Ahmet Ier, 14e sultan des Ottomans, 3e fils de Mehmet III, monta sur le trône à quinze ans, l'an de l'hégire 1012 (1603 de J.-C.) : c'était la première fois que les rênes de l'empire tombaient en d'aussi jeunes mains. Loin d'imiter la cruauté de son père, Ahmet fut humain, en épargnant les jours de son frère Mustafa, qui devint depuis son successeur. Il choisit de bons ministres, et les conserva longtemps.
Son premier soin fut de combattre les rebelles d'Asie, dont la révolte le mit aux prises avec le shah de Perse, Shah Abbas, qui les avait favorisés. Les armées d'Ahmet furent repoussées ; mais cet échec n'eut aucune suite fâcheuse pour le sultan, et, peu de temps après, il donna aux mécontents de la Hongrie et de la Transylvanie, armés contre l'empereur Rodolphe II, les mêmes secours que les shahs avaient accordés à ses sujets révoltés. Le luthéranisme persécuté était le prétexte, et l'ambition, le motif de ces guerres. Les Ottomans, y intervenant, s'emparèrent, au nom d'Ahmet, de la ville de Gran, dont le traité de Comorn [actuellement en Hongrie - plus connu sous le nom de traité de Zsitvatorok], en 1606, lui laissa la souveraineté. Ainsi, arbitre et protecteur des Hongrois, des Transylvains et des Moldaves, mais plus pacifique que guerrier, il négocia sans humiliation avec les Persans, et, s'il ne put vaincre Shah Abbas, il força du moins son orgueil à payer tribut pour ses conquêtes.
Ahmet porta le sceptre avec plus de modération et d'équité que de gloire. Des traités utiles au bonheur de ses peuples n'ajoutèrent pas d'éclat à son nom, mais firent aimer et respecter son caractère. Sa modération, toutefois, ressembla souvent à l'indolence, et son goût pour les plaisirs ne peut être révoqué en doute. Il passa la plus grande partie de son temps dans son harem et à la chasse. On dit qu'il avait un sérail de 3000 femmes ; le nombre de ses seuls fauconniers, dans son domaine, était de 40000. Quelque louable et juste qu'ait été ce prince, les musulmans, qui ne reconnaissent le droit de bâtir une mosquée qu'à leurs souverains guerriers et conquérants, virent avec scandale Ahmet Ier élever, dans l'At meydanı, le superbe édifice qui a reçu de lui le nom de Sultan Ahmet Camii [plus connue sous le nom de Mosquée bleue], et le mufti ne craignit pas de déclarer que les prières des vrais croyants n'y seraient pas agréables à Dieu. Ce beau monument n'en atteste pas moins la magnificence de son fondateur.
Quoique Ahmet fût d'une constitution robuste, il mourut en 1617, âgé seulement de 29 ans, après en avoir régné 14. Il laissa trois fils qui régnèrent l'un après l'autre, et dont les noms suffisent pour rappeler des destinées bien différentes. Osman, Murat IV et Ibrahim naquirent d'Ahmet et de la fameuse sultane Kösem. S—Y.

extrait de Biographie universelle (Michaud) ancienne et moderne..., 1854. Nous avons modernisé et unifié l'orthographe des noms propres et corrigé les erreurs.

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