Le Yagli güres (lutte huilée car les lutteurs s'enduisent le corps d'huile) est une ancienne tradition turque toujours vivante. Chaque année, depuis le XIVe siècle, le tournoi de lutte de Kirkpinar, inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO, a lieu près de la ville d'Edirne.
Carte postale, début XXe siècle
La carte postale en couleurs reproduite date du début du XXe siècle et montre deux paires de lutteurs, vêtus de leur culotte de cuir, photographiés dans un studio. Le décor à l'arrière-plan est de style Art nouveau. Elle a été publiée par Max Fruchtermann à Istanbul.
Photographie, années 1930
Les deux textes ci-dessous décrivent les pehlivans au début en 1812 et en 1871.
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Extrait de Th. Thornton, Etat actuel de la Turquie..., Paris, Dentu, 1812
De tous les amusemens publics, dont les Turcs sont volontiers spectateurs, le principal est la lutte. Sandys décrit ce spectacle comme il l’a vu exécuter à Acre en Syrie. « Ils luttent en culottes de peau huilées et qui collent contre leurs cuisses ; le reste de leur corps est nud et enduit de substances grasses, suivant l'ancien usage tiré des Troyens après le témoignage de Virgile. Ils tombent, mais moins par effort ou violence, que par accord entre eux. » En Turquie, cependant , le combat n’est pas décidé par la chute d'un des lutteurs. La victoire n'est acquise que lorsqu'un des deux combattants est renversé sur le dos et y est retenu, tandis que son adversaire lui couvre les pieds. Quand les lutteurs ont fini le combat ou épuisé leurs forces, ils se donnent l'un à l'autre le baiser de paix.
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Extrait de Guillaume Depping, Merveilles de la force et de l'adresse, Paris, Hachette, 1871
Les exercices du corps furent de tout temps en grande faveur chez les Turcs. A peine maîtres de Constantinople, les sultans entretinrent à leur cour des lutteurs de profession, les gouressis, au nombre d'une quarantaine, qu'ils faisaient de temps en temps combattre en leur présence.
Les gouressis étaient des hommes forts et vigoureux qui venaient des États barbaresques, de l'Inde et de la Tartarie. Ils n'étaient pas esclaves, comme d'autres serviteurs du Grand Seigneur, mais de condition libre. Ils s'engageaient à son service, par bonne vogle, comme on disait alors, « parce que tel était leur bon plaisir. » Dans leurs luttes, ils employaient toutes les ruses des athlètes antiques, pour terrasser un adversaire [...] Ce qui les animait ainsi, ce n'était pas tant le désir de la victoire que l'appât, ou, comme disent les historiens du seizième siècle, la friandise, de quelques ducats que le Grand Turc jetait au vainqueur et quelquefois même aux deux combattants, quand il était satisfait de leurs efforts respectifs. Ces gouressis combattaient nus, sauf des grègues, espèce de caleçon ou maillot de cuir collant, partant de la ceinture et descendant un peu au-dessous des genoux ; ce caleçon, ainsi que le reste de leur corps, était huilé afin de donner moins de prise à l'antagoniste. Le combat fini, les lutteurs s'enveloppaient d'une pelisse ou d'une longue soutane fendue par devant et boutonnée jusqu'à mi-corps; une large ceinture de toile, rayée d'or, à la mode turque, s'enroulait autour de leur taille ; et sur leur tête ils posaient un bonnet, dit taquia, pareil à celui que portaient alors les Polonais, en velours noir, ou bien en peau d'agneau crêpée, et dont l'extrémité supérieure retombait sur l'épaule. Ainsi accoutrés, ils marchaient en troupes de dix ou douze, prêts à se mesurer avec quiconque les eût arrêtés dans leur chemin ; mais on se souciait peu de leur chercher noise, tant à cause de la furie qu'ils déployaient dans la lutte que de l'habitude qu'ils avaient de ces combats, étant dressés à ce métier dès leur plus tendre enfance, et y étant tellement adroits que malaisément s'en peut-il trouver qui les surpasse ni même qui les puisse égaler.
Cette troupe de gouressis organisait des assauts pour divertir le sultan, quand Sa Hautesse n'avait rien de mieux à voir ; mais, en ce temps de paladins et de chevaliers errants, il ne manquait jamais de spectacles plus nobles et plus attrayants.
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