Au sud-est de l'Anatolie, à une quarantaine de kilomètres de Sanlıurfa, au début de la longue plaine mésopotamienne, située entre le Tigre [Dicle] et l'Euphrate [Fırat], très proche de l'actuelle frontière avec la Syrie, la petite ville d'Harran attire toujours les touristes en soif de dépaysement.
D'autant que deux étoiles rouges [« mérite un voyage »] ornent l'emplacement de la localité, sur la carte éditée en France, par l'Institut Géographique National.
Ce sont les maisons-ruches [kovan evler] circulaires, aux dômes pointus, à peu près les seules habitations de ce type présentes en Turquie, plus nombreuses en Syrie autour d'Hama, qui provoquent l'engouement.
Toutes selon le même modèle, elles sont construites par un empilement de briques et recouvertes d'argile crue.
On fait sécher au soleil les boules de bouse, qui servent encore plus ou moins de combustible. On accroche, à la queue leu-leu quelques ustensiles qui étaient en usage il y a un peu plus de cinquante ans. On espère vendre gris-gris, porte-bonheur (üzellik) et tissus. On laisse exposé au dehors un lit à l'ancienne, haut-perché, qui peut toujours accueillir, lorsqu'à la mi-saison, la température le permet, des amateurs de thé ou de boissons fraîches.
Pour compléter le tableau, tandis que des chèvres aux longs poils grimpent sur le toit des voitures , deux ou trois chameaux renforcent l'impression de dépaysement.
Mais, comme il arrive si souvent, laisser errer son regard déconcerté à la surface des choses, croire se retrouver d'un coup cent ans en arrière, et s'émerveiller dès lors d'un spectacle imprévu qu'il importe de fixer à tout jamais en s'y « selfifiant », ne permet guère de comprendre l'importance du lieu.
JJB/08-2016