi, 1er rebioul-akbîr), [454] Koimisch ; l'aga des janissaires et le mir-aalem arrivent à Constantinople. 4, Semüzdjé. 5, Yenidsché ; Ayas-Pascha vient de Constantinople à la rencontre du Sultan. 6, plaie ; l’armée arrive à Andrinople. 7, halte ; Kasim-Pascha arrive à Constantinople. 8, halte ; tremblement de terre. 9, halte ; le voîévode de Yanboli ; Mahmoud, installé par le defterdar Iskender Tschelebi, est pendu. 10, 11, halte. 12, l'armée passe à Baba-Eski. 13, Karischdüran. 14, Tscheltoukdji. 15, Harami Deresi. 16, l'empereur fait son entrée à Constantinople.
Le Journal de Souleïman est sans contredit la source la plus précieuse à consulter pour les mouvemcns de l'armée ottomane pendant cette campagne.
Journal de la cinquième campagne de Souléiman contre le roi d’Espagne (Charles-Quint).
Mois d'avril (ramazan).
Départ de Constantinople, le 19 ramazan, un vendredi (26 avril 1532), L'armée campe à Halkali binar. 27, Tachataldjé. 28, Kabakdji. 29, Hedielû. 30, Karli.
Mois de mai (schewal).
1er, village Abmedbeg ; pluie. 2, l'armée campe à Oulou-fedjiler au lieu de Khadimkœï ; l'armée avait fait deux marches. 3, Khasskoeï. 4, Andrînople ; on s'y arrêta douze jours. 8 (1er schewal), fête de Baïram ; halte. 9, châtiment infligé aux écrivains et inspecteurs des rayas (infidèles) pour avoir fait revêtir leurs domestiques de jaques de velours garnies de zibeline, et pour avoir osé refuser aux tschaouschs les chevaux de l'empereur. Les chefs de l'émeute sont traînés par les chevaux, deux autres sont pendus, deux condamnés à avoir les mains coupées, quatre ont la tête tranchée, et quinze reçoivent des coups de bâton. 16, départ du grand-vizir. 17, l'armée, après une longue journée de marche, campe dans la prairie située vis-à-vis deTschermen. 18, elle passe à côté de Begalaki et s'arrête aux environs du village d'Hissarli, après une longue marche. 19, Sazlûderé. 20, Keklikyordi (camp des Perdrix) ; le grand-vizir se rend à pied à la tente de l'empereur. 21, Khadidjé ; la tente du grand-vizir est dressée à câté de celle de l'empereur. 22, Tschoukour-Tschaïri, près du village de Derfil ; longue marche, et passage de quatre ponts. 23, Philippopolis ; la marche ayant été difficile à cause des marais, l'empereur fait distribuer aux solaks (gardes-du-corps) trente mille aspres. 24, 25, 26, halte. 27, on plie la tente du grand-vizir. 28, départ de l'armée ; elle campe à Kouri ; pluie abondante. [477] 29, Karabinarli, petite marche. 30, Akindjilar. 31, au sortir du défilé Kapoulü - Dcrbend, l'armée s'arrête dans la plaine d’Ikhtiman ; marche très-pénible.
Mois de juin (silkidé).
1er, Ikhtiman. 2, Sofia. 3, halte. 4, les janissaires reçoivent l'ordre de se réunir à Nissa ; diwan. 5, départ du grand-vizir. 6 (jeudi, 1er silkidé), l'armée s'arrête près du village d'Iflakler. 7, elle passe un défilé. 8, elle dresse ses tentes près d'une source vis-à-vis de Schebrkœï. 9, l'empereur reste en arrière ; le beglerbeg de Roumilie, avec sept sandjakbegs, se met en marche et arrive au village de Betoulnik. 10, Azor. 11, l'empereur s'arrête près des bains chauds de Nissa. 12, Nissa. 13, halte, diwan ; l'ambassadeur de Ferdinand est admis au baise-main. 14, départ du grand-vizir. 15, L’armée arrive, après une petite journée de marche, à Kalona. 16, Yapoukofdjé. 17, Gharmetofîdj. 18, la source de Dobranie ; l'armée passe le pont jeté sur la Morawa, non loin de Widin ; très-longue marche. 19, l'armée, après avoir passé le défilé, établit son camp à Yaschindjé ; longue marche. 20, l'empereur reste en arrière ; le grand-vizir dresse ses tentes à Ak kilisé ; l’armée passe successivement quatre ponts. Quelques infidèles qui se présentent sur la route (yolé enoub) sont massacrés ; pluie continue. 21, l'empereur arrive à Ak kilisé (église blanche). 22, halte ; pluie. 23, halte ; pluie. 24, Hissarlü ; pluie abondante. 25, Belgrade ; il pleut toujours. 26, on s'arrête pour faire traverser le pont à l'armée. 27, l’empereur passe de l’autre côté de la Save et arrive dans la plaine de Syrmie. Le grand-vizir va à sa rencontre à la tète des troupes de Roumilie ; vent impétueux et pluie. 28, halte ; les troupes d'Anatolie passent le pont de la Save et entrent en Syrmie. 29 et 30, halte et pluie.
Mois de juillet (silhidjé).
1er, halte. 2, les deux fils de Sinanbeg, sandjakbcg de Karl-Ili [478], mort dans la bataille de Tschaldiran, et un sipahi, sont décapités pour avoir volé pendant la marche quelques moutons aux janissaires ; leurs têtes, plantées sur des piques, sont promenées dans le camp ; quarante-un infidèles, accusés de brigandage, subissent le même sort. 3, diwan ; les begs de Roumilie et d'Anatolie sont admis au baise-main. 4, halte. 5, diwan. L'ambassadeur français, ainsi que celui du roi de Pologne et les envoyés de Ferdinand, sont admis au baise-main, avec le cérémonial observé dans la campagne précédente lors de la réception du roi Yanousch. Tous les musiciens de l’année sont réunis à cette occasion devant la tente du diwan. 6 (samedi,
1er silbidjé), diwan à cause de Faudience de congé de l'ambassadeur français. 7, halte. 8, l'armée campe dans le voisinage du village de Senouba (Âschania) ; grande pluie. 9, elle s'arrête dans le village de Eiarakousch, près de Bœgurdlen (Sabacz). 10, Sabacz ; le grand- vizir fait deux marches en un seul jour. 11, l'armée arrive près du château-fort d'Yarik (Yarak) ; pluie. 12, halte. 13, on passe à côté de Mitrovitz et on campe à Bouradonofdia. 14, L’armée arrive devant le château-fort de Mourouyek et s'établit dans le village d'Iladj (Illats) ; le pascha passe le pont près de Vulcovir (Vukovar). 15, l’empereur passe le pont. 16, Borbowa (Borovo). 17, Essek. Pierre Pereny est admis au baise-main du grand-vizir. 18, halte. 19, l'empereur reste en arrière ; le grand-vizir passe le pont d'Essek ; on établit douze autres ponts sur plusieurs rivières ; le fils du despote est admis au baise-main du grand-vizir. 20, halte. L'empereur passe le pont d'Essek ; les begs de Roumilie et le grand-vizir envoient dans la ville les gens de leur suite et les ouloufedjis pour préparer l'entrée du Sultan. 21, on arrive au village de Semer ; prise des châteaux-forts d'Erschak (Egerszeg) et Schiklos (Siklos), et de celui du ban Sertschianosch (Szerecsen Jands). Pierre Pereny est arrêté. 22, l’armée arrive devant le château-fort de Kapolina ; on publie que tous les biens des babitans sont livrés comme butin aux troupes ; le château est pris. 23, le château situé au milieu des [479] marais est occupé. 24, deux Tatares sont pendus pour avoir assommé un janissaire. 25, Babofdjé (Babocsa) ; les janissaires partent par une forte pluie en tirant des salves. 26, on s'arrête devant Bilowar (Belevàr) ; le château est enlevé ; on traverse plusieurs ravins. 27, l'armée campe près du village Tschitachova (Csicso) ; le château de Wounousch est pris ; grand embarras pour le passage d'un pont et d'un ravin. 28, Safadé ; le château se rendu discrétion ; l'empereur reçoit dix janissaires dans le corps des solaks. 29, on passe un ruisseau (Maï), le Salawis (le fleuve Szala) ; marche difficile à travers des marais. 30, occupation du château susdit. 3i| l'armée arrive au village de Szent-Mihaly.
Mois d'août (moharrem).
1er, l'armée campe à Kapornak ; prise de ce château, et de ceux de Bileschyr (peut-être Szalabér) et Nischarwar (peut-être Tüskevar). 2, halte, pour construire un pont sur la Szala. 5 (un samedi, 1er moharrem 939), l'armée passe à cêté du village de Kam, et établit son camp devant le château de Koroendwar (Kœrmend). 4, prise du château de Roum. 5, halte ; l'armée arrive sur le bord de la Raab. Souleïman y fait jeter un pont. 6, prise de deux châteaux, celui d'Egerwar (Ikerwér), et celui de Mester (Mesteri). 7, on s'arrête à Hidvireg, appartenant au roi Jean ; on passe le pont jeté sur la Raab. 8, village de Topanco (Taplânfa). L'empereur traverse le pont sur la Raab ; cherté excessive des vivres dans le camp. 9, on arrive au village de Gendj (Gencs). Souleïman donne l'ordre d'assiéger Kœsek (Kœszeg, ou Güns). 10, l'armée établit son camp devant Güns ; pluie battante. Du 11 au 16, pluie, halte. 17, 18, la pluie continue. 19, les mines pratiquées sous les murs du château sont éventées par les infidèles. 20, halte ; il tombe beaucoup de grêle. 21, on fait jouer de nouvelles mines ; il est impossible de gagner un pouce de terrain ; feu terrible d'artillerie ; exécution de plusieurs soldats. 22, ordre de [480] combler le fossé ; on jette par-dessus les murs une lettre par laquelle la garnison demande à capituler ; cependant ils la reprirent. 23, l'explosion de deux mines fait une large brèche ; l'action s'engage ; violente lutte qui n'amène cependant pas la prise du château. 24 et 25, pluie continuelle. 26. halte ; les troupes d'Anatolie sont chargées de rassembler du bois. 27, halte ; on dispose ce bois de manière a en former une plate-forme qu'on élève à la hauteur des murs de la forteresse. 28, halte ; dans la matinée, Nicolas (Yurîschitz) envoie des parlementaires pour demander la paix ; elle lui est accordée par la raison qu'il est venu antérieurement à Constantinople en qualité d'ambassadeur de Ferdinand. Jurischitz se rend à la tente du grand-vizir et présente la soumission du château ; le pascha convoque le diwan ; les assista ns sont admis au baise-main. 29, grosse pluie ; le grand-vizir envoie le mouteferrika Djâferbeg avec l'heureuse nouvelle de la reddition du fort ; l'empereur lui fait donner un kaftan et cinq cents pièces d'or, et lui assigne en outre un supplément annuel de dix mille aspres, à titre d'arpalik (argent d'orge). 30, pluie continuelle ; les paschas sont admis à l'honneur de baiser la main du Sultan ; ils le félicitent sur la reddition du château. 31, on reprend le château de Sopron (Oedenbourg) ; distribution de trois bourses d'or et de kaftans. Les envoyés de Ferdinand sont congédiés.
Mois de septembre (sâfer).
1er, repos. 2 (lundi, 1er sâfer), village de Koblé (Kobelsdorf), passage difficile d'une rivière ; courte station. 3, on rampe vis-à-vis de Schelschelou (Gsasafalou) ; ce château se rend à la première sommation. L'armée traverse plusieurs marécages. 4, château situé sur la crête d'une haute montagne, et réputé pour être le plus fort de tous ceux que les Allemands possèdent. 5, on passe le défilé d'Ohel (Kogel) ; on [481] arrive à Dehan (Dechanskirchen) par un chemin très-difficile. 6, on campe dans l’intéricur de ce défilé, en deçà de Potendrak (Potlendorf). 7, prise de ce château, et d'un autre moins important (Rirchberg). Les difficultés du chemin sont plus grandes encore que la veille. 8, on campe dans le même pas, devant Raitenar (Heitenau). 9, on s'arrête à Marhozi (Meyerhofeft), près la source du Fakistridj (Feistfeitz). Les infidèles font une sortie d’un château voisin. Marche pénible le long de la montagne. 10, village dêKalatsch (Gleisdorf). Pendant cette marche, on brûle une église et on fait beaucoup de prisonniers ; les éclaireurs soutiennent un rude combat, mais ils conservent l’avantage : quatre cents infidèles sont passés par les armes ; plusieurs sont faits prisonniers avec leurs chefs. 11, on campe devant Gradjas (Grsetz), grande ville rangée sous la domination du roi d'Espagne . Le khan des Tartares se porte avec ses troupes jusqu'à la rive de la Murr ; l'armée Ottomane tout entière débotiche des montagnes voisines. 12, la cavalerie se met en mouvement de bonne heure et, par la grâce de Dieu, parvient à passer la fleuve, que jusqu'alors on n'avait jamais pu traverser que sur des ponts ; mais on y perd quelques hommes et beaucoup de bagages. 13, on campe dans la plaine d'Eseklos (Seckau). On aperçoit le bourg de Laipnidj (Leibnitz) ou l’année fait un grand nombre de prisonniers : les farines et les grains sont excessivement bon marché. 14, prise du château de Pitschan (Witsohein) ; marche difficile. 15, halte afin de rassembler l'armée qui se trouve toute dispersée ; brouillard si épais que l'on ne peut se distinguer les uns les autres. 16, on eampe sur la rive de la Drave, devant Morprouk (Marbourg). L'armée passe, dans cette journée, sept ou huit marais ; prise des châteaux de Lcmboh (Lembach), d'Ischlaïndja (Schleiniz) et Radosek (Radnik) ; on commenee à jeter le pont sur la Drave. 17, retard dans les travaux de ce pont. 18 et 19, halte, encore à cause des longueurs qu’entraîne la construction de ce pont. 20, le pascha traverse le pont dans la matinée, et le Sultan vers le soir ; les trois corps [482] d'armée se présentant à la fois à l’entrée du pont, il y eût du tumulte. Le grand-vizir et les autres paschas se placèrent sur le pont, et lorsque le grand-vizir eut passé ainsi une journée entière à cheval pour faire défiler les troupes devant lui, il reçut du Sultan un cheval richement enharnaché et une somme d'argent ; l'armée employa un jour et une nuit à ce passage. 21, à midi, il ne restait plus une âme sur la rive qu'on venait de quitter ; vers le soir, on brûla le pont et l’on campa dans les champs près de Pettau. Manque d'eau. 22, on s'arrête à Pettau ; courte station. 23, près Wioutscha (Vinicz),sur les rives de la Drave, la route est coupée par un défilé extrêmement périlleux ; on y perd beaucoup de bagages, les chariots d'artillerie et la grosse artillerie n'achèvent de le franchir qu'avec la plus grande peine et à la fin du jour suivant. 24, repos. 25, Warasdin, après avoir passé deux marais. 26, Lugovich ; le grand-vizir se sépare du Sultan pour conduire l'arrière-garde ; on traverse un grand nombre de marais. 27, château de Kharboutie (Herbartia) ; le Sultan se rend droit à Essek par la route de Posega. 28, château de Tschertschouk (Czernek). 29, Doubovacz (Duboschatz) ; la place est pillée. 30, Sadjiso (Satniza) se rend à la première sommation.
Mois d'octobre (rebioul-ewwel).
1er, mardi (1er rebioul-ewwel), Podgradyzé. 2, Velika.3, Bertourek. 4, village de Timava, château de SchaoTonia (Schaikowiza). 5, soumission du château de Posega. 6, village d'Ekdikha, dans la plaine de Posega. 7, village de Tschaglin bazari ; on brûle le faubourg du château de Kopatschik (Gobasch). 8, château de Ghouriani, appartenant au fils du despote ; ce château fait sa soumission. Passage d'un mauvais pont ; ordre à l'armée de ne plus faire de prisonniers, attendu qu'elle se trouve actuellement sur le territoire du Sultan. 9, l'armée campe sur les bords de la rivière Bozout ; château d'Altakh ; soumission du château de Pancova ; appartenant au roi [483] Ferdinand. 10, Poradonofidj ; longue journée de marche. 11, Djerdoutscha. 19, L’armée passe en Syrmic et établît son camp vis-à-vis de Belgrade ; le grand-vizir se rend au devant du Sultan qui traverse le pont et campe du côté de Belgrade. 15, halte et revue. 14, halte, diwan ; les paschas, les defterdars, les nischandjis et le beglcrbeg d'Analolie, sont revêtus d'habits d'honneur ; cérémonie du baise-main. 15, halte. 16, le grand-vizir traverse le pont de la Save bannières déployées, musique en tète, et, suivi des agas et des begs, il vient déposer l’étendard du serasker aux pieds du Sultan. 17, le grand-vizir quitte l'armée. 18, Hissarlik, le commandant du château de Nemdjé envoie les clefs du château. 19, le Sultan se rend à Semendra. Du 20 au 25, pluie, halte. 26, Poulana. 27, Sipoudidj. 289 Schoubalatsch. 29, village de Kowatschoutschîna, connu sous le nom de Tscheschmé. 30, eaux thermales de Nissa. 31 (jeudi, 1er rebioul-akhir), halte.
Mois de novembre (rebioul-akhir).
1er, on campe vis-à-vis Schebrkœï. 2, village d’Iflaklar. 3, Sofia. 4, halte ; il neige. 5 9 village d'Ormanlik ; l'aga des janissaires et le mir-aalem arrivèrent ce jour-là à Constantinople. 6, village d'Ikbtiman. 7, Tatarbazar. 8, Philippopolis ; diwan. 9, Kounisch. 10, Semüfdjé. 11, village de Yenidjelü. 12, Andrinople ; on illumine la ville. 13, halte. Le dernier grand-vizir, Piri Mohammed-Pascha, mourut ce jour. Du 14 au 16, halte. 17, Baba-Eskisi. 18, village d'Elwanlû, près du pont d'Erkené.19, Siliwri. 20, Halkali Binar. 21, le Sultan rentre au seraî de Constantinople ; cinq jours de fêtes et d'illuminations dans la ville et les faubourgs d'Eyoub, de Galata, de Scutari. Les bazars restent ouverts pendant la nuit et Souleïman va les visiter incognito. Le 26 novembre fut le dernier jour de ces réjouissances.
Journal de la sixième campagne de Souleïman (première campagne en Perse), en l’année 1534
Mois de juin (silhidjé).
10 juin 1534 (mercredi, 28 silkidé 940), Scutari. 12, halte. 13 (1er silhidjé), on plie la tente du grand-vizir. 14, Maldepé. 15, la prairie de l'empereur Tekfour tschaïri ; pluie. 16, Guebizé. 17, Hereké. 18, Sazlûderé. 19, pont de Sitaré. 20, Kazlüderé. 21, Dikillütasch (l'obélisque de Nicée). 22, halte. 23, Pamboukdji. 24, Yenischehr. 25, halte. 26, Akbiik. 27, Eschen. 28, Bozoyouk. 29, lnœni. 30, Ilidjé. [496]
Mois de juillet (moharrem).
1er, Koutahia, pluie. 2 et 3, idem, 4, on plie la tente du grand-vizir ; chasse dans la montagne d’Elmalütagli, durant ces trois jours. 5, l’armée campe aux environs da village d'Altountasch, station éloignée. 6, l'armée longe le pied d’Elmalütagh. 7, village d'Irik. 8, Kasahissar. 9, Kizil kilisé. 10, Selam aleïkûm.11, Ishaklü, près de la mer. 12, on campe à Akschehr ; l’aga des Ghourebas qui marcha à la suite du grand-vizir revient apporter la nouvelle de la soumission de Wam et de Woustan. 13 (lundi 1er moharrem 941). 14 et 15, halte. 16, Arik. 17, Ilghoun. 18, Rengi. 19, Gelmidj beli. 20, Koniah ; le grand-vizir envoie les clefs des châteaux conquis. 21, halte ; le Sultan visite le tombeau de Mewlana Djelaleddin. 22,Kirk-binar. 23, source de Karadjatagh. 24, Kabagh-Akdjé. 26, Oda. 26, Akojouk. 27, Nakarezen fschaïri, c'est-à-dire, prairie des trompette» ; longue étape. 28, Sadié. 29, Dewelu-Karahissar ; station éloignée. 30, Boghaz Kœpru. 31, Kaïssarijé.
Mois d’août (safer).
1er, halte. 2, l’armée passe devant Barissma, et campe prés de Sarimssaklü. 3, Tschapou khani ; longue marche. 4, Ghedek khani. 5, Ouskoufdji khani. 6, Latif khani ; le grand-vizir arrive ce jour-là à Tebriz. 7, Danischmendlu. 8, Siwas ; ambassade du prince des Ouzbegs. 9, halte ; l’aga des janissaires se porte en avant. 10 et 11, halte. 12 (mercredi 1er safer), on va jusqu'à la plaine de Kodj-hissari ; l'étape est doublée. 13, plaine de Kouschdji-Hasan ; on avait d’abord établi le camp à Kaz-gœli, mais l'eau manquait dans cet endroit. 14, vis-a-vis Kopoulü-hissar, au pied du rocher de Schahna ; deux étapes en un jour ; depuis Osekdji Kia on continuc à longer la montagne de Koryougha ; le chemin est excessivement difficile. 15, les prés de Marlum, situés dans la plaine d'Akschehr ; depuis Schahna Kia jusqu'à la plaine de Kalfatdjik, le chemin est très-[497] mauvais. 16, dans les prairies près du village de Dikin qui dépend de Sou Schekhri, l’étape est doublée, car la station régulière eût élé le village d'Ezbedi ; cette marche est très-longue, mais la route est unie ; l'armée traverse beaucoup de villages, et passe près du tombeau de Tschoban Imré. 17, Akdepé, qui dépend de Koumakh ; marche longue et fatigante ; descentes et montées continuelles. 18, depuis Koumakh jusqu'à Bouyoukyort les chemins sont pierreux et difficiles pour les chars, on ne rencontre ni arbres ni villages. 19, Kermané ; marche très-pénible. 20, Erzendjan : arrivée au camp d'un député du khan de Schirwan. 21, halte. 22, on ploie les tentes. 23, on campe à l'entrée du défilé de Tschouboukyord. 24, l'étape est doublée, c'est la plus fatigante que l'armée ait faite depuis Constantinople ; on campe devant Düzoun-Khani. 25, Kars ; lorsque Mohammed II marcha contre Ouzoun-Hasan, il fit halte au village de Miané, où il traversa l'Euphrate. 20, en-deçà du khan de Mama Khatoun, près des ruines du château de Khoubyar. 27 et 28, halte. 29, halte ; le froid se fait sentir ; il neige sur la montagne de Terdjan. 30, halte, pour attendre les convois de vivres et munitions qui devaient rester à Koumakh jusqu'à la fin de la campagne. 31, on lève le camp.
Mois de septembre (rebioul).
Ier, Penek ; longue route à travers des défilés dans l'un desquels l'armée stationne. 2, Khanis ; un courrier du grand-vizir apporte les nouvelles et avis suivans : que l'Azerbeïdjan est conquis, et que le grand-vizir en a donné le gouvernement au beglerbeg Baïenderoghli ; qu'il serait convenable d'envoyer dans les provinces de l'empire des lettres annonçant cette conquête ; que les fortifications de Tebriz étant déjà commencées, il serait trop tard pour que le Sultan pût y établir son quartier d'hiver, et qu'il vaudrait mieux retourner dans le Diarbekr ; que Melek Mousaffer, prince du Ghilan, avait député un [498] ambassadeur du grand-vizir, et que celui-oi l'avait renvoyé avec les honneurs dus à son rang. 3, Tschermouk ; Sultan-Sélim s'était arrêté d'abord à Aladja Khan, ensuite à Tschermouk) on fait ces deux étapes en un seul jour ; il est arrêté que l’armée hivernera dans le Diarbekré. 4, halte. 5, Erzeroum ; on envoie dans les provinces des lettres pour annoncer la victoire du serasker ; le Sultan visite les tombes d'Erzeroum ; défense aux soldats de prendre l'avance ; ordre aux troupes de marcher en colonnes. 6, Hasan Kalaa ; longue et pénible marche. 7, Tschoban Kœprü sur l'Aras ; on passe de l'autre côté du fleuve ; longue marche. 8, Alagœz ; chemin difficile pour les bagages ; on trouve peu d'eau, et l'on campe dans un défilé. 9, Irtan Kiasi ; les bagages sont envoyés en avant de l'armée afin d'éviter le désordre. 10 (jeudi, 1er rebioul-ewwel), on campe dans le villagc d'Aïdin, en-deçà de la vallée d'Alischkerd, et près des ruines du château de Kowan ; double étape ; embarras, difficultés ; ici la route qui mène à Tebrîz se sépare en deux voies ; le château d'Ardjisch, pris par le serasker, lui est accordé en fief. 11, village de Nadlü, sur le bord de l'Euphrate ; route belle et unie. 12, on longe l'Euphrate ; chemin pierreux, montant et descendant ; on ramène des serviteurs de Kasim-Pascha qui s’étaient enfuis ; trois sont empalés, neuf coupés en deux par, le milieu du corps. 13, village de Tschübükli, sur une hauteur escarpée et de difficile accès. 14, village de Tschakrik ; jour de marche longue et difficile. 15, village d'Aghi. 16, on campe dans les environs d'Ardjisch ; étape ordinaire ; Mohammed-aga envoie au serasker une grande quantité d'objets en présens. Du 17 au 20, halte. 21, diwan, dans lequel on prend la résolution de se diriger vers Tebriz, à cause de la nouvelle apportée par un courrier du grand-visir que les Persans s'approchent. 22, l'armée campe dans le village de Bendmahi, près du lac. 23, dans le pas de Karaderé ; chemin large et pierreux. 24, dans les prés vis-à-vis le village de Segmenada ; marche difficile. 25, elle campe au-delà de Khoui, et entré dans un défilé si étroit que deux cavaliers ne peuvent y marcher de front ; [499] On perd beaucoup de bétes de somme qui se laissent tomber dans les précipices. 26, Akhté, longue marche ; manque d'eau potable ; on reçoit un courrier du grand-vizir, qui demande qu'on accélère la marche de l'armée. 27, l’armée s'arrête au-delà de Sofian, près des Sept-Fontaines (Heft tscheschmé) ; on fait trois étapes dans une seule journée ; chemin un peu difficile ; pluie et vent. 28, l'armée arrive à Tebriz et campe à Sidawa ; longue marche ; une partie des bagages rejoint le camp ; les habitans de Tebriz viennent à la rencontre du Sultan pour le féliciter. 29, Aoudjan, camp d'été du schah de Perse ; réunion des troupes du grand-vizir et du Sultan. 30, divan ; le serasker, les beglerbegs, les agas et le reïs-efendi, Moustafa-Tschelebî, sont revêtus de kaftans et admis à baiser la main de l'empereur ; les soldats de la maison impériale reçoivent mille aspres (vingt ducats) de gratification.
Mois d’octobre (rebioul-akhir).
1er, repos, pluie. 2, diwan ; le prince de Ghilan est admis au baise-main. 3, repos. 4, on ploie la tente du Sultan ; 5, l'armée passe près de Khan Abbas ; Khan Abbas ; départ du grand-vizir avec les troupes de Roumilie, formant l'avant-garde ; le Sultan se place au centre avec les troupes de la maison impériale (janissaires, troupes et cavalerie régulières) ; l'arrière-garde est composée des troupes de Karamanie ; marche courte et facile, mais on manque d'eau ; Mohammed Mirza, fils du schah de Schirwan, est laissé à Tebriz en qualité de commandant ; les begs de Karahissar, de Koumakh, de Baïbourd et d'Aidîn, et leurs cavaliers sont mis sous ses ordres. 6, près du village des Turcomans ; longue journée ; chemin étroit. 7, Kara Baldürtschaï ; chemin très-difficile où l'on trouve peu d'eau ; le serasker, avec les troupes de Roumilie, se porte en avant. 8, Miané, longue et pénible marche ; on passe un pont élevé sur une large rivière. 9, on campe dans le village de Kizil Ouzoun, situé au milieu de l'étroit défilé de Kaplati Kedüjgi ; l’eau [500] de la rivière qui traverse la vallée est saumâtre : ce défilé fait la limite entre l'Irak, qui commence au-delà et l’Azerbeïdjan que l’on vient de quitter ; le grand-vizir, de retour de ses excursions se remet en ligne ; ordre aux soldats de ne pas se détacher des rangs pour marcher en avant ; journée de marche pénible, mais peu longue ; les Persans, sachant que la tente impériale marche en avant de l'armée, cherchent à surprendre l'escorte qui l'accompagne, mais ils sont repoussés par le grand-vizir. 10 (samedi, 1er rebioul-akhir), Khan Serdjem, pays vaste et désert, les bagages restent en arrière. 11, Khan Nikbi, étape longue mais facile. 12, ville de Zengfaan ; longue journée de marche ; on trouve de l'eau en abondance. 13, Soultanijé, en grande partie dévastée ; c’est là que repose le sultan Mohammed Khodabendé, dans un mausolée dont le dôme est entouré de huit minarets ; on apprend que le schah est en pleine fuite, et que Mohammed Soulkadroghli a passé du côté des Ottomans ; grand froid et neige. 14, halte, pour recevoir Soulkadroghli, dont la tente est dressée auprès de celle du grand-vizir ; au diwan, les begs persans Oulamabeg, Soulkadroghli, et Mohammed, fils de Schahrokhbeg, sont admis au baise-main, et revêtus de kaftans ; le prince du Ghilan obtient la permission de s'en retourner. 15, village de Sakhan-Kalaa ; beau chemin, mais le grésil rend la marche difficile. 16, Ebher ; forte neige comme au cœur de l'hiver ; fausse alarme ; les troupes se croient en présence de l'ennemi. 17, halte, pour attendre l'arrivée des provisions de bouche qui commencent à manquer ; Mohammed, fils de Schahrokhbeg, reçoit en présent cent mille aspres, deux kaftans, cinq dulbends et un turban d'honneur (moudjewezé) ; parmi les cinq begs venus avec lui, trois reçoivent vingt mille aspres, deux dulbends et un turban ; les deux autres ont quinze mille aspres, un kaftan, deux dulbends et un turban. 18, halte ; les begs persans sont admis au baise-main ; ils remercient l'empereur des présens qu'ils ont reçus ; quelques autres begs venus avec Oulama reçoivent des habits d’honneur, et sont admis au baise-main. 19, halte ; le Padischah [501] et le pascha (le Sultan et le grand-vizir) montent à cheval pour passer l'armée en revue. 20, on campe près du village de Kœschek roubablar ; Oulamapascha et Soulkadroghli obtiennent la permission d'aller à Tebriz ; pendant cette station, la porte de la tente impériale est ouverte du côté de Bagdad, pour faire connaître aux troupes la résolution du Sultan de marcher sur cette ville. 21, longue marche ; froid ; neige ; les bêtes de somme tombent de faiblesse sur le chemin. 22, près du village d'Owa ; longue marche par un chemin étroit ; les chameaux, les chariots, les voitures impériales et l'artillerie ne peuvent atteindre l'autre station ; on passe la nuit à cheval, et par un grand froid ; dans l'après-midi, il était tombé une neige si épaisse que l'on ne pouvait rien voir autour de soi ; on perd beaucoup de bêtes de somme. 23, halte, pour attendre les bagages et les chameaux restés en arrière. 24, on campe près du village de Mazian ; la pluie ayant gâté les chemins, retarde l’arrivée des équipages ; le defterdar Iskender Tschelebi est destitué ; ses biens et. ceux d'Housein-Tschelebi sont confisqués au profit de la couronne. 25, près Dergezin : belle route. 26, halte pour rassembler l'armée. 27, halte, afin de chercher des fourrages pour les bètes de somme. 28, on campe an village de Sazin ; longue marche, mais la route est unie ; neige, pluie, froid. 29, village de Destghir, vis-à-vis d’Hamartan ; Hamaan est située au pied de la montagne Elwend, dans une fort belle plaine. 30, halte pour fourrager. 31, belle route jusqu'au village de Saldjik.
Mois de novembre (djemazioul-ewwel).
1er, l'armée campe dans les environs de Saadabad. 2, elle traverse par un temps de pluie un chemin fort glissant au-dessus d’un précipice ; Saadabad est bâtie dans une plaine entourée de tous les côtés de montagnes. 3, Deînawer, dans une plaine ; marche longue et pénible. 4, halte. 5, Meliwer, château situé au milieu des champs. 6, Weïsoul Karni. 7, Mazidescht ; longue [502] marche à travers un marais fort difficile à passer. 8, dimanche (dimanche, 1er djemazioul-ewwel), halte pour rassembler l’armée. 9, Semaghan Tschayi ; route montueuse, marécage et défilés ; on y perd un grand nombre de bêtes de somme ; mort du nischandji Sidibeg ; sa dépouille est portée à la suite de l’armée pour être ensevelie à Bagdad près du tombe du du Grand-Imam (Ebou Hanifé) ; depuis Erzeroum on n'avait pas vu d'arbre ; ici pour 1a première fois on trouve des chénes et des lentisques. 10, on campe près du tombeau du porte-étendard du Prophéte (Aalemdar türbesi) ; chemin montueux ; tempête continuelle ; beaucoup de soldats sont obligés de passer la nuit à cheval, leurs bagages étant restés en arrière ; on brûle cent affûts de canons, et les pièces sont enfouies dans la terre. 11, Karaboulak Tschayi, chemin pierreux ; faute de trouver des sources, les soldats ramassent et boivent les eaux de la pluie qui coulent sur la route. 12, Schabin Kalaa, château sur une colline ; ici on sort de l’Irak arabe pour entrer dens la province de Bagdad ; mauvais temps, pluie ; si le chemin eût été inégal et la station éloignée, il eût été impossible que les bagages pussent arriver avec l’armée . 13, halte pour attendre les fourgons d'artillerie qui ne peuvent avancer dans ces routes boueuses ; Bagdad se trouvant encore trop loiu, on ensevelit le corps du nischandji Sidibeg dans le château de Schabi ; disette de vivres ; l'armée arrive aux ruines du château d'Yeni Imam ; le ebemin, coupé d'abord par des marais, passe ensuite dans une vallée étroite et raboteuse ; orage et pluie. 15, Kassr Schirin, château à demi ruiné ; le pays est sec et stérile, point de pâturages ; durant ces continuelles tempêtes, on perd beaucoup de bêtes de somme ; il y en a qui sont entraînées par les torrens que forme la pluie. 16, longue marche à travers des coteaux ; on reçoit la nouvelle que le beglerbeg de Bagdad, Mohammedbeg veut offrir au Sultan la soumission de la ville. Arrivée du juge de Bagdad. De Deïnewer à ce point, le pays est inculte ; hommes et bêtes souffrent de la faim. 17, halte pour attendre les bagages. 18, Tokouz ouloum, c'est-à-dire les neuf outres, au bord d'un [505] étang ; courte étape et bon chemin. Le kouroudjibaschi de Bagdad, Kara Veli, apprend au Sultan qu'après le départ des troupes (celles du Tekké). Mohammedbeg et Seïd Manssour se sont enfuis auprès du schah de Perse. 19, halte, pluie continuelle ; le Sultan veut d'abord passer la rivière, mais il est obligé de rentrer dans sa tente, les eaux ayant prodigieusement grossi ; plusieurs hommes et beaucoup de bêtes de somme se noient ; les champs sont entièrement inondés ; l’armée n'avait jamais eu à supporter jusque-là de pareilles calamités. 20, halte à cause du débordement de toutes les rivières. 21, les eaux s'étant un peu écoulées, le Sultan se met en marche dans l'après-midi. 22, les begs kurdes sont revêtus de kaftans et renvoyés chez eux. 23, le serasker prend le devant pour se rendre à Bagdad et va camper à Karadia, dans les environs de Merdjan ; le Sultan établit sa tente dans un champ. 24, halte, à cause du débordement du torrent de Nasin. 25, on passe ce torrent et on campe au village de Rerkhan ; on n'y trouve point de pâturage, 26, on traverse sur un pont de pierre le torrent de Khalazsarghi ; courte marche le long de la montagne Homaïr (la montagne rougeâtre). 27, village d'Owéïsé ; on campe près d'une rivière que l'armée passe sur un pont en bois. 28, Biredjik ; la station régulière eût été à Elwendiyé, mais on force la marche ; l'armée traverse avec beaucoup de peine les canaux creusés pour les champs de riz. Le serasker arrive ce jour-là à Bagdad, par un temps beau, mais froid. Accompagné des begs et des agas, il fait à cheval le tour de la forteresse, et y entre avec peu d'hommes, qu'il a choisis lui-même. 29, Scheïkh Soukran, près du tombeau de Lokman ; le serasker envoie au Sultan les clefs de Bagdad par son porte-étendard, Djaferbeg ; celui-ci reçoit en récompense des kaftans, un présent de cinq cents ducats et l'investiture du sandjak de Zwornik, avec trois cent mille aspres de revenus. 30, entrée dans Bagdad ; cérémonie du baise-main ; le Sultan est complimenté pour cette nouvelle conquête, à l'occasion de laquelle il donne au serasker vingt mille ducats en présent ; il augmente [504] en outre son traitement de vingt mille ducats^ à percevoir sur les revenus de l’Egypte, et lui fait remettre un kaftan et un sabre d'honneur garni de pierreries.
Mois de décembre (djemazbul-akbir).
1er, diwan, les begs et beglerbegs reçoivent des kaftans et
sont admis au baise-main ; les troupes de Roumilie et d'Anatolie se rendent dans leurs quartiers d'hiver ; les autres troupes reçoivent la permission de rentrer dans leurs foyers. Du 2 au 4, repos ; le chef (reîs) ou secrétaire du diwan, Moustafa-Tschelebi est promu aux fonctions de secrétaire d'Etat (nischandji) ; Redjeb-Tschelebi est nommé reïs-efendi ; et Moustafa tschaouschbaschi. 5 et 6, halte. 7, le Sultan prend son quartier d'hiver à Bagdad. 8 (mardi, 1er djemazioul-akhir), diwan dans la maison du grand-vizir ; tous les Tekkelüs établis à Bagdad qui n'étaient point partis avec Mohammedbeg,et qui avaient rendu hommage au Sultan, se réunissent chez le grand-vizir ; trois d'entre eux sont investis de sandjaks. Welikhanbeg, le kiaya d'Oulama-Pascha, auparavant sandjakbeg de Meragba, obtient celui de M alatia, avec six cent mille aspres de revenu annuel, vingt mille en présent, et un kaftan ; le segbanbaschi d'Oulama reçoit un sandjak avec un présent de dix mille aspres et un kaftan ; le nischandji-baschi, cent quatre-vingt mille aspres à prendre sur les biens de la couronne ; le reïs-efendi Redjeb, un fief de cinquante mille aspres, et le secrétaire du diwan, Ramazanoghli Mohammed-Tschelebi, un de dix-huit mille, de plus un traitement fixe de trente mille ; la solde du secrétaire Kara-Memi-Tschelebi est portée de trente-huit aspres à cinquante par jour. 9, ici commence la période des quarante jours pendant lesquels se font sentir les plus grands froids de l’hiver ; diwan dans lequel tous ceux qui ont reçu des charges et des bénéfices viennent baiser la main du Sultan ; on apprend que le schah s'est rendu à Tebriz, qu'il en a fait sortir les troupes, et qu'il s'est dirigé vers Sultanijé [505]. 10, les nouveaux begs et bouloukagas sont admis au baise-main. 11, le sandjak de Mossoul est donné à Sadi Abmedbeg ; ordre qui enjoint aux troupes de cavalerie régulière de monter la garde au palais impérial à Bagdad, comme elles le font pendant la guerre autour de la tente du Sultan ; l'emploi de porte-étendard de l'arinée est accordé à Mohammed Schab, fils de Mahmoudbeg fils de Mesih-Pascha. - Janvier et février 1535 (redjeb et schàban).
Mois de mars (ramazan).
13 (dimanche, 8 ramazan), diwan ; avant que les vizirs Ajas et Kasim soient reçus à l'audience, le Sultan envoie l’ordre de pendre sur le marché aux chevaux de Bagdad le defterdar Iskender-Tschelebi. 18, le serasker visite les tombeaux des imams Ali et Houseîn ; il revient à Bagdad. a3, l’empereur, accompagné du serasker, des paschas et des agas, va visiter ces mêmes tombeaux (à Kerbela) ; arrivée d'un courrier d'Oulama qui demande du secours. 27, le Sultan revient de son pèlerinage ; la tente impériale et les offices sont transportés à Akouloum ; les defiterdars distribuent la paie aux janissaires ; 28, l'armée entière défile devant l'empereur ; le beau-père d'Iskender-Tschelebi, Houseïn-Tschelebî, est décapité.
Mois d'avril (schewal).
1er, l'empereur quitte Bagdad pour marcher vers Tebriz contre les Persans ; il campe à Akouloum ; arrivée de plusieurs courriers d'Oulamabeg. 2, départ du grand-vizir. 3, Housch Attar. 4, un grand nombre de tentes sont déchirées par le vent. 5 (lundi, 1er schewal), près du village Kazani-Bouni. 6, halte. 7, Bat ; longue marche ; on manque d'eau ; l'armée arrive sur les bords d'une rivière. 8, Bendbat, étape ordinaire. 9, Iwani ; au pied de la montagne Homaïr. 10, on s'arrête près du tombeau du scheîkh Medjid ; l'eau y est saumâtre. 11, village d'Osmanlü. 12, halte. 15, Souloukan-Tschaïri ; étape ordinaire. 14 et 15, halte. [506] 16, près de Nilan. 17 et 18, halte. Les paschas et lessandjakbegs qui s'étaient portés en avant sont rappelés. L’empereur s'étant décidé à les faire marcher dans une autr« direction. 19 et 90, halte. 21, Geskyourt. Jusqu'au 30, halte.
Mois de mai (sikildé).
1er, 2, 3, halte. 4 (mardi, 1er silkidé), halte, 5, le second écuyer, Houseînaga, reçoit l’ordre de jeter un pont sur la rivière de Sonab. 6, le defterdar et le kîaya de Roumilie arrivent au camp. Du 7 au 18, halte. 19, on ploie la tente du grand-vizir. 20, Khasskœï ; marche forcée. 21, halte. 22, Hanani-Kindi ; étape ordinaire ; le serasker se sépare de l'empereur et va camper plus loin. 23, halte. 24, Kizilderé ; très peu d'eau. 25, un courier d'Oulamabeg annonce que le schah est parti de Wan et que son frère Sam-Mirsa s'est mis en route pour rendre hommage au Sultan. 26, on traverse le défilé d'Iman-Schah et on campe à Honar ; un courrier du beglerbeg de Roumilie annonce l'arrivée d'un ambassadeur français voyageant à sa suite ; un autre courrier apporte la nouvelle que le beg d'Amasia, Mohmmedbeg, a exterminé les Persans qui s'étaient révoltés dans le sandjak d'Amassia ; le beglerbeg d'Anatolie vient rejoindre le camp du Sultan ; on trouve beaucoup de serpens. 27, le serasker, grand-vizir, tient le diwan dans lequel les beglerbegs et begs d'Anatolie sont admis au baise-main. 28 et 29 halte. 30, Ghelouné, longue et pénible marche. 31, Basch-Tschinar, courte étape ; le chemin est montueux et pierreux ; ici est la source de la rivière de Tokouz-Ouloum (des neuf outres) ; on reçoit un courrier de Souleïman-Pascha, beglerbeg de Fagdad, et de Ghazi-Khan, annonçant que Sam-Mirza se soumet à la Porte, et qu'il a écrit dans ce sens â Ghazi-Khan .
Mois de juin (silhidjé).
1er, château de Kistabii. 2, Seïd-Sadek ; étape ordinaire. [507] 3 (jeudi, 1er silhidjé), Beg-Yordi ; on campe dans dcs montagnes fort difficiles à traverser. 4, château de Kisildjé ; chemim pénible. Du 5 au 10, halte. 11, cérémonie du baise-main à l’occasion du petit Baïram. 12 et 13, halte. 14, on ploie les tentes. 15, Sitaré ; station rapprochée, 16, Kil, l’armée côtoie une montagne escarpée ; elle y dresse son camp. 17, Khan Kedügbi. 18, Gün dilen . 19, halte. 20, Toukan ; longue marches ; Oulamabeg rejoint l’armée. 21, Saradjé-Katnisch, station éloignée ; arrivée da maître de cérémonies (Ischikaga) du khan persan Tadjlü-Khan, qui demande la faveur de pouvoir envoyer un ambassadeur ; on fait passer les bagages derrière l’armée au lieu de les avoir en avant comme on avait fait jusqu'ici. 22, Kardoul, longue marche. 23, Naw, belle route, dans la plaine de Meragha ; les crieurs annoncent que l'armée doit se diriger vers Aoudjan. 25, le Padischa prend la résolution de se rendre lui-même à Aoudjan. 25, l'émir qn'Adjloukhan avait envoyé au camp reçoit la permission de repartir. 26, Konkou»deré ; longue étape. 27, Erwané, marche ordinaire mais difficile. 28, Aghillü yort, très-beau chemin. 29, le serasker campe à Saadabad. 30, Saadabad près de Tebriz. L'armée a mis trois mois (quatre-vingt-onze jours) pour aller de Bagdad à Tebriz ; on donne mille aspres de gratification aua troupes régulières, et dans la cavalerie feudataire chacun de ceux qui sont allés k la petite guerre reçoit sur mille aspres de ses revenus une augmentation annuelle de deux cents aspres.
Mois de juillet (moharrem 949).
1er halte. 2 (vendredi, 1er moharrem 942), arrivée des beglerbegs du Soulkadr et du pays de Roum (Amassia). 3, l’empereur, le serasker et les autres vizirs se rendent à Tebriz ; l'empereur occupe le palais du schab ; les vizirs, agas et Kasim-Pascha font dresser leurs tentes ; le serasker habile avec l'empereur au palais de Tebriz. 4, halte ; tremblement de terre ; arrivée d'un envoyé persan qui avait été retenu à Aoudjan par [508] Oulamabeg, et ne s'était pas rendu dans le camp, l’empereur étant déjà parti pour Tebriz. Du 5 au 9, halte ; l'empereur et le serasker célèbrent les prières du vendredi, dans la mosquée du sultan Hasan ; les janissaires et les begs à cheval entourent la mosquée pendant l'office et reconduisent S. M. jusqu'à sa tente. 10, halte. 11, l'empereur tient le diwan ; l'envoyé persan baise les mains du grand-vizir ; le beg kurde de Schifkat, accusé d'entretenir des intelligences avec les Persans, est décapité avec cinq des siens. 12, halte ; le kiaya, fils de Scherefbeg, est exécuté. 13, halte. 14, diwan ; plusieurs sandjak-begs sont nommés beglerbegs et admis au baise-main ; le Sultan ordonné qu'à l'avenir le beglerbeg de Roumilie siégera seul au diwan à côté des vizirs ; que le beglerbeg d'Anatolie ne doit plus prendre place auprès d'eux, sauf le cas où une affaire importante l'y appellerait ; il est aussi défendu aux autres beglerbegs de venir s'asseoir à côté des vizirs, et le Sultan ordonne que lorsqu'ils seront admis au diwan, ils se tiendront à l'entrée de la salle. 15, halte. 16, on transporte la tente du grand-vizir à Aoudjan. 17, Aoudjan. 18 et 19, halte. 20, on ploie la tente du grand-vizir. 21, Khan Abbas. 22, Baschsifkünbed ; des proclamations instruisent l'armée que le Padischah reconnaît le prince Sam Mirza comme un fils, et qu'il lui donne tout le pays en-deçà du Kizil-Oùzen, dépendant de l'Irak. 23, Yassitschaï. 24, Miané. 25, Kizil-Ouzen ; longue marche. 26, Khan Ser Djem. 27, Ohan Nikbaï. 28, Senghan. 29, Sultaniyé. 30, Eaïdar TSehi. 31, Tschoroul ; longue marche.
Mois d'août (sâfer).
1er (dimanche, 1er sâfer), Takht Souléïman. 2, 0ehné. 3, Dcrghezin. Du 4 au 6, halte. 7, de Dérghezin on se dirige vers Tebriz. 8, Baschsifkûnbed. 9, Alioba djayi. 10, Soudjas. 11, Scheïva. 12, Idj Kerkedé. 13, Nikbaï Khan. 14) Ser Djem Khan. 15, Kaplanli Kcdûghi. 16, Yassi Tschaï. 17, Baschsifkünbed. 18, Aoudjan. 19, Djinawan. 20, l'empereur arrive [509] à Tebriz et campe dans les jardins près de Khiaban. 31, repos. 33, l'empereur quitte son camp, et s'établit dans un jardin près de Scham Ghazan. 23 et 24, halte. 25, le grand-vizir, avec quelques cavaliers se dirige vers Kbiabantschayi, à l'endroit où était assis le dernier camp y et repousse de là les Persans qui s'étaient trop avancés. 36, halte. 37, départ de Tebriz ; l'armée s'avance au-delà de Scham Ghazan et va camper près du village de Sourouri. 28, Sofran. 39, après avoir passé à côté de la ville de Merend, l'armée s'arrête dans les prés de Gœkdepé. 30 (lundi, 1er rebioul-ewwel), Karakoeï. 31, Khoï.
Mois de septembre (rebioul-ewwel).
1er et 2, halte ; l'empereur et le grand-vizir montent à cheval pour aller visiter le tombeau de Schems Tebrizi. 3, cellule de PirMaza. 4 9 halte. 5, Sogbmen. 6, Karagouderé Baschi. 7, à Ketouk-Kerek, en- deçà de Karagouderé. 8, Newschehr ; dans la matinée, le grand-vizir reçoit à cheval la visite des begs et des agas. 9, Bendmabi. 10, Ardjisch. 11, halte. 12 et 13, halte ; l'ordre est donné à douze membres de la famille Soulkadr et aux tschaouschs de se porter avec l'artillerie contre Aadildjouwaz. 14, Alibegbaghi, sur la lisière du mont Soubhantaghi. 15, Aadildjouwaz ; on apprend que la ville de Bidlis a été prise et occupée par Ghazikiranbeg. 16, halte ; Oulama-Pascha envoie un grand nombre de têtes. 18, Akhlath ; Oulama reçoit l'ordre de se diriger sur la ville de Wan ; la mère de Schemseddin envoie les clefs de la citadelle de Bidlis. Le serasker part dans l'après-midi, et longe la montagne qui s'étend jusqu'à Aadildjouwaz. 30, halte ; le serasker entre dans la ville, fait décharger les canons dressés sur les remparts, puis s'en retourne et vient camper à Alibegbagbi. 21, il arrive dans l'après-midi à Ardjisch ; les Persans fuient jusqu'à Bendmahi, mais vers le soir ils sont atteints et passés par les armes après un combat de peu de durée. 23, le serasker s'arrête à Alibegbaghi. 23, à Akblath ; de retour de ses excursions, il [510] vient rejoindre le camp (c’est ici que, pour la première fois, le Journal donne au serasker le titre de Sultan). On reçoit la nouvelle qu'Oulama-Pascha, le beglerbeg de Diarbekr, et le segbanbaschi ont rencontré le schah, et qu'ils se battent contre lui. On apprend aussi que trois membres de la famille des anciens princes de Soulkadr ont passé du côté de l’ennemi. 24, Nahman au bord d’un lac ; on y trouve de l’eau fraiche et des chênes. 25, Guzelderé. 26, halte ; le seirasker-sultan convoque un diwan, auquel assistent le beglerbeg de Diarbekr, Oulama-Pascha, et les autres begs et agas. 27 et 28, halte. 29 (mercredi, 1er rebioul-akhir), et 30, halte.
Mois d'octobre (djemazioul-ewwel).
1er, 2, 3, halte. 4, Bidlis. 5, halte. 6, on campe entre le village de Newhan et celui de Missr. 7, halte. 8, Weïsoul Karni. 9, Mirca tschayï. Du 10 au 13, halte. 14, au bord de l'Euphrate, dans le district de Beschri. Du 15 au 17, halte. 18, Salakhtschayï. 19, Ayar tschayi. 20, Amed. Du 21 au 27, halte. 28 (jeudi, 1er djemassioul-ewwel). Le seraskér-sultan campe à Siren. 29 et 30, halte ; L'empereur va à la chasse et se rend dans Paprès-midi à la forteresse d'Amed. 31, halte.
Mois de novembre (djemazioul-akhir).
Du 1er au 5, halte ; l'empereur se rend à la vieille mosquée pour faire la prière du vendredi. 6, halte, diwan. Du 7 au 9, halte. 10, on ploie la tente du grand-visir. 11, Kizildepé, près de arabagh. 12, Elmalü dans le bassin formé par le Karadjatagh. 13, Khadjegün. 14, Aabidin iregi. 15, Adno binari. 16, Roha. 17, halte. 18, Sooroudj.19, on traverse l'Ëuphrate sur des barques. 20, halte. 21, on campe à Telhala, près d'une source et d'une mosquée. 22, près du tombeau de David. [511] On campe sur les bords de la rivière de Haïlan. 24, Haleb. 25, halte. 26, halte ; l'empereur visite la vieille mosquée, la forteresse et les tombeaux. 27 (samedi, 1er djemasioul-akhir). 30, halte.
Mois de décembre (redjeb).
1er, on lève le camp. 2, Ezarit. 5, Amm gœti (Cunnus anus). 4, l'armée arrive au pont sur l'Aassi (Oronte). 5, Antîoche. 6, Bakrass taghi. 7, Iskender binari, c'est-à-dire source d'Alexandre. 8, Kendkhani. 9, on campe devant Kourdkoulaghi (oreille de loup), à lidjak. 10, on dresse le camp sur les bords du Djifaan Souji, près Adana. 11, 12, 13, halte. 14, chasse ; le trésor est envoyé en avant de l’armée. 15, le grand-vizir se remet en marche. 16, village de Hassoun. 17, Sarwaschik, aux environs du château de Gülek. 18, on passe devant Badjdan khani. 19, Kazir Sindüghi, c'est-à-dire le camp des infidèles *, et on arrive à Oulou [512] Kischla, après avoir traversé la montagne.
* Ce nom date des croisades. Comme le Journal ne donne que les mouvemens de Souleiman, la défaite d'Iskender Tschelebi et d*Oulama dans les défilés de Kisildjé a été passée sous silence. Les historiens ottomans Djelaliadé, Solaksadé, Ali, Peischewi et autres, conviennent eux-mêmes que l’armée éprouva une perte de dix mille hommes ; les histoires contemporaines, telles que la Storia di Guasso, p. 136, et les Rapports des ambassadeurs d’Allemagne, la portent à vingt-cinq mille hommes. Il faut probablement choisir un terme moyen entre ces deux évahiations ; mais on ne doit ajouter aucune foi à la version qui place cette défaite aux environs de Tebriz, et suivant laquelle plusieurs paschas restèrent parmi les morts. Tebriz salait rendue sans coup-férir ; et Nisàngeï Cancellier, désigné dans le nombre de eeux qui auraient perdu la vie sur le champ de bataille, mourut postérieurement à cette époque, et de mort naturelle, sur la route de Tebriz à Bagdad. Les petits ouvrages allemands qui traitent de cette campagne sont 1° die grosse Eriegung des tûrkischen Heers vom Sophi in Persien besehen, item die Zal des ersehlngenen unâ gefangenen volks mit benennung aller bussa und nahmhaften sampt der Eroherung der Türken Schatz und der frewlein seiner Weiber oder Frauenzimmers in der edlen Stadt Tauris in Persien aus der italienischen sprach jetsund neu verteutscht. 15 may 1535 ; 2° Wahrhaftige Anzeig kommend von Constantinopel von dem merklichen Schaden und Niederlage die der türkische Kaiser vom Sophi dem grossen Koenig in Persien im Janner des Jar an Leuten, Kamelen um seinen Schatz erlitten hat. 1535 ; 3° Verteutschter Copie eines welschen Schreibens aus Constantinopel den 13 novembris inhaltent des Sophi Victori wider den grossen Türken, seine Hauptleute und Volks Gefenkniss der ansel des gewonenen türk. Geschûtz, die eroberte Stat und Land u. s. w. mars 1536. On pourrait tout au plus supposer que le combat dont il est ici question fut celui que livra Oulama au schah de Perse, et que mentionne le Journal de Souleïman à la date du 23 septembre : tout le reste n’est que pure invention des auteurs européens .
20, Oenli owa. 21, Tabaghün Akdjé Schehri. 22, Oyük. 25, Koniah Bozouk. 24, Bozouk ; l'armée passe devant Ilghun et va dresser son camp à Altountasch. 26 (dimanche, 1er redjeb), Ishaklü. 27, village de Yebaï, dans les montagnes. 28, Seïd-e-Ghazi. 29, Eskischehr. 30, Bozoyouk. 31, Ermeni.
Mois de janvier 1536.
1er, Yenischehr. 2, Nicée. 3, on longe la montagne de Kaziklü, et on va camper au village de Demirenlü, près du pont de l'Etoile (Sitaré Koeprüsi). 4 9 Nicomédie. 5, halte, pour attendre les chameaux qui portent le trésor. 6, Guebizé. 7, halte. 8, l'empereur fait son entrée à Constantinople.
[523]
Journal de la septième campagne de Souleïman contre jâadona, en l'année de l'hégire 945 (1557).
Mois de mai (silhidjé).
17 (jeudi, 7 silidjé), le Sultan quitte Constantînople suivi des princes Mohammed et Sélim ; on campe à Tarik Burgos. 18, Tschataldjé. 19, Indjighiz. 20, les vizirs et généraux viennent complimenter Souleïman à l'occasion de la fête du Baîram. 21, village de Kostermelü ; longue journée de marche. 22, village d'Elwanbeg ; étape forcée. 25, Burgos. 24, Baba eskisi. 25, Hafssa. 26, Andrinople ; au moment ou les habitans sortent en foule de la ville pour aller à la rencontre du Sultan, la foudre tue le porte-drapeau de la corporation des tailleurs. 27, repos ; diwan ; changemens parmi les sandjakbegs. 28, repos. 29, repos ; diwan ; Ghazi-Khan est promu à la dignité de beglerbeg du Loristan. 30, repos ; il pleut. 31, on plie la tente du Sultan.
Mois de juin (moharem 944)
1er, on campe vis-à-vis de Tschermen. 2, Kissarlik. 3, Tschakiraga Deghirmeni. 4, Keklik ; pluie. 5, Khaled tschaïri. 6, Sinanbegkœji. 7, Philippopolis. 8, halte ; diwan ; l’ambassadeur du roi Yanousch est admis au baise-main. 9, diwan ; le Sultan se remet en marche. 10 (dimanche, 1er moharrem), Tekourbinari, c'est-à-dire la fontaine impériale. [524] 11, l'armée arrive à Bolen, au-delà de Saroukhan Benli, où le débordement des eaux empêche d'asseoir le camp. 12,vîllage de Bana, appartenant aux bains de Koestendjé ilidjesi. 13, Samakof ; marche ordinaire. 14, SaparikYanasi. 15, Tekfour Binari ; on passe des voies très étroites. 16, Kustendili ilidjesi. 17, halte.18, Owasi. 19, Kokoimou pendjé. 20, Tschaschkœyi. 21, Hasanbeg ; dans le voisinage de Medjidlükœyi, en-deçà de la ferme. 22, Ouskoub. 25, halte ; les begs de Roumilie sont admis au baise-main. 24, halte ; pluie. 25, diwan ; le Sultan se remet en marche. 26, l’armée arrête au-delà de Souloudërbend ; courte étape. 27, elle passe le pont sur le Wardar (Axios), près de Kalkandelen, et campe au-dessus d'Youlak. 28, il était convenu de s'arrêter à Karadjova kouri koeyi ; mais on force la marche, et on arrive à Kapartschova. 29, Parmée passe le défilé de Boukoubek ; forte étape. 30, elle campe dans le voisinage du village de Eregli Kœyi, sur la montagne de Toria Yaïlasi ; marche pénible.
Mois de juillet (sâfér).
1er, l’armée passe à côté du village d'Oustrougha, et campe sur les bords d'un lac. 2, halte, diwan. 3, halte. 4, diwan ; on ploie la tente du Sultan. 5, Tokouz owasi, en-deçà du pont jeté sur la rivière d’Isch Kounotri ; il est impossible d'y établir le camp. 6, Babiayi, village situé au milieu d'un défilé. 7, Ilbessan ; de Tokouz à Ilbessan le chemin est très-resserré. 8, halte, grande chasse. 9, Sadik ; on s'arrête à l'entrée du défilé sans y pénétrer, faute de pouvoir y trouver des sources. 10 (1er sâfer, un mardi), Barobolin, après avoir tnhrersé plusienrs marais et rivières. 11, près de Komana Kasimbeg ; la flotte arrive de Gallipoli à Awlona au bout de trente-six jours. 12, on passe la rivière de Wouwis. 13, Awlona (Yalona). 14, halte, diwan. 15, halte. 16, 17, halte, diwan. 18, halte ; on ploie la tente du Sultan. 19, l’armée [525] s'arrête sur la montagne de Berzé. 20, 21 et 22, halte ; dans la nuit du dimanche au lundi, Andréa Doria se bat en face de Corfou avec le kapitan Ali Tschelebi, kiaya de Gallipolî, qui perd douze galères, 23, le Sultan ordonne aux troupes de Roumilie de passer à bord de la flotte, et de faire voile vers la Pouille (Pulia). Du 24 au 31, repos.
Mois d'août (rebioul-ewwel).
1er au 3, repos. 4, un tremblement de terre se fait sentir. 5,6, repos ; Loutfi-Pascha revient de la Pouille avec la flotte. 7, repos. Du 8 (mercredi, 1er rebioul-ewwel) jusqu'au 14, repos. L'empereur, qui s'était éloigne d'Awlona, 7 revient pour envoyer la flotte à Corfou. 15, Khaïreddîn-Pascha arrive avec sa flotte devant Awlona. 16, 17, diwan. 18, Loutfi-Paseba fait voile sur Corfou. 19, le Padischah campe près du village de Kodos, pour attendre que Corfou soit soumise, 20, il vient à Neschné, près de l'église de Sarimsaklü. 21, Dependelen. 22, Argyro Kastro, double étape par une pluie battante. 23, Pisoopia. 24, l'armée longe le défilé de Kima, et s'arrête aux environs du village de Navirarîndj ; défile d'un accès difficile. 25, Majos. 26, Konsoupouni, dans le voisinage du port de Ranapoutak. Du 27 au 31, halte.
Mois de septembre (rebioul-akhir).
Du 1er au 6, halte. Le Sultan se décide à ne pas se rendre à Corfou, et il ordonne que L’armée de siège passe de l’île sur 1e continent. Du 7 (vendredi, 1er rebioul-akhir) au 14, halte. 15, on campe à Malkodjbeg Tschaïri. 16, Radoub. 17, halte et diwan ; le defterdar de Roumilie, Yaschlidjé Mobammedbeg, est nommé kiaya des fiefs de Roumilie ; le kiaya d’Anatolie, Mahmoud Tschelebi, est promu à la dignité de defterdar de Roumilie ; le defterdar d'Anatolie, Tourahanbeg, passe kiaya d'Anatolie ; le lieutenant de police de [526] Constantinople, Oweïsbeg, devient defterdar d'Anatolie et le mouteferrika Hasan Tschelebi le remplace dans les fonctions de lieutenant de police de Constantinople. 18, diwan ; cérémonie du baise-main. 19, on plie la tente du Sultan. 20, Lahné Kassri ; les kadiaskers de Roumilie et d'Anatolie sont destitués. 21, Kirk getschid. 22, village de Kabas. 23, Mamira. 24, Tschadirbendi. 25, Kœrimbeg tschaîrî. 26, Aschagha Persepia. 27, Sfawat. 28, Monastir. 29 et 30, halte.
Mois d’octobre (djemazioul-ewwel).
1er halte. 2, Turbeli kœï. 3, Ostrowa. 4i Widana. 5, l'armée s'arrête dans ce yillage. 6 (samedi, 1er djemazioul-ewwel), on campe sur les bords du Wardar. 7, Selanik. 8, halte. 9, Lankaza ilidjezi. 10, on campe en-deçà d'Enous-derbend. 11, Saoudji kœî. 12, Sirouz. 13, Gastoumir. 14, Toghandjiler kœji. 15, Kawala. 16, Karassou. 17, Karassou Yenidjé. 18, Kouri tschaï. 19, Aghir Khan. 20, Meghri. 21, Feredjik ilidjezi. 22, Feredjik Albi. 23, Dimitoka. 24, on arrive en face de Pile d' Andrinople. 25, Andrinople. 26, halte ; sept jours après. 1er novembre, l'empereur fait son entrée à Constantinople.
Journal de la huitième campagne de Souleïman en Moldavie, en l'année 945 de l'hégire (1538).
Mois de juillet (sàfer)
9 (jeudi, 11 sâfer), le Padischa part de Constantinople et va camper à Halkali binar. 10, Tschataldjé ; marche forcée ; mort de la sœur du Sultan, épouse de Moustafa-Pascha. 11, l'armée campe au-delà d'Indjighiz, après une longue marche. 12, Ograschkœyi ; on dresse les tentes à l'endroit même où Sélim Ier livra bataille à Bayezid II, son père, et où Sélim mourut plus tard. 13, Karli Koghi ; courte étape. 14, Ahmed-beg Kœyi. [527] 15, Hamzabeg Kœjî. 16, Ouloufedjiler Kœyi. 17, Khass Kœyi. 18, Andrinople. 19 et 20, halte ; les begs de Roumilie et d’Anatolie sont admis au baise-main. 21, halte. 22, arrivée du fils du beg de Bassra, Emir Raschid. 23, halte. 24, diwan. 25, on ploie la tente du Sultan. 26, l'armée campe sur les bords de la Toundja. L'ordre est donné au defter emini de se porter à la rencontre de l'empereur avec tous les vizirs jusqu'au village de Tschœlmek Kœyi. 27, Yenidjé Kizilagadj ; longue marche. 28 (dimanche, 1er rebioul-ewwel), village de Manssoureler ; étape ordinaire. 29, Serai Kariyé. 30, halte. 31, Begourdjlü.
Mois d’août (rebioul-ewwel).
1er, Agakœyi. 2, Tschaschneghir Kœyi ; longue journée de marche ; l'armée passe sur plusieurs ponts. 3, Soudjlou Kariyesi, à l'entrée d'un défilé des monts Balkan. 4, on trayerse le pont de Mir Aalem, et on campe dans un endroit où le chemin est très-resserré. 5, l'armée arrive sur les bords d'un lac aux environs du village Soultanler ; courte étape. 6, près du torrent de Donna. 7, halte ; diwan ; arrivée d'une députation du voiévode de la Moldavie, Pierre Raresch ; les envoyés sont admis au baise-main ; Sinan Tschelebi se rend avec des courriers auprès du voîévode pour l'inviter à se présenter en personne devant le Sultan. 8, Karagœz. 9, Babik ; longue journée de marche ; chemin difficile à travers une forêt. 10, halte. 11, Kawama. 12, Papaslü. 13, Tatludjek. 14, Sudgœli, c'est-à-dire le lac de lait ; chemin uni, courte étape. 15, Astrabaghu. 16, Baba Kassaba ; c'est là que reposé Sari Saltoukdedé. (Babathagi, voy. la Roumilie de Hadji Khalfa, p. 28 et 29.) 17, Sinan Tschelebi, qui avait été envoyé auprès du voïévode de Moldavie, revient et annonce que celui-ci refuse de se rendre à l'invitation du Sultan : le Padischa visite le tombeau de Sari Saltoukdedé. 18, les habitans de la ville sont emmenés en esclavage ; l'empereur [528] chasse sur les montagnes da Baba. 19, halte ; cependant la tente de l'empereur est transportée plus loin. 20, le village de Kataloui ; chemin uni ; peu d'eau ; la place où l'on dresse le camp est très-resserrée. 21, Isakdji Iskelesi ; on jette un pont sur le Danube, et l’année entre dans la Moldavie. 22, halte. ; Yahya-Pascha-Oghli de Semendra rejoint le camp. 23, diwan ; les begs de Roumilie sont admis au baise-main ; Khosrew-Pascha se rend dans la Roumilie ; le vizir Mohammed-Pascha reçoit l'ordre de commander l'armée jusqu'à l'arrivée de Roustem-Pascha, beglerbeg d'Anatolie, et l'ancien defterdar Haïder Tschelebi Isakdjidedé, est chargé de la défense du pont jeté sur le Danube. 24, les troupes d'Anatolie passent le pont. 25, on ploie la tente du Sultan. 26, il passe le pont. 27 (mardi, 1er rebioul-akhir) ; halte. 28, Mehwébaschi. 29, Kizilgosl. 30, halte. 31, l'armée passe le Pruth et campa à Falcsin.
Mois de septembre (rebioul-akhir).
1er, l'armée s'arrête sur les bords du Pruth. 2, 3, halte. 4, village de Sepan. 5, Deghirmenlu kœyi. 6, Boudan Gœli. 7, Kouri Eldji. 8, pont de Wizé. 9, Yassy ; arrivée du khan des Tatares. 10, Woiwoda binarî. 11, Fermous baghi. 12, Khirmenour kœyi. 13, on campe auprès d'un vieux monastère. 14, Oroschen. 15, Suczawa, capitale de la Moldavie. Du 16 au 21, halte ; diwan ; la principauté de cette province est donnée au fils de l'ancien voïévode ; ordre de commencer la retraite. 22, on quitte Suczawa et l'armée vient camper à Yandoscha. 23, Agoschan. 24, Ispin. — C'est là que finît le Journal de Souleïman. Comme il n'arriva à Constantinople que dans les premiers jours du mois d'avril 1539, il y a dans ce journal une lacune de six mois.