Lettre LXVII. 

Hermanstadt, 28 Juillet 1786. 

LE Gouverneur de cette ville m'a traitée avec beaucoup d'égards. C'est un vieillard de bon sens, le seul Gouverneur au service de l'Empereur, qui ait été nommé par l’impératrice défunte. II est Protestant. Son cabinet renferme des échantillons de toutes les mines de la Transylvanie. Ces mines sont fort riches, & l'or en est très-fin. On m'a dit qu'elles rapportent deux cent cinquante mille ducats par an à l'Empereur. Ce revenu est le produit d'une taxe imposée sur les propriétaires des mines, à raison d'un tiers de l’or que l'on en tire, savoir, trois florins sur neuf. C'est un plan bien plus sage que de rendre le Souverain propriétaire des mines d'or & d'argent que l'on découvre dans un pays, parce qu'alors le possesseur d'un champ qui contient une mine précieuse doit faire tous ses efforts pour empêcher qu'on ne la découvre. 

Le Gouverneur est amateur de tableaux, & il en a une belle collection. Charles Ier & son Epouse méritent d'y être remarqués. Un S. Jérôme du Guide, avec un Lion, sont sans prix. Il dit en avoir refusé quatre mille livres sterlings. — Je dînai chez lui avec un noble hongrois, un Comte de Witzai & son épouse, qui est une Esterhazi & plusieurs autres nobles. 

Le Comte de Witzai se chargea de conduire mon cheval Arabe à Vienne. Je crois vous avoir mandé, dans ma dernière Lettre, que l'Empereur devoit me faire une visite. Il est venu à pied, seulement accompagne du Général Brown ; il est resté deux heures & demie chez moi à regarder les cartes & les présens que j'ai reçus. Les cartes parurent lui faire beaucoup de plaisir & lorsque je m'acquittai du message du Prince de Valachie, il se mit à rire de mon exactitude. 

J'assistai hier matin à la revue, mais le tems étoit couvert, orageux & désagréable. — L'Empereur quitta Hermanstadt après la revue. — Il envoya le Général Brown me dire qu'il avoir écrit au Comte de Soro, Commandant à Temeswar, & au Comte de Collorédo à Peterwaradin, de me faire tenir prêts des chevaux de poste, si je passois par cette ville, pour voir les troupes Croates, qui, comme vous le savez, forment une espèce de Milice, qui garde les frontières, cultive la terre en tems de paix, & se distingue par sa bravoure en tems de guerre. L'Empereur m'a voit beaucoup parlé de ces troupes, & il parossoit désirer que je me détournasse pour les voir, mais j'avoue qu'il me tarde trop d'arriver à Vienne où je dois trouver des Lettres intéressantes 

Je vous écrirai aussi-tôt que j'y ferai arrivée. Je fuis, avec respect & affection, votre Sœur, &c. 

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