Damat Mehmet Ali Pasa (1813-1868), partisan de réformes, fut grand vizir pendant une courte période. Voici deux notices, celle du Vapereau(Dictionnaire universel des contemporains, 1858) et une autre plustardive et plus critique.

La notice du Vapereau a été entièrement rédigée à partir des"Confidences sur la Turquie". Elle comporte apparemment une erreur surla date de naissance et sur l'origine de la famille. Nous reproduisons aussi le passage de l'ouvrage d'Engelhardt sur les Tanzimat qui lui est consacré. Nous avons ajouté des commentaires entre [].

Mehemet-Ali pacha, homme d'Etat ottoman, ex-grand vizir, né vers 1807, à Trébizonde [Trabzon. Il est en fait né dans la région de Rize, près de la Mer noire], d'une famille originaire du Lazistan [?], vint de bonne heure à Constantinople pour s'y créer une position sa belle prestance le fit remarquer du sultan Mahmoud, qui, après la destruction des janissaires, recomposait sa maison militaire. Il fut é!evé dans le sérail avec les autres jeunes gens choisis par le prince, et reçut à dix neuf ans les premiers éléments d'une éducation qui resta toujours incomplète. Il passa de là sur la flotte, en qualité de cadet ou d'aspirant abord du vaisseau amiral, commandé par le capitan-pacha Ahmed-Papoudji, et rentra, en 1829, dans le sérail comme page du sultan. De cette époque date sa fortune qui eut un accroissement si rapide. Il devint successivement officier de la garde-robe (1830) ; chambellan (1832), et général de brigade (liva). Chargé en cette qualité, lors de la dernière guerre avec l'Egypte, d'une mission conciliatrice, la défaite de l'armée ottomane à Nezeh (juillet 1839), lui fit d'autres devoirs : il rallia les fuyards et il était parvenu à former, avec les débris de l'armée, un corps de réserve assez puissant pour inquiéter Ibrahim dans sa marche sur Constantinople. Il apprit à Kutahié la mort du sultan Mahmoud. Sa faveur continua sous le nouveau règne. Général de division en 1840, grand maître de l'artillerie en 1844 avec le grade de muchir (maréchal), il épousa, le 28 mars de l'année suivante, la plus jeune sœur d'Abdul-Medjid, Adilé-sultane, et reçut une dotation qui le plaça au nombre des plus riches particuliers de la Turquie. A partir de cette époque, Méhémet-Ali a occupé successivement les postes les plus élevés de l'empire : capitan-pacha, ministre de la guerre, enfin grand vizir (octobre 1852). La manière dont il résigna ses hautes fonctions, le 13 mai de l'année suivante, quelques jours avant que le prince Mentschikoff quittât Constantinople, témoigne d'une indépendance de caractère peu ordinaire chez un ministre ottoman. Rappelé quelques jours après au séraskiérat, ou ministère de la guerre. il se montra, dans les grands conseils qui furent tenus à cette époque, l'un des plus ardents partisans de la résistance. Dans toute sa carrière politique, il s'était fait remarquer par son opposition constante à la Russie; ce fut lui qui refusa, en 1849, aux risques d'une guerre que la Turquie eût été seule alors à soutenir, de livrer à l'Autriche et à la Russie les réfugiés hongrois et polonais.

Méhémet-Ali-pacha fut l'adversaire politique de Réchid. Cet antagonisme a donné naissance à plusieurs écrits [Mais qui a écrit ces textes ?], entre autres, Confidences sur la Turquie (1855), sous le pseudonyme de Destrilhes. Méhémet-Ali est présenté par des amis trop zélés comme la personnification la plus éclatante et la plus pure de la réforme, et ses adversaires le disent ignorant, fanatique, brutal. La vérité est sans doute entre ces deux extrêmes.
Le fils aîné de Mehémet-Ali, Ethem-pacha, général de brigade, a été fiancé, le 22 février 1854, à Refihe-sultane, fille cadette du sultan Abdul-Medjid.

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Éd. Engelhardt, La Turquie et le Tanzimat, ou Histoire des réformes dans l'Empire ottoman, depuis 1826 jusqu'à nos jours... Paris, A. Cotillon, 1882-1884
Ecarté de nouveau du pouvoir, Reschid [Rechid Pacha] laissa la direction des affaires à [Mehmet Emin] Ali-Pacha qui avait géré à différentes reprises le ministère des relations extérieures. Mais celui-ci ne tarda pas à disparaître à son tour, ne sachant se plier aux caprices du sultan, comme l'ex-grand vizir et n'ayant pas, comme lui, l'ardent souci du pouvoir. [Damat Mehmet Ali Pacha] Mehemet-Ali, le beau-frère d'Abdul-Medjid, le remplaça ; il était illettré et notoirement insuffisant. Cependant il réussit à apaiser quelque peu l'irritation publique et tant il est vrai que la réforme avait conquis les esprits sérieux et doués de quelque prévoyance, le successeur d'Ali-Pacha, tout en ménageant les apparences, continua, quant au fond, la politique libérale de ses devanciers.

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