Panorama de la vue d'Istanbul depuis la Tour de Galata publié sous forme d'un spectaculaire plan dépliant dans le Guide Joanne, 1886. Le texte, qui accompagne la carte, fut peu modifié dans les éditions suivantes.

“ La tour de Galata, qui se dresse sur une place irrégulière entourée de maisons disparates, demi-baraques, demi-masures, et dont le pied est encore encombré de ruines, formait autrefois le point culminant de l'enceinte fortifiée élevée par les Génois autour de Galata au xive s. L'ancienne tour du Christ, déjà restaurée par Sélim II, incendiée, puis reconstruite par Mahmoud II, a seule été conservée, lors de la démolition de l'enceinte, pour servir de poste d'observation aux pompiers chargés de signaler les incendies.

C'est une construction massive haute d'une quarantaine de mètres, et en tenant compte de l'élévation du plateau où elle est construite, dominant la mer à son sommet de près de 150 mètres. Sans autres ouvertures que des meurtrières dans sa partie inférieure, elle est aux deux tiers de sa hauteur percée de deux rangées superposées de fenêtres sur tout son pourtour ; 6 grandes à la rangée inférieure et 12 plus petites au-dessus ; chacune de ces rangées correspond à un étage intérieur. La plus haute rangée est couronnée d'une épaisse corniche qui supporte les arcades d'une rangée circulaire de 14 grandes fenêtres en plein cintre éclairant un étage de 4 mètres. de haut. Celui-ci supporte un second étage en retraite, percé également de 14 fenêtres plus petites, cet étage n'ayant guère que 5 mètres. De hauteur. Enfin, le tout est couronné de 2 petits pavillons en bois de forme hexagonale superposés l'un à l'autre en ordre décroissant, en manière de pigeonnier. — Un perron extérieur d'une dizaine de marches conduit à une ouverture pratiquée dans la face méridionale à quelques mètres au-dessus du sol de la place. Un étroit couloir, percé au travers du mur, conduit à l'intérieur de la tour qui présente l'apparence d'un immense cylindre vide. Cinq paliers de charpente dont chacun n'atteint pas le tiers de la section circulaire de la tour, y sont suspendus les uns au-dessus des autres, le reste de l'espace restant absolument vide. La cage de l'escalier s'ouvre à droite de l'entrée dans l'épaisseur même du mur. Mais les spires de l'escalier, au lieu de contourner complètement toute la circonférence de la tour, n'en décrivent environ que le tiers ; de telle sorte que pour passer de l'une des portions de spire à l'autre, il faut traverser l'intérieur de la tour sur l'un des paliers de charpente dont nous venons de parler. Si l'un d'eux venait à manquer, toute communication entre le haut et le bas de la tour serait absolument interrompue. On s'élève ainsi, par 90 marches de pierre partagées entre 5 paliers, jusqu'à un premier étage à partir duquel on continue à monter par un escalier de bois, divisé en 5 paliers, pour atteindre, à la 141e marche à partir du bas, la grande salle de garde des pompiers. Un plancher exhaussé en fait tout le tour ; au centre, à côté du fourneau sur lequel les pompiers font chauffer le café qu'ils offrent aux visiteurs, on voit un vieux mouvement d'horlogerie sans cadran, relié par des cordes au battant d'une cloche, une relique de Ste-Sophie, suspendue à l'étage supérieur. On y parvient par un petit escalier de bois en colimaçon, qui s'élève au milieu de la salle, et haut d'une quarantaine de marches. Cet étage entièrement vide n'a d'intérêt que par la galerie extérieure qui l'entoure et qui est défendue du vide par une balustrade de fer scellée dans des piliers de pierre surmontés de boules. Au centre, un escalier en spirale de 21 marches conduit au pigeonnier ; mais les gardiens n'y laissent pas monter. Du reste, on est, à cette hauteur, fort éventé, et on est mieux placé dans la grande salle de garde pour contempler à son aise le panorama de Constantinople. C'est, comme nous l'avons dit, une grande salle ronde éclairée par quatorze grandes fenêtres, dont un plancher circulaire plus élevé que celui du reste de la salle, en forme d'anneau, fait tout le tour. Les gardiens ont placé dans les embrasures de chaque fenêtre des tabourets, de sorte que l'on peut s'installer commodément dans chacune d'elles pour savourer à son aise l'admirable tableau qu'elle encadre. Pour fixer les idées, nous nous placerons successivement dans chacune d'elles, à partir de celle qui se trouve immédiatement au-dessus de la bouche de l'escalier, et en tournant ensuite de gauche à droite, c'est-à-dire dans le sens des aiguilles d'une montre. 

 

lre fenêtre. — Direction N.-O. — Par-dessus les maisons du versant occidental de Galata qui occupent le premier plan, on aperçoit, en face, de soi, au fond de l'anse de Kassim-Pacha, le charmant palais de l’Amirauté (ministère de la Marine ou Divan-Hané, qui reflète dans les eaux de la Corne d'Or les légères colonnettes et les délicates arcatures de sa façade. A la suite, vers la gauche, le long du rivage qui décrit une courbe ouverte au S.-E., se développent les ateliers, les chantiers et les magasins de l'Arsenal maritime de Ters-Hané, au- devant desquels sont mouillés les navires de tous rangs qui composent la flotte de guerre de l'empire ottoman. A la droite et au-dessus du Divan-Hané s'élève une belle construction à laquelle on parvient par une rampe bien établie ; la porte de ce bâtiment est surmontée d'une élégante tourelle carrée à deux étages. C'est l'ancienne école de la marine, qui sert aujourd'hui d'hôpital maritime (en turc, Hasta-Hané). Précisément dans la direction de la pointe qui orne le toit de cette tourelle et par-dessus les grands arbres qui forment l'arrière-plan, on voit disparaître les eaux de la Corne d'Or dans un pli de terrain qui se prolonge vers la droite. Mais à ce même endroit, et sur l'autre rive, apparaissent à mi flanc sur une ondulation de terrain qui s'abaisse graduellement vers la gauche, les arbres et les cyprès du cimetière d'Eyoub. L'œil peut découvrir, au milieu du feuillage qui cache le pied de la colline, le dôme et les deux minarets à deux balcons de la fameuse mosquée d'Eyoub. En suivant toujours dans le même sens cette rive de la Corne d'Or, on découvre au bord de l'eau les maisons et les jardins des faubourgs d'Eyoub [Eyüp] et l'Ortakdjilar, dont le minaret et la mosquée de Sali Mahmoud-Pacha, qui les dominent, marquent à peu près le centre. Au-devant de celle-ci, on voit, par-dessus les toits des chantiers construits à la pointe de l’Arsenal de Ters-Hané, une longue pointe de terre qui s'allonge au milieu de la Corne d'Or : c'est le quartier d'Eïvai-Séraï, l'ancien quartier byzantin des Blaquernes. Derrière cette pointe, au fond de l'anse qu'elle forme avec le rivage d'Eyoub, on peut distinguer les grands bâtiments de la manufacture de fez de Defterdar-Iskélessi, et dans la même direction, mais dans le lointain, tout à fait sur la crête qui ferme l'horizon, les immenses constructions de la caserne de Ramiz-Tchiftlik se profilent sur le ciel. 

2° fenêtre. — Direction N.-N.-O. — Au premier plan, une grande rue, large, bien alignée, reconstruite, il y a quelques années, à la suite d'incendies qui avaient fait place nette, descend vers un grand rideau de cyprès gigantesques dont la sombre verdure forme lé second plan. C'est la rue Bouyouk-Hendek [Büyük Hendek Caddesi], qui part du pied même de la tour de Galata pour aboutir à la place Karakol, à proximité de l'Hôtel municipal de Péra et de Galata. Les cyprès ombragent le Koutchouk-Mezaristan [Küçük Mezaristan], ou Petits Champs des Morts, ancien cimetière turc, aujourd'hui abandonné et déjà morcelé par le tracé des nouvelles rues. Au troisième plan, formé par le fond du vallon de Kassim-Pacha [Kasımpaşa], la jolie mosquée de la Marine élève au-dessus des cyprès sa blanche coupole et ses deux élégants minarets ornés de gracieux balcons en lanterne. Au quatrième plan, sur l'autre versant du vallon, se déploie en amphithéâtre le grand village suburbain de Kassim-Pacha. La crête de la colline qui va en s'abaissant doucement jusqu'à la pointe de l’arsenal de Ters-Hané, porte le cimetière turc ou Mézarlik de ce quartier, tout ombragé de cyprès, au milieu desquels se détache, tout à fait au sommet, comme un arbre blanc, le minaret d'un Tekké. Au delà de la crête, à droite et à gauche des cyprès qui l'entourent, se dessinent les molles ondulations du grand plateau désert et dénudé de l’Ok-Meïdan, qui porte sur sa déclivité le village de Haskeui dont on n'aperçoit, tout à fait à gauche, que la partie supérieure. Au delà, sur une hauteur un peu plus élevée, apparaissent comme lui faisant suite les maisons des gros bourgs de Khalidjé-Oglou et de Sudludjé, arrêtées sur la droite par le cimetière juif, dont on peut apercevoir vaguement les pierres blanches briller au soleil dans les intervalles des cyprès. C'est derrière ce dernier pli de terrain que se creuse la vallée devenue célèbre sous le nom de Vallée des Eaux-Douces d'Europe. Il est naturellement Impossible de l'apercevoir de la tour de Galata. Mais c'est la crête sèche et nue du versant opposé de ce vallon qui ferme l'horizon de ce côté. 

3° fenêtre. — Direction N. — Au premier plan, au milieu des maisons de Péra, s'élève la haute cheminée carrée de la machine du chemin de fer souterrain (tunnel). Au delà et par-dessus les toits des maisons, on peut voir à droite, étagées sur la pente opposée du vallon de Tatavola, les constructions du quartier de St-Dimitri, que domine l'église grecque du même nom, placée dans sa partie la plus élevée. Enfin, tout à fait au loin, sur la gauche, apparaissent au milieu des arbres qui font verdoyer un petit vallon resserré entre la colline de Kassim-Pacha et les pentes de l’Ok-Meïdan, la mosquée et le minaret de Piali-Pacha.

4e fenêtre. — Direction N.-N.-E. — Au bas de la tour, au premier plan, parait la grande rue de Péra montant en obliquant vers la gauche, et, sur la droite, le vieux minaret ruiné que nous y avons déjà pris pour point de repère. Au-dessus des maisons du premier plan se montrent les grands arbres du jardin du Tekké de la rue de Péra. Puis, immédiatement sur leur droite, se présente, vu de biais, l'hôtel de la Légation de Suède, et encore un peu plus à droite, le palais de l'Ambassade de Russie, qui dérobe au regard ceux de la Légation de Hollande et de l'Ambassade de France placés immédiatement derrière, le premier à la même hauteur, mais le second beaucoup plus bas. A droite et au-dessous du palais de Russie se trouve le palais de l'Ambassade d'Autriche, noyé au milieu d'un pâté de maisons qui empêchent de le distinguer, au fond d'un premier vallon creusé au flanc oriental de la colline de Péra, celui de Yèni-Tcharchi [Yeni Çarşı]. Au-delà des palais des ambassades, et sur la droite, apparaissent les arbres des cours et les grands bâtiments du lycée impérial ottoman de Galata-Séraï [Galatasaray], construit sur une grande plateforme, au sommet d'un pli de terrain compris entre le vallon de Yéni-Tcharchi que nous venons de nommer et celui de Top-Hané. Au-dessus de ce monument, et tout à fait dans le lointain, apparaissent les maisons des faubourgs de Pancaldi et de Chichli [Şişli]. Enfin, tout à fait à gauche, on peut distinguer au-dessus des toits des maisons le mât de pavillon planté sur le palais de l'Ambassade d'Angleterre, à peu près à la même distance que Galata-Séraï ; et tout au loin, sur un petit sommet qui se détache à l'horizon, dans la même direction, les maisons du petit village de Féri-Keuï [Feriköy]. 

5° fenêtre. -— Direction N.-E. — Au premier plan, en face, l'église protestante anglaise Mémorial ou Christ Church, de style gothique bâtard, se détache au milieu des maisons du quartier de Yéni-Tcharchi qui occupe le premier vallon. Au delà, sur la droite, une grande maison qui domine de toute la hauteur de ses trois étages toutes celles qui l'environnent, et qui est construite entre le premier et le deuxième vallon, indique l'emplacement du quartier de Top-Hané. Plus loin encore, sur le pli de terrain qui s'élève de l'autre côté du second vallon, se pressent les maisons du quartier de Fondoukli [Fındıklı ]. Dans la direction de l'église anglaise, sur les hauteurs de Fondoukli, se dresse la grande construction jaune de l'hôpital allemand, et dans le lointain, sur sa droite, apparaît le palais lourd et massif comme une caserne de l'Ambassade d'Allemagne. A sa droite, dans le lointain, au-dessus des maisons de Fondoukli qui ne permettent pas d'apercevoir les collines de Dolma-Bagtché [Dolmanbahçe]ni de Béchik-Tach [Beşiktaş], on distingue le sommet boisé et parsemé de villas des hauteurs d'Orta-Keui, dominées par la crête des montagnes de la rive d'Asie qui ferme l'horizon. A gauche de l'hôpital allemand paraissent, dans l'intervalle des constructions, les cyprès du Bouyouk-Mézaristan ou Grands Champs des Morts, qui cachent au regard l'arsenal de Nichan-Tach et le palais de Yildiz-Kiosk [Yıldız köşk], résidence actuelle du Sultan. Enfin, tout à fait à gauche, les tourelles et les coupoles de la grande église grecque de la Ste-Trinité, s'élèvent par-dessus les toits des maisons au-devant de la grande caserne d'artillerie du Taxim [Taksim] qu'elles empêchent d'apercevoir.

6e fenêtre. — Direction E.-N.-E. — On a devant soi les parties basses des quartiers de Yéni-Tcharchi, Top-Hané et Fondoukli, au delà desquels apparaît le Bosphore. Au premier plan, on découvre tout d'abord une grande construction rectangulaire, dont le toit, formé d'une longue rangée de petites coupoles couvertes en plomb, attire facilement l'attention ; au bout s'élève un petit minaret : c'est la mosquée des casernes de Top-Hané. A sa droite on aperçoit l'étage supérieur d'une maison assez élégante, où siège le Comité d'artillerie ; elle fait le coin de la rue Yéni-Tcharchi et de la grande rue de Top-Hané. Immédiatement derrière s'élèvent les deux grands minarets à deux balcons et la grande mosquée de Top-Hané, généralement désignée sous le nom de Mahmoudié, construction aux allures prétentieuses mais de goût douteux, style Empire, élevée par Mahmoud II. Derrière elle on aperçoit les vastes ateliers de l'artillerie et de la fonderie de canons de Top-Hané. Au-devant s'ouvre une large esplanade couverte de caissons et d'affûts de canons, bordée sur la rue de Top-Hané par une grille près de laquelle on aperçoit, précisément au- devant de la mosquée, le joli petit pavillon du Sultan. En suivant la grille vers la droite, le regard tombe sur un petit bâtiment carré qui se présente de biais ; c'est la fameuse fontaine de Top-Hané. Enfin, sur la droite on aperçoit, au-dessus des toits, la partie supérieure de la tour de l'Horloge de Top-Hané, gracieuse petite tourelle carrée, toute blanche, surmontée d'un mât de pavillon, qui se dresse au milieu de l'esplanade de la fonderie. Un peu sur la droite, et en avant, s'élèvent un minaret à un balcon et une coupole surbaissée entourée de plusieurs autres plus basses et plus petites ; c'est là que se trouve la vieille mosquée de Kilich-ali-Pacha. Enfin signalons à gauche, entre la mosquée des casernes et la grande maison à trois étages dont nous avons déjà parlé, un petit minaret qui passerait facilement inaperçu, car il n'a rien de remarquable ; il indique la mosquée de Djehanghir, élevée en 1535 par Suleïman Ier à la mémoire de son fils mort à Alep. Au delà du Bosphore, on découvre toute la côte d'Asie depuis Vani-Keui [Vaniköy], où s'élève la caserne de cavalerie, grand bâtiment jaune sans caractère, en passant par Djenghel-Keuï [Çengelköy], jusqu'à Beyler-bey où se trouve le beau palais de marbre des sultans, que l'œil découvre facilement grâce à sa blancheur éclatante et aux deux minarets de la mosquée qui s'élèvent à sa gauche, précisément dans la direction de la mosquée des casernes de Top-Hané. Puis le regard reconnaît encore, en suivant vers la droite, les maisons des villages d'Istavros et de Kouskoundjouk [Kuskuncuk] qui le conduisent jusqu'aux approches de Scutari. 

7° fenêtre.— Direction E.-S.-E. — Au premier plan, on voit les premières maisons des bas quartiers de Galata. Au delà, le Bosphore et les grands navires à vapeur qui y sont ancrés. En face, sur la côte d'Asie, apparaît Scutari [Üsküdar] étendu sur les pentes douces du Mont Boulgourlou [Bulgurlu] qui le domine à gauche. Sur la rive paraissent d'abord à gauche, les deux minarets à un balcon et la coupole de la Bouyouk-Djami [Büyül Camii] ; puis, en suivant à droite, au milieu de minarets plus petits, les deux grands minarets à deux balcons et la coupole de la Yéni-Djami [Yeni Camii] ; plus loin, à droite, sur la grande pointe de Scutari, la petite mosquée d'Ayasma se détache toute blanche sur la verdure qui l'entoure. À droite encore, à mi-hauteur, on aperçoit au milieu des arbres les deux grands minarets de Eski-Validé-Djami [Eski valide camii], en avant de laquelle surnage sur les eaux du Bosphore la petite tour blanche et carrée de Léandre [Kizkulesi]. Enfin, tout à fait sur la droite au-dessus des maisons qui couronnent une côte escarpée en forme de falaise, la sombre verdure des cyprès du Bouyouk-Mezaristan ou grand cimetière turc de Scutari, apparaît comme une grande tache noire sur la teinte bleuâtre des grandes montagnes de Bithynie qui ferment l'horizon. 

8° fenêtre. — Direction S.-E. — Au premier plan, suite des maisons des bas quartiers de Galata, au milieu desquelles on peut remarquer la vieille tourelle carrée qui s'élève de deux étages sur le toit plat de l'église grecque de Ste-Marie de Kaffa. Le grand port animé par un mouvement perpétuel de bateaux, de barques et de Caïques, puis le Bosphore. Sur la côte d'Asie, en face, s'élève la Sélimié, grande mosquée précédée de deux minarets, et immédiatement à sa droite s'étend l'immense caserne de la Sélimié, bâtiment jaune flanqué aux quatre coins de disgracieuses tourelles carrées. Après un grand espace découvert, esplanade militaire réservée à la droite de la caserne, on peut distinguer les constructions de l'hôpital militaire précédées d'une pyramide que les Anglais ont élevée à la mémoire de leurs-soldats morts pendant la guerre de Crimée ; enfin, tout à fait à droite, apparaît le riant village de Kadi-Keui [Kadiköy], l'ancienne Chalcédoine. 

9° fenêtre.— Direction S.-S.-E.— Au premier plan, au pied des maisons de Galata près de la mer, on aperçoit le dôme d'une petite mosquée flanquée de deux minarets dont l'un est orné d'un balcon en lanterne : c'est la Kermankech-Djami [Kemankeş camii]. A gauche, on distingue une grande bâtisse carrée surmontée d'un mât de pavillon : c'est la grande douane de Galata. A droite de la mosquée se trouve une autre maison plus petite sur laquelle flotte également un pavillon : c'est la Santé. Au delà, l'embouchure de la Corne d'Or et, de l'autre côté, la Pointe du Séraï [Sarayburnu]. A son extrémité et au bord du quai, on remarque un joli pavillon allongé qui sert aujourd'hui de magasin ; puis, à la suite, en revenant vers la droite, les restes démantelés des anciens murs où s'ouvre la porte à Odoun-Kapou [Odun Kapı], et des anciennes tours, sur lesquels s'appuient de misérables hangars, anciennes remises des calques impériaux ou Caïque-Hané, au bout desquels on remarque les bâtiments élevés du Sebeldjilar-Kiosk. Enfin à la suite on aperçoit les wagons et les ateliers du chemin de fer d'Andrinople. Immédiatement au-dessus de celte première ligne de constructions riveraines, apparaissent les grands bâtiments jaunes de l'hôpital militaire ; tout à fait au sommet de la colline, au milieu du feuillage des platanes et des cyprès, se montrent les bâtiments du Séraï. Ce que l'on y aperçoit tout d'abord, c'est une tour carrée, surmontée d'un toit pointu, qui semble être plutôt le clocher d'une église de village que le belvédère d'un palais musulman ; elle est construite au- dessus de la grande salle du trône. Sur la terrasse qui s'avance du côté de la pointe du Séraï on aperçoit le Kiosque de Bagdad tout entouré d'une galerie vitrée, et au milieu des arbres du jardin qui s'étend au-devant, la Colonne de Théodore. Puis, redescendant au pied de la colline, à droite, au delà de la ligne du chemin de fer, le régnai rencontre la porte de Yali-kiosk, à partir de laquelle commence la ligne ininterrompue des murailles crénelées, flanquées de tours carrées, qui entourent le Séraï du côté de la terre. Dans la direction de cette porte et à mi-hauteur, on distingue au travers des arbres le Tchinili-Kiosque [Çinili Köşk], où l'on a installé récemment le Musée des antiquités. Au delà de la colline du Séraï, la première colline de Stamboul, s'étend la mer de Marmara, où le Bosphore vient déboucher à gauche entre la pointe du Séraï et celle de Kadikeuï que l'on aperçoit de l'autre côté ; elle semble prolongée par celle de Féner Bagtché [Fenerbahçe], située par derrière et terminée par un phare blanc que l'on distingue aisément. Au delà, enfin, la pointe de Kartal et les îles des Princes avec Prinkipo sur la gauche se dressent au milieu de la mer de Marmara, au-devant des montagnes de Bithynie qui forment le fond du tableau. 

10° fenêtre.— Direction S. — Au pied de la tour, au milieu des maisons de Galata, on aperçoit deux ou trois tours carrées, transformées elles- mêmes en habitations, restes de l'ancienne enceinte de la ville génoise. Tout en bas, apparaît la place de Kara-Keuï où vient s'amorcer le grand pont de la Validé, qui traverse la Corne d'Or encombrée de navires. Sur la rive opposée le regard embrasse le reste de la première colline, le premier vallon et la seconde colline de Stamboul. Sur la crête de la lro colline en allant de gauche à droite apparaissent au-dessus des cyprès des jardins du Séraï les bâtiments de la Monnaie, surmontés d'une multitude de cheminées, Ste-Irène, la masse imposante de Ste-Sophie entourée de ses quatre minarets et derrière laquelle se montre une partie du grand bâtiment affecté aux services du Ministère de la Justice, et la mosquée d'Ahmed accompagnée de six minarets. Le 1er vallon offre aux regards, en parlant de la Corne d'Or et en moulant de gauche à or., sur lu rive, h gare du chemin de fer d'Andrinople, derrière les murs de Séraï, puis, au-dessous de la mosquée d'Ahmed, les grands bâtiments jaunes de la Sublime Porte, ornés d'une colonnade centrale, et enfin, tout en haut du vallon, une grande maison affectée aux services du zaptié ou Ministère de la Police. La 2° colline porte sur sa crête, en allant toujours de gauche àdr., la Colonne de porphyre de Constantin ou Colonne brûlée (Djemberli-Tach) [Çemberlitaş], qui s'élève comme une grande cheminée au-dessus des sombres bâtiments couronnés d'une multitude de petites coupoles du Vizir-Han, la petite mosquée d'Atik-Ali-Pacha, et immédiatement à sa droite celle de Nouri-Osmanié, qu'accompagnent deux minarets à deux balcons. Au pied de cette colline, on découvre sur la rive de la Corne d'Or la place de Balouk-bazar, où vient aboutir le Grand-Pont et sur laquelle s'élève précisément au-dessous de la Nouri-Osmanié [Nuri Osmaniye], la Yeni-Validè-Djami [Yeni valide camii], grande mosquée qui semble être une pyramide de coupoles et de demi- coupoles entassées les unes sur les autres et qui est ornée de deux minarets à trois balcons. Au delà on découvre la mer de Marmara, où sont comme égarées le deux petites îles de Platia et d'Oxia, et tout au fond les montagnes de Bithynie. 

11° fenêtre. — Direction S.-S.-O. — Au premier plan, les maisons de Galata ; au second, la partie de la Corne cl'Or comprise entre les deux ponts et qui sert de petit port de commerce. Sur l'autre rive, le regard embrasse le deuxième vallon et une partie de la troisième colline de Stamboul. Le vallon contient, en montant à partir de la Yéni-Validé-Djami et tout à côté d'elle sur la d’une grande enceinte allongée couverte d'une multitude de petites coupoles : c'est le Missir-Tcharchi [Mısır Çarşısı], bazar égyptien ou bazar des drogues ; au-dessus, un grand bâtiment dont on aperçoit l'une des faces percée de plusieurs rangées de meurtrières et surmontée d'une forêt de tuyaux de cheminée : c'est le Validé-Han. À sa droite une construction massive aux murs noirs, et couronnée de petites coupoles que l'on voit s'étendre vers la gauche jusqu'à la Nouri-Osmanié, se présente au regard par l'un de ses angles : c'est le Bezesten ou Grand Bazar. La crête de la 5° colline porte, en commençant au-dessus du Bédesten et en allant de gauche à droite, la mosquée de Bajazid, précédée de deux minarets ; puis ensuite, sur un plateau qui s'avance vers la Corne d'Or, l'esplanade soutenue par de grands murs en bon état, la Tour et les bâtiments (bureaux et casernes) du Séraskiérat ou Ministère de la Guerre. Enfin, au pied de la colline, au-dessous de la tour du Séraskiérat, au milieu des maisons du quartier de Tata-Kalé qui bordent la Corne d'Or, on distingue l'unique minaret et la masse grise presque noire de la mosquée de Roustem-Pacha [Rüstem Paşa camii]. 

12° fenêtre. — Direction S.-O. — On aperçoit, au delà des maisons de Galata, la suite du petit port de commerce dans la partie moyenne de la Corne d'Or. Sur l'autre rive, la vue embrasse un panorama très étendu : la fin de la 5° colline, presque tout le 3° vallon et une partie de la septième colline. Sur la crête, en allant de gauche à droite à partir du Séraskiérat, la Suleimanié [Suleymaniye], la plus élégante mosquée de Constantinople, accompagnée de quatre minarets ; deux d'entre eux sont ornés de trois balcons ; les deux autres n'en ont que deux. A sa droite, la mosquée de Shah-Zadé, flanquée d'un seul minaret à deux balcons. Au- dessous de la Suleimanié, à gauche, le regard distingue un bâtiment couvert d'une quantité de petites coupoles : c'est le Ders-hané ou Maison d'examens ; à droite, sous les deux premiers minarets de droite, une série de maisons construites sur des terrasses soutenues par de grands murs sert de résidence au Cheik-ul-Islam. A la droite de la mosquée de Shah-Zadé, on aperçoit, tout à fait dans le lointain, les tours de Yédi-Koulé [Yedikule] ou château des Sept- Tours, situé au pied de la 7e colline sur la mer de Marmara qui forme l'arrière-plan. A droite de celles-ci, et sur la crête de la 7° colline, apparaissent au loin la coupole percée de fenêtres et le minaret de Daoud-Pacha-Djami. A droite encore, au sommet de la dépression du troisième vallon, se dressent les grandes arcades et les sombres piliers du Bosdogan kemer ou Aqueduc de Valons ; tout en bas enfin, à droite, sur la rive de la Corne d'Or, s'élèvent les cheminées de la Manutention militaire. 

13° fenêtre. — Direction O.-S.-O. — On voit au premier plan, au milieu des maisons du bas quartier de Galata, la tour carrée coiffée d'un toit conique pointu d'Arab-Djami [Arap camii] ; au delà, la partie supérieure du petit port de commerce de la Corne d'Or, limitée par le Vieux Pont qui le sépare du port militaire. Sur la rive opposée on découvre la quatrième colline qui dérobe au regard la seconde moitié de la septième. Sur la crête apparaît toute seule la grande mosquée de Sultan Mehmed, entourée de turbés monumentaux dont on distingue nettement les dômes, et de deux hauts minarets. 

14° fenêtre. — Direction O.-N.-O. — Au premier plan, à l'extrémité la plus occidentale du quartier de Galata où l'on aperçoit encore, au milieu des maisons, des vestiges de l'ancienne enceinte, se dresse tout seul le minaret de la mosquée d'Azab-Kapou [Azap Kapı] à la tête du Vieux Pont ; et l'œil embrasse sur l'autre rive, au delà de la Corne d'Or, le quatrième vallon, la cinquième colline, le cinquième vallon et la sixième colline. Sur le flanc du quatrième vallon s'élève une grande maison qui sert d'école militaire. Le sommet de la cinquième colline porte la Sélimié [Selimiye], mosquée à deux minarets. Au pied, presque immédiatement au-dessous, très près du rivage de la Corne d'Or, on distingue la mosquée des Roses, Gül-Djami [Gül camii], récemment restaurée ; et à droite, sur la pointe qui s'avance dans la Corne d'Or, une grande construction rouge : la nouvelle école du Patriarcat, et le quartier du Fanar. Le cinquième vallon contient, sur la rive delà Corne d'Or, le quartier juif de Balata. Enfin, la sixième colline porte à son sommet la grande mosquée de Mirima ou de la porte d'Andrinople, que l'on aperçoit au loin entre la Sélimié et le Fanar, et sur sa crête qui va en s'a baissant à droite vers le quartier d'Eïvan Serai où elle se termine, les murs de Constantinople que l'on distingue très bien et les ruines de l'ancien palais de l'Hebdomon ou de Bélisaire, désigné par les Turcs sous le nom de Tekfour-Séraï [Tekfur Sarayı]. ”

 

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