Catégorie : Sites archéologiques et historiques
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Il reste peu de choses de l'église construite à Silifke pour célébrer sainte Thècle (Aya Tekla en Turc), une curieuse sainte chrétienne qui aurait accompagné Paul. Sa légende et son culte furent importants et se développèrent aussi en Egypte.

D'après les sources, à la fin du IVe siècle, se trouvait sur le site connu aussi sous le nom de Meriamlik, en plus du martyrium, un ou plusieurs monastères. C'était un très important lieu de pélerinage.
Basile (mort en 459), métropolite de Séleucie de 440 environ à 459) raconte dans son ouvrage sur sainte Thècle qu'elle "s'enfonça vivante et pénétra sous terre [...] au lieu même où l'on a fixé la sainte table de la célébration liturgique" et où l'on construisit le sanctuaire souterrain. Selon d'autres légendes, Thècle vécut là plusieurs années dans une grotte.

Samuel Guyer et Ernst Herzfeld firent des fouilles en 1907 dans la grande basilique à trois nefs longue de 80 mètres dont il ne reste que l'abside. Ils mirent au jour les restes d'une mosaïque de pavement, des fragments de marbre, de chapiteaux, de bases de colonnes et un fragment d'inscription qui témoignent de la richesse de l'ornementation. Il semble que l'église ait subi des transformations à la suite d'incidents (chute du toit ?).

Les archéologues ont découvert les traces d'une autre église (avec des sculptures et des chapiteaux) ; selon eux, elle comportait une coupole et elle fut construite par l'empereur byzantin Zénon ;  c'est, écrivent-ils en 1930, le plus ancien exemple de ce type et ils la datent de la 2ème moitié du Ve siècle. Cette hypothèse fut remise en cause plus tard par G. Forsyth qui démontra qu'il ne s'agissait pas d'une église à coupole.
Guyer et Hertzfeld ont également révélé une église datant des environs de 500, des bains, des citernes et un mur fortifié.

Les photographies ci-dessous (photos © Julien Revesz) datent de 2010. Nous avons ajouté plus loin des photos datant d'octobre 2015.

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Vue de la citerne. Au loin les immeubles de la ville de Silifke

 

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Restes de l'abside de la basilique côté extérieur

 

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Restes de l'abside de la basilique côté intérieur

"Thècle est citée par beaucoup de Pères de l'Église comme une des vierges les plus anciennes, les plus éminentes et les plus célèbres de l'Église primitive, et comme disciple de l'apôtre S. Paul. On ne sait rien de certain de son histoire ; on mit de fort bonne heure en circulation une légende de Sainte Thècle, intitulée Peridioi Pauli et Theclae. On y racontait que Paul avait chargé Thècle, qui l'accompagnait dans ses voyages, de prêcher ; qu'elle baptisa des hommes et des femmes et se baptisa elle-même. Comme on en appelait à cette histoire apocryphe pour revendiquer en faveur des femmes le droit de baptiser et de prêcher,
Tertullien répondit : Quod si quae Pauli perperam scripta legunt, exemplum Theclae ad licentiam mulierum docendi tingendique defendunt, sciant in Asia presbyrum, qui eam scripturam construxit quasi titulo Pauli de suo cumulans, convictum atque professum , id se amore Pauli fecisse, loco decessisse. Saint Jérôme, rappelant ce passage, dit : Igitur periodous Pauli et Theclae et totam baptizati leonis fabulam inter apocrypha computamus.... Sed et Tertuttianus refert presbyterum quemdam in Asia, spoudastèn Apostoli Pauli, convictum apud Joannem quod auctor esset libri, et confessum se hoc Pauli amore fecisse, loco excidisse. [Tertullien et Jérôme ne croient pas en ces témoignages.] Ce sont là les Acta S. Pauli et S. Theclae que le fameux décret du Pape Gélase compte parmi les apocryphes [les apocryphes sont des écrits rejetés par l'Eglise].

Ces periodoi sont perdus, et le Martyrion tès agias kai endoxou protomartyros kai apostolou Thèclas, publié dans le Spicilegium de Grabe, d'après un manuscrit de la bibliothèque bodléienne, n'est pas, suivant les Bollandistes, identique avec ces periodoi, quoique ceux-ci paraissent en être la base.
Au cinquième siècle Basile, évêque de Séleucie [Silifke], en Isaurie, écrivit une histoire de Sainte Thècle, pour laquelle sa source principale fut cet invraisemblable martyrion qui se trouve être également la base des actes de Siméon Métaphraste et du panégyrique de Ste Thècle par Nicétas-David Paphlago.

 

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Sanctuaire souterrain d'Ayatekla

 

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Sanctuaire souterrain d'Ayatekla

Nous n'avons de renseignements certains sur Sainte Thècle que dans des indications nombreuses, mais vagues, que donnent accidentellement les Pères de l'Église, surtout Saint Méthode, S. Épiphane, S. Grégoire de Nysse, S. Ambroise, S. Augustin, etc., etc. Le Bréviaire romain n'ajoute à ces renseignements que quelques détails pris dans les actes non authentiques.
D'après la légende du Bréviaire, Ste Thècle était une jeune fille distinguée d'Iconium, en Lycaonie. S. Paul ayant prêché l'Évangile dans cette ville, elle devint chrétienne et résolut de garder la virginité. Ses parents et son fiancé tâchèrent en vain par leurs prières de la faire renoncer à cette résolution. Les persécutions et les mauvais traitements ne purent l'ébranler. Elle fut placée sur un bûcher, mais le feu s'éteignit miraculeusement autour d'elle. Elle fut exposée aux bêtes, mais elles ne la touchèrent pas. Elle mourut, dit le Bréviaire romain, à l'âge de 90 ans, à Séleucie [Silifke], où l'on montrait son tombeau.

Les Pères [de l'Eglise] ne disent rien de sa mort. S'ils la nomment martyre (les Grecs l'appellent communément protomartyre , comme S. Etienne), il n'en résulte pas nécessairement qu'elle mourut d'une mort violente ; ce titre, comme le remarquent Tillemont et les Bollandistes , contrairement à Baronius, peut se rapporter aux persécutions dont la sainte fut l'objet et au double martyre auquel elle fut exposée sans succomber.
C'est ainsi que paraît l'entendre le Martyrologe romain : Iconii in Lycaonia S. Theclae, virginis et martyris, quae, a Paulo ad fidem perducta, sub Nerone imperatore in confessione Christi Ignes et Bestias devicit, et, post plurima ad doctrinam multorum superata certamina, Seleuciam veniens, ibi Requievit In Pace, quam sancti Patres summis laudibus celebrarunt. Les martyrologes grecs indiquent comme jour de sa mort le 24 septembre, les martyrologes latins le 23. "

Notice de Reusch extraite de Heinrich Joseph Wetzer, Benedikt Welte, Johann Goschler, Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique, Gaume et J. Duprey, 1865

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Citerne (ci-dessus et ci-dessous)

 

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Voûte de la citerne

 

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Photographies (1er octobre 2015)

Sanctuaire souterrain

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Citerne

L'intérieur de la citerne n'est plus accessible. Une rampe permet cependant de bien l'observer.

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