Mohammed Saad-uddin [Sadeddin] ben-Hassan effendi, aussi nommé Khogia effendi ou Sa'd al-Dîn ibn Hasanjân Khoja Efendi est un historien turc très célèbre. Né en 1536, il fut précepteur de Murat III et d'Ahmet Ier, puis mufti.
Il mourut à Constantinople en 1599. Il écrit son histoire, Taj Uttevarikh [Tâcü't-tevârih] (Couronne des chroniques) sous le règne de Selim II. Elle commence aux origines de la dynastie ottomane jusqu'à Soliman II (1519). C'est un texte chargé de métaphores et d'hyperboles. Il mélange vers arabes, vers persans, vers turcs, versets du Coran, sentences traditionnelles et son style est très recherché. Selon Toderini , sa langue est difficile et c'est pour cette raison qu'on ne l'a pas imprimé.
Vous pouvez lire l'histoire du prince Djem adaptée par Garcin de Tassy et le récit de la prise de Constantinople traduit sans suppressions (avec, pour son nom, la graphie Se'adu-d-din].
Voici une traduction fidèle qui illustre ce style :
"Cependant la violette avait pris en main sa massue, le lis avait ceint son épée, mille fleurs rangées en bataille dans la plaine attendaient le roi du temps pour passer en revue sous ses yeux. La tulipe s'était revêtue de son bonnet rouge comme celui de l'Azeb ; l'anémone portait sa masse de fer ; la rose avait couvert d'un bouclier son visage pour ne point voir les pointes acérées de ses boutons à peine éclos ; l'odorant oeillet avait élevé sur sa tête une lance d'émeraude. Ceux qui virent cette armée végétale exprimèrent leur admiration. Le zéphyr en était l'avant-garde, le narcisse la sentinelle ; il veillait à ce qu'aucune mauvaise herbe ne vînt souiller ce camp. Le jasmin portait en avant un étendard blanc d'une beauté parfaite ; le platane tendait les mains pour faire des voeux au ciel ; il disait : Mon Dieu, éloigne du roi de l'univers le malheur, daigne lui accorder le secours qu'il attend de toi, facilite-lui la conquête de Constantinople."
Sources des textes
La Bibliothèque du roi possède plusieurs manuscrits de ce texte. Garcin de Tassy a consulté le manuscrit n° 69 et a également consulté la Chronique de Solakzade qui a publié un abrégé de la Couronne des chroniques.
Il existe une version italienne de Saad-uddin, par Bratutti de Ragude, qui fut drogman de l'empereur Ferdinand III, et ensuite du roi d'Espagne Philippe V. Nous n'en connaissons que la première partie, imprimée à Vienne en 1649 : elle ne va que jusqu'à la mort de Mehmet Ier, en 1421. La deuxième partie, imprimée en Espagne, est rare.
A la Bibliothèque du Roi, sous le n° 10528, 2 volumes contenant une traduction de Saad-uddin par Antoine Galland, traducteur des Mille et une nuits. Il manque cependant le 1er volume. Le 2ème commence au règne de Murat II. Mais cette traduction n'est pas fidèle.
Autre traduction manuscrite de la Bibliothèque du roi, un extrait du Taj Uttevarikh, traduit par Julien Galland, de l'Ecole des jeunes de langues, où se trouve la prise de Constantinople, mais cette traduction comporte des erreurs.
Enfin on peut consulter une traduction abrégée par Amédée Jaubert dans l'Histoire de Venise du comte Daru, p. 192.
Le texte intégral a été publié à Ankara en 1974-1979 et réimprimé en 1999.
Traductions en Allemand :
Annales sultanorum Othmanidarum, a Turcis sua lingua scripti Hieronymi Beck... studio & diligentia Constantinopoli advecti MDLI... a Joanne Gaudier dicto Spiegel, interprete Turcico Germanice translati. Joannes Leunclavius... Latine redditos illustravit & auxit, usque ad annum MDXXCVIII
Francofurdi, Apud Andreae Wecheli heredes, Claudium Marnium & Joannem Aubrium, MDLXXXVIII (1588 et 1596)
Adaptation partielle du texte.
Traductions en Latin :
Saad ed-dini scriptoris turcici Annales turcici usque ad Muradem, cum textu turcico impressi. Translated to Latin, édité et annoté par Adam F. Kollár, Vienna, 1755