Ce monument, avec son clocher à bulbe, était dédié aux soldats russes victimes de la guerre russo-turque de 1878 qui aboutit au traité de San Stefano (Ayastefanos), du nom de la localité située près d'Istanbul, actuellement Yeşilköy.
Ce fut un traité humiliant pour les Turcs : ils perdaient leur influence en Bulgarie, des territoires au profit de la Serbie et du Monténégro qui, de l'autonomie passaient à l'indépendance, et surtout ils perdaient l'est de l'Anatolie : Artvin, Kars, Oltu, Doğubeyazıt.
Le monument fut détruit par les autorités ottomanes, en 1914, au début de la Première guerre mondiale. La spectaculaire chute du monument fut filmée et ce film est l'un des premiers films turcs.
Documents sur le monument de San Stefano
SAN-STEFANO. Village de la prov[ince] de Constantinople (Turquie d'Europe), à 14 kil[omètres] O.-S.-O. de cette ville, dans le district et à 36 kil. S.-E. de Tchataldja, sur une langue de terre qui s'avance dans la mer de Marmara. Stat[ion] du chem[in] de fer de Constantinople à Andrinople. Ce village, qui est un but de promenade des plus agréables pour les habitants de la capitale de l'empire ottoman, doit sa notoriété à ce fait qu'aux dernières heures de la guerre russo-turque de 1878, il fut le quartier général du feld-maréchal grand-duc Nicolas Nicolaievitch, commandant en chef de l'armée russe, et que les préliminaires du traité dit de San-Stefano y furent signés le 3 mars 1878. (extrait de la "Grande Encyclopédie Larousse", 1886)
Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire, Paris, 21 décembre 1892
Le gouvernement russe va faire élever à San Stefano un monument aux derniers
soldats russes tués pendant la guerre de 1879. Le gouvernement turc a accordé l'autorisation nécessaire; et, vers le mois d'avril, le monument sera inauguré dans le village même où fut signé le traité de paix si singulièrement déchiré à la conférence de Berlin.
Journal des débats politiques et littéraires, Paris, 2 décembre 1914
Destruction du monument russe de San-Stefano
Salonique, le 30 novembre. On mande de Constantinople qu'une foule de plusieurs milliers de personnes, conduite par des délégués du comité Union et Progrès, s'est rendue, ces jours-ci, devant le monument élevé à Galataria par les Russes, en commémoration de leur marche jusqu'à San-Stefano, en 1878, et l'a abattu.
Avant la destruction du monument, les objets sacrés et les grandes cloches de la chapelle ont été remis à la direction de la police. D'ailleurs tous les objets précieux, et notamment les icones et, les vases d'or que renfermait l'église, avaient été enlevés par les prêtres russes, au moment de leur départ de San-Stefano, à l'ouverture des hostilités entre la Turquie et la Triple-Entente.
Toute la presse de Constantinople a consacré des articles enthousiastes à la destruction du monument de Galataria. Le grand-duc Nicolas, dit entre autres le Touran, croyait enterrer à jamais la Turquie sous ce monument, mais il la voit aujourd'hui se redresser pleine de vie, terrible, d'une invincible force militaire, et la Russie toute entière tremble devant son ancienne victime.