Cet article parut dans le quotidien "L'Excelsior" du 31 mai 1913. Le traité de Londres avait été signé la veille pour mettre un terme à cette Première guerre balkanique qui entraînait la perte de la plupart des territoires européens de l'Empire ottoman.

L'article commente la situation qui reste tendue dans les Balkans. Quelques mois plus tard, le Deuxième guerre balkanique commence et l'Empire ottoman récupère Edirne qui était occupée par les Bulgares qui sont les grands perdants de cette seconde guerre.
Nous reproduisons ci-dessous le texte intégral de l'article paru dans l'Excelsior.

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Les grandes dates de la guerre

8 octobre 1912 - Le Monténégro déclare la guerre à la Turquie.
18 octobre - Les autres états balkaniques suivent son exemple. Occupation de Mustapha-Pacha par les Bulgares.
20 octobre - Les SErbes s'emparent de Pristina.
22 octobre - Ils remportent une victoire à Koumanovo.
22 octobre - Les turcs abandonnent en panique Kir-Kilissé.
26 octobre - Prise d'Uskib par les Serbes.
28 octobre - Victoire des Bulgares à Lule-Bourgas.
5 novembre - Victoire des Grecs à Pentepigadia.
8 novembre - Capitulation de Salonique.
13-16 novembre - Bataille de Monastir.
17 novembre - Bataille de Tchataldja.
18 novembre - Les Monténégrins occupent Alessio.
3 décembre - Un armistice est signé.
16 décembre - Première réunion des plénipotentiaires balkaniques et turcs à Londres.
6 janvier 1913 - Les négociations de Londres sont "suspendues".
20 janvier - Combat naval à Tenedos.
23 janvier - ENver bey et quelques Jeunes-Turcs renversent le Cabinet Kiamil pacha. Nazim pacha, ministre de la guerre, est tué.
24 janvier - Le cabinet Mahmoud Chefket est constitué.
26 janvier - Rupture des négociations de Londres.
30 janvier - La Turquie refuse aux puissances l'abandon d'Andrinople [Edirne].
3 février - Reprise des hostilités. Bombardement d'Andrinople.
19 février - Les puissances propsent leurs bons offices à la Bulgarie et à la Roumanie.
1er mars - Les Turcs se déclarent disposés à eccepter la médiation des puissances.
6 mars - Prise de Janina par les Grecs.
17 mars - Les Grecs occupent Argyrocastro.
18 mars - Combats violents devant Tchataldja.
22 mars - Les puissances remettent une note à la Turquie.
25 mars - Reddition de Djavid-Pacha aux Serbes, sur le fleuve Scumbi.
26 mars - Capitulation d'Andrinople.
28 mars - Les ambassadeurs à Londres recommandent l'évacuation de l'Albanie et la levée du siège de Scutari.
31 mars - Ils décident qu'une démonstration navale aura lieu sur les côtes du Monténégro.
1er avril - La Turquie accepte de négocier sur les bases proposées par les puissances.
10 avril - Blocus international des côtes du Monténégro.
11 avril - La conférence des ambassadeurs de Saint-Pétersbourg arrête les termes de son arbitrage entre la Roumanie et la Bulgarie. Silistrie deviendra roumaine.
22 avril - Occupation de Scutari par les Monténégrins.
25 avril - Les ambassadeurs à Londres décident d'exiger du roi Nicolas l'évacuation de Scutari. Le souverain y consent, "contraint et forcé".
30 mai - Signature des préliminaires de Londres.

Texte de l'article 

La paix est signée. Cédant aux démarches énergiques de sir Edward Grey, plénipotentiaires turcs et balkaniques ont, en effet, consenti à apposer leurs signatures au bas du traité de pai, tel qu'il avait été rédigé par les puissances.
Bien que cette paix soit en quelque sorte théorique, étant donné le nombre de questions délicates qu'elle laisse en suspens, elle n'en constitue pas moins un événement d'une protée considérable. Tant au point de vue pratique qu'au point de vue moral, elle aura une influance incontestable sur la marche des négociations ultérieurs de Londres et de Paris.
Mais encore faut-il, pour que cette influence puisse s'exercer avec l'ampleur qu'elle comporte, qu'une autre paix, celle des Etats balkaniques eux-mêmes, soit assurée.
Or, à ce point de vue, la journée d'hier n'a point apporté d'éléments favorables. Au contraire, les inquiétudes se sont accrues. Le discours où M. Pachitch a fait avec une parfaite loyauté l'exposé du point de vue de son gouvernement et plaidé en faveur du maintien de l'alliance balkanique, a été mal accueilli à Sogia. Le parti militaire bulgare, qui est intransigeant, gagne constamment du terrain. La situation du cabinet Guéchof serait même, en raison de sa modération, compromise à ce point que le rappel de MM. Danef et Théodorof a été estimé nécesaire.
Toutefois, il importe de relever le langage pacifique tenu par M. Danef à Londres à l'occasion de la signature de la paix :

"... Cet événement historique va nous permettre de continuer la lutte sur le terrain économique et commercial. Sur ce terrain, nous allons trouver de si nombreux points de contact qu'en réalité les bénéficiaires vont se trouver unis par une amitié beaucoup plus solide qu'on ne le suppose généralement. C'est le commencement d'une ère nouvelle d'amitié étroite et de prospérité dans les Balkans si longtemps un centre de danger pour la pix du monde."

Cela prouve que la pluaprt des hommes d'Etat de Bulgarie, se Serbie et de Grèce sont tous favorables à l'étroite intimité des Etats balkaniques.
En ce qui concerne les différends gréco-bulgares, les nouvelles ne sont pas meilleures. La Grèce regarde comme une satisfaction insuffisante les regrets exprimés par la Bulgarie au sujet de l'incident du cuirassé Amiral-Averoff, et elle maintient l'occupation de certains points comme le Panghéion.
Cependant le Dernier mot n'est pas encore dit. Les ressources offertes par des négociations directes ne sont pas épuisées, et il restera en outre le recours à l'arbitrage de l'Europe. Conseervons donc toujours de l'espoir.

Jean Meneval

Comment fut signé le "traité de Londres"

C'edst à midi 50, exactememnt, que les délégués balkaniques et turcs ont apposé leurs signatures sur le document historique qui portera désormais le nom de Traité de Londres. Ils étaient arrivés au Palais de Saint-James, la plupart an automobile, un peu avant midi quinze. Ils étaient, à l'exeptiond e M. Venizelos et de Rechid pacha, les mêmes délégués qui s'étaient réunis dans le même palais, au mois de décembre 1912.
Dès que le traité eut été signé, sir Edward Grey, qui présidait cette séance historique, prit la parole et s'exprima ainsi :

"Par ordre du roi, mon auguste souverain, je m'empresse de vous exprimer la vive satisfaction avec laquelle Sa Majesté apprendra la nouvelle de la signature du traité de paix que vous venez de conclure à son palais de Saint-James.
Au nom du gouvernement de Sa Majesté britannique, je me permets de vous offrir mes félicitations les plus cordiales à l'occasion de la conclusion de la paix entre la Turquie et les Etats alliés. Je me plais à espérer que vous envisagerez tous la décisison à laquelle vous venez d'arriver avec un sentiment de satisfaction et de soulagement. A ce sentiment prendront part les autres puissances qui sont restées neutres, et qui ont constamment souhaité de voir se rétablir la paix dans l'intérêt de la tranquillité de L'Europe.
Nous n'ignorons pas qu'il reste encore des questions à résoudre avant da'rriver à un accord complet, mais j'aime à croire que la conclusion de cetet paix facilitera la règlement e ces questions et augmentera à l'égard de vous tous, j'en suis sûr, le bienveillant intérêt des autres puissances.
Qu'il me soit permis d'ajouter un mot pour vous dire le plaisir que j'ai eu à entretenir avec vous des rapprors fréquents et amicaux, en votre qualité de délégués, et ma sympathie avivée par la connaissance des difficultés et des anxiétés que vous avez eues à surmonter.
De tout coeur, je fais des voeux pour que la paix ici conclue ait pour résultat un apaisement entier, afin que chaque Etat puisse refaire ses ressources si fortement éprouvées, développer ses territoires, assurer le bien-être et le bonheur de son peuple et la prospérité de sa vie nationale."

A 1h30, tous les délégués ont quitté ensemble le palais ; ils s'entretenaient amicalement et ne cachaient pas leur satisfaction. Ils se sont arrêtés pour poser devant une armée de photographes.

Les dates 

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9 octobre 1912 : le roi de Monténégro donne le signal des hostilités
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30 mai 1913 : Sir Edward Grey met fin aux hostilités

Les cartes, avant et après la guerre

En noir, les territoires ottomans, la "Turquie d'Europe". La perte de ces territoires entraîna d'importants mouvements de population vers la Turquie.

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Avant la guerre
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Après la guerre
 

Les protagonistes

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  Le roi du Monténégro

  Le tzar des Bulgares

  Le roi de Serbie

  Le roi de Grèce

  Nazim-pacha

  Chefket-pacha

  Chukri-pacha

  Essad-pacha

Général Sawoff

Génaral Martinovtich

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Général Putnik

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Général Danglis

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Le sultan de Turquie, Mehmed V

 

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