La carte postale du début du XXe siècle est légendée "Musicien oriental", ce qui est pour le moins vague. Il s'agit en fait d'un aşık, un de ces musiciens-poètes et compositeurs d'Anatolie qui chantent en s'accompagnant du saz.
Cette tradition, très populaire et considérée comme authentique par la Turquie républicaine, perdure, même si le costume s'est modernisé dès les années 1920 : l'aşık s'habille à l'occidentale et coiffe une casquette.
Voici ce qu'en écrit le musicologue Rauf Yekta :
"Le Meydan-Sazi.
Cet instrument n'est admis ni dans l'orchestre classique ni dans l'Indjé-Saz moderne des cafés-concerts. Il est l'instrument favori des poètes chanteurs populaires nommés Achyks, qui sont les troubadours de la Turquie. Ces hommes errent de ville en ville et de village en village, dans l'Asie Mineure, dans la Turquie d'Europe, en chantant l'amour (le mot Achyk signifie amoureux), et les exploits des preux et des paladins ; leur musique est purement populaire et a un charme tout particulier qui va droit au cœur lorsqu'ils improvisent, comme c'est leur habitude, soit en poésie, soit en musique.
Le Meydan-Sazi est fabriqué en Turquie par divers facteurs avec plus ou moins de différences dans la forme.
Le nom subit des changements lorsque la forme de cet instrument se modifie ; ceux qui sont plus petits prennent le nom de Baglama et de Bozouk.
Le Meydan-Sazi a six cordes, dont quatre sont d'acier, et les 5e et 6e sont de laiton [...].
Les ligatures de cet instrument ne sont pas complètes comme celles du Tanbour ; cependant, elles sont disposées de telle manière qu'on peut en tirer des intonations qui sont à la fois chromatiques et enharmoniques."
Voir http://turquie-culture.fr/pages/arts/musique-turque/yekta-rauf-la-musique-turque-1922-3.html
Au pied du musicien, on voit deux zurna, instruments à vent à anche originaire d'Anatolie. Rauf Yekta le décrit également :
"Le Zourna est une espèce de hautbois joué spécialement par les bohémiens établis en Turquie ; ces hommes qui errent, surtout pendant le printemps, lorsque les premières roses s'ouvrent sous le climat poétique de l'Orient, dans les prairies et dans les régions champêtres en jouant leur Zourna, sont doués d'un instinct musical vraiment digne de remarque; ils ont une musique tout à fait spéciale à leur race, avec un style particulier, orné de mille fioritures. "