Auteur de nombreuses manuels de conversation de langues étrangères, Mélik-S. David-Bey (parfois écrit David-Beg, mort en 1938 à Paris) a également publié cette courte méthode d'apprentissage du Turc.
La langue turque en 30 leçons, suivi d'un manuel de conversation appliqué aux règles / par Melik David-Bey. Paris, Albin Michel , s.d. (vers 1910), 103 pages
D'origine arménienne, il fit des études à la Sorbonne, fut historien et philologue et publia des livres et des articles sur les arméniens. Il a publié un "Manuel de la conversation Française, Anglaise, Turque & Russe", en 1916.
Il est aussi l'auteur, avec Charles Maurice Bellet, de "La question de Cilicie, discours prononcé le 24 décembre 1920 à la Chambre des députés", Paris, H. Turabian, 1921.
Si l'édition n'est pas datée avec certitude, la préface que nous reproduisons plus loin la situe avant la fin de la guerre 1914-1918, à l'époque où les régions arabes appartenaient encore à l'empire ottoman.
Le description de la langue oppose la langue du peuple et la langue administrative et littéraire, mais l'auteur manifeste un certain mépris pour la première qui sera pourtant quelques années plus tard la base de la réforme de la langue turque.
De même, le nombre de locuteurs mentionné (3-4 millions) paraît bien faible.
L'ouvrage se veut pratique et pédagogique. Les exemples et les dialogues sont donnés avec leur transcription en caractères latins selon la phonétique française et… la prononciation que l'auteur souhaite restituer.
Nous reproduisons quelques pages ci-dessous.
Introduction
La langue turque qui représente le type le plus frappant d'un idiome agglutinatif, fait partie du groupe des langues ouralo-altaïques et appartient à la branche des langues dites tartares. Très pauvre dans sa lexicographie et fort rudimentaire par sa morphologie, le turc ne put prendre rang parmi les langues écrites qu'en puisant des forces dans deux langues voisines qui n'ont aucune attache avec lui, étant donné que l'une est indo-européenne (le persan) et l'autre sémitique (l'arabe).
Langue essentiellement composite, le turc varie d'une façon très-marquée dans les différentes localités où il est parlé. La langue du peuple - particulièrement en Asie-Mineure - est beaucoup moins mélangée d'éléments empruntés à l'arabe et au persan que ne l'est celle des lettrés ou fonctionnaires. Ces derniers parlent et surtout écrivent un véritable charabia qui n'est accessible qu'à ceux qui connaissent toutes les finesses des langues arabe et persane et, avec une nuance de mépris ils appellent qaba turc (turc grossier) le langage du peuple.
Le turc s'écrit à l'aide de l'alphabet arabe qui lui convient pourtant aussi peu que possible. Les voyelles jouent un rôle des plus considérables dans les langues ouralo-altaïques; or l'écriture arabe se prête fort mal à la distinction des voyelles. La syntaxe turque est d'autant plus compliquée que l'idiome s'est notablement altéré par l'intrusion de mots étrangers. Il en résulte que les grammaires sont encombrées de règles dont les unes ne s'appliquent qu'aux mots persans, dont les autres ne s'appliquent qu'aux mots arabes et dont quelques-unes sont communes à ces deux catégories d'éléments, sans s'appliquer d'avantage aux vocables d'origine tartare. Le turc dont le vocabulaire, en plus d'une infinité d'expressions arabes et persanes, est chargé d'un grand nombre de mots italiens, grecs, arménien et français, est parlé par 3-4 millions de Turcs dont il est la langue maternelle et par 7-8 millions de sujets turcs (grecs, arméniens, kurdes, juifs, arabes, etc.) qui l'emploient dans leurs rapports avec les autorités turques.
Les pages suivantes contiennent :
1° Les règles principales de la grammaire turque :
2° Un court vocabulaire des termes les plus usuels; vocabulaire que l'étudiant, une fois initié au génie de la langue turque, pourra développer facilement;
3° Des phrases de conversation appropriées à l'application de la partie grammaticale enseignée ainsi qu'à l'emploi du vocabulaire donné.
Ce petit manuel, en inculquant dès le début, le mécanisme de la langue turque à quiconque veut s'en servir d'une manière relativement rapide, permettra de dévlopper ultérieurement les connaissances acquises, de rendre moins aride l'étude complète du turc, et enfin et surtout d'arriver à une pratique immédiate.
PARIS. MÉLIK S. DAVID-BEY.
Pages 88-89
VINGT-SIXIÉME LEçON
ORDRES A DONNER / EMIRE ETMEK
Garçon, veuillez cirer mes chaussures. / Olan, quondourslarem boyata.
Réveillez-moi à sept heures. / Bèni sa'at yédidé ouander.
Vous brossez mes effets. / Esbablaremi fourlchala.
Faites venir un fiacre. / Bir araba guètiri ver.
Avez-vous des lettres pour moi ? / Bénim itchun mektoub var mi ?
Donnez-les moi. / Bana ver.
Je serai absent deux heures. / Iki sa`at yerèklènèdjèghem.
Avez-vous trouvé mes pantoufles ? / Papoutchlaremi bouldoun mé ?
Que mon déjeuner sois prêt vars 11 heures. / Euilèn yéméim sa'at n beidi hazr ola.
Je sors. / Dichéri tcheqiorem.
Je reviens dans 2 heures. / lki sa'atdan guélirem.
Si l'on vient me demander,je reviens tout de suite.
Beni soran olsa hemèn guéle
djéyim.
Donnez-moi la clef de ma chambre. / Odamen anakhtari ver.
Montrez-moi les water-closets./ Ayag yolou gueustèr bana.
VINGT-SEPTIÈME LEÇON
LA PROMENADE / GUEZINME
Je désire voir la ville. / Chéhéri gueurmék èstéridim.
Voulez-vous me procurer un guide ? / Bana bir ghlavouz boula bélirmissiniz ?
Où se trouve le Palis de Yeldiz ? / Yeldiz keuchk nérdé dir?
Conduisez-moi au consulat de France (ambassade). / Béni fransez qonsolaz khanéé gueutur (séfarèt khané).