Tahir Çavuş, 60 ans, ayant vécu toute sa vie de l'exploitation du sel à Izmir. La photographie (qui date des années 1930) est légendée en Turc écrit en caractères arabes et en caractères latins.
L'ouvrier regarde le photographe, vous regarde. Son visages ridé est marqué par la fatigue.
Le texte ci-dessous, sur l'exploitation du sel autour d'Izmir vers 1860, a été publié dans
"Coup d'oeil général sur l'exposition nationale à Constantinople", extrait du "Journal de Constantinople", octobre 1863
V. - Les salines de Foglieri (Phocée, Foça en Turc), à l'entrée du golfe de Smyrne [Izmir], sont les plus importantes de l'Empire [ottoman]. Sans compter leurs dépendances , elles produisent et livrent annuellement à la consommation plus de 34 millons d'ocques [1 ocque = 1,250 kg].
Foglieri possède deux mouillages sûrs où les bâtiments s'arrêtent provisoirement quand ils ne peuvent pas se rendre immédiatement auprès des salines pour prendre leur cargaison; on peut charger les navires à toute époque de l'année.
Les salines de Foglieri ne donnent que du sel marin. La fabrication en est très simple : c'est l'évaporation à l'air libre qui en est la base. En outre, la constance du climat permet de procéder sur de grandes surfaces et d'obtenir aussi une cristallisation lente et par conséquent parfaite.
Chaque saline est divisée en plusieurs séries de bassins peu profonds. L'eau de mer y est introduite au moyen de pompes à vent, et là où le permet le peu d'élévation du terrain, par des canaux creusés dans le sol. Quand la couche de cristallisation est arrivée à l'épaisseur voulue, on enlève le sel avec des pelles, puis on l'entasse par masses sur des emplacements ad hoc destinés à faciliter l'égouttement. Plus tard, on le transporte soit à bord des bâtiments, soit dans l'intérieur à dos de chameaux. C'est surtout à Tcham-Alti et à Ada-Tépé que les navires chargent le sel; le produit des autres salines sert à la consommation intérieure.
Le sel de Foglieri est blanc. Avec une légère manipulation, il peut remplacer pour la table le sel de roche; aussi est-il généralement considéré comme le meilleur sel de Turquie.
Les salines proprement dites de Foglieri, s'étendent à une très grande distance sur la côte nord du golfe de Smyrne. L'administration n'a pas encore eu le temps de construire des magasins généraux pour renfermer le sel,aussi ce dernier, pendant l'hiver, est exposé aux pluies et aux déchets qui s'en suivent; néanmoins, eu égard aux frais d'exploitation qui sont relativement très minimes (environ d'un para par ocque) on a calculé que les dépenses à faire pour la construction de ces magasins, seraient supérieures aux pertes occasionnées par la mauvaise saison.
La direction des salines de Foglieri comprend sous sa dépendance: Tchandarli au fond de la rade de ce nom, mouillage sûr et facile par tous les temps et dont la production s'élève à 3 millions 600 mille ocques ; Smyrne qui a ses salines près de Ménémen et dont la production très limitée suffit à peine pour les besoins de la ville de Smyrne; Echelle-Neuve (Couch-adassi), salines très importantes qui fournissent les villes et villages de l'Eyalet d'Aïdin; et enlin les salines de Tcham-Alti, Ada, Tépé, Carabach , Panaya-Thodori, Keuzanleu, Seugut, Calayeuk , Chacran , Cazuklu , Cara-réis et Gulbaghtché. Toutes ces salines réunies produisent un total annuel de plus de 45 millions d'ocques. Il y a quinze ans, l'exploitation de ces salines fournissait à peine 5 millions d'ocques.