Ces extraits ont été traduits par Klaproth, spécialiste de la Chine et de l'Asie centrale, et publiés dans les Mémoires relatifs à l'Asie, Dondey-Dupré, 1826.

Dans le manuscrit conservé à Saint-Pétersbourg et consulé par Klaproth, se trouvent des distiques en Persan et en Turc çagatay.

"Centuple louange soit, ô Babur, parce que le bienfaisant et le clément
T'a donné le Sind et le Hind et beaucoup de royaumes,
Si tu ne peux pas supporter la chaleur,
pour voir ton visage refroidi, va aux rochers de Ghizneh."

Le manuscrit comporte une note :
"Ces mémoires m'ont été donnés en présent par Mohammed, le lundi, second de Djoumadi-alawel, de l'an 957 (1550), pendant le voyage, à la station appelée Hawdji-tasch."
Il a été rapporté de Boukhara, par une personne attachée à Florio Beneveni, ambassadeur envoyé en 1718 par Pierre le Grand au khan de cette ville.
"C'est le livre Babur nameh. Moi Timur Pulat, fils de Mirza Redjeb, fils de Paytchin, étant venu à Boukhara avec le russe Floribeg Beneveni, ambassadeur du magnanime empereur, la couronne du soleil, dont l'armée ressemble aux étoiles et aux léopards, j'ai acheté ce livre ; qu'il soit béni, amen, oh ! Seigneur des créatures !"

Le Babur nameh commence par une épître de l'auteur à son fils Mirza Mohammed Kamran Behader, suivi d'une description de la province du Ferghana.

La lettre du sultan Bâbour à son fils qui précède l'ouvrage ne présente pas un grand intérêt en elle-même : elle n'est curieuse que pour le turc tchagataïen, dans lequel elle est écrite et qui diffère considérablement de celui de Constantinople. Je dois [Klaproth] pour cette raison réclamer l'indulgence des connaisseurs pour les fautes qui peuvent se trouver dans cette traduction, faite sans le secours d'un dictionnaire du turc oriental.

Lettre contenant les conseils envoyés par sa majesté Bâbour, le monarque victorieux (qui repose en paix), de l'Hindoustan à Quandahar [Kandahar), à Mirza Kâmrân.

A mon brave, et excellent fils, le signe du bonheur, Mohammed Kâmrân Behader, après l'avoir salué amicalement.

En premier lieu, c'est avec contentement, avec, espérance et une joie intérieure que j'apprends ton retour. Tu es arrivé, cette nouvelle a ravi mon âme et l'a comblée de plaisir. Dieu le très­ haut nous a procuré un grand bonheur. En t'écrivant cette lettre, j'espère que tu te trouves dans un bien être complet, dans une conserva­tion parfaite, et que tu parviendras à la plus grande perfection. Aye soin de suivre la route qui y, conduit; prends garde de ne commettre aucune erreur, car l'excellent Khodja Hafidz a dit : " Les vieillards parlent par expérience; je te dis: Sois attentif, ô mon fils, deviens vieillard et prête l'oreille au conseil. "

J'ai entendu dire du peuple de Djagatai, qui resta après l'auguste sultan H'ussein Mirza (que ses fautes lui soient pardonnées et qu'il soit bienheureux), qu'une grande partie de ce peuple avait contracté des alliances avec celui du Khôrassân. Il montre beaucoup de capacité et d'intelligence, et il n'est pas dépourvu de douceur. Mais bien que les habitants du Khôrassân soient doués d'un assez bon caractère, et qu'il n'y ait rien à dire sur leur sagacité, il y a cependant du doute dans leur croyance et dans leurs sectes. Ils sont turbulents; les enfants se séparent des pères et les pères de leurs enfants; leurs paroles, quoique agréables, sont trompeuses. Ainsi, pour ton propre intérêt, ne les laisse pas sortir de la soumission.

Parmi la nation turque il y a la famille de Toura Gourgân, dont le père était Qoul bachlaghan , et la mère Touy bachlagan [Quoul bachbghan et Touy bachlagan sont vraisemblablement deux noms de charges à la cour. Le premier peut signifier chef des domestiques, et l'autre, surveillante du garde-manger]. Leurs ancêtres étaient au service de nos pères; ils leur étaient très dévoués et ne les quittèrent pas un seul instant, ni dans le chaud ni dans le froid, ni dans la guerre ni dans le repos, les servaient avec zèle et se rendaient très agréables. Comme la fidélité de cette famille est éprouvée, tu ne manqueras pas de te concilier son attachement, et de leur accorder toute ta confiance.

Pour ce qui est des jeunes gens, il faut éviter avec le grand soin d'agir d'après leurs paroles, et ne leur confier, aucune affaire difficile. Tiens conseil avec les Beg ; réunis les gens d'un esprit éminent,, s'ils sont bien disposés pour ton bonheur. Ne rejette jamais les bons offices et les conseils salutaires de ceux qui sont parfaitement au fait des affaires importantes et qui conduisent bien les grandes entreprise, dis leur plutôt : "Soyez bienvenue." Quant à ceux qui veulent te tromper par de belles paroles, et qui feignent d'être bien disposés pour toi, s'ils disent quelque chose qui peut contribuer au bonheur général, entends, vois, et t'en pénètre ; mais si devant toi fis ne te disent que des flatteries, ne leur accorde pas de récompenses, si tu t'aperçois que ce ne sont que de faux éloges. Enfin beaucoup de gens veulent être le tambour qui conduit l'armée ; mais le proverbe dit : " Ce qui fait pleurer l'ami, fait rire l'ennemi. " Ainsi si tu reconnais un ami ou un ennemi, agis d'après cette maxime: " Avec la rose, sois rose ; avec l'épine, épine. "

L'armée de Qandahar est obéissante ; cependant n'y fais pas entrer un cavalier, qu'il ne soit recommandé d'un petit ou d'un homme honorable. En cas d'accident, cherche la porte et sois à cheval.

Si tu commences une affaire, si tu convoques un conseil, prends garde que tout se traite d'après les lois, et fais une bonne disposition. En donnant ton coeur à ceux qui te veulent du bien, en leur parlant avec bonté, et en adressant au reste du peuple des paroles agréables, tout ira parfaitement bien.

Ne te mets pas en marche sans avoir mûrement, réfléchi; car en entendant et voyant, on peut tirer du profit de ce qui est loin et près.

Quant aux gens d'une basse extraction, quoiqu'ils aient de bonnes moeurs et du talent, il ne faut pas, après avoir soigné leur éducation, les employer dans les affaires du royaume. Aussi l'illustre Cheikh Saadi dit: "L'homme vil ne devient pas noble par l'éducation; ô sage ! dans le jardin croit la tulipe, et sur le terrain aride, l'épine et le chardon. " De môme le distique de l'excellent Mewlana Djami est très connu et dit: "Chaque homme brut l'est dans le fond de sa nature, et par aucun changement il ne deviendra homme du monde. Si tu retournes sag meges (c'est-à-dire mouche de chien), retourné il ne sera autre que sag meges. " [La mouche qui pique les chiens, qui sont les animaux les plus méprisables chez les mahométans, est naturellement regardée par ceux ci comme l'insecte le plus vil. Cette mouche s'appelle sag meges; si on lit ce mot à rebours , il reste le même et il a toujours le même sens.]

Quant aux peuples de Mawara alnahar, ils ont très sincères, et quoiqu'il s'y trouve des gens qui no sont pas d'une grande capacité, on peut pourtant leur accorder toute confiance. A la sollicitation de ce flambeau éclatant du palais de la lune, de ce rossignol éloquent du plus beau jardin des roses, de l'excellent maître Obeïd allah Khodja, ils nous ont porté secours, et l'heureux succès de tes grandes entreprises provient de l'ardeur de ce, peuple estimable. Si quelque prince de leur famille royale vient chez toi, prends bien garde de ne le recevoir qu'avec tous les honneurs, et le respect qui lui sont dus, et ne manque pas de remplir tous ses désirs. Ceux qui sont dans la porte de l'amour aiment aussi le nom du bien-aimé.

Pour ce qui concerne l'état actuel de l'Hindoustan tu peux le trouver dans le Fathi nameh. Ibrahim, qui fut roi de l'Hindoustan, l'avait remis à son fils. Nous te l'envoyons, ô fils chéri! pour que tu y puisses apprendre l'état des choses ; réfléchis avec soin sur tes affaires.

Finalement, quels que soient les accidents qui arrivent, nous t'en instruirons par un message. Ainsi, adieu.

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Au nom du Béni ! action de grâces soit offerte à Dieu le très haut, pour l'assistance qu'il m'a prêtée, à l'intercession du très pur prophète, qui est la joie des créatures, pour que je sois fait roi dans le pays de Ferghana, à l'âge de douze ans, dimanche, le 3 du mois de Ramadân, l'an 899 [le 7 juin 1494].

Description de Ferghana.

Le pays de Ferghana est situé dans le cinquième climat. Ses extrêmes frontières sont à l'orient Kachghar, à l'occident Samarqand, au sud Badakhchân, et au nord de hautes montagnes. Outre la ville de Ferghana , il y en avait encore d'autres telles que Almaliq [Almalik], Almatou [Alma Ata, Kazakhstan], Yanghiqand, appelée dans les livres Thirazqand (la ville des brodeurs). Tous ces endroits n'existent plus ; ils ont été détruits dans les derniers temps, ou par les Mongols ou par les Ouzbek , de sorte qu'il n'en reste aucune habitation.

C'est un pays fertile qui produit des vivres et des fruits en quantité. Partout il est entouré de montagnes, excepté à l'ouest ; car du côté de Samarqand [Samarkand]   et de Khodjand [Khodjent, Tadjikistan], on ne voit pas une seule hauteur. C'est pour cette raison qu'en hiver on ne peut voyager de Ferghana dans aucune autre direction que dans celle ci.

Le fleuve Sih'oun, qu'on appelle aussi souvent fleuve de Khodjand, vient du nord est, et coule au milieu du pays en se dirigeant vers l'occident. Au nord de Khodjand, et au sud de Fenaqand, connue à présent généralement sous le nom de Charokhiah, il se retourne au nord et coule vers le Turkestan, où il se perd avec impétuosité dans les sables mouvants, sans se mêler à aucun autre fleuve mi à aucune autre mer. Sur ce fleuve se trouvent sept villes, dont cinq sont situées au bord méridional et deux au bord septentrional.

Andoudjân [Andidjan], une de celles qui sont au sud est est la résidence royale du pays de Ferghana. Les vivres s'y trouvent en abondance, de même qu'une grande quantité de fruits; entre ces derniers, les melons et les raisins sont les plus délicieux. Les premiers ne sont nulle part aussi bon goût qu'à Andoudjân ; mais il y est sévèrement défendu de les vendre avant qu'ils aient atteint leur parfaite maturité. Excepté Samarqand et Kach, il n'y a pas dans tout le Mawamalnahar (le pays au delà de la rivière, ou la Transoxiane) de plus grande ville qu'Andoudjân. Elle a trois portes, et sa forteresse se trouve au midi. Dans cette ville il y a neuf réservoirs d'eau et aqueducs. Il est très remarquable que chacun d'eux a une source différente. La forteresse est entourée d'un fossé en dehors duquel passe le chemin royal. Elle est séparée de la ville par ce fossé et par le grand chemin. De l'autre côté est un autre chemin in royal. Dans le voisinage d'Andoudjân il y a beaucoup d'oiseaux de proie, qu'on dresse à la chasse. Entre autres il y a des aigles si gras que quatre hommes se peuvent rassasier d'un seul, quand il a acquis toute sa croissance. Les habitants sont Turcs ; leur langue est la même dans la vie ordinaire et dans les livres. Mir Ali Chyr Nowayi, se trouvant à Hérât, a composé dans cet idiome ses ouvrages qui sont généralement admirés; aussi les habitants du pays le parlent très bien et avec élégance.

Le célèbre musicien Ioussouf khôdjah était natif d'Andoudjân. L'air n'y est pas bon : aussi trouve-t-on dans cette ville beaucoup de personnes qui ont les yeux petits et malades. A quatre agatch [unité de mesure de la distance, signifie "arbre", car des pieux servent de repères] au sud est d'Andoudjân est le pays d'Och qui détend vers l'occident ; le climat y est très sain et l'eau des sources excellente. Le printemps est beau, et l'on raconte beaucoup d'histoires sur les grands froids qui y règnent en hiver.

Au sud ouest de la ville, on voit une montagne haute et escarpée, qu'on appelle Berâkoh, ou le mont antérieur. Le sultan Mah'moud khan a érigé sur sa cime un édifice en pierre. Plus loin, et sur un point saillant de cette même montagne, j'ai fait bâtir, en l'an 902 de l'hégire, un portique d'été. Quoique la situation de l'autre bâtiment soit supérieure à celle de mon portique, ce dernier est beaucoup plus beau, et on voit de là toute la ville et tous les villages des montagnes qui l'environnent.

La rivière de Kech vient de la contrée où est la ville de Wach, et se dirige vers Andoudjân. Sur les deux bords sont des jardins qui ont tous une exposition orientale. Les violettes y ont une odeur extrêmement suave ; de petits ruisseaux les arrosent et les rendent très beaux au printemps. On y voit des tulipes et des roses en abondance. Entre le côté antérieur de la montagne et les jardins les plus proches de la. ville se trouve le temple appelé Mesdjid djous. De la sommité du mont découle le ruisseau Chah djoui. Devant ce Mesdjid s'étend une belle plaine abritée par l'ombre contre le soleil du midi ; elle contient trois jolis étangs remplis de poissons, et elle offre au voyageur fatigué un lieu de repos frais et agréable.

Sur l'autre rive du Chah djouï est la frontière des nomades de Wach. Dans les dernières années du règne d'Omar Cheikh Mirza, on a trouvé dans cette montagne des pierres avec des bandes ondulées rouges et blanches. On en fait des manches de couteaux, des petits vases, et autres choses semblables. Ces pierres sont très belles.

Depuis la frontière de Ferghana jusqu'à Wach il n'y a pas de villes, car le terrain est aride et le climat mauvais. La ville de Marghinân se trouve éloignée de sept agatch d'Andoudjân. C'est un joli endroit; il y a des grenades et des petits abricots d'un goût exquis, qui prospèrent ici à merveille. On y trouve encore une grande espèce de grenades, appelées Danehi gilan (grands grains) , qui ont moins de goût pendant la floraison. Le jasmin de cette contrée y est préférable à tout autre. Il y a ici encore un fruit, qui est une espèce de prune. Si l'on en prend un noyau et qu'on le roule dans la bouche, il devient d'une couleur rouge foncée. On l'appelle satchani ; il est très doux.

Il y a ici beaucoup d'oiseaux propres à la chasse et des cerfs blancs qui se tiennent dans les fondrières des montagnes. Les habitants sont des Sarti (ou Boukhars). Ils sont habiles lutteurs, astucieux et inclinés à la sédition. Dans tout le Mawara alnahar, les habitants sont guerriers. Les plus célèbres lutteurs et les meilleurs soldats de Samarqand et de Boukhara sont de Marghinân. Sahéb hedayeh, était originaire de Rechdan, qui est un village dépendant de Marghinân.

Une autre ville est Asfârâ, située au pied &une montagne. Il y a des eaux limpides et des jardins agréables. Elle se trouve au sud ouest de Marghinân, à une distance de neuf agatch. Parmi les différents arbres fruitiers, on y trouve aussi beaucoup d'amandiers. Toute la contrée est aride et montagneuse. Au midi de la ville il y a une plaine entre des collines, qui est remplie de rochers; c'est pourquoi on l'appelle le miroir des rochers. Leur longueur est environ de dix pieds, et leur hauteur dans quelques endroits celle d'un homme ; dans d'autres seulement la moitié. Tout ce qui vient à ce miroir s'y représente.

Autour d'Asfârâ sont les quatre montagnes Asfârâ, Waroukh, Soukh et Houchyar.
Dans le temps que Cheibâni khan était en guerre avec le sultan Mahmoud, khan d'Alâdjâh, et qu'il occupait Tachkand [Tachkent] et Chahrokhiah, il parvint jusqu'au pied.des montagnes Soukh et Honchyar. Il le chassa un an après, parce que ce dernier s'était rendu odieux par sa fierté. Alors je me rendis à Kâbul.

Khodjand est à vingt-cinq agatch à l'occident d'Andoudjân, et à autant de Samarqand. C'est une ville très ancienne, et la patrie du cheikh Mossleh eddîn et de Khodjah Kemâl. Les fruits y sont abondants et excellents. Les grenades de cette ville sont si célèbres, qu'on dit en proverbe : "Pommes de Samarqand et grenades de Khodjand." Cependant, de nos jours, les grenades de Marghinân sont plus estimées.

La ville est située sur un terrain élevé ; le fleuve Sih'oun passe au nord, à la distance d'une portée de flèche. Au nord de cette capitale et du fleuve est le mont Mouteweegghel (c'est à dire l'étendu), dans lequel il y a des mines de turquoises et d'autres. On y trouve beaucoup de serpents. A Khodjand, la chasse du gibier et des oiseaux est bonne. Il y a des cerfs blancs, des bough (cervus elaphus), des marâl (autre grande espèce de cerfs), des aigles et beaucoup de lièvres. L'air y est malsain et d'une mauvaise influence sur les yeux ; c'est pourquoi on appelle les habitants Tchouitchoughi ou chassieux. On prétend que cette qualité nuisible de l'air est occasionnée par les montagnes du nord. Dans la dépendance de Khodjand se trouve Bâdâm, qui n'est pas une ville, mais un bourg joli et riche. Les amandes y sont très bonnes et lui ont donné son nom. On les transporte jusqu'à Hormouz et dans l'Inde Cet endroit se trouve à cinq ou six agatch à l'est de Khodjand. Entre cette ville et Bâdâm, il y a le désert appelé Haderwich. Il y souffle toujours un vent qui vient de Mârghinân, situé à l'orient, et qui arrive à tous les endroits à l'occident de Khodjand. Ce vent est très fort. On raconte que quelques derwich voyageant dans ce désert, et ayant le vent contre eux, ne pouvaient pas se retrouver. Ils entendirent enfin une voix qui criait: Ha derwich, di ! di ! (Oh ! derwich ! vois ! vois !) et qu'ils périrent sur le champ. De là vient le nom de ce désert.

Une autre ville située au nord du Sih'oun est Akhsia, appelée dans les livres Akhsiket. C'est pourquoi le poète Esir eddin porte le surnom d'Akhsiketi. C'est la plus grande ville du pays de Ferghana après Andoudjân, dont elle est éloignée de neuf agatch à l'ouest. Ce fut la résidence d'Omar cheikh Mirza. Le Sihoun coule au bas de la ville, qui est bâtie sur le pied élevé d'une montagne. Le long de ses fossés se trouvent ses fondements qui sont très profonds. Omar cheïkh Mirza en fit poser d'autres qui sont situés plus haut. Il n'y a pas une ville plus forte dans tout le pays de Ferghana. Dans la plaine on voit à une certaine distance des villages. Dites, où y a t il de meilleurs arbres fruitiers qu'à Akhsia ? Les melons sont excellents, principalement ceux qu'on appelle Mir Timour ; dans le monde entier ils n'ont pas leurs pareils. Ceux de Boukhara sont célèbres ; quand j'occupais Samarqand, je fis apporter des melons de Boukhara. Les découpant ensuite à un dîner, je trouvai qu'aucun d'eux n'était comparable à un melon d'Akhsia. Il y a de très bons oiseaux pour la chasse, et dans une plaine située sur le Sih'oun du côté de cette ville, on trouve beaucoup de cerfs blancs. Sur la frontière d'Andoudjân est un pays désert et couvert de forêts, qui sont remplies d'une petite espèce de canards gris. Il y a aussi des aigles et des lièvres qui sont, très gras.

Kassan est une petite ville au nord d'Akhsia. La rivière qui coule à Andoudjân vient de Wach , et celle d'Akhsia de Kassan. Le climat de cet endroit est sain, parce que de beaux jardins bordent toute la rivière. On a donné à la ville le nom "Donne la peau antérieure ". Les habitants de Wach et de Kassan vivent dans une inimitié perpétuelle.

Dans les montagnes de Ferghana et sur les bords de ses rivières, il y a des contrées plus ou moins froides ou chaudes. Sur les hauteurs viennent des peupliers, dont on emploie l'écorce pour faire des bâtons rouges, des manches de fouet, des cages pour les oiseaux et d'autres ustensiles. Le bois de ces peupliers est très beau, et les objets qu'on en fait se vendent bien aux Turcs et aux étrangers.

On lit dans quelques ouvrages qu'il y a encore dans ces montagnes des temples païens (tours des idoles). Cependant de nos jours on n'en entend pas parler. On sait seulement que ces monts sont couverts clé la même espèce d'herbe, qui se trouve dans les montagnes des sept villages, et que les habitants appellent Ayiq oti (herbe sobre). Son véritable nom est mihri giyah (herbe du soleil). Il y a aussi des mines de turquoises et de fer.

Si l'on exige avec exactitude le payement des impôts dans le pays de Ferghana, on les doit percevoir de trois à quatre mille personnes. Depuis l'avènement au trône d'Omar cheikh Mirza, ce prince, doué d'un caractère magnanime et d'une grande ambition, eut toujours envie de s'emparer de cette province. Plusieurs fois il fit la guerre contre Samarqand ; il trouva toujours le moyen de rompre la paix quand il le voulut, et souvent il atteint son but. Il invita quelquefois chez lui, son beau-père Ioûnous khan, descendant de Djagatai khan, second fils de Tchinghiz khan, et qui alors était lui même khan de la horde moghole dé Diagatai khan. Ce Ioûnous khan était mon grand père, Chaque fois qu'Omar cheikh Mirza le reçut chez lui, il lui donnait quelque province. Cependant mon grand­-père retourna définitivement dans le Moghôlistan, ou parce que les prétentions d'Omar cheikh n'étaient pas toujours justes, ou par rapport à l'impiété de ce prince, ou parce que la nation moghole se plaignit de son absence. Il visita pour la dernière fois Omar cheikh Mirza, quand celui ci s'était emparé de Tâchkend. Dans les livres cette ville est nommée Châch ; d'autres écrivent Tchatch ; c'est pourquoi l'on dit un air de Tchatch. Depuis ce temps jusqu' en 908 (1502), les provinces de Tachkend et de Charokhiah ont resté dans la possession des khans de Tchaghatai.
 

 

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