Sans rapport avec les cartes postales colorées qui enchantent les touristes, les vestiges austères de la Mosquée construite par les Omeyyades, et de l'Université construite par les Abbassides, témoignent de la grandeur de Harran.

Cette ville, pendant plus d'un siècle, restera un des hauts-lieux de l'histoire culturelle, après avoir été quelques années la capitale d'un empire s'étendant de l'Asie centrale à l'Espagne.

À  l'horizon

Dans un paysage de sable et de touffes d'herbe, avec ses trente mètres de haut, le minaret de la grande mosquée [Ulu Cammii] de Harran se dresse loin à l'horizon.

Harran, vue d'ensemble

Minaret et mosquée

Treize siècles après sa construction [entre 744 et 750], des pans de la mosquée sont encore debout. 

C'est la plus ancienne des grandes mosquées construites en Anatolie, dans cette zone de la partie occidentale du nord de la plaine fluviale de la Mésopotamie, région appelée aussi Djezireh [Al-Jazira].

Harran, Ulu camii

Gros plan

La forme du minaret est conforme à la tradition de toutes les mosquées construites à l'initiative des califes de la dynastie des Omeyyades [661-750] qui ont fait, de 661 à 744, de Damas [aujourd'hui en Syrie] leur capitale.  

Harran, minaret de l'Ulu camii

Cette forme carrée se diffuse par la suite dans l'Orient méditerranéen et gagne même en Occident le Maghreb [Kairouan] et en Al Andalus, en Espagne musulmane [Cordoue, Séville], tandis que le minaret cylindrique, plus tardif, est caractéristique de la mosquée seljoukide, comme on en a un premier exemple à Kayseri [mosquée Hünat Hatun, construite en 1228].

Harran, minaret de l'Ulu camii

Nurretin Yardımcı

Des travaux d'excavation et de protection des vestiges archéologiques de la mosquée ont été entrepris, sur plusieurs années, à partir de 1983, sous la direction de l'archéologue turc Nurretin Yardımcı [1944- ], alors Directeur des antiquités et des musées au Ministère de la Culture [1979-1988],  mettant à jour une fontaine, le mihrab, une arche et une partie du mur à l'est  de la Mosquée.

Harran, vue des fouilles

Des siècles d'histoire

Mais on ne peut comprendre l'importance du site qu'à condition de se référer à l'histoire. Douze ans  après la mort de Mahomet [632] les troupes du second calife se sont déjà emparés de la Syrie, de la Mésopotamie, de la Perse, de l'Égypte. Trente ans plus tard [661], Damas devient la capitale de la dynastie des Omeyyades et va le rester jusqu'en 744. 

Mais l'opposition armée au calife alors au pouvoir, Marwān II [quatorzième et dernier calife Omeyyade] , oblige ce dernier à abandonner son palais à Damas, et à établir, de 744 à 750, sa capitale à Harran, l'une des trois villes importantes de la région avec Urfa [Sanli Urfa, aujourd'hui en Turquie] et Raqqa [aujourd'hui en Syrie].  

C'est dans cette période, relativement brève, que l'Ulu Camii est construite.

Finalement Marwān II doit s'enfuir, mais n'échappe pas à la mort. Le temps des Abbassides commence, pour durer cinq siècles, de 750 à 1258. 

Harran deviendra, avec son Université, à la fin du VIIIe siècle et au IXe siècle, un centre de traduction d'oeuvres de philosophie, d'astronomie, de médecine, de sciences naturelles, du grec au syriaque, du syriaque à l'arabe.

JJB/08-2016

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