Ahmed-Vefik, homme d'État et publiciste ottoman, est né à Constantinople vers 1818. Son père, homme de mœurs austères, instruit, et l'un des premiers osmanlis qui se fût livré à une étude approfondie de notre langue [le français], était ami personnel de Réchid-pacha, alors Réchid-effendi. Lorsque celui-ci fut nommé pour la première fois en 1834 au poste d'ambassadeur à Paris, il l'y accompagna en qualité de premier drogman, et emmena avec lui son fils qu'il plaça dans l'institution de M. Hortus. Ahmed-Vefik y passa trois années dans cette maison, et suivit ensuite comme externe les cours du lycée Saint-Louis. A son retour à Constantinople, il devint membre et plus tard chef du bureau de traduction de la Porte ; possédé dès lors du désir d'être utile à son pays , il se livra avec ardeur aui recherches historiques et statistiques, et amassa ainsi une quantité de documents qui lui servirent à la compilation de son Salnamè, ou Annuaire de l'empire ottoman, (traduit par M. Bianchi ; publication importante correspondant à l'année 1263 de l'hégire, 1847), et qui s'est continuée, depuis lors, sans interruption, d'année en année.
A la fin de 1849, Ahmed-Vefik fut nommé commissaire de la Porte dans les principautés, en remplacement de Fuad-pacha, alors Fuad-effendi. Les dix-huit mois qu'il passa dans ce poste révélèrent en lui un négociateur de premier ordre, et, qualité plus rare en Orient, un homme d'une intégrité à toute épreuve. Peu après son retour à Constantinople, comme la voix publique le désignait pour un ministère, il fut envoyé comme ambassadeur extraordinaire en Perse (mai 1851), et contribua beaucoup par la fermeté de son attitude à éloigner le shah d'une alliance avec la Russie.
Il revint en Turquie vers la fin de 1855, et fut nommé successivement membre du conseil d'État, avec le titre de fonctionnaire du premier rang (1ere classe), membre du haut conseil de la guerre sous la présidence d'Aali-pacha , enfin membre du conseil du tanzimat. Ahmed-Vefik-effendi passe pour l'un des hommes les plus éclairés du parti de la réforme ; il a présidé, en juillet 1856, la commission instituée pour juger selon des formes presque européennes le procès des accusés de Varna (juillet 1856). De mars à septembre 1857, il a occupé le portefeuille de la justice.
Le 26 février 1860, Ahmed-Vefik, qui ne portait encore que le titre d'effendi, fut accrédité a Paris comme envoyé extraordinaire. Au commencement de l'année suivante, il fut rappelé à Constantinople : il avait, dit on, déplu au gouvernement français en se prononçant énergiquement contre notre occupation de la Syrie. Quelques semaines après, il était renvoyé en France pour représenter la Turquie à la Conférence de Paris relative aux affaires syriennes, puis il rentra à Constantinople. A cette époque il reçut le titre de pacha.
Source : Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains
Autres sources :
Revue orientale et américaine, 1860
Ahmed-Vefik-Efendi que S. M. le sultan vient de nommer son ambassadeur à Paris, est membre de l'Académie des sciences et lettres de Constantinople (Enjumèni danich), et membre du conseil d'État et de justice (Medjlici ahkiâmi adliè].
Jeune encore, Ahmed-Vefik-Efendi, bien que petit de taille, est doué d'un extérieur agréable et d'une belle figure brune. On le dit excessivement instruit, parlant et écrivant en outre parfaitement le français. On lui doit la fondation et la première publication de l'Annuaire Impérial Ottoman (Sàl namè), document qui fait annuellement connaître l'organisation politique et administrative de l'Empire, et qui paraît régulièrement depuis treize ans à Constantinople [M. Bianchi a donné dans le Journal Asiatique, et publie séparément la traduction française de cet Annuaire, en 1848].
Comme diplomate Ahmed-Vefik-Efendi a déjà rempli avec succès deux missions importantes; d'abord, celle de commissaire impérial dans les Principautés danubiennes, où il a laissé d'excellents souven rs, et plus tard en Perse où il a représenté la Porte Ottomane en qualité d'ambassadeur. Félicitons donc la légation ottomane de Paris de posséder enfin un chef suprême capable de comprendre tout ce que la France renferme de grand, de bon, et d'utile à imiter; un chef, enfin, digne à tous égards de bien représenter, par lui-même et par ses brillantes qualités, son pays dans la métropole du monde civilisé.
X. Bianchi.
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Bulletin mensuel de la Société impériale zoologique d'acclimatation
SÉANCE DU 20 AVRIL 1860.
Présidence de M. Drouyn de Lhuys, président.
S. Exc. Ahmed-Vefik-effendi, ambassadeur de la Porte Ottomane à Paris, nouvellement entré dans la Société, et qui assiste à la séance, est invité par M. le Président à prendre place au bureau.