Un document émouvant. Ce texte décrit avec précision les conditions de vie, pendant la Première Guerre Mondiale, des prisonniers turcs dans le sud de la France, en Corse et en Egypte : comment sont vêtus les prisonniers, ce qu'ils mangent, où ils logent, le couchage, l'hygiène, comment ils communiquent avec leurs gardiens, quels travaux qu'ils effectuent, les maladies, la mortalité, comment ils sont soignés...
Documents publiés à l'occasion de la guerre 1914-1917. 13e série, Rapports de MM. le Dr F. Blanchod, F. Thormeyer et Em. Schoch sur leur inspection des camps de prisonniers turcs en France, en Corse et en Égypte, décembre 1916 et janvier 1917...
Genève, Georg, Comité international de la Croix rouge, 1917, 92 p.
Certains prisonniers travaillent dans les vignes ou dans les champs, font des travaux de terrassement et touchent pour cela un salaire. Le rapport s'intéresse aussi à la correspondance que peuvent recevoir ou envoyer les prisonniers... Les inspecteurs remarquent aussi qu'ils trouvent toujours un soldat turc parlant français et qui peut donc répondre à leurs questions directement et sans contrôle.
Ce document pouvait être consulté sur le site de la Bibliothèque nationale de France. Mais il a disparu
Source: Bibliothèque nationale de France
Rapport sur la visite aux camps de prisonniers turcs en France en décembre 1916.
Cette partie occupe les 38 premières pages.
Introduction
Autorisés à visiter les camps de prisonniers turcs en France par lettre du 23 novembre 1916 de l'Ambassade de la république française en Suisse, et par dépêche ministérielle du 1er décembre 1916, nous sommes arrivés a Béziers (dép. de l'Hérault) le 5 décembre 1916.
Les prisonniers turcs en France, que le Comité international de la Croix-Rouge nous chargea d'inspecter, ont séjourné à Moudros (lles loniennes) pendant un temps variant de 1 à 10 mois, puis en Corse pendant trois mois ; ils sont arrivés le 10 mai 1916 dans le midi de la France, pour être occupés aux travaux des champs et de la vigne.
En été 1916, ils furent répartis dans le Gard, dans l'Aveyron, dans l'Hérault, dans le Tarn et dans l'Aude. Actuellement, pour des raisons de simplification administrative, ils sont exclusivement cantonnés dans les départements de l'Hérault et de l'Aude. — Un détachement de 150 prisonniers turcs est encore en Corse.
Après avoir inspecté le dépôt central des prisonniers turcs à la caserne de Marossan à Béziers, nous avons été voir les prisonniers au travail dans les fermes de Boujeau, de Mas du Ministre, de Pradelonne et de La Motte. Nous avons eu la liberté la plus complète de nous entretenir avec les prisonniers, de prendre des photographies, de distribuer des dons.
Dans chaque détachement, nous avons trouvé un prisonnier turc parlant suffisamment le français pour servir d'intermédiaire entre les soldats de garde et les prisonniers ; nous avons pu par lui obtenir des renseignements de première main, sans passer par les interprètes du camp.
Nous exprimons nos remerciements à M. le colonel Vigogne, inspecteur de la XVIe région, et aux officiers qui mirent la plus parfaite amabilité à nous faciliter notre tâche.
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Dernière page
Sommes remises aux prisonniers de guerre turcs en France pour le compte du Croissant-Rouge
[suit un tableau]
Les prisonniers en Corse et dans la région de Béziers (Hérault) ne sont pas indigents ; outre leur ration très suffisante, ils reçoivent 20 centimes par jour et souvent une prime supplémentaire de 20 centimes, qui leur sert à s'acheter du tabac Ils reçoivent les vêtements, souliers, couvertures, etc. du dépôt. Néanmoins nous avons cru bien faire, uniquement pour marquer notre passage, de laisser à chaque dépôt ou détachement de travail que nous avons visité un franc par prisonnier, pour lui permettre de s'accorder un petit extra.