Autres lettres choisies de Lady Montague, traduction de 1853

A LA COMTESSE DE MAR.

Festin dans le harem du grand visir ; son portrait ; celui de sa femme ; visite au harem de kahia ; portrait de sa femme la belle Fatime ; sa maison ; son luxe,etc.

Andrinople, 18 avril.

Je vous écrivis, chère sœur, à vous et à tous mes autres correspondants d'Angleterre par le dernier vaisseau, et il n'y a que Dieu qui puisse dire quand je trouverai une autre occasion pour vous envoyer quelque chose; mais je n'ai pas peur de vous écrire en attendant, bien que ma lettre ne doive peut-être pas sortir de mes mains avant deux mois. Pour être vraie, je dois dire que j'ai la tête toute pleine de ce que j'ai vu hier, et que j'ai absolument besoin de me soulager en parlant ici. Cette préface est assez longue, mais voici mon histoire :

J'étais invitée à diner par la femme du grand vizir; et ce fut avec un grand' plaisir que je me préparai à une cérémonie dont aucun autre chrétien n'a eu l'honneur. Je pensai que je satisferais bien peu sa curiosité, qui était sans doute pour beaucoup dans son invitation, si je mettais la robe turque qu'elle connaît déjà, et j'eus soin de m'habiller avec mon habit de cour de Vienne, qui est bien plus magnifique que les nôtres. Cependant, j'allai chez elle incognito, pour éviter tous les embarras de l'étiquette, et je pris une voiture du pays, accompagnée seulement d'une femme qui portait la queue de ma robe et d'une Grecque pour me servir d'interprète. Je fus reçue dans la cour par un eunuque noir, qui me fit descendre de voiture avec le plus grand respect et me conduisit à travers une enfilade d'appartements dans lesquels des esclaves, fort bien vêtues, faisaient la haie. Tout au fond je trouvai la dame, assise sur un sofa, avec une robe de martre. Elle s'avança pour me recevoir et me présenta poliment à une demi-douzaine de ses amies. 

Elle me parut une excellente femme, âgée d'environ cinquante ans. Je fus surprise de la simplicité de sa demeure : l'ameublement en était très-modeste, et sauf le nombre et la richesse des vêtements des esclaves, rien n'indiquait le luxe chez elle. Elle comprit ma pensée et me dit qu'elle n'avait plus assez de jours à vivre pour dépenser son temps et son argent en superfluités, qu'elle s'en servait pour faire de bonnes œuvres et pour prier Dieu. Elle parlait sans affectation; son mari est, comme elle, tout entier à la dévotion. Il n'a jamais jeté les yeux sur une autre femme que la sienne, et, ce qui est plus extraordinaire, il ne reçoit pas de présents, malgré l'exemple de tous ses prédécesseurs. Il est si scrupuleux sur ce chapitre qu'il ne voulut rien recevoir de mon mari jusqu'à ce qu'il lui eût prouvé à plusieurs reprises qu'il usait du droit de tous les nouveaux ambassadeurs. 

Sa femme m'a entretenue avec la plus grande politesse jusqu'à l'heure du dîner. On ne servit qu'un plat à la fois, mais ils étaient en grand nombre et très-bien arrangés à la turque. Cette cuisine n'est pas si mauvaise qu'on pourrait vous le faire croire. Je suis bon juge en cette matière, ayant vécu trois semaines dans la maison d'un effendi de Belgrade, qui nous a donné des dîners magnifiques, apprêtés par ses cuisiniers. La première semaine cela m'enchanta, puis je m'en dégoûtai un peu, il faut le dire, et j'y fis ajouter par notre cuisinier un ou deux plats à l'anglaise ; mais j'attribue ce dégoût à l'habitude, et je suis portée à croire qu'un Indien qui n'aurait tâté ni de l'une ni de l'autre cuisine, préférerait celle des Turcs à la nôtre. Leurs sauces sont très-relevées et ils abusent du rôti. Ils font un grand usage des meilleures épices. Le potage se sert chez eux à la fin du repas. 

J'étais désolée de ne pouvoir toucher à tous les plats que l'excellente dame me présentait de l'air le plus obligeant. On termina le dîner en servant le café et les parfums, qui sont une grande marque de distinction pour les personnes que l'on traite. Deux esclaves à genoux m'ont parfumé les cheveux, la robe et le mouchoir. Après cette cérémonie, l'hôtesse a ordonné aux esclaves de jouer des instruments et de danser : elles avaient des guitares; on me fit des excuses sur leur peu d'habileté, en disant qu'on n'avait pas tenu à en faire des artistes achevées. 

Je remerciai de l'hospitalité que j'avais reçue, pris congé, et me retirai, accompagnée au départ comme je l'avais été en arrivant. 

Je voulais revenir chez moi, mais la Grecque qui m'accompagnait fit des instances pour que je rendisse visite à la femme du kiyaya, me disant que c'est le second officier de l'empire, et qu'il faut même le considérer comme le premier, puisqu'il exerce l'autorité du grand vizir, et que celui-ci n'a pour ainsi dire qu'un titre d'honneur. J'avais trouvé si peu de plaisir dans le harem du grand vizir, que je n'avais pas un désir bien vif d'aller dans un autre. Cependant je cédai à ses instances, et je fus enchantée plus tard de cette condescendance. 

C'était quelque chose de bien différent que cette maison. Tout y montrait la différence qu'il y a entre une vieille dévote et une jeune beauté. Il y avait à la fois de la délicatesse et de la magnificence. A la porte je fus reçue par deux eunuques qui me conduisirent dans une longue galerie entre deux rangs de belles jeunes filles, avec de beaux cheveux tressés qui pendaient jusqu'à leurs pieds, habillées en fin damas, broché d'argent. Je fus fâchée de ne pouvoir m'arrêter pour les considérer. Mais bientôt je n'y songeai guère en entrant dans un grand salon, ou plutôt dans un pavillon arrondi dont les fenêtres, avec leurs jalousies dorées, étaient en grande partie ouvertes. Des arbres plantés dans le voisinage donnaient une ombre agréable que ne pouvait pénétrer le soleil. Les jasmins et les chèvrefeuilles, qui montaient le long de ces arbres, répandaient de douces odeurs qui rendaient plus douce encore la fraîcheur d'une fontaine de marbre blanc placée au fond du pavillon. Il en jaillissait une eau parfumée, qui retombait dans trois ou quatre bassins avec un aimable murmure. Le plafond était peint avec toutes sortes de fleurs qui semblaient sortir de leurs vases dorés et retomber jusqu'à terre. 

Sur un sofa, élevé de trois marches et couvert des plus beaux tapis de Perse, était assise la femme du kiyaya, accoudée sur des coussins de satin blanc brodé; à ses pieds étaient assises deux jeunes filles d'environ douze ans, belles comme des anges, vêtues avec une parfaite magnificence et couvertes de pierreries. Mais elles étaient bien effacées par leur mère, la belle Fatima. Je n'ai jamais vu de femme, en Angleterre ou en Allemagne, qui approchât de sa beauté. On ne peut imaginer une figure plus glorieusement belle, et j'ai beau chercher dans mes souvenirs, rien ne saurait en donner l'idée. Elle se leva pour me recevoir, me salua à la mode du pays, en mettant la main sur son cœur avec une grâce pleine de majesté, que la vie des cours ne saurait donner. Sur son ordre on m'offrit des coussins dans l'angle de la salle, qui est la place d'honneur. J'avoue que bien que ma Grecque m'eût parlé avec de grands éloges de sa beauté, je fus d'abord saisie d'une telle admiration, que je ne pus dire un mot. Je me contentais de la regarder. Quelle surprenante harmonie dans les formes ! quelle grâce dans tout l'ensemble ! quelles charmantes proportions ! quelle fraîcheur d'un teint que l'art n'avait pas altéré! quel délicieux sourire ! Et ses yeux! grands et noirs, mais avec toute la douceur des yeux bleus. A chaque mouvement de son visage un nouvel agrément se découvrait. 

En revenant de ma surprise, je l'examinai avec soin pour voir si je ne saisirais pas quelque imperfection au milieu de ces charmes; j'en fus pour mes recherches, et je dus dire adieu au préjugé qui veut qu'une beauté parfaite et une figure régulière ne soient pas agréables. La nature, plus heureuse qu'Apelle, a réuni pour elle tous les plus beaux traits et en a formé une admirable figure. Ajoutez à cela des manières pleines de grâce et de délicatesse, des mouvements aisés et un air de majesté qui ne sent ni l'affectation, ni la gêne; si bien

que placez-la sur le trône du royaume le plus civilisé de l'Europe, personne ne dira qu'elle n'a pas été faite et élevée exprès pour en être la reine. Et cependant elle est née dans un pays que nous appelons barbare. En un mot, nos plus belles femmes d'Angleterre ne sont rien devant elle. 

Elle avait un caftan de brocart d'or à fleurs d'argent qui lui prenait la taille, et j'ai pu juger de la beauté de sa gorge qui n'était cachée que par une gaze légère. Ses caleçons étaient couleur d'œillet pâle, sa veste vert et argent, ses pantoufles de satin blanc, richement brodées. Elle avait à ses beaux bras des bracelets de diamants et une ceinture pareille. Sur sa tête était un mouchoir à œillets d'argent, du dessous duquel ses cheveux noirs tombaient en tresses nombreuses : d'un côté de la tête, elle portait un bouquet de pierres fines. 

Je crains que vous ne reprochiez à ma description d'être extravagante. Il me semble que j'ai lu quelque part que les femmes s'enflamment en parlant de la beauté, et, ma foi, je ne vois pas pourquoi l'on s'en étonne. Je regarde plutôt comme une vertu de la pouvoir admirer sans mélange d'envie. Les plus graves écrivains ont parlé avec enthousiasme de quelques morceaux célèbres de peinture ou de sculpture. Les ouvrages de la nature l'emportent certainement sur toutes nos pauvres imitations, et, je pense méritent bien mieux nos hommages. Pour ma part, je ne rougirai jamais d'avoir pris plus de plaisir à contempler la 

belle Fatima qu'à examiner la plus belle statue du monde. 

Elle m'a dit que les deux jeunes filles qu'elle avait à ses pieds étaient ses filles, bien qu'elle parût bien jeune pour être leur mère. Ses esclaves étaient rangées au-dessous du sofa au nombre de vingt, et à les voir si jolies je me représentai les chœurs antiques des nymphes. Je n'aurais pas cru que dans toute la nature on pouvait rencontrer une scène aussi belle. Elle leur fit signe de commencer la musique et la danse. Quatre d'entre elles se mirent à jouer doucement de leurs instruments, qui tiennent à la fois du luth et de la guitare; elles chantèrent aussi, et les autres dansèrent tour à tour. 

[Musique turque]

Je présume que vous avez lu que les Turcs n'ont que de la musique qui écorche les oreilles. Ceux qui le disent montrent qu'ils n'en ont entendu ici que dans les rues, et ils sont aussi judicieux que le serait le voyageur qui jugerait de notre musique par nos racleurs de violon et nos joueurs de clarinette. Je puis vous assurer que leur musique est très-expressive. Il est vrai que j'incline à lui préférer la musique italienne, mais j'ai peut-être tort. 

J'ai vu ici une dame grecque qui chante mieux que Mme Robinson, et qui connaît très-bien les deux musiques : elle préfère celle des Turcs. Il est certain que les femmes ont ici de très-belles voix, et d'un son fort agréable. Quand la danse finit, quatre belles esclaves entrèrent avec des encensoirs d'argent dans les mains et parfumèrent la salle d'ambre, d'aloès et d'autres odeurs. Après quoi on m'a servi le café à genoux dans une tasse du Japon, sur des soucoupes d'argent doré. L'aimable Fatima me parlait pendant ce temps le plus agréablement du monde, m'appelant Souvent Guzel sultanam, ou la Belle sultane, et me demandant avec grâce mon amitié. Elle se désolait de ne pouvoir me parler dans ma langue. 

Quand je la quittai, deux femmes apportèrent une belle corbeille d'argent pleine de mouchoirs brodés ; elle me fit prendre le plus beau comme un souvenir, et en donna deux à mes deux suivantes. Je me retirai avec la même cérémonie que devant. Il me semblait que je venais de passer une heure dans le paradis de Mahomet, tant j'étais charmée de l'avoir vue. Je ne sais ce que vous direz de cette lettre : j'ai désiré partager mon plaisir avec vous. Car je voudrais, ma chère sœur, vous voir ici toutes les fois qu'il arrive quelque chose d'agréable à votre, etc.

A L'ABBÉ ***. 

Description d'Andrinople ; la Bourse; crédit des juifs; magnificence du camp ; revue des nouvelles troupes par le grand seigneur ; mosquée de Sélim ; le sérail ; audience.

Andrinople, 17 mai, 

Je vais quitter Andrinople; mais je ne voudrais pas le faire sans vous parler un peu de ce que la ville a de curieux, ayant mis beaucoup de soin à m'en rendre compte.

Je ne vous ennuierai pas de dissertations pour établir, oui ou non, que c'est l'Oreste ou l'Orestésie des anciens ; vous savez cela mieux que moi. Son nom actuel lui vient de l'empereur Adrien; c'est la première ville d'Europe qui soit devenue le séjour favori de quelques sultans. Mahomet IV, et Mustapha, frère de l'empereur régnant, l'ont aimée assez pour lui sacrifier tout à fait Constantinople. Les janissaires en étaient exaspérés, et ç'a été un des plus grands motifs de la déposition de ces princes. Achmet III paraît aimer aussi à y tenir sa cour, et je ne sais trop pour quelle raison. Il est vrai que le site est beau et que le pays est riche aux alentours; mais l'air est extrêmement épais, et le sérail lui-même n'est pas à l'abri de ses miasmes. La ville a, dit-on, huit milles de circuit, en y comprenant, je le pense, les jardins. Il y a de très-belles maisons, ou du moins de très-grandes; en effet, pour l'architecture, les palais même ne sont pas de belle apparence. Pour le moment, l'affluence est considérable; cela vient de ce qu'on suit la cour ou l'armée; quand elles s'en iront, la ville, à ce qu'on m'a dit, sera assez déserte. La Maritza, qui est l'Hèbre des anciens, coule à ses pieds; elle est à sec en été, ce qui contribue à rendre l'air malsain. A présent ce n'est qu'un agréable ruisseau sur lequel on a bâti deux ponts magnifiques. J'ai eu la curiosité d'aller voir la Bourse dans mon vêtement turc, qui me déguise suffisamment. Je n'étais pas très à mon aise en me voyant entourée de janissaires; mais ils n'osent toucher une femme, et ils me laissaient passer avec autant de respect que si j'avais eu ma pompe d'ambassadrice. La Bourse a un demi-mille de long; c'est une maison voûtée et tenue très-proprement. Il y a trois cent soixante-cinq boutiques, garnies de toutes sortes de richesses, exposées en vente comme à la nouvelle Bourse de Londres ; mais le pavé y est mieux entretenu, et les boutiques sont toutes si propres qu'elles semblent fraîchement mises en couleur. Les paresseux de toute espèce s'y promènent pour se divertir ou s'amuser à prendre du café et du sorbet, que l'on y donne comme on donne des oranges et des confitures dans nos théâtres. • J'ai remarqué que les riches marchands sont juifs; ils ont une puissance incroyable dans ce pays, et des priviléges qui dépassent ceux des 

Turcs eux-mêmes. Ils forment une grande république, et sont jugés d'après leurs lois. Ils ont dans les mains le commerce de tout l'empire, tant par l'union puissante qu'il y a entre eux, que par la nonchalance et le peu d'industrie des Turcs. Chaque pacha a son juif, qui est son homme d'affaires; il le met dans tous ses secrets et lui donne sa confiance. Il ne fait aucun marché, ne reçoit aucun présent, ne dispose d'aucune marchandise sans que le tout n'ait passé par les mains du juif. 

Ces hommes sont médecins, maîtres d'hôtel et interprètes de toutes les personnes considérables. Vous pouvez juger des profits qu'en retire un peuple qui n'a jamais laissé échapper une occasion de tirer parti des plus minces avantages. Ils ont trouvé le secret de se rendre si nécessaires qu'ils sont assurés de la protection de la cour, quel que soit le ministre en faveur. Bien que les marchands anglais, français et italiens connaissent très-bien leurs menées, ils sont forcés néanmoins de recourir à eux pour leurs affaires, puisque rien ne se peut faire sans leur entremise. Ce serait une sottise que de désobliger le plus chétif d'entre eux; toute la tribu défendrait ses intérêts avec autant de chaleur que s'il s'agissait du plus considérable de ses membres. Il y en a d'extraordinairement riches, bien qu'ils n'en témoignent rien au public : c'est dans leur intérieur qu'ils vivent avec le luxe le plus magnifique. Me voilà bien loin de la description de la Bourse qui porte le nom d'Ali-pacha, son fondateur. Elle est située dans la rue Tchartshi, qui a un mille de long et qui est pleine de boutiques où l'on vend toutes sortes de marchandises; mais comme on ne fabrique rien ici, tout se vend fort cher. Cette rue est couverte par un toit de planches qui la met à l'abri de la pluie et permet aux marchands de s'y réunir sans crainte en tout temps. Le Bessiten, non loin de là, est une autre bourse, bâtie sur des piliers ; on y vend toute la fourniture des chevaux. De toutes parts l'or y étincelle ; les riches broderies et les ornements de pierres fines en font un spectacle fort agréable. 

De là, j'ai été dans mon carrosse turc, au camp qui doit être porté bientôt sur la frontière. Le sultan y est déjà sous la tente, avec toute sa cour, et le spectacle en est vraiment magnifique. Les tentes des grands devraient plutôt s'appeler des palais. Elles occupent un vaste terrain et forment de nombreux appartements. Toutes sont peintes en vert, et les pachas à trois queues ont les insignes de leur grade placés en évidence devant leur tente, ornés de boules d'or, suivant leur rang. Les femmes se rendent au camp dans leurs voitures, avec autant d'empressement que nous en mettons à aller à Hyde-Park ; mais il est facile de voir que les soldats ne sont pas aussi empressés de commencer la campagne. La guerre est généralement un fléau pour le peuple, et surtout pour les marchands, maintenant que le sultan s'est décidé à combattre en personne. Il faut que chacune de leurs compagnies lui donne, à cette occasion, des présents proportionnés à leurs apparentes ressources. 

Cette entrée en campagne a déjà donné lieu à une fête très-singulière, et dont je me félicite beaucoup d'avoir eu le spectacle. J'ai pris la peine de me lever à six heures du matin pour voir la cérémonie qui cependant ne commença qu'à six heures. Le Grand Seigneur était à l'une des fenêtres du sérail pour assister à la revue des gens qui ont passé par les rues principales. Un effendi marchait en tête monté sur un chameau, richement harnaché, et lisant tout haut le Coran, dont la reliure magnifique reposait sur un coussin. Autour de lui se tenait une troupe de jeunes garçons en blanc, qui chantaient des versets, et que suivait un homme chargé de rameaux verts, représentant le laboureur qui sème le grain. Derrière lui, plusieurs moissonneurs, parés d'épis de blé, comme on nous représente Cérès, semblaient se servir des faux qu'ils avaient dans les mains. Alors a paru une petite machine tirée par des bœufs, et portant un moulin avec de jeunes enfants pour moudre le blé ; une autre machine suivait, traînée par des buffles, et portant un four : deux enfants y pétrissaient et enfournaient le pain. De temps en temps, ils jetaient au peuple qui les entourait des petits gâteaux. La compagnie tout entière des boulangers venait ensuite, ils marchaient deux par deux dans leurs habits de fête, et portaient sur leur tête des pains, des gâteaux, des galettes et toutes sortes de pâtisseries. Deux gâte-sauces faisaient en arrière des bouffonneries, et tout couverts de farine, divertissaient la foule par leur dialogue. De la même manière marchaient toutes les corporations des marchands de l'empire; les plus relevés d'entre eux, comme les joailliers, les merciers, etc., étaient très-bien montés, et plusieurs des allégories qui représentaient leur commerce étaient magnifiques. Entre elles se faisait remarquer celle des fourreurs, conduisant une vaste machine couverte des plus belles fourrures : les renards, les hermines, etc., étaient si bien empaillés que ces animaux paraissaient vivre. Des musiciens et des danseurs venaient à la suite. Je pense qu'il y avait là, en tout, vingt mille hommes, tous prêts à suivre Sa Hautesse, si elle l'ordonnait. La marche était fermée par les volontaires qui viennent briguer l'honneur de mourir à son service. Cette partie de la pompe m'a paru si barbare que j'ai quitté la fenêtre en la voyant s'approcher. Ils étaient nus jusqu'à la ceinture. Quelques-uns avaient les bras percés de flèches qui demeuraient dans les blessures; d'autres en avaient enfoncé dans leur figure et laissaient le sang couler. Quelques autres se tailladaient les bras à coups de canif et faisaient jaillir le sang sur les spectateurs. On regarde cela comme une preuve de leur zèle pour la gloire. 

Je me suis laissé dire que plusieurs agissaient ainsi pour avancer leurs affaires d'amour, et que quand ils passaient sous les fenêtres de leurs maîtresses (toutes les femmes assistent à ce spectacle sous le voile), ils se perçaient d'une flèche nouvelle en leur honneur, ce qui leur valait quelque marque d'approbation ou d'encouragement. La cérémonie tout entière a duré environ huit heures, à mon grand regret ; j'en étais fatiguée à l'excès, bien que je fusse chez la veuve de l'amiran (capitan-pacha) qui m'avait offert avec toute la politesse possible, le café, les confitures, le sorbet et le reste. 

Je suis allée deux jours après à la mosquée du sultan Sélim Ier. C'est un édifice digne tout à fait de la curiosité d'un voyageur. J'avais mon habit turc et fus admise sans difficulté. Cependant je crois qu'on devina qui j'étais : car autrement le portier m'aurait-il conduite partout avec cette profonde obséquiosité ? La mosquée est très-avantageusement située au milieu de la ville, dans la partie la plus élevée, d'où le coup d'œil est superbe. La première cour s'ouvre sur quatre portes, et la cour intérieure sur trois. Ces deux cours sont entourées de péristyles, dont les colonnes de marbre, d'ordre ionique, sont finement polies, avec des couleurs vives qui tranchent sur le pavé de marbre blanc. Le plafond des péristyles se divise en plusieurs coupoles ou dômes avec des boules d'or sur le faîte. Au milieu des cours sont de belles fontaines de marbre blanc, et devant la grande porte de la mosquée est un portique orné de colonnes de marbre vert avec cinq ouvertures. 

Le corps même de la mosquée est un dôme immense. Je m'entends si peu à l'architecture que je n'ai pas la prétention de parler de ses proportions. Elles sont, à mon avis, très-régulières. A coup sûr, l'élévation du dôme est telle que je ne crois pas avoir vu de plus noble édifice. 

Il y a deux rangs de galeries à colonnes et à balustrades de marbre ; le pavé est aussi de marbre et couvert de tapis de Perse. A mon avis, ce qui rend l'édifice très-admirable, c'est qu'il n'est pas coupé et défiguré, comme le sont nos églises, par une multitude de bancs, de chaises et de banquettes, et que les piliers, qui sont presque tous de marbre, rouge ou blanc, ne sont pas défigurés par ces petites figures emmaillottées ou par ces tableaux qui donnent aux églises catholiques l'air d'une boutique de bric-à-brac. Les murs sont une sorte de marqueterie, avec des couleurs si jolies et des dessins de fleurs si délicats que je ne pouvais imaginer d'abord de quelles pierres on avait dû faire usage. En m'approchant j'ai vu que ce sont des incrustations de porcelaine japonaise, qui sont d'un bien charmant effet. Au milieu de la mosquée est suspendue une grande lampe d'argent doré, et outre cela l'édifice en renferme bien, je crois, au moins deux mille d'un plus petit modèle. Le dôme doit être splendide quand tout est allumé; mais on n'allume que le soir, et alors les femmes n'entrent pas. Sous la lampe principale . est un grand pupitre de bois sculpté et doré, et tout auprès une fontaine pour les ablutions, qui sont, vous le savez, une partie essentielle dans la dévotion turque. Dans un angle est une petite galerie, grillée avec un treillage d'or, pour le sultan. A l'extrémité est une grande niche, semblable à un autel, élevée de deux marches, couverte de brocart précieux, et, devant elle, deux chandeliers d'argent doré, de la hauteur d'un homme, avec deux cierges gros comme le poing. L'extérieur de la mosquée est orné de tours très-élevées et à toits dorés; c'est de là que les imaums appellent le peuple à la prière. J'ai eu la curiosité de monter sur l'une d'elles et je l'ai trouvée travaillée avec un art capable d'étonner tout le monde. Il y a une porte commune pour les trois escaliers qui mènent aux trois étages de la tour, mais ces escaliers sont disposés de façon que les prêtres qui montent ne se puissent rencontrer. Et cette idée singulière est parfaitement venue à l'exécution. Auprès de la mosquée est une bourse pleine de boutiques où de pauvres artisans sont logés gratis. J'ai vu plusieurs derviches en prières. Ils sont vêtus d'une pièce d'étoffe de laine unie, avec les bras nus et un bonnet de laine sur la tête : ce bonnet ressemble à un chapeau de haute forme et sans bords. J'ai vu encore d'autres mosquées, bâties depuis dans le même genre ; mais aucune ne peut être comparée pour la magnificence à celle que j'ai décrite, qui est bien au-dessus des églises d'Allemagne ou d'Angleterre. Je ne puis parler des autres pays, ne les connaissant pas. Le sérail d'Andrinople n'a pas l'apparence extérieure d'un palais superbe ; mais les jardins en sont vastes, avec de belles eaux et de beaux arbres. C'est tout ce que j'en connais, n'y ayant pas mis les pieds. 

Je ne vous dirai rien, ni de l'introduction de M. Wortley, ni de son audience solennelle. Cela a été la même cérémonie de tout temps, et on la connaît de reste; je vous épargne une redite. Le jeune prince, âgé d'environ onze ans, est assis à côté du sultan, son frère; c'est un joli enfant, mais probablement il ne lui succédera pas, car il reste deux fils de Mustapha, qui était l'aîné de la famille; le plus âgé a plus de vingt ans, et sur lui semblent se réunir toutes les espérances du peuple. Achmet III est un sultan avare et sanguinaire, et je crois qu'ici on en a bien assez.

La prochaine fois que je vous écrirai, ce sera de Constantinople.

Je suis, monsieur, votre, etc.

A l’Abbé***.

Constantinople, 29 Mai

J'ai eu la chance de jouir d'un très-beau temps pendant tout mon voyage et de trouver ici l'été dans toute sa splendeur. De toutes parts, ce sont des points de vue magnifiques; les prairies sont toutes pleines de fleurs qui enrichiraient nos jardins et de plantes odoriférantes; en les traversant, ma berline parfumait l'air. Le Grand Seigneur nous a fourni trente chariots couverts pour notre bagage, et cinq voitures du pays pour mes femmes. Nous avons trouvé les chemins remplis de grands spahis, avec leurs équipages, venant d'Asie et allant à la guerre. On voyage toujours ici avec des tentes, mais j'ai mieux aimé coucher sous un toit pendant toute la route.

Je ne vous jetterai pas au nez tous les noms des villages que nous avons traversés; ils n'ont rien de remarquable. Seulement, à Tchiorlu [Çorlu], on rencontre un conac [konak], ou petit sérail, pour l'usage du Grand Seigneur, quand il voyage de ce côté. J'ai eu la curiosité de voir tous les appartements destinés aux femmes de sa cour. Ils sont placés au milieu de gros bouquets d'arbres que rafraîchissent des fontaines. J'ai été surprise d'y voir les murs recouverts

de petits distiques en vers turcs, écrits au pinceau. " Je me les suis fait expliquer, et j'en ai trouvé quelques-uns très-bien tournés, quoique je sache bien ce que la traduction devait leur ôter de grâce. En Voici un traduit littéralement :

Nous venons ici-bas vivre un jour et partir : 

Celui qu'aime mon cœur n'en doit jamais sortir.

Le reste de notre voyage s'est effectué au travers de riches prairies, le long de la mer de Marmara, l'ancienne Propontide. Nous avons passé la nuit à Selivrea, ville autrefois célèbre. C'est encore aujourd'hui un bon port; elle est proprement bâtie et possède un pont de trente-deux arches. Il y a aussi une fameuse église grecque. J'ai donné une de mes voitures à une dame grecque qui désirait s'y rendre en ma compagnie, voulant y faire ses dévotions, et je n'ai pas été fâchée de l'accompagner. Mais l'église est un vilain bâtiment, chargé des mêmes ornements de toute espèce que les églises romaines, avec moins de magnificence. On m'a montré des reliques dont j'ai dû payer la vue, et un portrait de la Vierge, peint par saint Luc, qui ne donnerait pas une haute idée de ses talents. Néanmoins, la plus belle madone d'Italie est moins célèbre pour ses miracles. Les Grecs montrent un goût détestable dans leurs peintures; tous les fonds sont dorés; vous pouvez vous imaginer l'effet de ces fonds-là. De plus, ils ne connaissent ni les proportions, ni les ombres. Il y a dans cette ville un évêque qui officie en robe de pourpre, et qui, à mon arrivée, m'a envoyé un cierge aussi gros que moi, pour ainsi dire.

La nuit suivante, nous nous arrêtâmes dans une ville appelée Bujuk-Checkmedji [Büyükçekmece], ou le Grand-Pont, et celle d'après à Kujuk-Checkmedji, ou le Petit-Pont, dans un bâtiment singulier, qui avait été un couvent de derviches. Une grande cour le précède, entourée d'un cloître de marbre, avec une fontaine fort belle au milieu. La vue de cet endroit et des jardins qui l'environnent est l'une des plus agréables que je connaisse, et montre que, dans toutes les religions, les moines savent choisir leur retraite. Ce bâtiment appartient aujourd'hui à l'iogia, ou maître d'école qui instruit les enfants du pays. Je lui ai demandé de me montrer son appartement, et j'ai été bien surprise de voir qu'il avait placé son lit au sommet d'un grand cyprès de son jardin, et un peu plus bas celui de sa femme et de ses deux enfants. Ils y passent véritablement la nuit. Cette fantaisie me plut singulièrement, et je voulus examiner le nid de plus près; mais, après avoir escaladé cinquante échelons, je vis qu'il en restait encore autant pour le moins, et qu'ensuite il faudrait sauter de branche en branche, au risque de me casser le cou. J'ai cru plus sage de rétrograder.

Le lendemain, nous étions à Constantinople : mais je ne puis encore vous en dire que peu de chose, tout mon temps ayant été pris par des visites qui, du moins, ont enchanté mes yeux. Les jeunes femmes sont toutes fort belles, et leur beauté reçoit un nouveau lustre du bon goût de leurs toilettes. Notre palais est à Péra, qui n'est pas plus un faubourg de Constantinople que Westminster n'en est un de Londres. Tous les ambassadeurs y sont logés à côté les uns des autres. Une partie de notre maison a vue sur le port, sur la ville, le sérail, et, au loin, sur les montagnes d'Asie : peut-être est-ce là le plus beau spectacle de l'univers. 

Je ne sais quel auteur français dit que Constantinople est deux fois grand comme Paris. Milord Wortley, pour sa part, ne veut pas que cette ville soit plus vaste que Londres; c'est cependant là mon avis; mais je ne la crois pas aussi peuplée. Les cimetières qui l'entourent sont certainement plus étendus qu'elle, et il est surprenant de voir les Turcs perdre tant de terrain pour un si triste usage. J'en ai vu quelques-uns qui avaient plusieurs milles d'étendue, appartenant à d'assez petits villages, autrefois plus considérables, et dont c'était le seul vestige d'une grandeur disparue. Sous aucun prétexte, les Turcs ne voudraient déranger une pierre placée sur unê tombe. Quelques-uns de ces monuments sont d'un beau marbre et très-fastueux. Leur forme est une colonne surmontée d'un turban à la mémoire du mort ; et, comme les turbans, par leurs formes choisies, annoncent ici la qualité ou les professions, ce sont là les armoiries en usage; souvent aussi sur les colonnes sont gravées des inscriptions en lettres d'or. Les tombes de femmes consistent en une simple colonne sans ornements, excepté pour les jeunes filles ; on place alors une rose au sommet du monument. Les sépultures de famille sont fermées par une enceinte et plantées d'arbres. Celles des sultans et des grands personnages sont éclairées continuellement par une lampe. 

Quand je vous ai parlé de la religion des Turcs, j'ai oublié de faire mention de deux choses. J'avais appris la première dans les livres, mais n'y voulais pas croire, vu l'étrangeté du fait. Rien n'est plus Vrai cependant : quand un homme a divorcé dans les formes, il ne peut reprendre sa femme que lorsqu'un autre homme a passé une nuit avec elle, et il y a plus d'un mari qui a passé par là pour ne pas perdre sans retour la femme qu'il aimait. L'autre point de leur doctrine est aussi étrange : toute femme qui meurt sans avoir été mariée est en état de réprobation. Leur raison est que Dieu a créé les femmes pour faire croître et multiplier le genre humain, que le devoir d'une femme est de donner le jour à des enfants, et que Dieu n'exige même pas d'elle d'autres vertus. En vérité, la manière dont elles vivent ici, privées de tout commerce avec la société, ne leur en permet pas d'autres. Notre opinion vulgaire, qui leur fait refuser une âme à leurs femmes, n'a pas de fondement légitime. Ils disent, il est vrai, qu'elles sont inférieures en espèce à la race des hommes, et par suite qu'elles ne doivent pas s'attendre à entrer dans le Paradis réservé aux hommes qui doivent y avoir pour compagnes des • beautés célestes. Mais il y a un paradis pour les âmes d'un ordre inférieur, et les femmes vertueuses y seront aussi dans des délices éternelles [sic]. Quelques femmes sont assez superstitieuses pour ne vouloir pas rester dix jours en veuvage, dans la crainte de mourir en état de réprobation comme des créatures inutiles ; mais celles qui aiment leur liberté et ne sont pas esclaves de leur religion, se contentent de se marier lorsqu'elles se voient au lit de mort. Ce chapitre de théologie turque est bien différent de la doctrine qui fait de la virginité constante une vertu si agréable à Dieu. Décidez, je vous en laisse le soin, et dites de quel côté l'idée des lois divines est le mieux établie.... 

Je suis, monsieur, votre, etc.

[PAGE 84]

A M. POPE.

Belgrade, 17 juin.

J'espère que jusqu'ici vous avez reçu deux ou trois de mes lettres. La vôtre ne m'est arrivée qu'hier, bien que datée du 3 février. Je parle de celle dans laquelle vous me supposez morte et enterrée. Je vous ai déjà fait savoir que je suis encore en vie; mais, à dire vrai, je me regarde pour le moment comme un de ces esprits sur qui la matière est impuissante.

Les chaleurs de Constantinople m'ont amenée ici, à Belgrade, dans un lieu qui répond à merveille à la description des champs Élysées. Je suis au milieu d'un bois, planté en grande partie d'arbres fruitiers, arrosé par une foule de sources dont l'eau est renommée, et partagé en diverses allées à l'ombre desquelles croît une herbe fine qui, m'a-t-on dit, et j'en doutais d'abord, vient là tout naturellement. La vue s'étend de ce lieu sur la mer Noire dont le voisinage nous procure sans cesse des brises rafraîchissantes qui nous font oublier les chaleurs de l'été. Le village est entièrement habité par les plus riches des chrétiens qui, chaque soir, viennent se réunir autour d'une fontaine, à quarante pas de ma maison pour chanter et danser à leur aise. La beauté et le costume des femmes me rappellent tout à fait les nymphes antiques, comme nous les représente la poésie ou la peinture. Mais ce qui me persuade surtout que je suis dans un autre monde, c'est la situation même de mon âme, l'ignorance profonde où je suis de tout ce qui se passe parmi les vivants, et le calme avec lequel j'apprends de leurs nouvelles, quand le hasard m'en apporte. Cependant je m'occupe encore des amis et des connaissances que j'ai sur la terre, conformément à l'opinion du poëte qui a dit : 

Que personne jamais n'en doute : 
L'âme en partant garde le souvenir 
De ceux qu'elle aima dans sa route, 
Et vers eux bien souvent se plaît à revenir.

Je suis un exemple vivant de ce ressouvenir des morts. Je crois que Virgile pensait de même quand il a dit de l'âme humaine que ses humaines passions ne l'abandonnaient pas après la mort :

Même au sein de la mort elle songe et s'afflige.
Il ne me manque donc pour achever mon Élysée qu'une rivière d'oubli que je n'ai pas la chance d'y rencontrer.

Pour vous dire la vérité, je suis quelquefois lasse du chant, de la danse, et du soleil, et alors je regrette un tantinet la fumée d'Angleterre et les impertinences au milieu desquelles vous vous donnez du mouvement. Cependant je ne néglige rien pour me persuader que ma vie est bien plus agréable et bien plus variée que la vôtre. Lundi, partie de chasse. — Mardi, lecture anglaise. — Mercredi, étude de langue turque, et, pour le dire en passant, je suis déjà d'une force passable. — Jeudi, jour des classiques. — Vendredi, les dépêches. — Samedi, l'aiguille. Restent pour le dimanche les visites et le concert. N'est-ce pas là, en somme, une semaine aussi bien employée que si j'allais faire ma cour le lundi; chez lady Mohun, le mardi; le mercredi, à l'Opéra; au jeu, le jeudi; chez lady Chetwynd, le vendredi, etc., à cette seule fin d'entendre perpétuellement les mêmes médisances et d'assister aux mêmes niaiseries? Je m'en soucie à présent aussi peu que si j'avais fait vraiment le voyage des champs Élysées. Si ce n'est pas avec indignation, c'est du moins avec pitié qu'aujourd'hui j'en entends parler.... Je suis, etc.

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