Tokat abrite encore de nombreuses maisons traditionnelles dont certaines sont restaurées.
Le voyageur anglais Hamilton passa par Tokat lors de son périple anatolien au XIXe siècle. Voici une partie de son texte.
Tokat contient plusieurs beaux hans, de vieux bâtiments imposants de briques et de pierre, mais les plus tardifs, sont, comme la plupart des maisons, construites en torchis. Il y a 15 mosquées, dont l'une, appelée Eski Djami, est un bâtiment dans le style sarrasin [sic] soigné et très ancien. La mosquée elle-même est circulaire, avec deux petites ailes et un grand portique construit avec des marbres de différentes couleurs.
La ville est délimitée à l'ouest par une haute chaîne de collines calcaires, et est dominée par deux pics abrupts et presque perpendiculaires, composés de marbre cristallin recouvrant des couches de schistes argileux, dont certaines sont extrêmement durs et faciles à débiter, ils se brisent en grandes dalles qui sont utilisés comme pierres tombales par les Turcs. La vue depuis le pic le plus au sud était très vaste, dominant toute la ville, qui, avec ses hans, ses mosquées et ses minarets, ses jardins et ses vergers, emplit l'espace formé par la jonction de plusieurs vallées [...]. Mais ce qui m'a frappé le plus était de voir une si grande ville, située dans le centre des montagnes du plus beau marbre, entièrement construite en briques de terre séchées au soleil et en bois.
Traversant le quartier arménien et les bazars, j'ai atteint le pic situé au nord, qui est couronné par les ruines d'un château du Bas-Empire. Ses roches escarpées, surmontées de parties de remparts en ruine et de tourelles, produisent un effet pittoresque, et sur l'escarpement sud se trouvent plusieurs cavernes naturelles et artificielles, dont certaines pourraient avoir été des tombeaux. A mi-chemin du pic, je trouve une de ces remarquables volées d'escaliers, qui pénètre dans le centre de la montagne, comme ceux de Unieh Kaleh, mais si dégradée qu'il était impossible de descendre sans corde et sans lumière. Mon guide dit qu'elle avait servi à amener de l'eau, mais elle semble plutôt avoir été une ancienne entrée, parce que facile à défendre, grâce à la pente abrupte du pic. Le point de vue était aussi remarquable que de l'autre point, il plongeait vers la vallée de l'Iris, avec ses jardins et ses vergers. Parmi les productions de ces derniers, les plus dignes d'intérêt sont les poires de Tokat, dont la saveur et la douceur sont inégalées, même par celles d'Angora, dont la renommée atteint Constantinople. Au S.E. de la ville, on voit la route de Siwas qui remonte les collines : Fontanier, qui arriva ici depuis Siwas, dit que, un mile avant d'atteindre Tokat, il a traversé l'Iris sur un pont de bois, mais l'Iris est dans la plaine un mile et demi au nord, de sorte qu'il semble avoir confondu le ruisseau qui coule à travers la ville, et sert à l'irrigation des jardins, avec cette rivière.
Lundi 8 août .- J'ai visité la fonderie de cuivre ; le métal, qui est amené à l'état brut des mines de Caban Maden, au-delà de Siwas, après un voyage de douze ou quatorze jours depuis Tokat, est fondu ici avant d'être envoyé à Constantinople. Il est, en fait, fondu à deux reprises à cet endroit : d'abord, pour le purifier des scories avec lequel il arrive de la mine, et, d'autre part, pour le mouler en carrés, forme sous laquelle il est transporté vers la capitale.
Extrait de William J. Hamilton, Researches in Asia Minor, Pontus and Armenia: with some account of theirs antiquities and geology, Londres, John Murray, 1842 [traduction/adaptation © JMB 2010]
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Tokat, la Comana Pontica de Strabon, était une des villes les plus riches de l'Anatolie. Elle était le point central de toutes les caravanes de l'Asie-Mineure et le rendez-vous d'une foule de marchands latins, grecs, musulmans et arméniens. Les mines de cuivre que l'on y exploitait étaient renommées.
Elie de La Primaudaie, Etudes sur le commerce au Moyen-Äge. Histoire du commerce de la Mer noire..., Paris, 1848
Photos ci-dessous : dans les rues de Tokat
Photos © JJB 10-2010