L'alphabet des Ottomans est aussi le même que celui des Arabes ; il a conservé seulement quelques signes particuliers et quelques points diacritiques nécessaires pour distinguer nettement certains sons l'un de l'autre. Comme les langues sémitiques, le turc s'écrit de droite à gauche ; mais il faut remarquer que la différence dans la formation et la liaison des jambages des lettres a donné naissance à différentes espèces d'écriture, dont l'emploi est sans doute à certaines conditions.
Le koufi et le neskhi, ou écriture arabe cursive, sont la base commune à tous ; cependant les Turcs ne se servent plus du dernier que dans les copies du Koran ou d'autres ouvrages précieux. Tout Turc pieux doit connaître cette écriture, puisque c'est un devoir pour lui de copier le Koran une fois dans sa vie.
Le soulous a certainement servi de transition du koufi au neskhi, et le neskhi-djérisi est un composé de neskhi et de djéri.
Le divani est l'écriture employée dans les affaires publiques, les contrats, les jugements, les notes diplomatiques, etc. : il s'écrit de droite à gauche et obliquement ; toutes les lettres se tiennent, et plus elles sont rapprochées et confondues, plus l'écriture est belle.
Le divani-neskhisi, composé de divani et de neskhi, a moins de corps que le premier ; il est moins embrouillé, mais, d'un autre côté, il est moins simple que le second ; on s'en sert volontiers pour la poésie, les chronogrammes, les pièces fugitives, etc.
Le djéri est un mélange de neskhi, de divani et de talîc : il s'écrit obliquement de haut en bas, et les mots se placent les uns au-dessous des autres ; c'est en cela que consiste sa beauté ; on l'emploie dans les patentes, les diplômes, les inscriptions sur les murs des mosquées, les tombeaux ou autres monuments publics.
Le talîc est une espèce d'écriture persane ; les Orientaux y excellent ; il plaît à l'œil plus que toutes les autres ; les juges et surtout les prêtres s'en servent de préférence, ainsi que du nestalîc qui s'en rapproche beaucoup. C'est aujourd'hui l'écriture ordinaire des copistes d'ouvrages scientifiques.
Le kirma, composé de divani et de talîc, s'emploie pour les livres de recettes et de dépenses, les registres, les lettres d'affaires : dans cette espèce d'écriture, les lettres ne sont pas liées.
Le soulous, c'est-à-dire trois fois plus gros, et le soulous-djérisi, qui tient le milieu entre le soulous et le djéri, servent pour les titres des livres, les lettres-patentes qu sultan, les devises, les légendes des monnaies.
On connaît encore plusieurs autres espèces d'écriture que nous nous dispenserons d'énumérer. C'est le talîc, le neskhi et le divani qui sont le plus communément employés. Les autres sont des écritures de copistes.
Le roseau
Au lieu de plume, les Turcs se servent d'un roseau taillé comme nos plumes, mais sans fente ; ils le plongent dans un encrier plein de coton imbibé d'encre. Cette espèce de roseau se cultive dans les marais du Tigre et de l'Euphrate, surtout aux environs de Helle, où on le prépare.
Le papier
Le papier, qui se tirait autrefois en majeure partie de Venise, est presque aussi fort que du parchemin ; on le lustre sur des grandes tables de bois de châtaignier avec des boules de cristal du poids d'une demi-livre.
Comme dans l'arabe et le persan, les voyelles et les points diacritiques, qui facilitent singulièrement l'intelligence d'un ouvrage, s'écrivent rarement, quoiqu'on apprenne à l'école à les mettre. Il n'y a point d'autres signes de ponctuation que la coupure des vers dans le Koran et les poésies.
Mobilier
A défaut de tables, meuble inconnu en Turquie, on écrit sur son genou gauche ou sur sa main ; et pour tracer les lettres, ce n'est pas la main qu'on remue, mais le papier.
extrait de l'Encyclopédie des gens du monde, 1844, page 339-340