A plus de 1400 mètres d'altitude, Sagalassos offre un site exceptionnel. Cette ville antique d'un accès peu aisé a été bien préservée, des fouilles et des restaurations lui redonnnent une partie de sa splendeur.
C'est le Français Paul Lucas qui redécouvrit le site au début du XVIIIe siècle. Nous reproduisons ci-dessous le récit de son excursion.
Extrait de Paul Lucas, Voyage fait en 1714, par ordre de Louis XIV, dans la Turquie, l'Asie, Sourie, Palestine, Haute & Basse Egypte, &c. 1719
Pour ne pas rendre inutile mon séjour dans cette Ville, je pris avec moi six hommes bien armez, pour aller visiter tous les environs ; on m'apprit qu'au-delà des Montagnes, qui sont à trois ou quatre lieuës de là, on trouvoit les ruines d'une ancienne Ville : je traversai ces Montagnes, qui sont extrêmement élevées, avec une peine infinie ; mais rien ne coute à la curiosité. En descendant on me fit tourner à main gauche, par des chemins fort difficiles ; & après une demi heure de marche, je me trouvai auprès des ruines qu'on m'avoit indiquées. Le premier coup d'oeil offre un spectacle si triste , qu'il tire les larmes des yeux. On voit d'abord dans la Montagne, une infinité de Niches taillées dans le roc, on aperçoit ensuite les vastes débris d'une Ville bâtie en amphitéâtre, dans le penchant de la Montagne, qui est une racine du Mont Taurus, & ces ruines s'étendent jusques dans la Plaine. Je jugeai que la Ville pouvoit bien avoir cinq ou six mille de tour. Apres avoir marché quelque-tems sur des monceaux de pierres & de marbre, j'aperçus un grand Temple dont les quatre murailles subsistent encore. On observe dans les frises quantité d'ornemens, parmi lesquels on remarque des enfans avec des ailes, qui tiennent à la main des couronnes &c des guirlandes de fleurs. Je comptai 52 édifices qui paroissent avoir été tres-beaux, & il est aisé de les distinguer des autres bâtimens, qui la plupart sont entiérement détruits ; ceux même qui sont encore sur pied font si ensevelis dans la terre , qu'on n'en voie plus que le comble & les voûtes, & le dedans est si rempli de décombres qu'on ne sçauroit y entrer.
Je ne doute nullement que cette Ville n'ait péri autrefois par un tremblement de terre et de la maniere dont elle paroit ensevelie, il faut que presque tous les habitans aient eu le même sort que leur Ville. Ce qui y reste de plus entier, est un grand amphitéâtre d'une extrême beauté & qui a plus de 150 pieds de diamètre.
On y compte 30 sièges, depuis le bas jusqu'aux galleries, & vingt des galleries jusqu'au plus haut étage. La loge où se mettoit le Prince, étoit bâtie de grosses pierres de taille & elle est encore bien conservée. Au-dessous des loges sont plusieurs petits apartemens qui servoient aparemment à enfermer les animaux qu'on faisoit combattre dans les spectacles. Je ne pus trouver parmi toutes ces ruines que quatre inscriptions qui sont même fort mutilées : je souhaite que les sçavans puissent en tirer quelque connoissance pour déterminer quelle fut autrefois cette Ville infortunée. Je soupçonnai d'abord que ce pouvoit être la ville de Laodicée, non pas celle de Pisidie qui étoit près du Fleuve Lycus, mais celle qui étoit dans le Royaume d'Aminthas, & qu'on surnommoit la Brûlée, parce qu'elle périt par des feux volcans qui sortirent de la Montagne, au pied de laquelle elle fut bâtie, avec de si grands tremblemens de terre , qu'elle fut entiérement renversée,comme on peut le voir dans les Historiens qui parlent de cet événement.
Mais comme cette Ville étoit à plus de dix lieues de l'endroit où j'étois alors, je revins bientôt de cette premiere idée. Comme je trouvai dans ces quartiers plusieurs Médailles de la Ville SAGALASSEÔN [en caractères grecs], je ne sçai si ce ne seroit point Sagalassus [Sagalassos], ville de Pisidie, avec laquelle les Lacédémoniens avoient fait alliance, comme il paroît par une Médaille raportée par M. Vaillant ; peut-être que c'étoìt Seleucie ou Antioche qui étoient voisines de Sagalassus ; mais je laisse aux sçavans à décider ce point de Géographie, si j'avois eu la commodité de prendre la juste position de ce lieu, l'affaire seroit décidée, car Strabon a marqué la situation de Sagalassus. Quoiqu'il en soit, on donne le nom de Bourderou [Burdur] à ces ruines & à un petit Village qui est dans la Plaine voisine, dans lequel il n'y a rien de remarquable, qu'un grand nombre de sources d'eau vive, qui passaient aparemment dans la Ville dont je viens de parler.
A consulter pour préparer sa visite : http://www.tursaga.com/fr/dcouvrir
Photos © Julien Revesz 2013.
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La fontaine hellénistique
Le Nymphée antonin
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Herôon Nord-Ouest
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