Il ne faut pas parler d'ambiguïté, mais plutôt de tension, pour rendre compte des Dieux antiques. Il en va ainsi d'Athena, tout à la fois sortie à la lumière, déjà guerrière, du crâne de Zeus, mais aussi accompagnée de la chouette, oiseau nocturne, qui hélas, selon le mot de Hegel, ne se lève qu'au crépuscule

L'artifice de la mise en scène, à la fois par le choix délibéré de mettre côte à côte Minerve et Apollon, et par un puissant éclairage rasant, magnifie le velouté des figures de bronze.

Ce buste et cette statue se trouvent toutes deux exposées dans une des vitrines du riche Musée de Bursa. Datés du deuxième siècle après J.-C., ces vestiges proviennent du site ancien de Miletopolis, une trentaine de kilomètres à l'ouest de la ville.

On connaît le récit mythique selon lequel Zeus, cherchant à s'établir comme un dieu incontestable, par une ruse avale tout simplement, pour se débarasser d'elle, sa première compagne Métis, déjà enceinte d'Athena. Mais, peu après, notre héros est pris d'un mal de tête si violent qu'Héphaïstos, le forgeron, accepte d'enfoncer, avec son maillet, un coin sur le crâne du dieu trop glouton.

Alors, dans un cri terrible, jaillit du sommet de sa tête sa fille Athéna, déjà casquée et armée de sa lance.

Selon la tradition artistique, qui court tout au long de l'Antiquité, le casque en bronze chargé de protéger tout à la fois le crâne et la face, est rejeté en arrière, de manière à laisser apparaître, dans sa splendeur un peu mélancolique, le visage féminin encadré de ses cheveux bouclés.

De type corinthien, avec un « nasal » et de larges couvre-joues, le casque est des plus simples, ne portant ni cimier, ni décors gravés.

Mais, Minerve est aussi revêtue d'une sorte de cuirasse, dont on aperçoit les plaques de métal superposées, en forme d'écailles.

Dans les temps plus anciens la protection du corps, autrement dit l'armure ou encore l'égide [en grec αἰγίς -aigís- signifiant peau de chèvre], était faite d'une peau de chèvre tannée, et on peut supposer qu'Athénée portait celle de la chèvre Amalthée, animal qui, dit-on, fut jadis la nourrice de Zeus son père.

Ici, conformément au propos d'Homère, au chant V [vers 740] de l'Illiade, au milieu de l'armure « est la tête de la Gorgone, monstre terrible, formidable et merveilleux », tête tranchée, à la chevelure de serpents, dont le regard aveugle figé par la mort ne perd pourtant jamais ses pouvoirs de pétrifier quiconque s'y confronte.

Cependant, il est aussi au Musée de Bursa, une autre Minerve plus modeste. Simple relief de marbre, aux petites dimensions, également de période romaine.

Ici, sont seulement présents les attributs guerriers de la déeese : le bouclier tenu de la main gauche, la lance appuyée de la main droite sur le sol, et surtout le casque avec sa longue aigrette.

Pas de chouette posée à terre, pour suggérer une sagesse avisée ; pas de rameau d'olivier tout à la fois symbole de force et de paix.

JJB, 08-2017

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