XXIV. CONSTANTINOPLE. LE GÉNÉRAL DE MONTENARD. — UN DINER CHEZ UNE FAMILLE ARMÉNIENNE. 

Monsieur, 

Nos récits sur Constantinople seraient incomplets si je ne mentionnais le séjour d'Hippolyle à Bebek ; permettez-moi de le laisser parler lui-même. 

« J'arrivai le 23 septembre au collège de mon oncle Bore et j'eus le plaisir, pendant mes très longues vacances, de reprendre mes habitudes d'élève durant trois jours ; certes je ne pouvais me plaindre ; encore chacun de ces trois jours offrit-il son genre d'agrément : le dimanche, une charmante promenade avec les pensionnaires sur les rives du Bosphore ; le lundi, un diner fort original chez une famille arménienne, et le mardi, une visite à la villa du ministre de l'instruction publique. 

 J'eus l'avantage de voir à Bebek le général de Montenard et d'entendre quelques-uns de ses récits de bataille. Il me mettait fort en goût d'aller à Sébastopol si mes parents me l’eussent permis. Entre élèves, nous nous racontions comment une bombe tombée près du général s'était partagée sans faire aucun fracas ; comment il en 

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recueillit les deux moitiés qu'il se proposait d'emporter en France afin de les déposer, dans la chapelle de son château, aux pieds de la M Vierge. Sans hésitation aucune, il reconnaissait qu'il lui devait son salut ; les braves de sa trempe ignorent le respect humain ou plutôt n ils savent que c'est lâcheté. 

 Nous aimions le général parce qu'il causait familièrement et que nous savions qu'il avait gagné ses épaulettes en commençant par le grade de simple soldat. 

 Parlerai-je maintenant de notre diner chez une famille arménienne ? oui, sans doute ! Mon oncle Bore, si bon pour moi, voulut bien m'accompagner ; nous longeâmes à pied la rive droite du Bosphore, c'est-à-dire la côte d'Europe ; rendus à un village nommé Balta-Limani que le pin-parasol, le cyprès, le cèdre, le platane et le chêne environnent de frais ombrages, nous frappons à la porte de la famille ; une esclave nous ouvre, qui nous mène au second étage dans une chambre-kiosque d'où nous apercevons la baie de Beikos et quelques navires français. Le chef de la maison nous prie de nous asseoir sur un long et large divan et bientôt sa femme vient nous saluer. On nous offrit du café que nous acceptons et des tchibouks que je refusai, commettant de la sorte, sans m'en douter, une impolitesse que mon oncle répara de son mieux ; mais je prends ma revanche à cuillerées sur d'excellentes confitures de pommes qui nous sont servies. Nos friandises consommées, l'on nous fait descendre au salon » où la famille entière nous attend. Cette réception avait un petit n air biblique qui nous reportait involontairement au temps des patriarches. Une jeune fiancée avec son costume oriental achevait l'illusion. Elle portait une robe verte clair-semée de roses blanches et » tombant jusqu'aux genoux ; un pantalon de même étoffe, bouffant à la manière de ceux des zouaves, imprimait à sa tournure une piquante originalité ; de jolies babouches emprisonnaient ses pieds, puis une épaisse chevelure, noire comme ses beaux yeux, encadrait à merveille son teint pâle, blanc mat et distingué. Le dîner préparé, nous entrons » dans une petite salle carrée où, sur une table à la française, figurent des mets qui ne le sont guères, pilafs galibi, rotin à la turque, brouet de riz, figues de Smyme et raisins secs ; tout cela fort propre et 

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très bon. Les enfants servaient à la place des esclaves, et la jeune » fiancée, y mettant tous ses avantages, s'en acquittait à ravir. Après le repas l'on gagne le salon où, de nouveau, l’on nous apporte des tchibouks, des cigarettes et le café. Une promenade aux environs termine cette délicieuse journée. Le mardi 25 septembre, mon oncle, ayant à parler au Ministre de l'instruction publique, eut l'obligeance de m'y conduire ; pendant qu'ils conféraient ensemble, j'esquissai rapidement le casino de Son Excellence ; c'est une sorte de chalet à jolis cabinets soutenus en l'air par des colonnes autour n desquelles citrons, oranges et grenades semblent, au souffle des vents, » jouer à la pelotte parmi les roses ; ajoutez qu'à travers leurs rameaux , vous jouissez des splendides lointains du Bosphore. Le lendemain je quittai Bebek et mon oncle Bore, très reconnaissant de ses attentions délicates.

Je n'oubliai point dans mes adieux M. l'abbé Richou, avec qui j'avais fait de la musique, non plus qu'un sergent blessé à Sébastopol, je leur serrai bien affectueusement la main. Quant aux élèves, il n va sans dire que nous étions amis. J'embrassai le jeune Koppé et je partis en kaik, descendant le Bosphore sans me donner la peine de me rappeler ses merveilles tant elles sont nombreuses. L'imagination d'ailleurs vaut mieux ici que la mémoire et je la laissai courir vagabonde et sans but ; sous le charme de cette rêverie, j'arrivai à Top-Hané et de là bientôt à Péra. » 

Ce récit des journées de Bebek, Hippolyte, Monsieur, vous en fait hommage en souvenir des soins affectueux qu'il reçut de vous au Lycée d'Angers. 

Constantinople, septembre 1855. 

XXV. CONSTANTINOPLE.  ÉGLISES CATHOLIQUES. — NOTRE DÉPART. — PROFITS ET PERTES DE LA GUERRE D'ORIENT. — QUELQUES ANGEVINS TUÉS OU MORTS DE MALADIES, FATIGUES ET BLESSURES EN ORIENT. 

Monsieur, 

Nos bagages étant préparés dès la veille, le 1er octobre jour de notre départ, est employé à visiter une dernière fois les églises catholiques de Saint-Louis, du Saint-Esprit, de Saint-Pierre et de Saint-Paul, ainsi qu'à faire nos adieux définitifs. Ces églises sont toutes à l'arrière des maisons, à ce point que de la rue il n'est pas fort aisé de les apercevoir. A l'aide de finances on acquiert assez facilement la permission d'en bâtir ; si même, à défaut d'autorisation, il arrive que l’on puisse en construire une sans que d'abord la police le sache, on ne vous ordonnera pas sa démolition, les Turcs étant assez débonnaires à l'endroit des faits accomplis. Nous ne voulions pas non plus quitter Constantinople sans voir l'hôtel où David, notre célèbre sculpteur angevin, résida lors de son voyage en Orient. M. Fossati, l'architecte des réparations de Sainte-Sophie, avait eu l'obligeance de nous l'indiquer ; mais c'est à peine si quelques esprits d'élite gardent, dans Péra, le souvenir de la présence de notre éminent artiste. Athènes, dit-on, est moins oublieuse de son séjour, elle 

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a raison, car si jamais la Grèce veut s'en donner la peine, elle n’ira pas seulement chercher dans son Acropole des germes puissants pour renaître aux beaux -arts, elle les rencontrera, fécondés par l’esprit moderne, sur la tombe de Botzaris, à Missolonghi, comme elle y a trouvé déjà son indépendance et sa gloire. Alors elle se souviendra que la statue de jeune fille qui veille aux mânes du héros, fut l'œuvre de David ! et les Angevins seront fiers de penser que la Grèce leur devra quelque chose de sa future renaissance, fiers de penser que leur province aura commencé la première à s'acquitter sous le rapport artistique de la vieille et noble dette de l'Occident envers les Hellènes. Un autre Angevin, bien jeune pourtant et déjà célèbre, M. Beulé, de Saumur, par sa découverte de l'entrée de l'Acropole et par son bel ouvrage, aura lui aussi contribué glorieusement à cette rénovation si désirable et trop longtemps ajournée. 

Mais j'oublie que nous sommes à Péra, en face, il est vrai, de l'hôtel qu'occupa David. Cependant arrive l'heure de monter à bord, sœur Philomène et Mme Koppé nous conduisent à Top-Hané, où nous prenons un kaik ; deux Turcs bientôt nous mènent au Jourdain que commande M. de La Noue. Sept heures sonnent, la nuit se fait, on lève l'ancre, adieu Constantinople ! 

Nous avions eu l'avantage, à notre arrivée, de voir le Bosphore en plein soleil ; au départ, le spectacle ne fut pas moins beau, les étoiles brillaient d'un vif éclat, sans nuire aux innombrables jets lumineux qui, partis des fenêtres de Péra et de Galata, de Stamboul et de Scutari, semblaient se multiplier dans les eaux du Bosphore. 

La cheminée de notre vapeur s'avançait en Marmara, comme une gigantesque torche ; des gerbes de feu s'épanouissaient à son sommet et projetaient sur nos visages des reflets étranges. L'avant du pont était couvert de 200 soldats qui, convalescents, se rendaient en France. Sur le gaillard d'arrière se trouvaient réunis MM. les officiers qui, à moins de circonstances spéciales, sont à l'intérieur du navire généralement distribués de la sorte : les généraux, colonels et commandants, aux premières ; les capitaines, lieutenants et sous-lieutenants, aux secondes ; mais ces distinctions entre officiers, disparaissent sur le pont. Cette fois, par suite du grand nombre de troupes à bord, les secondes furent 

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supprimées et tous les passagers contraints de se mettre aux premières. Des groupes se forment, l'épaulette y donne le ton, mais un ton de fine chevalerie que la gloire des armes rehausse encore. C'est comme un bivouac de bonne société où l'oreille la plus délicate n'a rien qui l’inquiète. Naturellement des conversations s'établissent sur la guerre d'Orient : « — Quels sont ses profits et ses pertes, dit l'un ? — Si la question n'est pas facile à résoudre, elle est du moins fort originale, reprend un autre. — Voilà un thème pour une traversée entière, ajoute un troisième, mais un thème qui me semble complexe et susceptible de divers points de vue que je classerais de la sorte : profits et pertes relativement à la Russie, à la Turquie, à l'Angleterre et à la France. 

« La Russie s'est bien battue, honneur à son courage ! mais elle saura qu'il ne faut pas se jouer de l'équilibre européen ; elle ne perdra rien de son sol, et par la liberté qu'on ne peut manquer d'obtenir sur la mer Noire, son commerce entrant plus en relation que jamais avec celui 'des autres puissances, y gagnera d'assez grands avantages. Somme toute, la Russie ne sera pas mal partagée et le coup que son ambition a reçu dans ses projets d'envahissement, deviendra, je le crois, fort profitable aux améliorations que réclament ses affaires intérieures ; elle songera moins à s'étendre et davantage à se civiliser. 

« En pouvons-nous dire autant de la Turquie ? sérieusement songe-t-elle à le faire ? il est au moins permis de l’espérer. Il lui faudrait une forte organisation municipale pour élargir et aligner ses rues, pour établir des quais et des ports ; une vigilante police pour nettoyer ses quartiers et les purger d'assassins et de voleurs. 

« Je ne doute pas, continue le même interlocuteur, que les chrétiens sujets de la Porte n'obtiennent des droits sérieux en matière d'instruction, de liberté de conscience, de propriété, de justice et de fonctions publiques, choses que déjà les sultans avaient accordées dans une certaine mesure, depuis un temps immémorial, à litre d'immunités et de privilèges ; mais je doute que la liberté de conscience soit octroyée à la race musulmane, cela étant ou plutôt n'étant pas, je ne puis entrevoir comment un jour la femme turque sortira de son abaissement. Or point de civilisation réelle, profonde, sérieuse chez un peuple, tant que la femme restera sur un plan inférieur à l'homme. Sans elle point de fine 

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politesse, de langage délicat, d'entrain aimable, de causeries piquantes ; plus de bonnes mœurs ! où elle n'est pas souveraine, l’homme s'affadit, se gâte et s'ennuie. Ce qu'il gagne en brutal commandement, il le perd en distinction et en charme. Dans l'Orient comme partout, si l'on offre à la femme le sceptre des salons, elle saura dignement le porter et faire fléchir la société sous les douces lois de son empire ; les musulmanes n'en seraient pas incapables. 

» - C'est juste, dit un lieutenant, et ceci me rappelle que les Turquesses qui circulent à cette heure, avec assez de liberté, dans tes rues de Stamboul, ont avec quelques Européennes des conversations de ce genre : — Votre mari n'a donc qu'une femme ? vous pouvez dîner à sa table, vous promener à ses côtés, l'accompagner au temple ? Et les Européennes de répondre affirmativement ; puis les Turquesses d'ajouter : — Ah ! vous êtes bien heureuse ! 

» — Evidemment, reprit un capitaine, si ces femmes jouissaient de la liberté de conscience, beaucoup d'entre elles passeraient au christianisme, moins en vue du ciel, il est vrai, que de leur affranchissement ; c'est déjà quelque chose ! Une révolution sociale n'est possible ici que par les femmes, possible que par la liberté de conscience. Sans cet élément vous n'aurez qu'une civilisation mal assortie, sans base et sans durée. Mais ce profit, je doute que de longtemps il soit obtenu. D'autres réformes ne sont guère moins nécessaires ; la justice a besoin d'être en tout remaniée, les pénalités atroces y sont à l'ordre du jour ; un boulanger vendit à faux poids, on le place sur la pointe des pieds, puis on l'accroche par l'oreille, de manière qu'il a le choix de ces deux supplices, ou de rester des heures entières dans la position la plus gênante, ou s'il bouge, de se déchirer l'oreille, et l'on met tout enjeu pour qu'il se la déchire, car on lui barbouille les joues avec du miel, ce qui, attirant les moustiques, le force à se remuer. L'arbitraire n'est pas moins grand ; il y a de çà plusieurs années, 200 bandits européens, grecs, juifs, italiens, désolant Péra et Galata, furent pris. Les ambassadeurs, confiants dans la justice musulmane, les lui abandonnèrent ; un agent de l'autorité turque dresse leur procès avec soin, il forme des catégories, c'était bien ! Un mois après il visite le cachot ; plus de prisonniers ! on les avait étranglés et jetés à la mer. L'agent s'indigne, on lui répond en 

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ricanant, que ces mauvais sujets ne méritaient pas qu'il se fût donné tant de peine, que d'ailleurs les coupables étaient bien et dûment atteints. Cette justice est expéditive, mais il faut croire que la guerre d'Orient ralentira son zèle. 

« — Et les Anglais, qu'ont-ils gagné, qu'ont-ils perdu ? 

« Ils ont gagné, Messieurs, une certaine somme de liberté religieuse^ dit un pauvre moine ; j'ai vu, je vous l'affirme, à l'ambulance anglaise de Scutari, des sœurs catholiques de la Miséricorde entrer en partage de soins avec les dames protestantes ; ce pas a de l'avenir ; l'Irlande et le catholicisme y trouveront leur compte ; reconnaissance à la reine d'Angleterre ! 

» — Bien, bien, reprend un jeune Grec, mais vos alliés n'ont pas gagné beaucoup, par le côté des armes ; j'accorde qu'ils se battent avec courage et qu'ils se font tuer supérieurement, mais sans la France où seraient-ils (1) ? L'illusion des Hellènes sur les forces anglaises, s'est un peu dissipée ; à notre sens, la guerre d'Orient où vous avez pris votre revanche de Moscou, pourrait bien aussi vous l'avoir donnée sur Waterloo, et celte dernière d'autant plus belle, qu'elle s'est accomplie par la seule force des choses. 

» La France, Messieurs, est trop polie pour avouer ce triomphe, mais nous autres Grecs, qui cependant ne sommes pas en celte guerre vos amis, nous le publions très haut. 

» A vous. Messieurs, continue le jeune Athénien, qui comme la plupart de ses compatriotes, parlait notre langue, à vous le profit moral de la guerre, au commerce du monde le profit matériel. 

» — Mais il en est un autre, reprend le moine, un autre que personne de vous. Messieurs, ne désavouera, vous devinez le profit religieux, profil pour l’Orient, profit pour l'armée française ; en face de la mort point de respect humain ! et pendant que vos épées combattaient à Sébastopol, vos consciences avaient aussi leurs glorieuses batailles où les préjugés du dernier siècle tombaient en ruine. 

(1) Cette idée devint plus tard tellement à l’ordre du jour, que la médaille gracieusement distribuée à nos soldats par la reine Victoria, fut appelée la médaille de sauvetage. Si c’est l’honneur de la France d'avoir porté secours à ses alliés, c'est aussi celui de l’Angleterre d'avoir su reconnaître ce bon procédé. 

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« — Au fait, dit une moustache grise, il serait difficile de résister aux séductions des bonnes sœurs, elles vous circonviennent avec tant d'affection^ elles vous soignent avec un tel dévouement, qu'elles finissent toujours par emporter la place ; cet escadron de cornettes blanches est fort redoutable à nos vieilles habitudes, mais qu'importe ? on ne les en aime que mieux ! Allons, Messieurs, aux sœurs de Saint-Vincent-de-Paul ! et le toast fut dignement accueilli. 

» — Va pour les profils, dis-je à mon tour, mais les pertes ! Elles sont pénibles, elles sont nombreuses ! Rien que sur ce navire vous n'êtes pas moins de 200 blessés (1) ? 

(1 ) Depuis la rédaction de cette lettre, quelques documents m’ont été remis sur nos pertes en Orient ; ils sont loin d'être complets, mais je les livre en note, tels que j’ai pu les recueillir. 

[…]

XXVI. DE CONSTANTINOPLE AU PIREE.  FEUX EN MER. — PROMONTOIRE DE SUNIUM. — ÉGINE. — ASPECT DE LA GRÈCE. VUE D’ATHÈNES. — NOTRE QUARANTAINE. — BATAILLE DE SALAMINE. — TOMBEAU DIT DE THÈMISTOGLE. — MURAILLES DU PIRÉE. 

Monsieur,

Le deux octobre au malin, notre navire faisant route de Constantinople au Pirée, est en vue de Gallipoli, nous avions donc employé douze heures à traverser Marmara. De Gallipoli aux Dardanelles, les côtes se rapprochent durant quatre heures, de façon que la mer ressemble à un grand fleuve ; représentez-vous la Loire débordée entre Nantes et Montjean, seulement je vous prie de ne point oublier de substituer par la pensée, les rives de l'Europe et d'Asie, à celles de la Bretagne et de l'Anjou, deux parties du monde, à deux provinces, f^ proportion de beauté dans les aspects, n'est pas moins différente ; en Anjou, nos lointains sont gracieux et modestes ; dans l’Hellespont, ils sont hardis et grandioses. A noire gauche, galopent des Arabes ornés du blanc burnous et des cavaliers anglais au costume rouge ; ils dévorent l’espace et bientôt se perdent à l'horizon, dans un nuage de poussière. 

Un bon vent arrière et la vapeur nous poussent rapidement vers les 

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Dardanelles, qu'une manœuvre du gouvernail nous fait tout aussi rapidement perdre de vue ; et nous voilà devant Ténédôs, laissant à notre gauche, la Troade. Après Ténédos, jusqu'au canal Doro, la mer seule nous apparaît dans son immensité, et nous sommes en pleine nuit du deux au trois octobre, nuit étoilée, calme et vraiment belle, mais troublée par la vue d'un feu gigantesque, dont les apparences sinistres nous disposent à croire qu'il s'agit d'un navire en feu. Un incendie en mer, oh ! c'est terrible, disent tout bas quelque passagers et ils jettent instinctivement les yeux sur notre machine. 

Le capitaine se dirige un instant vers cette flamme lointaine, de si lugubre aspect, et ne tarde pas à reprendre sa route ayant acquis la preuve au moyen de sa lunette, que ces conjectures étaient heureusement mal fondées. 

[…]

 

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