Catégorie : Sultans
Affichages : 6685

Ahmet II, empereur des Turcs, fils du sultan Ibrahim, succéda à son frère, Soliman III, et fut placé sur le trône par le 3e grand vizir du nom de Köprülü, qui continua de gouverner l'empire. Ahmet ne commença à régner qu'à l'âge de quarante-six ans, en 1691. Le principal événement de son règne, aussi court que malheureux, fut la bataille de Salankemen [Slankamen, en Serbie], gagnée par les impériaux, sous les ordres du prince Louis de Bade ; le grand vizir Köprülü y périt avec 25000 Turcs, et les vainqueurs s'emparèrent de toute l'artillerie et de la caisse militaire. Ce désastre fut suivi de troubles dans l'intérieur du sérail, de la famine, de la peste, de plusieurs incendies à Constantinople, et d'un violent tremblement de terre à Izmir.
De mauvais vizirs se succédèrent, et augmentèrent le désordre dans l'État ; mais, aux yeux des musulmans, la catastrophe la plus désastreuse fut le pillage de la caravane de la Mecque par les Arabes, dont les hordes, redoutant peu un gouvernement aussi faible, obligèrent Ahmet à leur payer tribut. Dans le même temps, les impériaux reprenaient Lippa et Waradin, en Hongrie ; les Vénitiens battaient les Ottomans en Dalmatie, s'emparaient de l'île de Chio, et menaçaient la ville d'Izmir. Frappé de tant d'humiliations et de revers, Ahmet II tomba malade de chagrin, et mourut le 27 janvier 1695 (l'an de l'hégire 1106), après un règne de 4 ans, laissant le trône à son neveu, Mustafa II.
Sorti du sérail pour s'asseoir sur le trône, ce prince était crédule et faible ; et, quoique doué d'un esprit juste et humain, il ne rendit pas toujours justice, parce qu'il fut accessible à la calomnie. Il cultiva la musique et la poésie, compagnes ordinaires des affections douces. Le trait suivant donne une idée de son caractère : son frère, Mehmet IV, avait été déposé : « J'ai été, lui disait Ahmet, prisonnier quarante ans, pendant que vous étiez sur le trône, et je faisais alors ce que vous souhaitiez. Mon tour est venu à présent, et vous aurez peut-être encore le vôtre. » Puis il jouait de quelque instrument, et lui disait ensuite : « Mon frère, vous m'avez laissé vivre, j'en ferai de même à votre égard, ne vous affligez point. » S—Y.

extrait de Biographie universelle (Michaud) ancienne et moderne..., 1854. Nous avons modernisé et unifié l'orthographe des noms propres et corrigé les erreurs.