Jean-Daniel Kieffer (1787-1833) fut un fin connaisseur de la langue turque. Il n'a pas laissé beaucoup d'écrits, mais ses deux grandes contributions sont le dictionnaire turc-français et une traduction de l'Ancien et du Nouveau Testament en Turc.
Jean-Daniel Kieffer naît à Strasbourg le 4 mai 1787. Il y étudie sous la direction de professeurs célèbres. Il envisage de se tourner vers la religion, mais il est attiré par les langues et la littérature orientales.
Il passe quelques années à Paris où son futur beau-père M. Rosenstiel le fait nommer le 23 novembre 1794 au secrétariat de la commission des relations extérieures comme traducteur d'allemand.
En janvier 1795, il présente à la commission un projet pour la formation d'une collection des actes politiques de la France avec les puissances étrangères et des puissance étrangères entre elles.
Le 3 mars 1796, il est nommé second secrétaire interprète de l'ambassade de France près la Porte ottomane et part avec le nouvel ambassadeur, Aubert-Dumayet.
Après l'invasion de l'Egypte par Bonaparte, il est emprisonné avec Ruffin, le chargé d'affaires, au château des Sept-Tours à Istanbul où ils restent trois ans. Les deux hommes se lient d'amitié et Kieffer, aidé aussi par Dantan, l'un des interprètes de l'ambassade, approfondit ses connaissances de la langue turque et apprend l'arabe et le persan.
Ils sont libérés le 25 août 1801. Kieffer fait partie de la légation française en 1802 et 1803, il seconde Ruffin dans ses négociations avec le Porte en vue de revenir à la situation d'avant l'invasion de l'Egypte.
En juillet 1803, Kieffer accompagne Saïd Halet Effendi , le premier ambassadeur ottoman à Paris.
En février 1804, il est nommé secrétaire interprète au Ministère des affaire étrangères, et, peu de temps après, suppléant de Ruffin dans la chaire de turc au collège de France.
De 1805 à 1807, il est, avec son collègue Pusich, chargé de traduire en turc et de surveiller l'impression des bulletins de la Grande Armée (Tarih-i iseviyenin bin sekiz yüz altı ve yedi senesi yani tarih-i hicrinin bin iki yüz yirmi bir ve iki senesinde Françe ve müttefikleri ile Prusya ve müttefikleri beyinlerinde vakı olan cenk ve sefere dair havâdisnâmelerin tercümesidir, 2 tomes de 328 et 259 pages à la BnF de Paris).
En 1811, le ministère des relations extérieures s'intéresse au dictionnaire turc-français qu'il a commencé de composer avec Ruffin. Kieffer envoie des feuilles à Constantinople et Ruffin les corrige. Ces documents ont été retrouvés chez lui et sa veuve les publia avec l'aide de Bianchi, secrétaire interprète adjoint qui les enrichit (Dictionnaire turc-français..., Imprimerie royale, 1835-1837).
Le 22 janvier 1815, Kieffer est nommé chevalier de la Légion d'honneur. En 1818, il est promu titulaire de la chaire de Ruffin au collège de France.
Par ordonnance royale du 9 novembre 1819, il est nommé premier secrétaire interprète pour les langues orientales et chargé de la direction de l'école des élèves interprètes du gouvernement attaché au collège Louis-le-Grand.
Il perd, en 1829, la place de premier secrétaire interprète du roi pour les langues orientales.
Il passe dix ans à traduire la Bible et le Nouveau Testament en turc, la grande entreprise de sa vie.
En 1831, il est élu vice-président de la société asiatique.
Il meurt le 19 janvier 1833.