Une bonne introduction assez complète à la classification des langues turques, publiée dans une célèbre encyclopédie du XIXe siècle.

Extrait de L.-F. Jéhan, Dictionnaire de linguistique et de philologie, publié par l'abbé Migne, 1864

TÜRKE ou TURQUE (famille), classée dans le groupe des langues tartares.

On place dans cette famille plusieurs peuples anciens qui ont joué un grand rôle dans les révolutions de l'Asie, et dont les plus remarquables sont les suivants : les Hioung nou, qui, selon Abel Rémusat, sont le peuple turk le plus ancien dont l'histoire fait mention (NOTE). Ils habitaient dans le pays des Mongols actuels; ils avaient fondé des principautés même, dans les provinces chinoises de Chen si et de Chan si, et ont possédé le vaste empire de leur nom, qui parvint à sa plus grande puissance dans le IIIe siècle avant Jésus-Christ. Il paraît qu'on doit regarder cette nation, confondue par Desguignes et autres avec les Huns, comme la souche primitive d'où sont dérivés tous les nombreux peuples de cette famille, et la dissolution de l'empire Hioung nou comme la cause primitive qui amena ce déplacement des peuples nomades, qui renversa quelques siècles après l'empire romain. Les Thou kioueï ou Thou khiou, nommés Turks de l'Altaï, par les auteurs byzantins ; en 552 ils fondèrent un vaste empire, qui, quelques années après, s'étendait depuis le Caucase jusqu'à l'Océan oriental, et fut détruit en 703. C'est à Dizaboul ou Mou Kan khan, leur empereur, que Justin II envoya l'ambassadeur Zemarkh en 569. Il parait que cette nation avait adopté l'alphabet des Ouigours. Les Tchhy le ou Thie le, peuple très-nombreux qui, vers le milieu du VIe siècle, habitait à l'est de la mer Occidentale ou du lac Balkhach ; ils sont connus plus tard sous le nom de Kaotchhe, de Hoei he, et depuis 788 sous celui de Hoei hou. Les Tchy le, selon Klaproth, comptaient près de 300 000 hommes sous les armes, et les Hoei he furent très-puissants vers le milieu du VIIIe siècle. Ces derniers étaient très-civilisés, et se servaient d'une écriture particulière, mais on ne sait pas si elle était identique avec celle des Ouigours proprement dits. Les Seldjoucides, ainsi nommés de Seldjouk leur chef. C'était plutôt un assemblage d'aventuriers appartenant à différentes nations turkes, qu'un seul peuple.

(NOTE) Les Turks figurent, sur les tableaux que l'on a dressés des races humaines, à côté des Finnois, des Magyars et des Circassians, dans le rameau scythique de la race blanche. M. Scholl, de Berlin, croit que l'on peut prouver l'identité de la famille turque avec la famille finnoise, les deux groupes de peuples étant, selon lui, descendus, avec les Mongols el les Toungouses, de l'Altaï, comme autant de branches sorties d'une même souche; mais les matériaux nécessaires au parfait éclaircissement du problème, quant à ce qui regarde les Finnois et les Turks, sont encore fort incomplète. Pour ce qui est des rapports d'origine de ces deux derniers peuples avec les deux précédents. Si ils semblent être démentis par les traits physiques des uns et des autres, les Mongols et les Toungouses appartenant, comme les Chinois, les Japonais, etc., à la race jaune, et non, comme les Turks et les Finnois, à la race blanche.


Dans le XIe siècle ils fondèrent un empire qui, sous Malek, embrassait presque tous les pays autrefois soumis aux califes en Asie, et dont la dissolution donna naissance aux royaumes d'Iran, de Kerman et de Roum ou Iconium. Les Seldjoucides sont les ancêtres des Osmanlis. Les Patzinak, qui sont les Petcheneg ou Petchenègues des annalistes Russes, et que Abel Rémusat croit identiques avec les Kangur ou Kangli. Vers la fin du IXe siècle ils occupaient le pays entre le Don et le Danube, où ils furent la terreur des Grecs, des Bulgares, des Khazares, des Hongrois et des Russes. Les Komans et les Uxes, qui, fondus ensemble dans le XIe siècle, formèrent la puissante nation des Komans, nommés Polowzer par les Russes et les Polonais, et Chuni par les Hongrois. Ils occupaient le pays entre les embouchures du Wolga et du Danube. Après avoir été le fléau des Grecs et des Russes dans les XIe et XIIe siècles, ils furent détruits dans le XIIIe par les Mongols. Les Komans, qui s'étaient réfugiés en Hongrie, où ils ont peuplé la petite et la grande Koumanie, par la suite des temps ont oublié leur langue et parlent actuellement le hongrois. Outre ces peuples qui ont cessé d'exister, cette famille comprend toutes les innombrables tribus turkes nommées improprement tartares, qui sont répandues sur un espace de plus de 120 degrés, et qui vivent dans l'empire ottoman et les Etats vassaux, ou pour mieux dire alliés, sur la côte septentrionale de l'Afrique, dans les empires russe et chinois, dans les royaumes de Perse et de Caboul [Kaboul] et dans le Turkestan indépendant (NOTE 2). Les idiomes turks offrent le phénomène extraordinaire d'être formés de mots presque identiques, quoique les peuples qui les parlent soient séparés les uns des autres par d'énormes distances, occupent des degrés très-différents dans l'échelle de la civilisation, et vivent au milieu d'un grand nombre de nations entièrement différentes. On peut dire qu'en général les idiomes turks d'Occident sont mêlés de beaucoup de mots arabes dus à l'adoption de l'écriture de ces derniers et à l'islamisme, et que ceux de l'Orient sont plus ou moins mélangés d'expressions mongoles et samoyèdes, résultats de leurs fréquentes relations avec leurs voisins.
On a partagé en trois langues les principaux dialectes que parlent les nombreux peuples compris dans cette famille ethnographique, que plusieurs philologues regardent comme un seul et même idiome.

(NOTE 2) Les premières migrations des Turks hors de leur patrie primitive paraissent dater du VIe siècle ; mais les plus importantes, celles qui les rendirent maîtres d'Ispahan et de Byzance, eurent lieu du Xe au XVe siècle. C'est alors que parurent et se développèrent ces fameuses dynasties des Gaznévides et des Seldjoucides, qui furent si longtemps maîtresses de l'Orient. Les empires qu'elles fondèrent ont bien perdu et perdent encore chaque jour de leur éclat comme de leur puissance; et c'est une remarque que l'on peut faire dans tous les pavs où elle s'est transportée, que la race turke, primitivement adonnée à la vie nomade, tend à décliner et à s'affaiblir dès qu'elle se fixe à une habitation permanente. Du reste, les caractères physiques sont depuis longtemps fort altérés. Ils l'ont été d'abord par le mélange des Turks avec les Mongols, lors des anciennes expéditions desquels les premiers se sont fréquemment associés, et ils continuent l'être tous les jours par suite du goût qui porte les Turks à peupler leurs harems d'épouses et de concubines étrangères.
Convertis à l'islamisme dès les premiers temps de l'hégire, les Turks qui embrassé les opinions de la secte des Sunnites.


1° Langue Turque, parlée en un grand nombre de dialectes, dont quelques-uns nous paraissent différer assez entre eux pour autoriser l'ethnographe à les regarder comme des langues sœurs. Voici les principaux dialectes de cet idiome, subdivisé dans leurs sous-dialectes les plus importants et qui offrent le plus de variétés : Ouigour ; c'est la langue que parlent les Ouigours, nommés Kou chi ou Kiu chi vers !e commencement de notre ère, et ensuite Kao tchang, du nom d'une nation turke qui les domina pendant longtemps. Tantôt soumis aui Chinois, tantôt aux nations turkes et tartares, les Ouigours occupent actuellement une partie du Turkestan oriental dans l'empire chinois. L'ouigour paraît être le premier idiome tartare qui ait été fixé par l'écriture. Son alphabet, dont on a tant vanté l'antiquité, a une frappante analogie avec le sabéen, est d'origine syriaque, et a été apporté aus Ouigours par les Nestoriens. Cet alphabet, qu'on écrit en colonnes verticales de droite à gauche, est le type sur lequel ont élé formés ceux des Mongols, des Kalmouks et des Mandchous, et était en usage dans leTchagataï et aux cours de Perse et du Kaptchak lorsque leurs trônes étaient occupés par des successeurs de Tchingis-Khan.

2° Osmanli ou Turk proprement dit; c'est la langue que parlent les Osmanlis, Ottomans ou Turks, qui sont les plus civilisés et les plus puissants de tous les peuples de cette famille. Ils sont la nation dominante de l'empire ottoman et des Etats Barbaresques de Tripoli, Tunis et Alger, qui reconnaissent la suprématie politique et religieuse du Grand-Seigneur. Les Osmanlis sont répandus dans toutes les provinces de l'empire; mais ils sont surtout très-nombreux dans la Thrace, la Macédoine et la Bosnie en Europe, et dans les gouvernements d'Anatolie, d'Erzurum, de Kibris ou Chypre, de Kararaman, etc, etc. en Asie. Ce dialecte est très-mélangé. ayant adopté un grand nombre de mots arabes et persans et quelques mots grecs et italiens (NOTE 3); il a beaucoup de mots composés qu'il forme à la manière du persan. Sa grammiare est beaucoup plus compliquée que celle de l'ouigour; la déclinaison n'a ni genres ni article ; lesadjectifs sont indéclinables; la conjugaison est aussi riche que régulière, et exécutée en grande partie à l'aide du verbe substantif; la négation est intercallée avec le verbe. La littérature turke, quoique la plus riche et la plus variée de toutes les littératures des idiomes de celte famille, est très-inférieure a l'arabe et à la persane, sur lesquelles elle s'est formée, et dont elle a emprunté ses meilleurs ouvrages. Son époque la plus brillante paraît avoir été pendant les règnes d'Amural II et de Mahomet II ; ce dernier fit même traduire en turk plusieurs ouvrages grecs et latins. L'osmanli est la langue politique du sud-est de l'Europe, du nord de l'Afrique et du sud-ouest de l'Asie; c'est aussi la langue que parlent toutes les personnes les plus instruites dos différentes nations de l'empire ottoman et des Etats Barbaresques sus-mentionnés. Sa prononciation, qui est très-douce et sonore, diffère peu de l'orthographe, qui n'est pas encore entièrement fixée. On l'écrit avec un alphabet composé de 33 lettres, dont 32 sont tirées des alphabets arabe et persan, et l'autre a été inventée pour exprimer l'n nasal, qui lui est particulier. Ses dialectes diffèrent peu les uns des autres; celui de Romélie est le plus doux et s'approche le plus de la langue écrite; ceux de l'Arménie et de l'Asie Mineure sont moins doux et remplis de sons gutturaux.

(NOTE 3) Au point de vue de la physionomie générale de la langue, des Orientaux résument le jugement comparatif que l'on peut porter de l'arabe, du Persan et du Turk, en une espèce de triple aphorisme qui se traduit ainsi :" l'arabe persuade, le persan flatte, le turk commande. "


3° Tchakhatéen, parlé par les Tchakhatéens, qui sont les habitants turks du Tchakhataï [Çagatay] ou Kharism et du Mawarennahar, pays célèbres pour avoir été le siège des puissants sultans khovaresmiens et du fameux Tamerlan ou Timour. Les Tchakhatéens ont fait usage pendant longtemps de l'alphabet ouigour; il parait qu'ils se servent actuellement de l'arabe. La littérature tchakhatéenne, quoique peu connue, semble être assez riche. Elle contient entre autres ouvrages l'importante histoire des Tatars écrite par Aboul-Ghazi-Bahadour, sultan de Kharism, et l'histoire du Miradj, ou de l'ascension fabuleuse de Mahomet, il nous semble qu'on pourrait regarder comme des sous-dialectes du tchakhatéen l'idiome que parlent les Ousbecks et les Arals ou Konrats. Ceux-ci vivent aux environs de la mer d'Aral et sont vassaux du khan de Khiva. Les Ousbecks sont le peuple dominateur du Turkesan indépendant, et leurs femmes passent pour être les plus belles et les plus courageuses de toutes les nations turkes. Les Ousbeks paraissent être les descendants des Hoei hou, et ce n'est qu'au commencement du XVIe siècle qu'ils s'établirent dans celle région, où une grande partie vit encore en nomades. Ils sont gouvernés par différents khans, dont celui de Bokhara qui est de beaucoup le plus puissant; viennent ensuite les khans de Khiva ou Kharism, de Ferganah ou Kokan, de Taschkent, et autres moins connus et puissants; celui de Balkh est tributaire du roi de Caboul.

KAPTCHAK [Kıpçak], parlé par les prétendus Tartars purs, qui vivent dans les gouvernements russes de Kasan, de Simbirsk, de Pensa et de Saratof, et par les prétendus Tatars à demeures fixes dans ceux d'Astrakhan et d'Orenbourg, qui ne sont que les descendants des Turks qui formaient la plus grande partie de l'armée du tatar Batou ; ils se sont fixés dans ces pays jadis compris dans le puissant empire du Kaplchak. Ces Turks, que Balbi a proposé d'appeler kaptchak pour les distinguer des autres, sont les plus civilisés de tous ceux qui dépendant de la Russie. Leur littérature, qui est encore dans l'enfance, a fait quelques progrès dans ces derniers temps. Les Turks kaptchak paraissent avoir abandonné depuis longtemps l'alphabet ouigour pour se servir de l'arabe. On pourrait regarder comme des sous-dialectes, mais très-différents, les idiomes que parlent les prétendus Tatares de Sibérie ou tatares Touraliens, qui vivent dans les cercles de Tara, Tobolsk et Tioumen dans le gouvernement de Tobolsk, et dans ceux de Tomsk et leniseïsk dans le gouvernement de Tomsk ; ceux de Tara passent pour être les plus civilisés de tous les Turks de la Sibérie. Ces prétendus Tatares portent en général le nom de la ville ou du canton où ils sont fixés; d'autres ont des noms particuliers : on appelle Tchazis ceux qui demeurent le long du Tom au-dessus et au-dessous de Tomsk, et Baschkirs ou Batch-Kouris ceux qui vivent dans les gouvernements de Perm et d'Orenbourg, le long du Wolga et de l'Oural, nomades en été et fixes en hiver, ces derniers vivent en partie d'agriculture et sont divisés en quatre hordes principales, subdivisées en quarante-cinq tribus. On nomme Meichtchirek ou Meschtcheraek un autre peuple, qui paraît s'être formé du mélange des Finnois avec les Turks, mais dont l'idiome est entièrement turk; il vit dans le gouvernement d'Orenbourg à côté des Baschkirs, auxquels il ressemble. On pourrait aussi ajouter comme un dialecte, qui s'éloigne du kaptchak plus que less précédents, l'idiome que parlent les Kara-Kalpaks ou Kara-Kiptchak; la plus grande partie erre pendant l'été dans les environs de la mer d'Aral et dépend du khanat de Khiva ; l'autre est soumise à la Russie. Tous ces sous-dialectes sibériens sont très-mélangés et remplis de mots étrangers aux langues de celte famille.

4° Turkoman, parlé par les Turkomans, Tarekameh ou Quisilbachi, nation nomade, divisée et subdivisée en un nombre prodigieux de branches et de rameaux. Ayant passé le Djon ou Oxus dans les XIe et XIIe siècles, les Turkomans se répandirent dans le Khorasan et de là dans tout le nord de la Perse, dans la région du Caucase, l'Arménie, la Syrie, l'Asie Mineure et une partie de la Turquie d'Europe. En attendant que l'ethnographie répande ses lumières sur ce prétendu dialecte, il nous semble qu'on pourrait provisoirement partager les principales tribus turkomanes d'après la géographie politique qui les distingue en : Turkomans du Turkestan indépendant, qui errent à l'estde la mer Caspienne ; la plupart de leurs hordes sont vassales ou, pour mieux dire, alliées des khans Ousbeks de Khiva, de Bokhara et de Ferganah; celle de Er-saroe, des Jomoud, des Koelen et des Teke sont les plus puissantes des dix qui reconnaissent la suprématie du khan de Khiva. Turkomans du royaume de Caboul, qui sont régis par plusieurs khans tributaires du roi de Caboul, et qui vivent dans le Kandahar et le Khorasan, les deux hordes principales sont celles des Keimaks et des Hazares. La première est subdivisée dans les tribus nommées Timan, Hasar, Timur et Sur, qui occupent la partie occidentale de l'Afghanistan. Les principales tribus de la seconde s'appellent Deh-Send-schi, Deh-Kundi, Tschaghuri et Polande; elles habitent dans les hautes vallées du Paropamisus. Turkomans du royaume de Perse, qui sont divisés en quarante-deux hordes répandues dans tout le nord du royaume, surtout dans les provinces de Taberistan, de Mazanderan, de Ghilan et d'Adjerbidjan ; ils sont depuis longtemps la nation dominante de cet Etat. Les hordes plus nombreuses sont : celle des Efchars, qui a produit le féroce mais habile Nadir-Schah, et dont le noyau est à Ourmiah; celle des Ua-aïmuk, dont le noyau est près de Mesched ou Tus ; celle des Quatchars ou Kadjars, dont le noyau est à Astrabad, et qui a donné à la Perse le roi actuel, et les principaux ministres et officiers d'Etat. Viennent ensuite celles des Bejat ou Bêchât, des Talish, des Chasewend, des Caraghoesli, des Dombelou, etc., etc. Turkomans de l'empire Ottoman, qui sont divisés en soixante-douze hordes, répandues dans plusieurs provinces, où elles forment avec leurs anciens compagnons, les Ottomans, la partie la plus nombreuse de la population, surtout dans les gouvernements d'Itschil, de Karaman, d'Alep, de Damas de Merasch, d'Erzerum, de Wan et de Hakka. Les principales hordes sont celles des Dhaich, des Bidichakli, des Bekdeli, des Mili et des Rischwan. Il parait qu'on peut classer parmi les dialectes turkomans l'idiome des Begdeles et des Nauwar, qui vivent dans la Syrie ; des Uroukes ou Yeuruk qui demeurent dans l'Asie Mineure et dans la Macédoine, et celui des Mutoualis ; ces derniers forment une secte particulière de l'Islamisme, et vivent dans les environs de Baalbek dans le gouvernement de Damas. Turkomans de l'empire Russe, dont une partie vit le long du Kouma et du Terek dans le gouvernement du Caucase ; les autres qui sont beaucoup plus nombreux, forment la population principale et le peuple dominateur dans les khanats de Kouba, de Kaïlak, etc.,etc. dans le Daghestan, de Schirwan, de Scheki, de Karabagh, etc., etc. dans le Schirwan. Les Katach ou Quazakh et les Bortchalo sont deux autres tribus de Turkomans qui habitent dans la province géorgienne nommée Somkhethi, le long du Kour et de son affluent Khzia.

5° Caucaso-danubien, parlé en trois sous-dialectes principaux par les Basians, les Koumuks et les Nogaïs, peuples dépendant de l'empire russe. Le Basian est parlé dans la Circassie par les Basians, qui vivent près des sources de Kouban, du Takssan, du Tcheh-hem, du Naltchik, du Tchek et de l'Argoudan, entre les Ossètes et les Souanes. Ce peuplé habitait jadis la ville de Madjari sur le Kouma, et ne s'est retiré dans les montagnes que dans le XVe siècle; il est assez industrieux et à moitié agricole. Les Basians sont subdivisés en Basians propres ou Balkar qui sont les plus nombreux, en Karaktschaï et en Tcherigae ou Tschem. Le nogaï est parlé par les Nogaïs, peuple dont les traits décèlent son mélange avec les Mongols, quoique sa langue en soit assez exempte. Les Nogaïs vivent dans le gouvernement du Caucase le long du Kouma, du Podkouma, etc., etc ; ensuite dans la Circassie propre à la droite du Kouban et dans l'Abassie ; d'autres demeurent dans les gouvernements de Iekaterinoslaw, de Tauride et d'Astrakhan et dans la province de Bessarabie. Les nombreux colons venus du Kouban et établis entre le Berda et la Moloschna sont presque tous agriculteurs et furent civilisés de nos jours par le comte Maison. Les Nogaïs sont subdivisés en plusieurs tribus connues sous les noms de Tartares Kazboulat, Kiptchak, Mangout, Djamboulat, Yedissan, Yedikoul, Nawrouz, Kassau, Kaspolat Kantchak, Boudjak, etc., etc, dont les sept premières sont les restes des Tartares du Kouban, jadis si fameux. La langue écrite de ces Turks est le tchakhatéen. Le koumuk est parlé par les Koumuks ou Koumyks, peuple assez industrieux et à moitié agricole;on le considère à tort comme descendant des Khasars; il est régi car plusieurs khans, dont les principaux sont celui d'Aksaï dans la Circassie et celui de Tarki dans le Daghestan.

6° Kirghis, parlé par les Kirghis, Kirgis ou Kirkis, qui sont les Hakas des auteurs chinois des VIIe, VIIIe et IXe siècles. Ils ont succédé a la puissance des Hoeikhe dans le IXe et a celle des Dchoungar dans le XVIIIe. Les Kirguis sont actuellement divisés en Orientaux ou Bourout et Occidentaux, Kasak ou Kaisak. Les premiers vivent dans le Turkestan Chinois, et parcourent avec leurs nombreux bestiaux les environs des villes de Khaschgar, Khodjand, Naïmatschin et Mellan jusqu'au Haut-Irtisch. Les Occidentaux sont partagés en trois hordes, savoir: Les Kirghis de la Grande-Horde, qui se nomment eux-mêmes Brut Erdene ou Burut ; ils sont moins nombreux que les autres, et vivent entre le Sarasou et le khanat de Kokan ; une partie paraît reconnaître la suprématie de l'empereur de la Chine. Les Kirghis de la Horde-Moyenne, qui errent à l'ouest des précédents entre le Sarasou et le lac Ak-sakal el le long du Haut-lschim et du Tourghen affluen lac du Ak-sakal. Les Kirghis de la Petite-Horde qui errent encore plus à l'occident, entre le lac Ak-sakal et plusieurs affluents de l'Ours et le long de l'Oulou-Ieghis (affluent du lac Ak-sakal), de l'Iemba el de l'Oural ; cette horde paraît être la plus nombreuse; elle est partagée en deux tribus principales, subdivisées en vingt-huit tribus secondaires. Les Kirghis de la Horde-Moyenne et ceux de la Petite sont vassaux de l'empire russe. Ce peuple a été anciennement plus avancé dans la civilisation qu'il ne l'est a présent. On lui doit l'invention du fameux cycle des 12 animaux, et comme il a possédé un caractère particulier qu'on ne connaît pas, et dont usage s'est perdu après sa conversion à l'islamisme, il paraît probable de lui attribuer les inscriptions en caractères inconnus, trouvées dans la Sibérie méridionale entre l'Oby et le Ienisseï. Le kirghis est un des dialectes turks les plus purs, quoique les traits de ceux qui le parlent démontrent d'une manière incontestable un fort mélange avec la race mongole.

Austro-sibérien, parlé dans les sous-dialectes suivants par des tribus turkes, qui, à l'exception des Tchoulym, habitent dans la Sibérie méridionale, et qui presque toutes prennent leur dénomination du nom de la ville ou du fleuve près desquels elles demeurent. Tous ces dialectes sont plus ou moins mélangés d'expressions mongoles et samoyèdes ; le baraba paraît en contenir moins que les autres. Voici les tribus principales qui parlent ces dialectes : les Tchoulym, Ourankhat ou Toutal, divisés en 28 petites hordes ; ils vivent le long de l'Oby et de son affluent Tchoulym, ainsi que le long des deux lyous Blanc et Noir. Les Baraba, Barama ou Barabinzes ; divisés en sept petites hordes, ils errent dans la steppe de Baraba, qui s'élendentre l'Irtich et plusieurs affluents de l'Oby. Les Kusnezk ou Wercho-Tomski, qui demeurent le long du Haut-Tom et de ses affluents Tchoumysch, Koudoma et Mrassa, et auxquels appartiennent les Abinzes, qui vivent le long des deux derniers fleuves. Les Kaschtar, Kaschkalar ou Katchinzi, qui vivent le long du Katcha, affluent du Ienisseï, le long de la rive gauche de ce dernier entre Abakansk et Krasnoyarsk, ainsi que le long du Jessaulowka et du Beresowka, affluents droits du Ienisseï, et le long de l'Iyous inférieur. Les Kanzagues ou Kanzagen, qui demeurent dans le cercle de Krasnogarsk. Les Yarinar ou Yurinzi le long de la rive droite du Ienisseï entre Karaulnoï et Abaknnsk. Les Yastalar ou Yastinzi, qui vivent mêlés aux Kaschtar. Les Bokhtalar ou Bokhtinzi, sur le Kom, affluent droit du Ienisseï. Les Toubalar, Toubinzi ou Kirgistar, qui demeurent le long du Touba et de l'Abakan, à côté des Kaschtar ; ce peuple, d'origine sarnoyède, a depuis longtemps oublié sa langue et ne parle plus que turk. Les Beltyrs, le long de la rive droite de l'Abkhan. Les Sayanes, Sayaer ou Sayaner, le long du Haut-Ienisseï, à l'endroit où il perce les monts Sayans ; une partie de cette peuplade dépend de l'empire chinois. Les Birioustes ou Biryousses, qui demeuraient autrefois le long du Biryous, affluent du Toungouska supérieur, et qui habitent à présent le long de l'Abakan non loin des Kaschtar ; ils sont réduits à un très-petit nombre. Les Téléoutes ou Teuleutes, nommés Kalmouks blancs, lors de la conquête de la Sibérie par les Russes; ils demeurent aux environs du lac Altyn ou Télezkoï, traversé par l'Oby ; ils paraissent être d'origine mongole, et avoir oublié leur langue, pour adopter la turke, à laquelle ils mêlent beaucoup de mots kalmouks. On vient de publier la traduction de la Bible dans les principaux dialectes turks.

2° L'yakoute, langue des Yakoutes ou Sakhalar, les plus septentrionaux et les plus orientaux de tous les peuples turks. Ils habitent le long du Jana, du Lena et de ses affluents. Ils vivent de pâturages, de chasse et de pêche. Leur langue ne contient qu'une petite quantité de mots tatars, quoique leurs traits décèlent un fort mélange avec la race mongole. Ils sont encore pour la plupart idolâtres.

3° Le Tchouwache [tchouvache], parlée par les Tchouvaches, que les Russes nomment Tatars montagnards. Ils habitent principalement dans les gouvernements de Kasan et de Wietka. Ils sacrifient à leurs faux dieux, sur des espèces d'autels nommés "keremet", des chevaux et les mets qu'ils aiment le plus. Cette langue contient plus d'un tiers de mots d'origine finnoise. Elle forme le pluriel des substantifs en ajoutant le mot "zam" ou "som" au nominatif singulier et en le déclinant ainsi. Ses adjectifs sont indéclinables, mais elle décline ses pronoms, les noms de nombre et le mot "tout". Elle place les prépositions toujours après leurs régimes. La conjugaison n'a que trois temps dans le mode indicatif ; les autres modes n'en ont qu'un seul. Il n'y a pas de passif. Pour nier on change le verbe au positif en "mastap", par exemple, "kaziaradyp", je prie; "kaziarmastap", je ne prie pas. Le verbe être est irrégulier comme dans la plupart des langues connues. Il existe une traduction de la Bible dans cette langue.

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