Cette carte postale montrant la cérémonie du Selamlik (en Turc, Selamlık) est la 2e d'une série intitulée "Turquie libre" publiée après le rétablissement de la Constitution le 24 juillet 1908.

La date est indiquée selon le calendrier julien, alors utilisé par les orthodoxes. Le 18 juillet 1908 tombe en effet un vendredi dans le calendrier julien, le vendredi étant le jour du Selamlik (dans le calendrier grégorien, le 18 juillet 1908 est un samedi). Dans le calendrier grégorien, cela correspond au 31 juillet 1908, soit une semaine après le rétablissement de la Constitution.

La carte postale est légendée : "2. serie de la Turquie Libre // Ceremonie de Selamlik le 18. Juillet (v. s.) 1908. " [Nous n'avons pu interprété la mention "v. s."]
Elle est publiée par "B. D. Arakelian Co, Constantinople" et fait partie d'une série intitulée "Turquie libre" qui célèbre le rétablissement de la Constitution et la fraternité plutôt sous l'angle des minorités grecques et arménienne.

1. Ceremonie de Selamlik le 18. Juillet (v. s.) 1908, avec gros plan sur le sultan dans sa voiture avec la même légende.
3. Porte de l'église Arménienne Ste Trinité le 19. juillet (v. s.) 1909
4. Ecoliers grecs le 19. juillet 1908
5. Ecoliers Arméniens le 19. juillet (v. s.) 1909

Guide Joanne, De Paris à Constantinople, 1886, page 115

Sélamlik. - On appelle Sélamlik, la cérémonie hebdomadaire qui a lieu tous les vendredis, vers onze heures du matin, lorsque le Sultan se rend à la mosquée pour y faire sa prière officielle.
Autrefois, les sultans aimaient à entourer cette solennité d'un éclat inusité. Revêtus de costumes éblouissants de pierreries, entourés de tous les grands personnages de l'Etat, au milieu d'un déploiement de troupes considérable, ils se rendaient tantôt à une mosquée, tantôt à une autre, en traversant la majeure partie de la ville. C'était vraiment un spectacle digne de l'attention des plus indifférents.
Autres temps, autres mœurs. Depuis les revers persistants qui ont rendu si précaire l'existence de la Turquie, le Sultan actuel affecte, à cette occasion, une réserve qui bouleverse nos idées préconçues sur le faste oriental. Vêtu d'une redingote noire se boutonnant jusqu'au cou, coiffé d'un simple fez, sans signe distinctif, sans ornements extérieurs, le Sultan traverse en voiture les jardins du parc d'Yildiz-Kiosk, suivi de deux ou trois autres voitures qui renferment, l'une quelques-unes de ses femmes, les autres, les ministres et les grands dignitaires. Il sort des jardins du palais, sur la petite place qui s'étend au-devant de la Medjidié-Djami, petite mosquée, située près du palais de Tchéragan-Séraï, à gauche de la rue de Béchik-Tach à Orta-keuï, à quelques pas au delà du portique de Tchéragan. La place est entourée d'un cordon de troupes qui empêchent la foule d'approcher. Tout ce qu'on peut faire, si l'on est venu en voiture, c'est de monter sur le siège du cocher pour tâcher d'apercevoir le Sultan, lorsqu'il sort de sa voiture pour entrer dans la mosquée. Cependant il existe, sur la place, un Koullouk, et très souvent, lorsque les officiers du poste aperçoivent un étranger dans la foule, ils lui font gracieusement traverser la haie et le placent près du Koullouk, en bon endroit pour voir. En somme, ce spectacle n'a plus aujourd'hui l'attrait qu'il a eu autrefois, et bien qu'il soit encore recommandé par beaucoup de personnes comme une des curiosités légendaires de Constantinople, on perd souvent son temps en y allant.

Guide Joanne, De Paris à Constantinople, 1907, page 208

Autre version plus détaillée de la cérémonie. L'accès est devenu plus difficile, la surveillance est plus sévère (interdiction de photographier ou d'observer avec une lunette, interdiction des parapluies et des ombrelles...).

Sélamlik.- On appelle ainsi la cérémonie qui a lieu tous les vendredis entre midi et 1 h. lorsque le Sultan se en grande pompe à la mosquée pour y faire sa prière officielle. C'est la seule cérémonie pendant laquelle on puisse voir le Sultan, les grands dignitaires en tenue de gala et les troupes impériales. Le Sultan Abdul-Hamid est le premier souverain qui ne varie pas, chaque vendredi, le choix de la mosquée où il doit aller faire ses dévotions comme Chef des Croyants. Il ne sort de son palais d'Yldiz-Kiosk qu'une fois par semaine pour se rendre à la mosquée Hamidié, qui se trouve à deux ou trois cents mètres de la porte de son palais. 

Cette cérémonie est assez curieuse ; pour y assister il faut demander à son ambassadeur une carte d'invitation qui permette d'avoir accès à une terrasse ombragée sans grille sur laquelle on peut assister debout à la cérémonie ; il est défendu de se servir de parapluies ou d'ombrelles. 

Vers 11 h. les troupes viennent former une double et triple haie sur le parcours du cortège ou se masser au pied de la colline d'Orta-Keui ; les agents ne laissent plus passer que les voitures des personnes munies de cartes. On voit arriver ensuite des cantonniers qui balaient la chaussée et jettent du sable frais; puis des hommes de corvée qui époussettent et brossent les soldats faisant la haie sans que ceux-ci semblent y prendre garde. Les uns après les autres arrivent les grands dignitaires de l'Empire suivis de serviteurs ou d'ordonnances portant dans des valises leurs insignes et leurs uniformes de rechange ainsi que l'exige le cérémonial. Quelques-uns sont avec leurs fils très jeunes et aussi en grande tenue. 

A midi (heure à la franque) les portes du palais s'ouvrent, le cortège parait. Quelques dignitaires d'abord, déjà vus ; puis trois ou quatre voitures de sultanes et d'odalisques du Harem, gardées par des eunuques noirs qui se tiennent aux portières. Ensuite des dignitaires civils et militaires tout chamarrés de décorations et d'insignes et enfin des cavas aux riches costumes brodés, la calèche du sultan attelée de magnifiques chevaux, conduite par des cochers aux livrées étincelantes. A ce moment la voix du muezzin se fait entendre du haut du minaret de la mosquée : "La ilah il Allah ve Mohammed resoul Allah !" (Il n'y a de Dieu que Dieu et Mahomet est le prophète de Dieu.) Lorsque le Sultan passe devant les troupes, elles le saluent par un vivat guttural d'un grand effet et s'inclinent ; les musiques jouent la marche nationale ; c'est très imposant. Le Sultan est vêtu d'une simple stambouline, grande redingote boutonnée jusqu'au col, sans ornements, et coiffé d'un fez. Il se tient seul au fond de la calèche tandis qu'un dignitaire. en costume de gala est assis en face de lui. Le Sultan s'incline généralement pour saluer le pavillon des ambassadeurs. Au moment, de son passage il est absolument interdit d'avoir à la main : soit une lorgnette, soit surtout un appareil photographique, ce dernier instrument pouvant vous attirer les plus grands ennuis, la reproduction de la figure humaine étant interdite par le Coran. La voiture s’arrête devant la mosquée et le Sultan gravit les quelques marches du perron où l'attendent des dignitaires et le Cheik de la mosquée. Un grand calme se fait alors, qui se continue pendant la demi-heure environ que dure la cérémonie ; en dehors des troupes, il ne reste plus dans la cour de la mosquée que les sultanes et les odalisques qui restent dans leurs voitures dont on a dételé les chevaux. 

Lorsque le service religieux est terminé, le sultan se met à une des fenêtres de la mosquée pour passer de là ses troupes en revue. Dans les mois de forte chaleur la revue n'a lieu que si le Sultan a comme hôte quelque prince auquel il veuille faire honneur. Cette revue est intéressante à cause de la diversité des costumes et des hommes de l'armée ottomane. 

Selamlik, 1905

Une autre version de la cérémonie du Selamlik. On y voit bien les troupes et la mosquée.

 Selamlik, vers 1900

 

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