Bournabat, en Turc Bornova, est une ville qui appartient au district (Il) d'Izmir. Son nom byzantin était Pernavitis. En voici une carte postale colorisée de la fin du XIXe siècle, époque à laquelle nombre de levantins (occidentaux installés dans l'empire ottoman) y habitaient.
C'est maintenant une ville moderne d'environ 450 000 habitants dont l'aspect a bien changé depuis que cette carte postale a été publiée.
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Nous reproduisons ci-dessous un extrait du texte, "Promenade à Bournabat", que Jean-François Michaud consacra à cette ville après l'avoir visitée le 1er juillet 1830.
Joseph-François Michaud, Jean-Joseph-François Poujoulat, Correspondance d'Orient (1830-1831), Bruxelles, 1841
"Nous sommes allés hier à Bournabat village situé au nord est de Smyrne à deux heures de distance. On y va également par terre ou bien dans un bateau qui vous conduit au fond de la rade à trois quarts d'heure du village. En prenant le chemin de terre, on marche d'abord entre les jardins de Smyrne et les rivages de la mer ; puis, après avoir dépassé le golfe, vous trouvez des ânes qui vous portent jusqu'à Bournaba ; la route est bien tracée et vous vous croiriez sur un chemin d'Europe ; vous avez à droite et à gauche des tamarics ou de longs roseaux blanchis par la poussière du chemin, des oliviers, des figuiers et des noyers dont l'ombre rare ne vous garantit que faiblement des feux du soleil. La campagne de Bournabat nous a paru assez riante malgré les ardeurs de la saison ; nous nous étonnions que les vergers et les jardins eussent conservé les couleurs du printemps au milieu de ces torrens de flammes qui tombaient autour de nous. La petite rivière qui arrose le territoire de Bournabat ne suffit pas pour y entretenir la fraîcheur ; il n'y a là de verdure que sur les arbres et la terre est sèche et brûlée. La petite cité de Bournabat s'élève au penchant d'une colline ayant derrière elle les hautes montagnes qui dominent les plaines de l'Hermus. Les maisons sont construites avec une certaine élégance ; on remarque dans les rues et sur les places un air d'aisance et de propreté qu'il est rare de rencontrer dans les villages et les cités d'Orient. La population de Bournabat qui est ordinairement de trois ou quatre mille habitans est presque doublée depuis le mois de mars jusqu' au mois de novembre ; les mœurs de cette population n'offrent aucun caractère particulier ; ce sont les moeurs de Smyrne, c'est une portion de la caravane dont je vous parlais tout à l'heure qui est venue camper à Bournabat.
[...]
Nous avons été plus heureux à Bournabat que nous ne l'avions été à Athènes car nous y avons trouvé un restaurateur qui ne serait pas dédaigné même à Paris. Son hôtel est presque élégant ; la porte en est ornée par des jasmins au doux parfum des orangers ; des citronniers et des grenadiers croissent dans la cour répandant partout de l'ombre et de la fraîcheur. Bournabat n'a point d'antiquités si ce n'est la rivière qui coule auprès du village et qu'on appelle aussi le Mélès. Il y a quelques années qu'on trouva dans une vieille mosquée de Bournabat une colonne de marbre avec une inscription grecque qui avait été emportée des bains de Diane ; voici le sens de cette inscription : "Maintenant que la peste et tous fléaux ont cessé je rends grâce au dieu Mélès qui a été mon sauveur." L'antiquité, qui célébra beaucoup le Mélès et qui en est un dieu nous eût rendu à nous et au Mélès lui-même un plus grand service si elle avait pris soin de nous indiquer la source du fleuve son cours et son embouchure. Le Mélès jouirait encore de sa gloire et nous n'aurions point perdu ses traces. Les anciennes traditions ayant placé ce fleuve sous les murailles de Smyrne et cette ville ayant été bâtie et rebâtie en plusieurs lieux différens, on a toujours donné le nom de Mélès aux rivières qui coulaient près de la cité ; le véritable Mélès a disparu pour nous au milieu de ces déplacemens ; ainsi la source du Mélès est devenue un mystère comme le berceau d'Homère le fleuve et le poète ont eu un même destin."