C'est au début du XXe siècle que la Turquie se met à fêter la nouvelle année comme on le fait dans les pays catholiques et protestants. Le calendrier grégorien, celui que nous utilisons, a été adopté, pendant la Première guerre mondiale, par une loi parue au Journal officiel de l'empire ottoman (Taqvim-i-Veqdi) le 23 février 1917, la "loi relative à l'adoption du calendrier occidental".
Jusqu'alors, on utilisait officiellement le calendrier lunaire, mais couramment le calendrier solaire julien et syrien, y compris pour la comptabilité de l'administration ; ces calendriers solaires suivaient le rythme des saisons et permettaient une meilleure gestion de la production agricole. Le début de l'année lunaire qui ne compte que 354 jours ne correspond pas au début de l'année solaire.
La réforme de 1917 n'était pas cependant complète car elle gardait toujours le décompte à partir de l'hégire et le 1er janvier n'était pas considéré comme le début de l'année.
Le changement complet eut lieu le 1er janvier 1926 où le calendrier grégorien fut totalement adopté par la République de Turquie. C'est probablement après cette date que l'on a commencé à souhaiter la bonne année comme on le fait en France.
Histoire de mots
Le mot yıl (année) est attesté au VIIe siècle dans les inscriptions turques de l'Orkhon (Orhun Yazıtları).
Le mot sene peut être également utilisé et a exactement la même signification (iyi seneler, par exemple) ; c'est un mot d'origine arabe. On le trouve pour la première fois dans le Kitab-ı Cihannümâ de Mehmed Neşrî.
iyi (bon) attesté sous une forme différente pour le première fois dans le Irk Bitig, un texte turc du Xe siècle.
mutlu (heureux) est d'un usage plus tardif.
Sources :
Jean Deny, L'adoption du calendrier grégorien en Turquie, Revue du monde musulman, Février 1921. Article très complet sur la première réforme.
Sevan Nişanyan, Sözlerin Soyağacı, çağdaş türkçenin etimolojik sözlüğü, dictionnaire étymologique du Turc moderne : http://ww.nisanyansozluk.com